17/01/2013
Je suis toujours étonné de vivre quand je vois des jeunes gens mourir
... Etonné ? Non, plutôt révolté . Mais pas au point de vouloir mourir à la place de l'un d'eux, si je me permets d'être franc , ou alors seulement si c'est un membre de ma famille .
Nobody's perfect !
Retour vers le futur
C'est une maison bleue ....
http://www.youtube.com/watch?v=0rxGgX7HknA
« A M. le ministre Jacob VERNES 1
chez monsieur son père à Genève
Au Chêne, à Lausanne, 26 octobre.
Je regrette sensiblement le petit Patu 2 il aimait tous les arts, et son âme était candide. Je suis toujours étonné de vivre quand je vois des jeunes gens mourir. Tout sert, mon cher monsieur, à me convaincre du néant de la vie et du néant de tout.
J'ai peine à croire l'armistice dont on parle. S'il y en avait un, il ne pourrait être que dans le goût de celui du duc de Cumberland 3; et le roi de Prusse me trompera fort s'il signe un pareil traité. Je le crois dans un triste état. Il aura bientôt plus de besoin d'être philosophe que grand capitaine.
Tâchez de convertir Mme de Montferrat c'est la plus belle victoire que vous puissiez remporter; mais je tiens la place imprenable.
Mme Denis vous fait ses compliments. Elle est occupée du matin au soir à embellir la maison de Lausanne. Elle me rend trop mondain mais il faut tout souffrir.
Je vous embrasse du meilleur de mon cœur.
V.»
1 Jacob Vernes : http://fr.wikipedia.org/wiki/Jacob_Vernes
2 Mort le 20 août 1757 ; voir : http://fr.wikipedia.org/wiki/Claude-Pierre_Patu
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16/01/2013
Je n'en suis pas moins persuadé que le commerce est l'âme d'un État
... Sans état d'âme ! Dame oui !!
Commerce équitable ?
http://ledaoen.over-blog.com/article-35641607.html
Le corps est formé des paysans et des ouvriers, de ceux qui les soignent, de ceux qui les protègent, de ceux qui leur montrent de belles choses . Ni plus, ni moins, je crois .
« A M. Nicolas-Claude THIERIOT.
Au Chêne, 26 octobre [1757].
Je vous envoie, mon cher ami, la réponse que je devais à M. Déguerti 1, elle a traîné quelques jours sur mon bureau. Si vous le voyez, je vous prie de lui dire combien je suis satisfait de son ouvrage et reconnaissant de son présent. J'aime le commerce pour le bien public, car, pour le mien, je ne devrais pas trop l'aimer. Je m'étais avisé, il y a quelques années, de mettre une partie de mon avoir entre les mains des commerçants de Cadix. Je trouvais qu'il était beau de recevoir des lettres de la Vera-Cruz et de Lima. Messieurs de Gades 2 et des Colonnes d'Hercule peuvent y avoir gagné et j'y ai beaucoup perdu. Je n'en suis pas moins persuadé que le commerce est l'âme d'un État. C'est ainsi que j'aime les beaux-arts et que je les crois toujours utiles, malgré tout le mal que l'envie attachée aux arts m'a pu faire. Dites-moi, je vous prie, à propos de ces arts que tant de coquins déshonorent, s'il est vrai que le misérable La Beaumelle soit sorti 3 de sa Bastille en même temps que votre archevêque est revenu de Conflans, et l'abbé Chauvelin de son exil. Puisque le roi est en train de donner la paix à ses sujets, j'espère qu'il la donnera à l'Europe. Si, dans les circonstances présentes, il en est le pacificateur, il jouera un plus beau rôle que Louis XIV.
Vous ne m'avez point parlé de Mme de Sandwich; ne vous a-t-elle pas laissé par son testament quelque marque de son souvenir ? Qu'est devenu le diamant que vous avait laissé cette pauvre
Mme de La Popelinière? Êtes-vous encore puni de vous être attaché à elle?
26 octobre [1757] à Lausanne aux Chênes
Je n'ai rien reçu encore de Pétersbourg pendent opera interrupta, minaeque murorum ingentes 4.
J'ai grand'peur que l'hydropisie d'Élisabeth ne nuise à l'Histoire de Pierre. Ce qui se passe à présent mérite un petit morceau curieux. Il fournira, si je vis, un ou deux chapitres à l'Histoire générale que vous aimez. Il ne sera pas inutile de faire voir comment le pays sablonneux de Brandebourg avait formé une puissance contre laquelle il a fallu de plus grands efforts qu'on n'en a jamais fait contre Louis XIV. J'ai sur ces événements des anecdotes uniques mais c'est à présent le temps de se taire.
