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25/09/2024

la médecine consiste principalement in revendis impedimentis ; la diète fait le reste , et la nature encore plus

... " ôter ce qui cause de la gêne " . Le docteur Barnier a dû opérer immédiatement .  Il n'a pas fallu longtemps pour que le premier couac survienne de la part d'Antoine Armand , mais qui est cet oiseau ? https://www.msn.com/fr-fr/actualite/other/retraite-dette-...

Son ramage sera-t-il égal à son plumage ? Flou !?

 

 

« A Gaspard Joly, Conseiller 1

d’État, etc.

à Genève

Le patient de Ferney remercie beaucoup monsieur Joly de toutes ses bontés ; il a déjà pris sa potion ; mais il s'est aperçu qu'il a des intestins encore farcis de glaires ; et c'est là le principe de toutes ses maladies . Les parties les plus fines de ces glaires corrompues sont pompées par les veines mésaraïques 2, entrent dans la masse du sang, et jusque dans la lymphe ; de là viennent ces rhumatismes et cette fièvre opiniâtre qui le minent depuis douze jours . Le peu de casse qu'il a pris a évacué, et n'a pas détergé . Ne conviendrait-il pas de prendre encore une dose de casse qui est un remède innocent, et de bien nettoyer les premières voies et les dernières ?

Le sirop de quinquina qu'il a pris ne pourrait lui nuire, et aurait même servi de préparation . Il me semble que la médecine consiste principalement in revendis impedimentis 3 ; la diète fait le reste , et la nature encore plus ; mais la nature ne peut pas grand-chose dans un corps faible qui est dans son soixante et seizième mois de mars .

Mille tendres respects .

V.

Lundi au soir 27è mars [1769]. »

 

1 Nommé conseiller en 1768 ; voir lettre du  27 avril 1768 à Mme Denis : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2023/12/30/nous-mettrons-tout-cela-au-net-dans-un-mois-6477846.html

2 Veines mésentériques .

3  À ôter ce qui cause de la gêne .

24/09/2024

Lorsqu’on bâtit une ville nouvelle, les rues sont au cordeau ; tout ce qu’on peut faire dans les villes anciennes, c’est d’aligner petit à petit

...Les villes sont notre législation ; le travail  ne va pas manquer à nos ministres sans avoir à y rajouter le temps perdu à discuter avec avec / contre ceux qui veulent revenir et abolir ce qui est déjà décidé .

 

 

« A Charles-Marguerite-Jean-Baptiste Mercier Dupaty 1

27è mars 1769au château de Ferney par Genève 2

Monsieur, vous me traitez comme un Rochelais, vous m’honorez de vos bontés, et vous m’enchantez. Je suis un peu votre compatriote, étant de l’Académie de la Rochelle. Mon cœur aurait été bien ému si je vous avais entendu prononcer ces paroles :  Ce n’est pas au milieu d’eux que Henri IV aurait dit a Sully : « Mon ami, ils me tueront. »

Lorsque je lus le discours 3 que vous prononçâtes à l’Académie, je dis : « Voilà la pièce qui aurait le prix, si l’auteur ne l’avait pas donné. » Vous avez signalé à la fois, monsieur, votre patriotisme, votre générosité et votre éloquence. Un beau siècle se prépare ; vous en serez un des plus rares ornements ; vous ferez servir vos grands talents à écraser le fanatisme, qui a toujours voulu qu’on le prît pour la religion ; vous délivrerez la société des monstres qui l’ont si longtemps opprimée en se vantant de la conduire. Il viendra un temps où l’on ne dira plus : les deux puissances, et ce sera [à] vous, monsieur, plus qu’à aucun de vos confrères, à qui on en aura l’obligation. Cette mauvaise et funeste plaisanterie n’a jamais été connue dans l’Église grecque ; pourquoi faut-il qu’elle subsiste dans le peu qui reste de l’Église latine, au mépris de toutes les lois ? Un évêque russe 4 a été déposé depuis peu par ses confrères, et mis en pénitence dans un monastère, pour avoir prononcé ces mots : les deux puissances ; c’est ce que je tiens de la main de l’impératrice elle-même. Plût à Dieu que la France manquât absolument de lois ! On en ferait de bonnes. Lorsqu’on bâtit une ville nouvelle, les rues sont au cordeau ; tout ce qu’on peut faire dans les villes anciennes, c’est d’aligner petit à petit. On peut dire parmi nous, en fait de lois : Hodie quae manent vestigia ruris.5

