24/12/2023
les Parisiens jouissent d’une heureuse oisiveté, puisqu’ils daignent s’amuser de ce qui se passe sur les frontières
... Tout le monde râle contre la vie chère, Parisiens-têtes-de-chiens y compris, et on vient de battre un record de bouchons sur les routes de départ en vacances, en particulier vers nos montagnes -frontières enneigées . Comprenne qui peut ! Le père Fouettard peut remiser son fouet, ils sont incorrigibles .
Pour mémoire : https://www.msn.com/fr-fr/actualite/france/un-trafic-tr%C...
« A Jean-Chrysostome Larcher, comte de La Touraille, Premier gentilhomme de la
chambre de S.A.S. Le prince de
Condé
à l'hôtel de Conti
à Paris
Au château de Ferney 20 Avril 1768 1
Je vois, monsieur, que les Parisiens jouissent d’une heureuse oisiveté, puisqu’ils daignent s’amuser de ce qui se passe sur les frontières de la Suisse, au pied des Alpes et du mont Jura. Je ne conçois pas comment la chose la plus simple, la plus ordinaire, et que je fais tous les ans, a pu causer la moindre surprise. Je suis persuadé que vous en faites autant dans vos terres, quand vous y êtes. Il n’y a personne qui ne doive cet exemple à sa paroisse ; et si quelquefois dans Paris le mouvement des affaires, ou d’autres considérations, obligent à différer ces cérémonies prescrites, nous n’avons point à la campagne de pareilles excuses. Je ne suis qu’un agriculteur, et je n’ai nul prétexte de m’écarter des règles auxquelles ils sont tous assujettis. L’innocence de leur vie champêtre serait justement effrayée, si je n’agissais pas et si je ne pensais pas comme eux 2. Nos déserts, qui devraient nous dérober au public de Paris, ne nous ont jamais dérobés à nos devoirs. Nous avons fait à Dieu dans nos hameaux, les mêmes prières pour la santé de la reine que dans la capitale, avec moins d’éclat sans doute, mais non pas avec moins de zèle. Dieu a écouté nos prières comme les vôtres, et nous avons appris, avec autant de joie que vous, le retour d’une santé si précieuse.
Je vous supplie, monsieur, de vouloir bien me mettre aux pieds de monseigneur le prince de Condé, et de me conserver les bontés dont vous honorez votre très humble et très obéissant serviteur
V. »
1 L'édition de Kehl supprime le second paragraphe , biffé sur la copie Beaumarchais.
2 Il y a quelque chose de vrai dans ce qu'écrit V* . On sait l'importance qu'il attache à la religion en tant que frein pour le « peuple ». Seigneur du village, il doit donner à ses vassaux l'exemple du respect envers le Dieu « rémunérateur et vengeur » . Voir aussi la lettre du 21 avril 1768 à d'Argental : http://www.monsieurdevoltaire.com/2015/07/correspondance-annee-1768-partie-16.html
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