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28/03/2020

j’ai demandé une belle ratification du traité

... dit le maire de Sanary-sur-Mer, Ferdinand BERNHARD qui ne craint pas le ridicule :

https://actu.orange.fr/france/confinement-comme-il-y-a-toujours-de-bonnes-raisons-de-sortir-un-maire-interdit-de-s-eloigner-a-plus-de-10-m-de-chez-soi-magic-CNT000001oV0ZR.html

L'enfer est pavé de bonnes intentions ! Et l'incohérence est fille de l'ignorance et du trouillomètre à zéro .

Si mon maire le décidait ainsi, je ne pourrais pas même aller à ma boite aux lettres, ni sortir ma poubelle, ni jeter mes déchets végétaux sur le tas de compost .

Le numéro du 12 mars du Courrier international est illustré par une caricature d'André-Philippe Côté.

Conseil municipal  à Sanary-sur-Mer

 

 

« A Sébastien Dupont, Avocat au

Conseil souverain d'Alsace

à Colmar

15è janvier 1765 à Ferney 1

J’ai suivi vos conseils, mon cher ami ; j’ai demandé une belle ratification du traité, avec une expédition des registres de la chambre de Montbéliard. On aime tant à se flatter, que j’ose toujours espérer, malgré mon triste état, de vous voir au printemps, et d’examiner ce Montbéliard. Il y a des gens devers la Franche-Comté qui prétendent que la créance n’est nullement assurée ; mais je m’en rapporte plus à vous, qui êtes instruit du fond de l’affaire, qu’à ces messieurs, qui n’ont que des doutes vagues, et fondés seulement sur la défiance qu’on a toujours des princes. Cette défiance est encore fortifiée par les querelles de M. le duc de Virtemberg avec ces États. On dit que ces querelles sont plus vives que jamais ; elles n’ont heureusement rien de commun avec les terres d’Alsace et de Franche-Comté. M. de Montmartin est un brave et honnête gentilhomme qui n’aurait pas voulu me tromper ; ainsi je crois que je puis me livrer à une douce sécurité.

Nous avons à Ferney un de vos compatriotes ; c’est M. le chevalier de Boufflers, un des plus aimables enfants de ce monde, tout plein d’esprit et de talents. Si vous étiez ici, il ne nous manquerait rien. Madame Denis qui n’écrit point, mais qui vous aime beaucoup, vous fait les plus tendres compliments. 

V.»

1 Sur le manuscrit original, mention « franco » et « par Bâle », et cachet « Basle ».

Je me suis tenu à Ferney pendant tous ces troubles 

...Et je m'y tiendrais jusqu'à ordre contraire, si j'avais le plaisir d'y vivre !

Et puis : https://www.youtube.com/watch?v=M0ny6S7ndFA

Patrimoine - Mairie de Ferney-Voltaire

 

 

 

« A Etienne-Noël Damilaville

15è janvier 1765

Mon cher frère, Jean-Jacques est en horreur dans sa patrie, chez tous les honnêtes gens ; et ce qu’il y a de pis, c’est que son livre est ennuyeux. Je croyais vous avoir mandé que la petite brochure est d’un nommé Vernes 1 qui en a déjà fait trois ou quatre aussi mauvaises les unes que les autres . J’ai été bien aise de détromper madame la maréchale de Luxembourg, à qui Jean-Jacques avait fait accroire que je le persécutais, parce qu’il m’avait offensé ridiculement. Je lui avais offert, malgré ses sottises, un sort aussi heureux que celui de mademoiselle Corneille ; et si, au lieu d’un quintal d’orgueil, il avait eu un grain de bon sens, il aurait accepté ce parti. Il s’est cru outragé par l’offre de mes bienfaits. Il n’est pas Diogène, mais le chien de Diogène, qui mord la main de celui qui lui offre du pain.

Tout ce que vous me dites dans votre lettre du 10 de janvier est la raison même. Je me suis tenu à Ferney pendant tous ces troubles ; je ne me suis mêlé de rien. Quand les abeilles se battent dans une ruche, il ne faut pas en approcher. Tout s’arrangera, et ce malheureux Rousseau restera l’exécration des bons citoyens.