Henri IV fut assez heureux pour regagner son royaume par sa valeur, par sa clémence, et par la messe ; mais il ne le fut pas assez pour le réformer. Il est triste que ce héros ait reçu le fouet à Rome, comme on le dit, sur les fesses de deux prêtres français. Nous sommes au temps où l’on fouette les papes ; mais, en les fessant, on leur paye encore des annates. On leur prend Bénévent et Avignon, mais on les laisse nommer, dans nos provinces, des juges en dernier ressort dans les causes ecclésiastiques. Nous sommes pétris de contradictions. Travaillez, monsieur, à nous débarbariser tout à fait ; c’est une œuvre digne de vous et de ceux qui vous ressemblent. Je vais finir ma carrière ; je vois avec consolation que vous en commencez une bien brillante.

Je vous remercie de la médaille dont vous daignez me favoriser . J’espère qu’un jour on en frappera une pour vous.

J’ai l’honneur d’être avec autant d'estime que de respect,

monsieur,

Votre très humble et très obéissant serviteur

Voltaire.»

1 Charles-Marguerite-Jean-Baptiste Mercier Dupaty, né, à la Rochelle en 1746, mort à Paris le 18 septembre 1788, auteur des Lettres sur l’Italie.

Voir : https://fr.wikipedia.org/wiki/Jean-Baptiste_Mercier_Dupaty

et : https://books.google.fr/books?q=editions:0sazWMo4oHJeNk-3Fw&id=1oywkpIysBkC&hl=fr

2 Original signé ( marquis Du Paty de Clam ) ; édition Kehl .

3 Discours dont on trouve un passage dans le Mercure de janvier 1769, II, 142 – 144 ; ne semble pas avoir été imprimé séparément . Voir : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k37466180/f142.item

4 Arsène, évêque de Rostov ; voir lettre du 29 juin/29 juillet 1766 de Catherine II : http://www.monsieurdevoltaire.com/article-35175925.html

et voir Dictionnaire philosophique : Puissance:   Les deux puissances : https://fr.wikisource.org/wiki/Page:Voltaire_-_%C5%92uvres_compl%C3%A8tes_Garnier_tome20.djvu/312

5 D'après Horace, Épîtres, lib. II, ep. i, v. 160. Trad. : Vestiges de la rusticité qui subsistent aujourd'hui . Le texte de l'édition Besterman « hodie quaemanent » est ici corrigé .

23/09/2024

je vous demanderais le plus grand secret,

...  agissez, et ne communiquez au public qu'après " , telle est grosso modo la consigne de Michel Barnier à ses ministres .

Voir : https://www.lemonde.fr/politique/live/2024/09/23/en-direc...

 

 

 

« A Joseph Vasselier

Puissé-je, mon cher ami, être assez heureux d'avoir la force de venir vous embrasser immédiatement après Pâques, vous et M. Tabareau ! Mais je vous demanderais le plus grand secret, et je m'imposerais la solitude la plus profonde .

Voici deux lettres que je remets au courrier en passant ; l'une est pour M. Tabareau, l'autre pour Paris .

24è mars [1769]. »

au troisième accès de fièvre on donne les sacrements

... Mélenchon doit donc recevoir l'extrême onction d'urgence et quitter ce monde qui le fâche tant . Ni fleurs ni couronnes SVP . Et par pitié pas de discours de louanges , ni regrets éternels (sinon ceux de ne l'avoir pas vu disparaitre plus tôt ! ).

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http://unpatriote.unblog.fr/2024/07/13/la-montee-et-le-da...

A ce stade, l'euthanasie seule peut abréger ses souffrances (et les nôtres ) 

Diagnostic vétérinaire

 

 

« A Pierre Gros

Les ordonnances portent qu’au troisième accès de fièvre on donne les sacrements à un malade. M. de Voltaire en a eu huit violents ; il en avertit M. le curé de Ferney 1.

