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04/06/2025

Pourvu que je remplisse cette condition il n'a nul droit de m’inquiéter

... Ainsi parle le Premier ministre bulgare, Rossen Jeliazkov qui se réjouit de la décision du Parlement européen pour la  rentrée prochaine de la Bulgrie dans la zone euro : https://www.euractiv.fr/section/economy-jobs/news/la-bulg...

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« A Charles de Brosses, baron de Montfalcon

Au château de Ferney 20è décembre 1769 1

Je suis bien sûr, monsieur, que ce n'est pas de votre aveu que le sieur Girod veut m'empêcher de me chauffer . Il doit savoir que par mon contrat je dois laisser soixante arbres par arpent dans le bois de Tournay dont j'ai la pleine jouissance . Pourvu que je remplisse cette condition il n'a nul droit de m’inquiéter .

Votre fermier prenait six moules de bois par an, et moi qui ai acheté la terre à vie, je n'y ai pas pris un fagot depuis dix ans .

Aujourd'hui je fais ébrancher les arbres, et le sieur Girod veut me troubler dans cet exercice de mon droit incontestable . C'est bien le moins, monsieur, que je puisse me chauffer du bois d'une terre que j’ai si chèrement achetée . Vous savez que je m'en rapporterai uniquement à vous . Vous fîtes mettre dans le contrat qu'elle valait trois mille cinq cents livres de rente . Vous savez que je ne l'ai pu affermer que douze cents livres avec quelques chars de fourrage et de vin estimés trois cents livres . Je vous ai payé comptant trente-cinq mille livres . Vous exigeâtes pour douze mille livres de réparations, j'en ai fait pour vingt mille livres dont j'ai les quittances . Ainsi pour cinquante mille livres j'ai eu quinze cents livres de rente viagère à l'âge de soixante-six ans . Je ne m'en repens pas, monsieur, puisque j'ai tout fait sur votre parole . Mais il serait bien cruel qu'on abusât de ma bonne foi, de ma facilité et de ma vieillesse jusqu’à se servir de votre nom pour vouloir me priver d'un droit expressément stipulé dans notre contrat . Je demande justice à vous-même, et je vous supplie d'avoir la bonté d'ordonner à votre procureur Girod de ne me pas molester davantage ; je vous serai très obligé, et je regarderai cette justice comme une faveur.

J'ai l'honneur d'être avec tous les sentiments que je vous dois, monsieur, votre très humble et très obéissant serviteur

Voltaire. »

1 Original signé ; éd. Emile Deberre, La Vie littéraire à Dijon au XVIIIè siècle, 1902 . De Brosses a porté sur le manuscrit : « Volt, ébranchage ».

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