22/12/2009
Le fracas et les plaisirs de Lyon nuisaient à ma santé et à mon travail
Je peux vous garantir qu'au XXI ième siècle le fracas de Lyon est essentiellement automobile et use en effet les nerfs des usagers obligés chaque jour de trainer dans des bouchons, qui pour être lyonnais , n'en ont pas l'agrément de leurs homonymes aux tables bien garnies .
Les plaisirs de Lyon, je vous le confesse, n'ont pas sur moi le même effet délétère que sur Volti !
Au contraire, ils sont pour moi source vivifiante et j'en redemande sans retard . Vous comprendrez quand vous serez plus grands !
Entre autres adresses, une qui m'est chère depuis quelques semaines ...
« A Marie-Elisabeth de Dompierre de Fontaine
Au château de Prangins,
22 décembre 1754
Je dicte ma lettre ma chère nièce, non pas que je sois plus malade qu’à l’ordinaire, mais parce que je suis dans mon lit fort frileux et fort paresseux. Je ne doute pas que vous n’ayez fait rendre à M. de Prangins [Jean-Georges Guiguier, baron de Prangins] la première lettre que je vous envoyai. Je n’ai point la force d’aller prendre actuellement les bains d’Aix en Savoie ; la saison est trop rigoureuse ; il faut attendre un temps plus doux . Si je pouvais me flatter que vous vinssiez ici au printemps avec le maître de la maison, je ne chercherais pas d’autre retraite jusqu’au printemps où vous en partiriez, et je ne pourrais pas en imaginer une plus agréable. La situation est d’après les romans, et le bâtiment est de l’histoire moderne [vers 1723]; il n’y a rien de si beau à 50 lieues à la ronde. Tout ce que nous craignons Mme Denis et moi, c’est de causer un peu d’embarras aux régisseurs de ce beau château. Surtout nous vous prions de présenter à M. de Prangins nos remerciements et nos excuses. Je voudrais qu’il sentît tout le plaisir qu’il me fait. Cette habitation est précisément tout ce qui me convient dans l’état douloureux où je suis. Ma santé et mes études en avaient besoin. Le fracas et les plaisirs de Lyon nuisaient à ma santé et à mon travail [lettres du 20 novembre et 2 décembre à d’Argental]. Vous ne sauriez croire l’obligation que je vous ai d’avoir trouvé une retraite si convenable à mon goût et à mon état. Il ne me manque que de vous y voir. C’est la seule chose que je désire dans ce monde. Il y a d’ailleurs des eaux minérales, qui, je crois, seraient fort bonnes pour vous, surtout au printemps. Flattez-nous au moins de cette espérance ; mandez-nous si M. de Prangins a reçu nos lettres. Vous devez regarder comme votre affaire propre notre séjour dans ce château, puisque c’est vous qui nous l’avez procuré. Je suis fâché que vous n’ayez plus la consolation de voir tous les jours votre frère ; je me flatte que vous en avez d’autres auxquelles je m’intéresse.
J’ai apporté avec moi votre Léda. Apportez-nous le portrait de votre fils avec quelques-uns de vos petits chefs-d’œuvre ; mais songez que vos lettres nous font pour le moins autant de plaisir que vos crayons et vos pinceaux. Ce n’est plus le temps d’être paresseuse avec des gens qu’on a confinés dans un château sur les bords d’un lac. Ecrivez-nous, rassurez-nous contre la crainte d’abuser des bontés du maître de maison, et encore plus de la crainte de ne vous point voir ce printemps.
Adieu mon aimable nièce.
Voltaire. »
Exposition de papier découpé au Château de Prangins, dont les œuvres de Jean Huber qui s’est particulièrement dédié à Voltaire.
Château de Prangins
http://images.google.nl/imgres?imgurl=http://www.landesmu...
06/07/2009
Vous avez une femme aimable ; de jolis enfants. Soyez heureux
D'abord grosse bise à loveVoltaire !! http://www.monsieurdevoltaire.com/article-33470585.html
Volti nous parle d'amitié, d'amour ...