Ce vendredi au matin, 24è mars 1769. »

1 Le curé Gros répond le même jour que quoique lui-même très malade, il ira voir V* « au péril de sa vie » mais que celui-ci doit d'abord faire par devant notaire « une rétractation de tous ses mauvais ouvrages »

Voir note de la lettre du 19 mars 1769 : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2024/09/22/vous-etes-instruit-sans-doute-des-reglements-faits-par-les-p-6515642.html

tout doit céder à l'intérêt public

... J'ose espérer que les nouveaux gouvernants en sont convaincus et agiront en conséquence en oubliant, rejetant , les projets d'annulations de lois utiles même si impopulaires, comme la réforme des retraites .

Il est temps qu'on apprenne à compter immédiatement et agisse en conséquence .

 

 

 

« A François de Caire

On ne peut être plus sensible que je le suis, Monsieur, à la bonté prévenante que vous avez, de me faire rendre les bois que j'ai achetés, et qui sont pour moi de la nécessité la plus pressante, comme vous le verrez par la déclaration que j'ai l'honneur de vous envoyer.

Je vois que nous n'avons plus d'autre ressource que la Franche-Comté, grâce à l’inexécution des lois qui ont vainement prohibé les transports de bois de charpente du pays de Gex à Genève. Non seulement on devrait empêcher tout transport de bois à bâtir, mais encor celui de chauffage.

Il fut permis il y a trente ans de porter le bois de chauffage à Genève sur la prétendue réquisition des états, parce qu'alors quelques personnes qui avaient entrée aux états avaient du bois à vendre; mais dans l'extrémité où nous allons être réduits cette faible raison ne doit plus subsister, tout doit céder à l'intérêt public. On verra que si la ville de Versoix est bâtie, il sera impossible de la faire subsister une seule année. Le bois de chauffage coûtera plus de deux louis la voiture, et le comestible sera au poids de l'or.

Je ne doute pas, Monsieur, que dans l'occasion vous ne fassiez les représentations les plus fortes à M. le duc de Choiseul sur un objet si important. Pour moi je suis si accablé de ma vieillesse et de mes maladies que je suis devenu absolument inutile. Je n'ai plus de force que pour vous remercier de vos bontés. J'ai l'honneur de présenter mes respects à Madame De Caire, et d'être avec les mêmes sentiments, Monsieur, vôtre très humble et très obéissant serviteur

Voltaire.

21e mars au soir 1769 à Ferney .1

Oserais-je vous supplier, Monsieur, de vouloir bien essayer d'un piqueur d'ouvriers qui s'appelle Barbera? Il est le mari d'une femme qui est à moi. Je vous réponds de sa conduite et de sa fidélité. C'est le porteur de cette Lettre.

J'achetai au mois de Janvier par le nommée Landry, charpentier demeurant à Ferney, mille pièces de bois de charpente tant petites que grandes et deux cent douzaines de planches avec vingt quatre douzaines de plateaux, pour les bâtiments que je fais construire au Châtelard et qui doivent être prêts pour la récolte.

Le marché étant conclu à Mijoux avec les frères Janins et Claude Joseph, forestiers demeurant à la Combe de Mijoux, je payai quarante louis d'or d'avance.

J'en donnai la déclaration à monsieur Fabry qui mit au bas, bon pour le passage.

Ce bon, n'est valable que pour cinq mois et je n'aurais pas le temps de bâtir les granges et écuries nécessaires, si on empêchait mes bois de me parvenir ; ma récolte serait entièrement perdue.

En foi de quoi j'ai signé au château de Ferney ce 21e mars au soir 1769

Voltaire. »

 

1 Original signé;édition Wade publie le corps de la lettre et la déclaration jointe comme s'il s'agissait de deux lettres différentes .

Vous êtes instruit sans doute des règlements faits par les parlements

... Alors rendez-vous à 15H à l'Elysée ! Avec ou sans voiture de fonction ...

Trombinoscope attendu .

 

 

 

« A Pierre Gros, Curé

de Ferney

Le jour des Rameaux [19 mars 1769]1

Il n’y a que d’infâmes calomniateurs qui aient pu, monsieur, vous dire les choses dont vous parlez. Je puis vous assurer qu’il n’y a pas un mot de vrai, et que rien ne doit s’opposer aux usages reçus. Vous êtes instruit sans doute des règlements faits par les parlements, et je ne doute pas que vous ne vous conformiez aux lois du royaume. Vous êtes d’ailleurs bien persuadé de mon amitié.

