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04/09/2024

sûrement il n’ira point se baigner à Aix-la-Chapelle, cette année

... Non, Emmanuel Macron ne le fera pas; pas plus qu'il qu'il ne se baignera dans la Seine contrairement à sa promesse :

https://www.dailymotion.com/video/x92ipea

Faut-il lui fournir un jet-ski ?

 

 

 

« A François-Gabriel Le Fournier, chevalier de Wargemont

1er mars 1769 1

Une maladie épidémique a régné si longtemps dans mon pays barbare, celui qui écrit d’ordinaire pour moi 2 a été si longtemps malade et moi aussi, j’ai été enfin dans un état si triste, que je ne sais plus si j’ai répondu à la lettre dont vous m’honorâtes, il y a environ un mois 3. Si je ne me suis pas acquitté de ce devoir, je vous en demande pardon, quoique je n’aie pas tort. Si je l’ai rempli, cette lettre-ci ne sera qu’un duplicata de mes sentiments pour vous et de ma reconnaissance.

J’ai trouvé toute ma façon de penser et de voir les choses dans ce que vous avez eu la bonté de m’écrire. Cela m’a donné une confiance extrême. Voici bientôt le temps où vous partirez pour la Corse. Je vous y souhaite tous les succès que votre valeur et votre prudence méritent. Il y a quelque apparence que les troubles de Pologne et la guerre des Turcs dureront plus que la petite guerre des Corses. Je ne sais guère que des nouvelles de l’Orient et du Nord. Moustapha s’étant fait apporter des lettres qui n’étaient pas écrites en turc, et qu’on avait interceptées, fit venir ses drogmans pour les traduire. Ces lettres étaient en chiffres ; les interprètes répondirent qu’ils ne pouvaient pas faire leur traduction. Moustapha les menaça de les faire étrangler. Le vizir ayant demandé grâce pour eux, il lui dit qu’il était un fou et qu’il le déposait. Les provisions de la place données au successeur portent que son devancier a été déposé parce qu’il était fou, et que Sa Hautesse ordonnait au présent vizir d’aller sur-le-champ châtier les Russes pour n’avoir pas obéi aux ordres exprès que lui, Moustapha, leur avait donnés de vider sans délai la Podolie. Il faut avouer qu’on ne peut avoir ni plus d’esprit, ni plus de modestie que Moustapha.

Vous savez que l’électeur palatin a envoyé trois mille de ses soldats prendre les eaux à Aix-la-Chapelle. Le pauvre malade n’en sait pas davantage, et sûrement il n’ira point se baigner à Aix-la-Chapelle, cette année. En quelque état qu’il soit, il vous sera toujours attaché, monsieur, avec les sentiments les plus tendres et les plus respectueux.

V. »

1 Original ; éd. Cayrol / le second feuillet du manuscrit a été réparé avec un papier provenant d’une autre lettre .

2 Wagnière. Cette lettre est de la main de Bigex, mais celle du même jour à Thieriot est de celle de Wagnière .

3 Lettre non connue .

03/09/2024

comme les rois, ils font payer leurs fêtes au peuple

... Déficit public de l'Etat français : 5.5% cette année . Qui dit mieux ? 6% sont attendus . Quels impôts vont enfler en 2025 ? Voyons voir : https://www.lafinancepourtous.com/2024/07/17/rapport-2024...

Quel.le premier.e ministre va  gérer notre panier percé ? On comprend les atermoiements présidentiels .

 

 

« A Nicolas-Claude Thieriot, etc.

1er mars 1769 à Ferney

Il y a non-seulement trois grandes années de différence entre vous et moi, mon cher ami ; mais il y a trente ans pour la vigueur, et surtout pour la belle maladie qui vous rendait si fier il y a quelques années, et dont peut-être vous êtes encore honoré. Pour moi, je me sens au bout de ma carrière. Quand on a vécu soixante-quinze ans, on ne doit pas se plaindre ; c’est avoir un lot assez honnête à la loterie de ce monde ; tout le monde ne peut avoir le gros lot comme Fontenelle. Je suis bien étonné même d’être parvenu à mon âge avec tant de faiblesse et tant de maux. J’ai dansé jusqu’à la fin sur le bord de ma tombe. Si vous n’avez point lu le Lion et le Marseillois, si vous ne connaissez pas les Trois Empereurs, je pourrai vous envoyer ces rogatons, qui pourront amuser votre royal correspondant 1, à qui je n’écris plus depuis près d’une année.

Vous ignorez sans doute que le Rezzonico avait avant sa mort rendu à l’Église le service important de canoniser un capucin nommé Cucufin, dont on a changé le nom en celui de Séraphin . C’est un monument de bêtise qui mérite d’entrer dans vos nouvelles. On imprime, je crois, à présent l’histoire de cette canonisation 2; elle est exacte et curieuse. Les capucins ont fait en Europe, à cette fête, une dépense qui va à plus de quatre cent mille écus. Vous savez que les capucins sont comme les rois, ils font payer leurs fêtes au peuple.

N’avez-vous jamais déterré une lettre qui a couru, et qui court encore, sur la mort de l’ivrogne Pierre III ? Si vous en aviez un précis, je vous prierais de me le communiquer. Ce n’est pas que je croie à ces anecdotes, mais il faut qu’un homme qui écrit l’histoire lise tout.

