29/12/2015
je n'ai jamais été si heureux que je le suis, quoique malade et vieux
... Heureusement pour moi , je ne suis ni l'un ni l'autre , pour autant que je sache .
« A Cosimo-Alessandro Collini, secrétaire
intime de Son Altesse Sérénissime Électorale
à Manheim
Au château de Ferney par Genève
29è décembre 1760
Les hivers me sont toujours un peu funestes, mon cher Collini, vous connaissez ma faible santé . Je ne peux vous écrire de ma main ; j'attendrai que la foule des compliments du jour de l'an soit passée, pour importuner d'une lettre Son Altesse Électorale, et pour lui présenter mon tendre et respectueux attachement . J'ai bien peur de n'être plus en état de venir lui faire ma cour ; je mourrai avec le regret de n'avoir pu finir notre affaire de Francfort ; vous savez que les évènements s'y sont opposés ; on est obligé de recommencer sur nouveaux frais quand on croyait avoir tout fini ; ce qui ne me paraissait pas vraisemblable est arrivé ; soyez bien sûr que si les affaires se tournent d'une manière plus favorable, je poursuivrai celle qui vous regarde avec la plus grande chaleur . Je m'imagine que vous aurez de beaux opéras cet hiver . Vous finirez par les faire vous-même et vous plairez à la cour en vers et en prose 1. Les hivers sont d’ordinaire fort agréables dans les cours d'Allemagne ; pour moi je passerai mon hiver dans mes campagnes . Il faut que je cultive mon petit territoire, j'ai environ deux lieues de pays à gouverner ; les choses sont bien changées de ce que vous les avez vues ; je n'ai jamais été si heureux que je le suis, quoique malade et vieux ; je voudrais que vous partageassiez mon bonheur.
V. »
1 Le passage cet hiver . …... en vers et en prose soigneusement biffé d'une main étrangère sur le manuscrit manque dans les éditions .
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