02/06/2009
ce sont des fous, mais il ne faut pas les brûler.
J'ai eu quelques émotions hier quand j'ai appris la nouvelle de l'avion disparu ; un ami archer revenait de son séjour brésilien (il y a créé un club à Bananeiras) ce même jour . Puis à la réflexion j'ai réalisé qu'il n'arrivait pas à Paris mais à Genève, donc ne pouvait être dans le vol fatidique... J'ai eu le plaisir de le voir ce matin, un peu perturbé par le décalage horaire, sans plus .
Autres réflexions du grincheux que je suis : "Mister Sarko, qu'allez-vous faire dans cet aéroport ?
Vous manque-t-elle à ce point la bonne odeur de kérosène ?
Votre présence va-t-elle donner l'espoir de retrouver des survivants ?
Auriez-vous le pouvoir de guérir les écrouelles et ranimer les morts ?
Ou plus simplement le pouvoir d'ajouter du désordre (grâce aux forces de l'ordre de votre escorte ) pour permettre votre sainte apparition ?"
Sans oublier un évêque ou archevêque, bien intentionné au demeurant, (-si, si, je crois qu'il n'a parlé que pour le bien des familles !!...et non pour monter en épingle la valeur des traditions catholiques apostoliques et romaines -), qui nous invite à prier pour les victimes et leurs proches. Je dis : "D'abord, je ne prie pas sur commande, secundo, si les catholiques ont besoin qu'on leur dise quand et pour quoi prier, que Dieu aie pitié d'eux." Doux agneaux, bêlez, votre berger vous l'a dit. Gare à la tonte et au méchoui !...C'est irrémédiable , diable !!!
Pauvre Rousseau, tu as eu un adversaire redoutable, mais reconnais que tu l'a bien cherché ...Sans rancune !
« A Etienne-Noël Damilaville
En réponse à votre lettre du 23 mai, mon cher frère, il me manque, pour compléter mon Lally [ce dossier demeurera incomplet], la réponse qu’il avait faite aux objections par lesquelles on réfuta son premier mémoire. On dit que cette pièce est très rare. Vous me feriez un grand plaisir de me la faire chercher, et de me l’envoyer.
Je suis charmé que vous soyez content du petit buste [en ivoire, sans doute de Rosset, envoyé le 14 mai]. L’original est bien languissant. Il y a trois mois qu’il n’a pu s’habiller.
Je ne sais ce que c’est que la lettre sur Jean-Jacques. [Lettre …au docteur Jean-Jacques Pansophe, avril 1766, commence par : « Quoique vous en disiez, docteur Pansophe, je ne suis certainement pas la cause de vos malheurs. »]. Je soupçonne qu’il s’agit d’une lettre que j’écrivis, il y a quelques mois, au Conseil de Genève, par laquelle je lui signifiais qu’il aurait dû confondre la calomnie ridicule qui lui imputait d’avoir comploté avec moi la perte de Rousseau. Je disais au Conseil que je n’étais point l’ami de cet homme, mais que je haïssais et méprisais trop les persécuteurs pour souffrir tranquillement qu’on m’accusât d’avoir servi à persécuter un homme de lettres. Je tâcherai de retrouver une copie de cette verte romancine, et de vous l’envoyer. Je pense sur Rousseau comme sur les Juifs ; ce sont des fous, mais il ne faut pas les brûler.
Je recommande toujours à vos bontés les exemplaires [recueil de ses œuvres complètes] pour M. Thomas, pour M. le chevalier de Neuville à Angers, et pour Lacombe. On me fait espérer un Fréret [Examen critique des apologistes de la religion chrétienne ; V* écrit : « Je ne crois pas que ce livre soit de M. Fréret, il est très dangereux pour la foi. »] de Hollande ; mais les livres viennent si tard de ce pays là, que j’ai recours à vous. La diligence de Lyon à Meyrin est très expéditive.
Les jésuites sont enfin chassés de Lorraine [suite au rattachement de la Lorraine à la France à la mort de Stanislas en février]. Je me flatte que les capucins, leurs anciens valets, seront bientôt rendus à la bêche et à la charrue [le 30 mai, V* : « …nous manquons de manœuvres. Nous attellerions d’un côté six bœufs et de l’autre six moines, et nous verrions qui labourerait le mieux. »], qu’ils avaient quittées très mal à propos.
Ils n’étaient connus que comme de vils débauchés ; mais puisque l’ordre séraphique se mêle d’assassiner, [V*, 30 mai : « est-il vrai que les capucins ont assassiné leur gardien à Paris ? » ; il sera déçu d’apprendre que le supérieur s’est simplement suicidé] il est bon d’en purger la terre. Amen.
Voltaire
2 juin 1766. »
Pour la bonne bouche : *** : http://www.monsieurdevoltaire.com/ , avec au piano love Voltaire . Encore, encore !...
16:59 | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : voltaire, rousseau, damilaville, capucin, jésuite, juif, fou
25/01/2009
Ou les hommes deviendront entièrement fous, ou ...
Mon menteur préféré, correspondant recherché des têtes couronnées, je le prends encore la main dans le sac à malices .