Il est fort difficile d’avoir des Évangiles 2 ; il sera peut-être plus aisé d’avoir des Portatifs. Je me servirai de la voie que vous m’avez indiquée . Ma santé est fort mauvaise ; j’ai été malade soixante et onze ans, et je ne cesserai de souffrir qu’en cessant de vivre ; mais, en mourant, je vous dirai : ô vous que j’aime ! persévérez malgré les transfuges et les traîtres, et écr. l’inf.

Voici un petit mot pour Archimède Protagoras, la destruction va son train . »

1 Sentiment des citoyens, opuscule de V* ; voir : https://fr.wikisource.org/wiki/Sentiment_des_citoyens/%C3%89dition_Garnier

2 Évangile de la raison, recueil ; voir : https://books.google.fr/books?id=0X6K-d8474EC&hl=fr

On peut écrire plus mal que lui, mais on ne peut se conduire plus mal

... Mon cher Voltaire , vous êtes dans le vrai , mais comment avez vous fait pour décrire si bien Donald Trump ?

Trump speaks about coronavirus amid outbreak: cartoons

Quand on a un coffre-fort à la place du cerveau !

 

 

« A Jean Le Rond d'Alembert

15 de janvier 1765 1

Mon cher philosophe, j’ai vu aujourd’hui le commencement de la Destruction en gros caractère, comme vous le souhaitez. C’est une charmante édification que cette Destruction ; on n’y changera pas une virgule ; on n’omettra pas un iota de la loi, jusqu’à ce que toutes choses soient accomplies 2. J’aurai plus de soin de cette besogne que des Commentaires de Pierre, qui m’ennuyaient prodigieusement. Frère Cramer, afin que vous le sachiez, est très actif pour son plaisir et très paresseux pour son métier. Tel était Philibert Cramer son frère, qui a renoncé à la typographie. Gabriel et Philibert peuvent mettre au rang de leurs négligences de n’avoir pas fait présenter à l’Académie un exemplaire de mes fatras sur les fatras de Pierre Corneille. Gabriel dit pour excuse que la Brunet, votre imprimeuse, était chargée de cette cérémonie et qu’elle ne s’en est pas acquittée. J’ai grondé Gabriel. Gabriel a grondé la Brunet, et vous m’avez grondé, moi qui ne me mêle de rien, et qui suis tout ébaubi.

Gabriel dit qu’il a écrit à l’enchanteur Merlin 3, et que ce Merlin doit présenter un fatras cornélien à monsieur le secrétaire  perpétuel. Si cela n’est pas fait, je vous supplie de m’en instruire, parce que sur-le-champ je ferai partir par la diligence de Lyon le seul exemplaire que j’aie, lequel je supplierai l’Académie de mettre dans ses archives.

Ce malheureux Jean-Jacques a fait un tort effroyable à la bonne cause. C’est le premier fou qui ait été malhonnête homme ; d’ordinaire les fous sont bonnes gens. Il a trouvé en dernier lieu dans son livre le secret d’être ennuyeux et méchant. On peut écrire plus mal que lui, mais on ne peut se conduire plus mal. N’importe, Peregrinus 4 est content, pourvu qu’on parle de Peregrinus. Jean-Jacques sera charmé d’être pendu, pourvu qu’on mette son nom dans la sentence 5. J’espère cependant que la bonne cause pourra bien se soutenir sans lui. Jean-Jacques a beau être misérable, cela n’empêche pas qu’Ézéchiel ne soit un homme à mettre aux Petites-Maisons, ainsi que tous ses confrères. Il faut avouer, quoi qu’on en dise, que la raison a fait de terribles progrès depuis environ trente ans. Elle en fera tous les jours ; il se trouvera toujours quelque bonne âme qui dira son mot en passant, et qui écr l’inf ; ce que je vous souhaite au nom du père et du fils. »

1 Renouard supplée les passages omis dans l'édition de Kehl .

2 Évangile selon Matthieu, V, 18 : https://saintebible.com/matthew/5-18.htm

3 Libraire à Paris .

4 Peregrinus , philosophe du second siècle, fut appelé Protée en raison de l’aisance avec laquelle il changeait d'opinion . Son goût pour la notoriété le conduisit finalement à s'immoler lui-même sur un bûcher . Voir : https://fr.wikipedia.org/wiki/P%C3%A9r%C3%A9grinos_Prot%C3%A9e

5 Cette phrase manque dans l'édition de Kehl .