Voltaire. »

1 Manuscrit olographe ; copie Beaumarchais-Kehl ; édition Lettres de Mgr l'év[êque]de G*** à M. de V*** . La note suivante est portée au bas de l'original :

« Voltaire étant malade, dans le temps de Pâques, fit avertir le curé de Ferney de lui apporter le viatique. Le curé répondit qu’il ne le pouvait qu’après que Voltaire aurait rétracté les mauvais ouvrages qu’il avait faits. Voltaire, impatienté, lui écrivit les lettres des 19 et 24 mars 1769 ; enfin le 31 mars il fit la déclaration suivante, et communia le lendemain. ». Suivent les deux derniers paragraphes du certificat de mœurs reproduit par Besterman . Le tout est suivi de la signature de l'évêque . Cette note ne semble pas correspondre au contenu de la lettre. Elle est pourtant confirmée par la lettre du 24 mars à Gros et la réponse de celui-ci . Voir aussi la lettre du 30 mars à Gros et celle du 9 avril 1769 à d'Argental .

«Déclaration par devant notaire et procès-verbal

« Au château de Ferney, le 31 mars 1769. par-devant le notaire Raffoz, et en présence des témoins ci-après nommés, est comparu messire François-Marie de Voltaire, gentilhomme ordinaire de la chambre du roi, l’un des quarante de l’Académie française, seigneur de Ferney, etc., demeurant en son château, lequel a déclaré que le nommé Nonotte, ci-devant soi-disant jésuite, et le nommé Guyon, soi-disant abbé, ayant fait contre lui des libelles aussi insipides que calomnieux, dans lesquels ils accusent ledit messire de Voltaire d’avoir manqué de respect à la religion catholique, il doit à la vérité, à son honneur, et à sa piété, de déclarer que jamais il n’a cessé de respecter et de pratiquer la religion catholique professée dans le royaume ; qu’il pardonne à ses calomniateurs ; que si jamais il lui était échappé quelque indiscrétion préjudiciable à la religion de l’État, il en demanderait pardon à Dieu et à l’État ; et qu’il a vécu et veut mourir dans l’observance de toutes les lois du royaume, et dans la religion catholique, étroitement unie à ces lois.

« Fait et prononcé audit château, lesdits jour, mois et an que dessus, en présence du R. P. sieur Antoine Adam, prêtre, ci-devant soi-disant jésuite, de, etc., etc., témoins requis et soussignés avec ledit M. de Voltaire, et moidit notaire. »

 

Autre déclaration.

"1er avril.

« Au même château de Ferney, à neuf heures du matin, le 1er avril 1769, par-devant ledit notaire, et en présence des témoins ci-après nommés, est comparu messire François-Marie Arouet de Voltaire, gentilhomme ordinaire, etc., lequel, immédiatement après avoir reçu, dans son lit où il est détenu malade, la sainte communion de monsieur le curé de Ferney, a prononcé ces propres paroles :

« Ayant mon Dieu dans ma bouche, je déclare que je pardonne sincèrement à ceux qui ont écrit au roi des calomnies contre moi, et qui n’ont pas réussi dans leurs mauvais desseins*.

« De laquelle déclaration ledit messire de Voltaire a requis acte, que je lui ai octroyé en présence de révérend sieur Pierre Gros, curé de Ferney, d’Antoine Adam, prêtre, ci-devant soi-disant jésuite, de, etc., etc., témoins soussignés avec ledit M. de Voltaire, et moi dit notaire, audit château de Ferney, lesdits heure, jour, mois et an. »

22/09/2024

Il est très éloigné de vouloir jamais revenir contre ce qui a été décidé

... Le président Macron a sans doute le gouvernement qui lui plait - enfin - !

L'opposition de gauche enrage, celle de droite extrême se la joue grenouille aussi grosse que le boeuf, le citoyen sort peureusement manifester, les fins de mois restent difficiles, beaucoup d'argent public gaspillé, la montagne a accouché d'une souris .

Rentrée des classes pour : https://www.vie-publique.fr/en-bref/295289-le-gouvernemen...

Nota bene : Quelles sont les conditions pour être ministre  : https://www.vie-publique.fr/fiches/19465-conditions-pour-etre-ministre-et-incompatibilites-gouvernementales

Pourquoi pas vous ? ou moi ?

Est-ce la nécessité de probité qui a ralenti si démesurément le choix de nos nouveaux gouvernants ? En notant au passage que Rachida Dati , bien que mêlée à une affaire de corruption reste en poste, ce qui ne me rassure pas sur la qualité blanc-bleu demandée aux nommés , et non respectée évidemment . Rendez-vous à de nouvelles "affaires" touchant ces nouveaux dirigeants .

