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03/06/2009

si j’avais obligation au diable je dirais du bien de ses cornes.

 

Alleluiah ! Jésus n'est pas mort (car il bouge encore, me direz-vous, bande d'iconoclastes ), pas mort sur la croix d'infâmie (ou de rédemption, c'est vous qui voyez ). Qui donc a été crucifié ? Son frère, qui s'est sacrifié pour lui !...

Et Jésus ? En toute facilité et incognito, il est allé jusqu'au Japon -proche banlieue de la Palestine- y finir ses jours de riziculteur , père de famille, à plus de cent ans .

Preuve à l'appui de mes dires de mécréant : son tombeau est surmonté d'une croix, chose rare au pays du soleil levant .

Trop fort Jésus, comme on dit dans les banlieues !

Trop fort surtout ces japonais qui sont intimement persuadés de ces faits , nouvelle version des saintes écritures à paraître ! Que fait le Vatican ? Va-t-il lancer une fatwa comme tout intégriste qui se respecte ? Heureusement non . Pour une fois, la tolérance pour des croyances déviantes est respectée . C'est vrai que le sujet est tellement gros qu'il laisse sans voix mais non sans sourire ...

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

« A Louis-François-Armand du Plessis, duc de Richelieu

 

 

                        La lettre de mon héros m’a donné un tremblement de nerfs qui m’aurait rendu paralytique, si je n’avais pas le moment d’après reçu une lettre de M. le Chancelier [Maupéou] qui a remis mes nerfs à leur ton, et rétabli l’équilibre des liqueurs. Il est très content, il a seulement changé deux  mots et fait réimprimer la chose [brochure Les Peuples aux Parlements qui contient quelques allusions élogieuses à Choiseul, en deux lignes que Maupéou fera supprimer]. On en a fait quatre éditions dans les provinces. C’est la voix de Jean prêchant dans le désert et que les échos répètent.

 

                Mon héros sait que quand César releva les statues de Pompée, on lui dit : « Tu assures les tiennes. » Ainsi mon héros dans son cœur trouvera très bon qu’on montre de la reconnaissance pour un homme qu’on appelle en France disgracié [Choiseul], et qu’on relève ses statues, pourvu qu’elles n’écrasent personne.

 

                J’avoue que je suis une espèce de Don Quichotte qui se fait des passions pour s’exercer. J’ai pris parti pour Catherine seconde, l’étoile du Nord, contre Moustapha le cochon du croissant. J’ai pris parti contre nos seigneurs [le parlement de Paris, l’ancien] sans autre motif que mon équité et ma juste haine envers les assassins du chevalier de La Barre et du jeune Talonde [d’Etallonde, ami de La Barre, que V* recommandera auprès de Frédéric II en 1767]  mon ami, sans imaginer seulement qu’il y eût un homme qui dût m’en savoir gré.

 

                J’ai dans toutes mes passions détesté le vice de l’ingratitude, et si j’avais obligation au diable je dirais du bien de ses cornes.

 

                Comme je n’ai pas longtemps à ramper sur ce globe, je me suis mis  à être plus naïf que jamais. Je n’ai écouté que mon cœur ; et si on trouvait mauvais que je suivisse ses leçons, j’irai mourir à Astracan, plutôt que de me gêner dans mes derniers jours chez les Welches.

 

                J’aime passionnément à dire des vérités que d’autres n’osent pas dire, et à remplir des devoirs que d’autres n’osent remplir. Mon âme s’est fortifiée à mesure que mon pauvre corps s’est        affaibli.

 

                Heureusement mon caractère a plu à l’homme auquel il aurait pu déplaire [Maupéou]. Je me flatte qu’il ne vous rebute pas, et c’est ce que j’ai ambitionné le plus.

 

                Je sens vivement vos bontés. Je ne désespère pas de faire un jour, si je vis, un petit tour très incognito à Paris ou à Bordeaux pour vous faire ma cour, vous jurer que je meurs en vous aimant, et m’enfuir au plus vite. Mais je crois qu’il attendre que j’aie quatre-vingts ans sonnés. Je n’en ai que soixante et dix-huit, je suis encore trop jeune.

 

                J’ai d’ailleurs fondé une colonie [avec les émigrants fuyant Genève, il fonde une manufacture de montres ] que l’homme à qui je dois tout faisait fleurir, et qui me ruine à présent en exigeant ma présence.

 

                Ce que vous daignez me dire sur ma santé et Tronchin me fait cent fois plus de plaisir que votre vesperie [=admonestation] ne m’alarme ; aussi vous suis-je plus attaché que jamais avec le plus tendre et le plus profond respect, et le plus éloigné de l’ingratitude.

 

 

                        Voltaire

                        A Ferney 3ème juin 1771. »

 

 

 

 

 

 

 

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