« A Catherine II, impératrice de Russie
Madame,
La lettre dont Votre Majesté impériale m’honore m’a tourné la tête ; elle m’a donné des patentes de prophète. Je ne me doutais pas que l’archevêque de Novgorod se fût en effet déclaré contre le système absurde des deux puissances ? J’avais raison sans le savoir,[dans son Mandement du Révérendissime père en Dieu Alexis, réplique aux Actes de l’assemblée générale du clergé de France de septembre 1765 ] , ce qui est encore un caractère de prophétie. Les incrédules pourront m’objecter que cet archevêque ne s’appelle pas Alexis, mais Demetri. Je pourrais répondre avec tous les commentateurs qu’il faut de l’obscurité dans les prophéties, et que cette obscurité rend toujours la vérité plus claire. J’ajouterai qu’il n’y a qu’à changer Alex en Deme, et is en tri, pour avoir le véritable nom de l’archevêque. Il n’y aura certainement que les impies qui puissent ne se pas rendre à des preuves si évidentes.
Je suis si bien prophète que je prédis hardiment à Votre Majesté la plus grande gloire et le plus grand bonheur. Ou les hommes deviendront entièrement fous, ou ils admireront tout ce que vous faites de grand et d’utile ; cette prédiction même vient un peu comme les autres après l’évènement.
Il me semble que si cet autre grand homme, Pierre Ier, s’était établi dans un climat plus doux que sur le lac Ladoga, s’il avait choisi Kiovie ou quelque autre terrain plus méridional, je serais actuellement à vos pieds en dépit de mon âge. Il est triste de mourir sans avoir admiré de près celle qui préfère le nom de Catherine aux noms des divinités de l’ancien temps et qui le rendra préférable [il lui avait cependant écrit en novembre qu’il était un peu fâché qu’elle s’appellât Catherine, ce à quoi elle avait répondu qu’il correspondait exactement à sa « tête si peu docile, si peu flexible » ]. Je n’ai jamais voulu aller à Rome, j’ai senti toujours de la répugnance à voir des moines dans le Capitole et les tombeaux des Scipions foulés aux pieds des prêtres ; mais je meurs de regret de ne point voir les déserts changés en villes superbes, et deux mille lieues de pays civilisées par des héroïnes. L’histoire du monde entier n’a rien de semblable, c’est la plus belle et la plus grande des révolutions ; mon cœur est comme l’aimant, il se tourne vers le nord. D’Alembert a bien tort de ne pas avoir fait le voyage, lui qui est encore jeune. Il a été piqué de la petite injustice qu’on lui faisait, mais l’objet, qui est fort mince, ne troublait point sa philosophie [ difficultés à recevoir la pension de feu Clairaut ]. Tout cela est réparé aujourd’hui. Je crois que l’Encyclopédie est en chemin pour aller demander une place dans la bibliothèque de votre palais.
Que Votre Majesté Impériale daigne recevoir avec bonté ma reconnaissance, mon admiration, mon profond respect.
Feu l’Abbé Bazin
24 janvier 1766. »
Pourquoi Abbé Bazin ? Wait and see :
http://books.google.fr/books?id=FrATAAAAQAAJ&dq=volta...
13:46 Publié dans voltaire intime | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : voltaire, catherine, hommes, pierre, fou
02/12/2008
a la fin on pensera
" A Jean François Marmontel, de l'Académie française, etc
....Mais pour la Sorbonne, je suis toujours de l'avis de Des Landes qui assure à la page 299 de son troisième volume que c'est le corps le plus méprisable du royaume.
...
Mon cher ami, vive le ministère de France, vive surtout M. le duc de Choiseul qui ne veut pas que les sorboniqueurs prêchent l'intolérance dans un siècle ausi éclairé. On lime les dents à ces monstres, on rogne leurs griffes, c'est déja beaucoup. Ils rugiront et on les entendra seulement pas. Votre victoire est entière, mon cher ami, ces drôles- là auraient été plus dangereux que les jésuites si on les avait laissés faire.
Je suis bien affligé que l'édit en faveur des protestants n'ait point passé. Ce n'est pas que les huguenots ne soient aussi fous que les sorboniqueurs, mais pour être fou à lier on n'en est pas moins citoyen, et rien ne serait assurément plus sage que de permettre à tout le monde d'être fou à sa manière.
.... Le théatre est désert comme les prêches de Genève. La décadence s'annonce de toutes parts. Nous allions nous sauver par la philosophie, mais on veut nous empêcher de penser. Je me flatte pourtant qu'à la fin on pensera, et que le ministère ne sera pas plus méchant envers les pauvre philosophes qu'envers les pauvres huguenots.
Je vous supplie d'embrasser pour moi le petit nombre de sages qui voudra bien se souvenir du vieux solitaire, votre tendre ami.
Voltaire
le 2 décembre 1767"
Comment encore penser , que penser, à quoi penser ? Je suis bien niais de poser ces questions ! La réponse est dans la boite à images qui nous offre des sujets de réflexion sans fin; je n'ose pas dire sans limite, vous me taxeriez de critique primaire ( ou primate si vous voulez) !
"A la fin on pensera", trop tard ? Encore assez tôt ? Rêvons que notre temps de cerveau libre ne soit pas éternellement dédié à des biens de consommation qui portent bonheur quand on marche dessus du pied droit ( ou gauche , je ne sais plus, toujours est-il que ça ne sent pas bon ).
18:11 | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : voltaire, penser, sorbonne, fou, citoyen