Avez-vous les Moyens de réformer l’Italie, ouvrage italien 3? Vous pourriez m’envoyer ce livre avec celui de milord Greenville 4, par les guimbardes de Lyon, à mon adresse à Ferney. M. de Laleu vous rembourserait fidèlement .Je n’ai pu vous répondre plus tôt, parce que j’ai été très malade au milieu de mes neiges. »

1 Frédéric II de Prusse.

4George de Greenville , Tableau de l'Angleterre relativment à son commerce et à ses finances, 1769 . Thieriot lui a recommmandé la lecture de cet ouvrage dans une lettre du 6 février 1769 . Voir : https://data.bnf.fr/fr/12112194/george_grenville/

Et voir : https://books.google.ru/books?id=QYFZwQEACAAJ&printsec=frontcover&hl=fr&source=gbs_ge_summary_r&cad=0#v=onepage&q&f=false

02/09/2024

Paris est fort bon pour ceux qui ont beaucoup d’ambition, de grandes passions, et prodigieusement d’argent, avec des goûts toujours renaissants à satisfaire

... Les siècles passent , les Parisiens demeurent .

 

 

« A Marie-Elisabeth de Dompierre de Fontaine, marquise de Florian

1er mars 1769

Ma chère nièce, j’ai été bien charmé de voir 1 votre écriture : car vous savez que j’aime votre style, et surtout votre souvenir. L’idée de n’être point oublié de vous me console dans ma solitude. Il y a aujourd’hui un an que je ne suis sorti de ma chambre et de mon jardin qu’une seule fois 2. Vous me paraissez avoir pour Paris autant d’aversion qu’il m’inspire d’indifférence. Paris est fort bon pour ceux qui ont beaucoup d’ambition, de grandes passions, et prodigieusement d’argent, avec des goûts toujours renaissants à satisfaire. Quand on ne veut être que tranquille, on fait fort bien de renoncer à ce grand tourbillon. Paris a toujours été à peu près ce qu’il est, le centre du luxe et de la misère : c’est un grand jeu de pharaon, où ceux qui taillent emboursent l’argent des pontes. Mais vous trouveriez Paris le pays de la félicité si vous aviez vu comme moi le temps du système 3, où il était défendu, comme un crime d’État, d’avoir chez soi pour cinq cents francs d’argent. Vous n’étiez pas née lorsqu’on augmenta de cent francs la pension que l’on payait pour moi au collège, et que, moyennant cette augmentation, j’eus du pain bis pendant toute l’année 1709. Les Parisiens sont aujourd’hui des sybarites et crient qu’ils sont couchés sur des noyaux de pêches, parce que leur lit de roses n’est pas assez bien fait. Laissez-les crier, et allez dormir en paix dans votre beau château d’Hornoy.

Je m’affaiblis tous les jours, ma chère nièce ; je n’ai pas longtemps à vivre, et bientôt je vous dirai bonsoir. Si, en attendant, vous voulez vous amuser à Hornoy de quelques nouveautés, vous n’avez qu’à faire un marché avec la fermière générale qui se charge de vos paquets ; on lui donnera la permission de les lire, pourvu qu’elle vous les envoie bien honnêtement. Je vous embrasse, vous et M. de Florian, de tout mon cœur. »

1 L'éditeur ajoute ici de .

2 La lettre est donc écrite le jour anniversaire du départ de Mme Denis .

3 De Law.

01/09/2024

Il me paraît que vous êtes endurci aux éloges, et que vous ne sentez plus rien : cependant on dit que vous êtes encore dans la force de l’âge

... D'Emmanuel Macron à Cazeneuve ? A suivre ...

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« A Louis-François-Armand du Plessis, duc de Richelieu

27è février 1769 à Ferney

Vous avez plus d’une affaire, monseigneur, et moi je n’en ai presque qu’une seule, c’est d’employer mes derniers jours à vous aimer dans ma retraite entourée de neiges 1. Je ne vous le dis pas souvent ; mais aussi vous ne me répondez jamais. J’avais cru ne pas déplaire tout à fait dans l’histoire du grand siècle de Louis XIV. Le libraire a fait bien des fautes ; mais il n’en a point fait sur la bataille de Fontenoy, sur Gênes, sur Port-Mahon. Il me paraît que vous êtes endurci aux éloges, et que vous ne sentez plus rien : cependant on dit que vous êtes encore dans la force de l’âge. Pour moi, qui ai environ trois ans plus que vous, je suis dans la plus pitoyable décrépitude ; et tandis que vous courez lestement de Bordeaux à Paris, à Fontainebleau, à Versailles. j’ai passé une année entière sans sortir un moment de ma chambre. C’est de mon lit, ou plutôt de ma bière, que j’élève ma voix rauque jusqu’à vous, ma lettre est un petit De profundis. On dit le président Hénault tombé en enfance . Pour moi, je suis tombé en poussière. Je n’exige pas que vous réchauffiez ma cendre par quelqu’une de vos agréables lettres . Je sais assez qu’un premier gentilhomme d’année 2, gouverneur de province, n’a pas beaucoup de temps à lui ; mais je demande que vous lisiez au moins avec bonté le De profundis d’un serviteur d’environ cinquante années.

Si j’osais me ressouvenir encore du théâtre qui est sous vos lois, et que j’ai tant aimé, je vous demanderais votre protection pour la tragédie, qui s’en va, dit-on, à tous les diables, comme bien d’autres choses ; mais je ne suis plus de ce monde, et il ne me reste de vie que pour vous assurer, avec le plus tendre respect, que je mourrai en révérant et en aimant le doyen de notre Académie 3, et l’homme qui fait le plus d’honneur à la France.

V. »

1 Ceci est un brillant exercice de style quand on sait ce que V* pensait réellement de Richelieu ; voir lettre du même jour à Mme Denis : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2024/08/30/les-gens-qui-sont-dans-la-boue-a-ce-que-vous-dit-d-alembert-6512555.html

2 C'est-à-dire en charge des spectacles pour l'année, les premiers gentilshommes de la chambre servant « par quartier », soit une année sur quatre .