30/06/2015
ces beaux mots : Vous ne savez ce que vous dites ; j'ajoute à présent que vous ne savez ce que vous faites
... Ô combien de nos politiques, combien de nos chefs (?) religieux, combien de syndicalistes à la petite semaine (qui ne représentent qu'eux mêmes ) sont justiciables de ce jugement qui n'a pas pris une ride .
« A Nicolas-Claude THIERIOT.
[Aux Délices, 23 juin 1760].
La poste part; je n'ai que le temps de vous dire, mon cher ami, que vous ne savez ce que vous dites ; que je sais mieux que vous l'aventure de Robin, et les sentiments de ceux qui l'ont fait coffrer, et le tort extrême qu'on a eu de fourrer Mme la princesse de Robecq dans une querelle de comédie; et qu'on trouve à Versailles le Mémoire de Pompignan aussi sot qu'à Paris, et qu'un compliment de M. de La Vauguyon 1 n'est qu'un compliment, et qu'il ne faut point s'alarmer, et que les bons cacouacs auront toujours le public pour eux, et qu'il faut rire.
Par quelle fatalité me dit-on toujours : « Vous avez lu le Mémoire de Pompignan ; que dites-vous de ce mémoire et de sa généalogie?» Et personne ne me l'envoie, et je suis tout honteux.
J'ai reçu une grande lettre de Jean-Jacques Rousseau 2; il est devenu tout à fait fou ; c'est dommage.
J'ai commencé ma lettre, mon cher ami, par ces beaux mots : Vous ne savez ce que vous dites ; j'ajoute à présent que vous ne savez ce que vous faites, car il vaudrait bien mieux venir aux Délices, dans la chambre des fleurs, que d'aller chez un médecin dont vous n'avez pas besoin, puisque vous êtes gros et gras.
J'ai vu Marmontel; il est gros et gras aussi, et, de plus, m'a paru fort aimable. Il soutient sa disgrâce en homme qui ne la méritait pas.
J'ai la Vision, j'en ai deux exemplaires ; mais, pour Dieu, faites- moi avoir Moses's Légation 3, et l'Interprétation de la Nature 4.
Je suis dans un commerce très-vif avec le bienheureux Palissot; je lui ai écrit une lettre paternelle 5, en dernier lieu, dans laquelle je lui propose de faire une rétractation publique.
Adieu, adieu; une autre fois je vous en dirai davantage ; mais il faudrait venir chez nous. Je vous embrasse tendrement.
Le Suisse V.»
1 Antoine-Paul-Jacques de Quélen, duc de La Vauguyon, nommé dans le Poème de Fontenoy, vers 195 (voir : http://www.monsieurdevoltaire.com/article-poeme-de-fonten... ). Il était alors gouverneur du duc de Bourgogne, mort en 1761. Il n'est plus guère connu aujourd'hui que par son billet d'enterrement, que Grimm rapporte tout au long dans sa Correspondance littéraire, février 1772. Voir aussi : https://fr.wikipedia.org/wiki/Antoine_de_Qu%C3%A9len_de_S...
2 Voir : page 422 : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k6514333b/f436.image.r=4153
3 Ouvrage de Warburton. Voir lettre du 9 juin 1760 à Thieriot : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2015/06/09/mes-enfants-aimez-vous-les-uns-les-autres-si-vous-pouvez-votre-ennemi-vous.html
4 Voir lettre du 19 juin à Thieriot : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2015/06/18/o...
5 Voir lettre du même jour : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2015/06/27/u...
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