25/02/2015
On parle d'arrangements de finances qui dérangeront furieusement les particuliers
... Ah ! ce cher Voltaire ! mais comment fait-il pour nous décrire avec 350 ans d'avance ce qui attend la Grèce et ses fils d'evzones ?
"Lutter contre la fraude, l'évasion fiscale, la contrebande" ! mais de quoi vont-ils vivre désormais ; quels autres métiers connaissent-ils ? comment rééduquer un peuple pour qui la fraude est estimable ? un sevrage avec huile et pain sec ?
Le régime crétois ayant fait fondre la graisse des gros touristes , ne saurait-il pas engraisser les maigres grecs aux maigres revenus, victimes des potentats de la triche ?
Zorba and C° , vous chantiez (et Mélanchon riait de se voir si beau en votre miroir), j'en suis fort aise , eh bien , dansez maintenant , et sans faux pas s'il vous plait .
« A Nicolas-Claude THIERIOT.
Aux Délices, 22 février [1760].
On reconnaît ses amis au besoin : il faut que vous me disiez absolument ce que c'était que cette lettre de change du révérend père de Sacy 1, de la compagnie de Jésus et de Judas. Il faut aussi
que vous ayez la bonté de me faire avoir, par le moyen de M. Bouret, les Œuvres du poëte-roi. Je n'entends pas par là les Psaumes de David, mais bien la prose et les vers de Sa Majesté prussienne.
Il n'est plus guère Majesté prussienne, attendu que les Russes lui ont raflé la Prusse ; il est encore électeur de Brandebourg, mais peut-être ne le sera-t-il pas longtemps. Je serai fort flatté d'avoir
mis la main à ses ouvrages, s'ils durent un peu plus que son royaume.
A-t-on joué Spartacus 2, et M. Lefranc de Pompignan a-t-il fait un bel éloge de Maupertuis ?3 A-t-il bien prôné la religion de cet athée? A-t-il fait de belles invectives contre les déistes de nos jours ?
Je vous prie, mon cher ami, de me mettre un peu au fait.
J'ai beau exalter mon âme pour lire dans l'avenir, comme feu Moreau-Maupertuis, je ne peux deviner ce que deviendront nos fortunes. On parle d'arrangements de finances qui dérangeront furieusement les particuliers. Si, avec cela, on peut avoir des flottes contre les Anglais, et des grenadiers contre le prince Ferdinand, il ne faudra pas regretter son argent.
Je n'ai point été surpris de voir qu'il n'y ait que quinze conseillers au parlement qui aient porté leur vaisselle; mais je suis fâché que sur plus de vingt mille hommes qui en ont à Paris, il ne se soit trouvé que quinze cents citoyens qui aient imité Mlle Hus et le roi 4.
On dit que le parlement fera brûler les Œuvres du roi de Prusse : c'est une plaisanterie digne de notre siècle; il vaudrait mieux brûler Magdebourg; mais malheureusement on y rôtirait l'abbé de Prades, qui est dans un cachot de la citadelle, et je n'aime point qu'on brûle les bons chrétiens.
Je vous embrasse de tout mon cœur. »
1 Voir lettre du 15 février 1760 à d'Argental : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2015/02/13/ces-occupations-sont-satisfaisantes-combien-elles-consolent-5558459.html
2 Le Spartacus de Saurin a été joué le 20 février avec succès ; voir aussi lettre du 24 octobre 1759 à d'Argental : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2010/10/24/on-paye-cher-les-malheurs-de-nos-generaux.html
3 Jean-Jacques Lefranc de Pompignan , premier président de la cour des aides à Montauban avait été élu au fauteuil de Maupertuis à l'Académie française . Il prononça l'éloge de ce dernier le 10 mars 1760 ; son discours constituait une attaque courageuse contre les philosophes, qui devait déclencher la longue « campagne des monosyllabes »de V* contre lui . Voir lettre du 25 mars 1760 à Gabriel Cramer : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2010/03/27/la-lettre-a-laquelle-je-reponds-est-d-un-cuistre-de-ministre.html
4 Voir une note de la lettre du 24 novembre 1759 : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2014/12/01/a-force-d-aller-mal-tout-ira-bien-5501515.html
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