14/07/2019
Quel dédommagement aura la famille ?
... La question se pose alors que les blessés de guerre sont à l'honneur aujourd'hui .
« A Gabriel Cramer,
à Genève
[7 ou 8 juin 1764]1
Monsieur Cramer est supplié de vouloir bien faire avoir à son premier garçon les livres qu'il demande à la bibliothèque . Id est Bochart 2, et Démonstration évangélique de Huet 3, sans quoi le griffonneur ne peut plus griffonner .
Lekain et consorts n'ont point reçu de Corneille ; monsieur Cramer est prié de vouloir bien mander s'il a donné ses ordres à ce sujet .
Il sait sans doute que l'arrêt par lequel on avait roué Calas a été cassé d'une voix unanime . Mais les os de ce pauvre Calas n'en ont pas moins été cassés . Quel dédommagement aura la famille ? Si Mme de Pompadour était en vie la pauvre veuve et ses filles auraient une pension 4. »
1 L'édition Gagnebin place la lettre en mai 1764 . Elle est ici datée par la date à laquelle parvint la nouvelle du verdict dans l'affaire Calas . Voir lettre du 9 juin 1764 à Manoël de Végobre .
2 Samuel Bochard est l'auteur de plusieurs livres et brochures ; V* a peu-être demandé ses Opera omnia, 1692 . Voir : https://fr.wikipedia.org/wiki/Samuel_Bochart
3 Voir lettre du 19 mai 1764 à Damilaville : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2019/06/19/moins-de-nouvelles-moins-de-sottises-6159084.html
et : https://archive.org/stream/dmonstrationsvan05mign/dmonstrationsvan05mign_djvu.txt
4 Le roi n'en agit pas moins généreusement à leur égard . Mme Calas reçu quelques mois plus tard , sur la cassette royale, 12000 francs, chacune de ses filles 6000 et chacun de ses fils 3000 , Jeanne Viguier 3000, plus 6000 pour les frais de justice et de voyage , soit un total de 36000 francs .
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mettez en deux mots votre pensée ; cela vaudra beaucoup mieux
... M. le président de la République , soyez bref ! Vous parlez à la Grande Muette !
Tenez bon, mesdames, je n'en ai plus que pour une demi-heure
« A Marie-Françoise-Xavière de Lichtenstein, princesse de Ligne
Aux Délices 6 juin 1764
Brionne 1, de ce buste adorable modèle,
Le fut de la vertu comme de la beauté ;
L’amitié le consacre à la postérité,
Et s’immortalise avec elle.
Vous vous adressez, madame, à une fontaine tarie, pour avoir un peu d’eau d’Hippocrène. Je ne suis qu’un vieillard malade au pied des Alpes, qui ne sont pas le mont Parnasse. Ne soyez pas surprise si j’exécute si mal vos ordres. Il est plus aisé de mettre madame de Brionne en buste qu’en vers. Vous avez des Phidias, mais vous n’avez point d’Homère qui sache peindre Vénus et Minerve.
D’ailleurs, madame, vous écrivez avec tant d’esprit, que je suis tenté de vous dire : si vous voulez de bons vers, faites-les. Je ne peux que vous représenter la difficulté d’une inscription en rimes. Quatre vers sont bien longs sous un marbre ; mais il en faudrait cent pour exprimer tout ce qu’on pense de vous et de madame la comtesse de Brionne.
Jetez mes quatre vers au feu, madame, et mettez en prose,
L’amitié consacre ce marbre a la beauté et a la vertu.
Cela est plus dans le style qu’on appelle lapidaire ; ou bien jetez encore au feu cette inscription, et mettez en deux mots votre pensée ; cela vaudra beaucoup mieux.
Pardonnez à mon extrême stérilité, et agréez le profond respect, etc. »
1 Louise-Julie-Constance de Rohan-Montauban, femme de Charles-louis de Lorraine, comte de Brionne . Un peu plus tard, en janvier 1766, Walpole se rendra chez la princesse de Ligne pour voir ce buste . Voir : https://data.bnf.fr/fr/15090727/louise_julie_constance_de_rohan-montauban_brionne/
et : https://www.pinterest.de/pin/520517669422742196/
et : http://favoritesroyales.canalblog.com/archives/2012/07/29...
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