21/09/2009
moi qui suis à mon corps défendant un exemple de sagesse
Dimanche, 18h20, je raccompagne « ma » dernière visiteuse des journées du patrimoine 2009. Elle a le sourire, c’est pour moi le meilleur merci .
Je retrouve dans notre petite boutique du château de Volti les membres de l’équipe qui ont accueilli ce jour 999 visiteurs ( oui, je sais, ce chiffre donne un peu un côté Télé Achat, mais il est réel ; total sur deux jours : 1375 ! pas mal !! ).
J’ai les pieds usés jusqu’aux genoux et la gorge comme celle d’une grenouille qui a trop croassé .
Les vaillantes Charilla, Eilise, Babeth et l’accueillant et aimable Wahid connaissent aussi une saine (depuis quand une fatigue est-elle saine ? et jusqu’à quand ? ) grosse fatigue : rêves de bain, douches, dodo sous la couette .
Un repas en commun est envisagé : « là, tout de suite ? » ; non , remis à une date proche ; récupérer d’abord.
Moi, ce jour, j’ai l’arme absolue contre le blues du château vide : l’offrir à une amie (le chateau, pas le blues ! quoique ... ).
Dans quelques heures elle sera là . Yes !!
Welcome Mamzelle Wagnière !!
http://www.youtube.com/watch?v=oUCRqZbQRI0&feature=player_embedded
« A Charles –Augustin Ferriol, comte d’Argental
Mon cher et respectable ami, vous m’écrivez des lettres qui percent l’âme et qui l’éclairent. Vous dites tout ce qu’un sage peut dire sur les rois, mais je maintiens mon roi une espèce de sage. Il n’est pas un d’Argental, mais après vous, il est tout ce que j’ai de plus aimable. Pourquoi donc, me dira-t-on quittez-vous M. d’Argental pour lui ? Ah ! mon cher ami, ce n’est pas vous que je quitte, ce sont les petites cabales, et les grandes haines, les calomnies, les injustices, tout ce qui persécute un homme de lettres dans sa patrie. Je la regrette sans doute cette patrie, et je la reverrai bientôt. Vous me la ferez toujours aimer, et d’ailleurs je me regarderai toujours comme le sujet et comme le domestique du roi. Si j’étais bon Français à Paris à plus forte raison le suis-je dans les pays étrangers. Comptez que j’ai bien prévenu vos conseils, et que jamais je n’ai mieux mérité votre amitié, mais je suis un peu comme Chiampot la perruque. Vous ne savez peut-être pas son histoire. C’était un homme qui quitta Paris parce que les petits garçons couraient après lui. Il alla à Lyon par la diligence, et en descendant, il fut salué d’une huée de polissons. Voilà à peu près mon cas : d’Arnaud fait ici des chansons pour les filles, et on imprime dans les gazettes : Chansons de l’illustre Voltaire pour l’auguste princesse Amélie.[ce poème qui commence par « Je viens abjurer mon erreur / Aux pieds de l’Amour même. » lui fut attribué par la Spernesche Zeitung de Berlin le 15 septembre]. Un chambellan de la princesse de Bayreuth, bon catholique, ayant la fièvre, et le transport au cerveau, croit demander un lavement, on lui apporte le viatique et l’extrême-onction, il prend le prêtre pour un apothicaire, tourne le cul, et de rire. Une façon de secrétaire que j’ai amené avec moi, espèce de rimailleur, fait des vers de cette aventure, et on imprime : Vers de l’illustre Voltaire sur le cul d’un chambellan de Bayreuth et sur son extrême-onction.[ sont-ils de Tinois ? publiés en septembre, selon Droysen ] . Ainsi je porte glorieusement les péchés de d’Arnaud et de Tinois, mais malheureusement j’ai peur que les mauvais vers de Tinois portés par la beauté du sujet ne parviennent à Paris, et ne causent du scandale. J’ai grondé vivement le poète et je vous prie, si cette sottise parvient dans le pays natal de ces fadaises, de détruire la calomnie, car quoique les vers aient l’air à peu près faits par un laquais, il y a d’honnêtes gens qui pourraient bien me les imputer, et cela n’est pas juste. Il faut que chacun jouisse de son bien. Franchement il y aurait de la cruauté à m’imputer ces vers scandaleux, à moi qui suis à mon corps défendant un exemple de sagesse dans ce pays ci. Protestez-donc je vous en prie dans le grand livre de Mme Doublet [les Nouvelles à la main, élaborées dans le salon de Mme Doublet, avec Bachaumont comme habitué ] contre les impertinents qui m’attribueraient cette impertinence.
Je vous écris un peu moins sérieusement qu’à mon ordinaire, c’est que je suis plus gai. Je vous reverrai bientôt, et je compte passer ma vie entre Frédéric, le modèle des rois, et vous, le modèle des hommes. On est à Paris en trois semaines, et on travaille chemin faisant, on ne perd point son temps. Qu’est-ce que trois semaines dans une année ? Rien n’est plus sain que d’aller. Vous m’allez dire que c’est une chimère. Non, croyez tout d’un homme qui vous a sacrifié le pape [en venant en France plutôt qu’en Italie comme il l’envisageait souvent ].
Nous jouâmes avant-hier Rome sauvée. Le roi était encore en Silésie. Nous avions une compagnie choisie Nous jouâmes pour nous réjouir. Il y a ici un ambassadeur anglais [sir Charles Hanbury Williams ] qui sait par cœur les Catilinaires. Ce n’est pas mylord Tirconel [envoyé de France, d’origine irlandaise], c’est l’envoyé d’Angleterre. Il m’a fait de très beaux vers anglais sur Rome sauvée. Il dit que c’est mon meilleur ouvrage. C’est une vraie pièce pour des ministres. Mme la chancelière en est fort contente [femme de Cocceji]. Nos Daguessau aiment ici la comédie, en réformant les lois. Adieu, je suis un bavard, je vous aime de tout mon cœur.
Voltaire
A Berlin ce 21 septembre 1750. »
Adieu, je suis un bavard : à voir et vérifier, pour celà : Rendez-vous : http://www.youtube.com/watch?v=i7zwp_-CAA4&feature=re...
À pied, à cheval ou en voiture , j’y serai ... Ne retenez que : Aux marches du palais...
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