 

 

 

« A Louise-Bernarde Berthier de Sauvigny

17è mars 1769 à Ferney

J’ai attendu, madame, pour vous remercier de la confiance et de la bonté avec laquelle vous avez bien voulu m’instruire de l’état des affaires de monsieur votre frère, que je fusse plus particulièrement informé de sa conduite présente. Je n’ai rien épargné pour en avoir les informations les plus sûres. J’ai envoyé un homme sur les lieux ; j’ai écrit aux magistrats, aux gentilshommes ses voisins. Je crois que vous serez contente d’apprendre que, depuis sept ans qu’il est dans ce pays-là, tout le monde, sans exception, a été charmé de sa conduite. On lui a donné partout droit de bourgeoisie, et on a partout recherché son amitié. Ces témoignages unanimes plairont sans doute à une sœur qui pense aussi noblement que vous.

Je sens bien que la crainte de voir un frère peu accueilli dans les pays étrangers devait vous inquiéter ; je sens combien il est cruel d’avoir à rougir de ceux à qui le sang nous lie de si près, et je partage la consolation que vous devez éprouver d’être entièrement rassurée.

Tout le défaut de M. Durey de Morsan, comme je vous l’ai déjà dit 1, madame, est cette malheureuse facilité qui causa sa ruine . Il a été pillé en dernier par trois ou quatre réfugiés, les uns banqueroutiers, les autres chargés de mauvaises affaires. Il s’était endetté pour eux. L’un d’eux lui avait fait accroire qu’il devait avoir quarante-deux mille livres de rente par la liquidation de ses biens ; et on ne lui mettait ces chimères dans la tête que pour vivre à ses dépens.

Je lui ai fait voir clair comme le jour qu’il ne doit espérer de longtemps que les six mille livres de pension auxquelles il est réduit par ses fautes passées. Je lui ai fait, sentir très fortement qu’il doit vivre avec une sage économie, en homme de lettres tel qu’il est ; et que, loin de se plaindre de vous, il doit s’appliquer à mériter votre tendresse par la conduite la plus mesurée, et par une confiance entière.

Je l’ai tiré des mains qui dévoraient sa subsistance ; j’ai payé pour lui environ deux mille livres : je lui ferai rentrer de 2 ce qu’on lui doit, autant que je le pourrai ; la pitié que m’a d’abord inspirée son état s’est changée ensuite en amitié.

Il est très éloigné de vouloir jamais revenir contre ce qui a été décidé par sa famille ; il se contentera de ses six mille livres. Il n’a nul dessein de tenter jamais de revenir à Paris ; il voudrait seulement pouvoir faire un petit voyage dans le pays de Bresse et dans celui de Saint-Claude, où on lui doit quelque argent. Je lui procurerai une habitation fixe et peu coûteuse vers le territoire de Genève ; j’empêcherai qu’il ne dépense un écu au delà de sa pension : il donnera une procuration à un homme de confiance pour recevoir son revenu tous les mois, et payer son petit ménage . Il aura des livres qui le consoleront dans sa retraite . Je veillerai sur sa conduite, j’en répondrai comme de moi-même ; et je m’engage envers vous, madame, et envers sa famille, comme s’il s’agissait de mes propres intérêts.

Je suis bien persuadé que vous aimerez mieux le savoir sous mes yeux que sous des yeux étrangers.

Je vous donne encore ma parole d’honneur qu’il ne sortira pas hors des limites du mont Jura, et qu’il n’habitera jamais aucune ville du royaume. La personne chargée de son revenu ne le permettra pas, et, de plus, je vous jure qu’il n’a nulle envie de se montrer, et qu’il veut vivre dans la plus profonde obscurité. Je me flatte, encore une fois, que ce parti vous agréera, et que vous ne souffrirez pas qu’on poursuive votre malheureux frère comme un voleur de grand chemin, tandis qu’il est assez puni de ses faiblesses passées, et qu’il les expie depuis si longtemps par une vie irréprochable. Je sais, madame, que vous avez eu de la générosité pour des étrangers . Vous en aurez pour un frère.

J'ai l'honneur d'être avec respect . »

2 L'édition Besterman omet le mot ce .