02/12/2017
Je sais que vous plaidez contre la fanatisme, mais il y a encore assez de raison dans ce siècle pour que vous gagniez votre cause
... Ami Voltaire, on le dit depuis quelques siècles, et je crains bien qu'on le répète encore longtemps, la superstition mère du fanatisme semble bien immortelle .
« A Pierre Mariette, Avocat au Conseil
Rue Simon-le-Franc
à Paris
17è janvier 1763 à Ferney
J'ai eu l'honneur, monsieur, de vous envoyer un griffonnage d'évêque, de curé, et de notaire, pour un échange, qui doit être, dit-on , approuvé par le Conseil . M. Damilaville doit vous avoir envoyé le paquet par la petite poste . Je vous supplie instamment de m'en donner des nouvelles .
J'avoue que je donne la préférence à la cause de la veuve Calas . Si vous aviez quelque chose de nouveau sur cette affaire importante, vous me feriez grand plaisir de m'en instruire . Elle vous fera bien de l'honneur ; car enfin, on ne jugera que sur votre mémoire . C'est le seul qui soit juridique, et le seul aussi dans lequel on discute tout le détail des preuves . J'ai beau me distiller 1 la tête à chercher des raisons qui puissent excuser les juges, je n'en trouve aucune .
Je sais que vous plaidez contre la fanatisme, mais il y a encore assez de raison dans ce siècle pour que vous gagniez votre cause .
J'ai l'honneur d'être avec une estime infinie, monsieur,votre très humble et très obéissant serviteur .
Voltaire. »
1 Au sens figuré « s'épuiser » ; voir un emploi voisin par Saint-Simon, cité dans le Littré: « Villars se distilla chez lui en respects. »
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