Quant à cette pauvre Jeanne, je vous réitère que personne ne connaît la véritable. Si jamais vous venez sur les bords de mon lac, nous la lirons au pied de la statue de messer Ludovico Ariosto.
Interim, vale. Sed quid novi?
V.»
1 P. A. O'Heguerty, comte de Magnières Ce négociant, qui avait fait paraître, en 1754, un Essai sur les intérêts du commerce maritime, venait de publier (1757, deux volumes in-12) des Remarques sur plusieurs branches de commerce et de navigation, et il avait envoyé cet ouvrage à Voltaire par Thieriot . Thieriot notera dans sa lettre du 9 novembre qu'il a remis la lettre pour d'Heguerty qui est encore « à la campagne ». Voir : http://fr.wikipedia.org/wiki/Pierre-Andr%C3%A9_d'H%C3%A9guerty
4 Les ouvrages interrompus sont suspendus, et les masses énormes des murs menacent le ciel : Virgile, Enéïde, IV, 88-89 .
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15/01/2013
ni Moïse ni les prophètes ne connurent jamais rien de l'immortalité de l'âme, ni du paradis, ni de l'enfer
... Et ni eux ni moi n'en vécurent pas au moins aussi bien que ceux qui font vivre l'enfer à ceux qui croient au paradis et à l'immortalité de l'âme .
Quant à l'enfer éternel, éteint comme mon ordi, il n'est que cendres
Question immortalité, je peux affirmer qu'elle n'est pas une qualité intrinsèque du chargeur-alimentation de mon Toshiba (durée de vie : 2 ans, grâce à des soudures réparant des ruptures de fils), mort sans rémission vendredi passé, d'où mon silence sur la toile !
« A M. George KEATE
Au Chêne à Lausanne 26 octobre 1757
Ah now t'is right 1. Vous me donnez enfin votre adresse monsieur, et grâce à la notion que j'ai de Nandos coffee house 2 je peux avoir l'honneur de vous écrire . Il y a environ un mois qu'un Anglais ou Écossais dont le nom finit en ie 3 passa ma porte à Lausanne et y laissa le livre où Warburton prouve si bien, pour la plus grande gloire de Dieu et l'édification du prochain, que ni Moïse ni les prophètes ne connurent jamais rien de l'immortalité de l'âme, ni du paradis, ni de l'enfer jusqu'au temps des Macchabées 4.
Je ne pus avoir l'honneur de vois ce voyageur ni milord Hamilton parce que malheureusement pour moi il alla à Genève quand j'étais à Lausanne et que je me trouvai à Lausanne quand il était à Genève .
J'apprends aujourd'hui monsieur que le Warburton avec un autre livre est un présent dont vous m'honorez . Je vous en fais mes très humbles remerciements . Il est bien beau et bien rare de se souvenir dans son île de ceux qu'on a vu dans le continent . Votre souvenir me flatte beaucoup plus que celui d'un autre .
Vous avez pris un temps bien peu favorable pour voir l'Allemagne et peut-être un temps assez triste pour retourner dans votre patrie . Il me semble qu'il y a beaucoup de division et les arts ne s'en trouvent pas mieux . Mais les dissensions publiques n'ont pas troublé votre tranquillité dans votre compagnie . Vous devez voir tous ces orages d'un œil serein .
Illum non populi fasces, non purpura regnum
Flexit aut infidos agitans discordia fratres
Nec conjurato descendens Dacus ab Istro .5
Farewell good sr, live happy and do not forget yr faithfull friend 6,
l'hermite des Délices . »
2 Le café Nandos se trouvait au coin de Fleet Street et de Inner Temple Lane à Londres . Voir page 105 : http://books.google.fr/books?id=aQApAAAAYAAJ&pg=PA105&dq=caf%C3%A9+nandos+londres&hl=fr&sa=X&ei=gnH1UKKpKYTHtAaM74CwAg&ved=0CEYQ6AEwAw#v=onepage&q=caf%C3%A9%20nandos%20londres&f=false
là où « le punch était excellent et les filles de comptoir fort jolies ».
4 Voir lettre du 1er septembre à de Brenles : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2012/12/14/vous-m-avez-debauche-et-vous-me-laissez-la.html
Voir lettre de janvier-février 1756 à Gabriel et Philibert Cramer où V* en fait mention ; c'est The Divine Legation of Moses demonstrated on the principles of a religious deist, 1755,(1738) que V* obtint au bout de deux ans d'un voyageur anglais .Voir : http://openlibrary.org/books/OL17963079M/The_divine_legation_of_Moses_demonstrated_on_the_principles_of_a_religious_Deist
5 Virgile, Georgiques, II, 495-497 ; Celui-là, ni les faisceaux du peuple, ni la pourpre des rois ne l'émeuvent, ni la discorde qui dresse l'un contre l'autre des frères sans foi, ni le Dace descendant du Danube .
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