Voyez le résultat !
C'est le grand amour, non ?
Arbeit macht frei ! comme disait l'autre affreux moustachu !!
Aber Arbeit trop prenant avec vie privée quand jours pas dépasser 24 heures. Privé de blog, je suis. Tricard du clavier...
Up to date, I can write some petites bétises.
Mais avant les bétises, ou plutôt à la place,(ça vaut mieux), je vous dis mon plaisir à l'écoute d'un claveciniste qui est venu nous régaler ce vendredi 3 juillet au château de Volti.
Kenneth Weiss, US made , but francophone et d'une simplicité et amabilité remarquables .
Il nous a régalés des Variations Goldberg, écrites pour le clavecin par J-S Bach, et que je n'appréciais jusqu'à présent que dans l'interprétation de Glenn Gould (-pianiste félé génial-).Désormais je vais avoir l'embarras du choix ...
Si jamais vous avez la chance de pouvoir assister à l'un des ses concerts, allez-y !!
Tintin avait le choix entre Dupont ou Dupond, policiers à semelles de plomb et idées courtes, "je dirais même plus", à idées courtes et semelles de plomb.
Volti lui correspond avec un Dupont avocat qu'il apprécie, d'autant plus qu'il a "une femme aimable" ? (oubliez ceci, je suis doué d'une mémoire en trou de serrure !).
Il vient de se séparer de Cosimo Alessandro Collini, florentin et secrétaire qui s'est usé les doigts pour lui et va continuer par une carrière paléontologique. Que d'os, que d'os ; serait-ce ceux de Volti qui l'auraient inspiré pour cette matière ?
« A Sébastien Dupont,
Avocat au Conseil Souverain, Alsace à Colmar.
Mon cher ami, il est vrai que l’homme en question [Collini]
s’est conduit avec ingratitude avec ma nièce et moi qui l’avions accablé d’amitiés et de présents. J’ai été obligé de le renvoyer [Collini s’était plaint en mars à Dupont du « dur esclavage » où V* le tenait : « homme dont il est le barbouilleur » ; Collini revendique la séparation, selon lui due, entre autre, à la jalousie de V* sur une certaine intimité entre Collini et Mme Denis qui aurait demandé son renvoi , ayant appris sa liaison avec une femme recueillie aux Délices par une lettre à celle-ci montrée par une servante ; elle contenait des « badinages et des plaisanteries » et nommait Mme Denis, qu’il appelait parfois « la louche ouvrière » ; V* offrira argent et recommandation et restera en correspondance jusqu’à sa mort avec Collini qui quitta Genève le 12 juin]. Je ne me suis jamais trompé sur son caractère [en mai, il écrivait encore : « Florentin très aimable, très bien né , qui mérite mieux que moi d’être de l’Académie de la Crusca. »]; et je sais combien il est difficile de trouver des hommes.
Je vous avoue que j’en prendrais bien volontiers un de votre main. Mais j’ai toute ma famille auprès de moi [Mme de Fontaine depuis le 8 juin], et un très grand nombre de domestiques, de sorte qu’il ne me reste pas un logement à donner [Wagnière, au service de V* est là ; la première lettre de sa main est du 3 septembre]. Mme Denis vous fait les plus tendres compliments. Je vous prie mon cher ami, de ne nous pas oublier auprès de M. et Mme de Klinglin.
Je vous plains toujours d’être à Colmar et en vous regrettant je me sais bon gré d’être aux Délices. Je ne connais en vérité d’autre chagrin que celui d’être séparé de vous. Vous avez une femme aimable ; de jolis enfants. Soyez heureux, s’il est possible de l’être. Je vous embrasse tendrement.
Voltaire
Aux Délices 6 juillet 1756. »
Académie de la Crusca : http://fr.wikipedia.org/wiki/Accademia_della_Crusca
17:36 | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : voltaire, collini, dupont, denis, fontaine, délices