01/07/2025
il a la tête un peu légère avec l’air posé d’un homme capable...qu’après l’avoir alimenté, rasé, désaltéré, porté pendant un an, on ne m’accuse pas d’avoir la tête aussi légère que lui
... Constat tardif et contraint du président Macron envers son premier ministre plus qu'impopulaire Bayrou . Heureusement pour ces deux hommes le Tour de France va apporter un dérivatif émollient sinon salutaire , pour faire aller ...
« A Jean-Baptiste-Jacques Élie de Beaumont
Avocat en Parlement
rue Pavée
à Paris
24è janvier 1770
Mon cher Cicéron, je reçois les papiers que vous avez eu la bonté de m’envoyer. Vous voyez bien qu’il n’y a la qu’un ménage de gâté. J’entends fort mal les affaires ; mais je ne crois pas que la sentence du lieutenant civil, qui ordonne qu’on enfermera chez des moines, par avis de parents, un fils de famille 1, en cas que le roi lui rende la liberté, puisse subsister après dix ans, quand le père et la mère sont morts, quand le fils de famille est père de famille, quand il a cinquante-trois ans, quand sa mère s’est opposée à cette étonnante sentence et l’a l’ait son légataire universel.
Ma foi, juge et plaideurs, il faudrait tout lier.2
J’ignore encore si l’homme aux cinquante trois ans ne ressemble pas aux nèfles, qui ne mûrissent que sur la paille. Je me suis chargé par pitié de deux personnes fort extraordinaires : l’une est cet original, l’autre est une nièce de l’abbé Nollet, qui lui est attachée depuis quatorze ans 3, et qu’on va tâcher de marier.
L’affaire principale est d’achever de payer le peu de dettes contractées dans ce pays par le sieur interdit, de procurer audit interdit des meubles, et de ne lui pas laisser toucher un denier, attendu que je suis prêt à signer avec les parents qu’il a la tête un peu légère avec l’air posé d’un homme capable.
Je vous supplie très instamment, mon cher Cicéron, de me donner des nouvelles positives des deux mille écus, afin que je prenne des mesures justes, et qu’après l’avoir alimenté, rasé, désaltéré, porté 4 pendant un an, on ne m’accuse pas d’avoir la tête aussi légère que lui.
Point de nouvelles de Sirven, sinon qu’il est à Toulouse, et qu’on veut y jouer Les Guèbres. Autre tête encore que ce Sirven ! Le monde est fou.
Mille tendres respects à vous et à Mme de Canon, à vous les deux sages, et les deux sages aimables.
V.»
1 Il est toujours question de Durey de Morsan, alors âgé de cinquante-trois ans ; voir lettre à Damilaville du 18 janvier 1768 : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2023/08/23/il-n-a-assiste-aux-grandes-assemblees-de-la-nation-que-sous-6457840.html
2 Racine, Les Plaideurs, acte I, scène 8 , v. 298 : https://www.theatre-classique.fr/pages/programmes/edition.php?t=../documents/RACINE_PLAIDEURS.xml#A1.S18
3 Voir lettre du 3 janvier 1768 à Mme de Sauvigny, sœur de Durey : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2024/07/12/ceux-que-nous-avons-obliges-une-fois-semblent-avoir-des-droi-6506657.html
4 Vers du Joueur, acte III, scène iv , v. 884, de Regnard : https://theatre-classique.fr/pages/programmes/edition.php?t=../documents/REGNARD_JOUEUR.xml#A3.S34
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