29/03/2016
Chacun de nous a son messie
... https://www.youtube.com/watch?v=SEIg2FwzlXA
Messi ?
Mais si !
« A Charles-Philippe-Théodore von Sulzbach, électeur palatin
De Ferney le 14 avril 1761 1
Que je suis heureux, que j'aspire
A voir briller cet heureux jour,
Ce jour si cher à votre cour,
A vos États, à tout l'empire !
Que j'aurais de plaisir à dire,
En voyant combler votre espoir :
J'ai vu l'enfant que je désire
Et mes yeux n'ont plus rien à voir !
Je ressemble au vieux Siméon,2
Chacun de nous a son messie ;
J'ai pour vous plus de passion
Que pour Joseph et pour Marie .
Monseigneur, que Votre Altesse Électorale me pardonne mon petit enthousiasme un peu profane, la joie le rend excusable 3. Je ne sais ce que je fais, ma lettre manque à l'étiquette . Du temps de la naissance du duc de Bourgogne, tous les polissons se mirent à danser dans la chambre de Louis XIV . Je serais un grand polisson dans Schwetzingen, si je pouvais dans le mois de juillet être assez heureux pour me mettre aux pieds du père, de la mère, et de l'enfant . Un fils et la paix, voilà ce que mon cœur souhaite à Votre Altesse Sérénissime Électorale et un fils sans la paix est encore une bien bonne aventure . Je me mets à vos genoux Monseigneur ! Je les embrasse de joie . Agréez, vous et madame l’Électrice, ma mauvaise prose, mes mauvais vers, mon profond respect, mon ivresse de cœur et daignez conserver des bontés à votre petit Suisse
Voltaire. »
1 Copie et édition sont expurgées : les vers sont interrompus à Je ressemble […] ; l'édition est datée « A Ferney , ce 14 août 1761 » , ce que la référence au mois de juillet rend impossible . L'édition Kehl met , au premier vers, touché pour heureux .
2 Évangile de Luc, II, 25 .
3 L’Électeur avait appris à V* par une lettre du 28 mars 1761, la grossesse de sa femme ; il ajoutait : « Si vous venez à Schwetzingen vous verrez un papa jouer avec un enfant, et après l'avoir bercé, s'entretenir avec plaisr avec son cher Suisse […] . »
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