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02/08/2009

Mon miracle est d’exister

Brutalement, sans fioriture, depuis le "bouge indigne" de Ferney, "l'antre des Alpes"

«  A Jean Le Rond d’Alembert

 

 

                            Si j’avais quelque vingt ou trente ans de moins, il se pourrait à toute force, mon cher et illustre ami, que je me partageasse entre vous et Mlle Clairon. Mais en vérité je suis trop raisonnable pour ne pas vous donner la préférence. J’avais promis, il est vrai, de venir voir à Lyon L’Orphelin chinois, et comme il n’y avait à ce voyage que de l’amour –propre, le sacrifice me parait bien plus aisé. [d’Alembert lui écrivit de Lyon que le bruit avait couru qu’il devait venir entendre la Clairon dans le rôle d’Idamé dans la nouvelle salle que Soufflot  a fait construire]. Mme Denis devait être de la partie de l’Orphelin. Elle pense comme moi, elle aime mieux vous attendre. Ceci est du temps de l’ancienne Grèce où l’on préférait à ce qu’on dit les philosophes.

 

 

                            Le bruit court que vous venez avec un autre philosophe.[Patu] Il faudrait que vous le fussiez terriblement l’un et l’autre pour accepter les bouges indignes qui me restent dans mon petit ermitage.[d’Alembert restera à Genève du 10 au 30 juillet et recueillera les informations pour écrire l’article Genève dans l’Encyclopédie, source de polémique en 1757]. Ils ne sont bons tout au plus que pour un sauvage comme Jean-Jacques, et je crois que vous n’êtes pas à ce point de sagesse iroquoise. Si pourtant vous pouviez pousser la vertu jusque là, vous honoreriez infiniment mes antres de Alpes en daignant y coucher. Vous me trouverez bien malade. Ce n’est pas la faute du grand Tronchin. Il y a certains miracles qu’on fait, et d’autres qu’on ne peut faire. Mon miracle est d’exister, et ma consolation sera de vous embrasser. Ma champêtre famille vous fait les plus sincères compliments.

 

 

                            V.

                            Aux Délices 2 août 1756. »

 

                           

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