01/06/2025
Mon histoire du jour, à moi, c’est celle du genre humain ...que vous ignorez peut-être à Paris
... Les footeux sont heureux, une bande de trente deux gugusses payés par le Qatar a battu une autre bande de gugusses, italiques , ce qui va offrir la joie à quelques centaines de milliers de gugusses de parader sur les Champs-Elysées et de créer de monstres embouteillages ( comme s'ils n'en avaient pas assez les autres jours de la semaine ) . Rigolez bien et continuez à péter plus haut que votre cul si vous pouvez !
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J'ai préféré regarder les Lionnes de Bordeaux face aux féminines de Toulouse , vive Bordeaux, vainqueuse [sic], vive Toulouse, vaillante, vive le rugby féminin !
« A Marie de Vichy de Chamrond, marquise Du
Deffand
à Saint-Joseph
à Paris
11è décembre 1769
J’ai envoyé, madame, à votre grand’maman ce que vous demandez 1, et ce que j’ai enfin trouvé. Puissiez-vous aussi trouver de quoi vous amuser quand vous êtes seule ! c’est un point bien important . Il y a une hymne de Santeuil qu’on chante dans l’église welche, qui dit que Dieu est occupé continuellement à se contenter et à s’admirer tout seul 2, et qu’il dit comme dans Le Joueur : Allons, saute, marquis 3. Mais il faut quelque chose de plus aux faibles humains. Rien n’est triste comme d’être avec soi-même sans occupation. Les tyrans savent bien cela, car ils vous mettent quelquefois un homme entre quatre murailles, sans livres ; ce supplice est pire que la question, qui ne dure qu’une heure.
Je vous avertis qu’il n’y a rien que de très vrai dans ce que votre grand’maman doit vous donner. Reste à savoir si ces vérités-là vous attacheront un peu : elles ne seront certainement pas du goût des dames welches, qui ne veulent que l’histoire du jour ; encore leur histoire du jour roule-t-elle sur deux ou trois tracasseries. Mon histoire du jour, à moi, c’est celle du genre humain. Les Turcs chassés de la Moldavie, de la Bessarabie, d’Azoph, d’Erzerum, et d’une partie du pays de Médée ; en un mot, toute cette grande révolution, que vous ignorez peut-être à Paris, ne sont qu’un point sur la carte de l’univers.
Si ce que je vous envoie vous fatigue et vous ennuie, vous aurez autre chose, mais pas sitôt. Je travaille jour et nuit : la raison en est que j’ai peu de temps à vivre, et que je ne veux pas perdre ce temps 4; mais je voudrais bien aussi ne pas vous faire perdre le vôtre.
Je suis confondu des bontés de votre grand’maman. Je vous les dois, madame ; je vous en remercie du fond de mon cœur. C’est un petit ange que Mme Gargantua. Il y a une chose qui m’embarrasse : je voudrais encore que votre grand-papa fût aussi heureux qu’il mérite de l’être 5. Je voudrais que vous eussiez la bonté de m’en instruire quand vous n’aurez rien à faire. Dites, je vous prie, à M. le président Hénault que je lui serai toujours très attaché. »
1 Au début de sa lettre du 27 novembre Mme Du Deffand réclame à V* Dieu et les hommes et l’Évangile du jour .
2V* fait allusion à un lieu commun de la théologie, dont il tourne la formule en dérision ; mais on n'a pas retrouvé le passage des poésies latines de Santeuil auquel il pense .
3Allusion à la tirade du marquis content de lui , dans Le Joueur, acte IV, scène 10 vers 1393 , de Regnard : https://fr.wikisource.org/wiki/Le_joueur_jean-fran%C3%A7ois_Regnard
4 Mme Denis confirme la magnifique passion de V* pour le travail, précisément à cette époque : « Il travaille quinze heures par jour, c'est une passion plus violente que jamais . Je suis persuadée que si notre projet [de l'amener à Paris] avait réussi nous n'aurions pas pu le mettre à exécution . Il serait en enfer s'il ne pouvait pas travailler. » écrit elle à la comtesse d'Argental le 12 novembre 1769.
5 Allusion aux bruits concernant une disgrâce de Choiseul ; voir lettre du 29 novembre 1769 à d'Argental : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2025/05/18/est-ce-la-peine-de-vivre-quand-on-souffre-oui-car-on-espere-6548319.html
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