19/02/2022
Dans la fatuité de mon orgueil extrême, Je le dis
... Biden / Poutine ? Question orgueil ils en ont à revendre , tout autant que d'armes, et là ça fait peur . Que disent-ils ? poker menteur . All in !
Ah ! si l'Ukraine était comme le Bangladesh, qui s'en soucierait ?
« A Charles-Augustin Ferriol, comte d'Argental
et à
Jeanne-Grâce Bosc du Bouchet, comtesse d'Argental
19è novembre 1766
Je vous écrivis, je crois, mes anges, le 8 de ce mois, que je pourrais vous envoyer le premier acte de ma bergerie 1; et avant que vous m’ayez fait réponse, l’enceinte a été construite. Une tragédie de bergers ! et une tragédie faite en dix jours, me direz-vous ! Aux petites-maisons, aux petites-maisons, de bons bouillons, des potions rafraîchissantes comme à Jean-Jacques !
Mes divins anges, avant de me rafraîchir, lisez la pièce, et vous serez échauffés. Songez que quand on est porté par un sujet intéressant, par la peinture des mœurs agrestes, opposées au faste des cours orientales, par des passions vraies, par des événements surprenants et naturels, on vogue alors à pleines voiles (non pas à plein voile, comme dit Corneille 2) et on arrive au port en dix jours. Un sujet ingrat demande une année, et un long travail qui échoue , un sujet heureux s’arrange de lui-même. Zaïre ne me coûta que trois semaines. Mais cinq actes en vers à soixante-treize ans, et malade ! J’ai donc le diable au corps ? Oui, et je vous l’ai mandé. Mais les vers sont donc durs, raboteux, chargés d’inutiles épithètes ? Non ; rapportez-vous-en à ce diable qui m’a bercé ; lisez, vous dis-je. Maman Denis est épouvantée de la chose, elle n’en peut revenir.
Ce n’est pas Tancrède, ce n’est pas Alzire, ce n’est pas Mahomet, etc. Cela ne ressemble à rien ; et cependant cela n’effarouche pas. Des larmes ! on en versera, ou on sera de pierre. Des frémissements ! on en aura jusqu’à la moelle des os, ou on n’aura point de moelle. Et ce n’est pas l’ex-jésuite qui a fait cette pièce ; c’est moi.
Dans la fatuité de mon orgueil extrême,
Je le dis à Praslin, à vous, à Fréron même 3.
On demandait à un maréchal d’Estrées, âgé de quatre-vingt-dix-sept ans, et dont la femme, sœur de Manicamp 4, était grosse : « Qui a fait cet enfant à madame la maréchale ? — C’est moi, mort-Dieu, » dit-il.
Ma bergerie part donc. Je l’envoie à M. le duc de Praslin pour vous. Faites lire cette drogue à Lekain ; que M. de Chauvelin manque le coucher du roi pour l’entendre. Mettez-moi chaudement dans le cœur de ce M. de Chauvelin ; que M. le duc de Praslin juge à la lecture ; puis moquez-vous de moi, et j’en rirai moi-même.
Respect et tendresse.
V. »
1 Les Scythes .
2 Pompée, acte III, scène i ; voyez tome XXXI, page 448.
3 Parodie de ce vers d’Alzire (acte III, scène iv) : Je l’ai dit à la terre, au ciel, à Guzman même.
4 Gabrielle de Longueval, fille d’Achille de Manicamp, 3e femme du maréchal d’Estrées âgé de 91 ans. Voir dans Historiettes, de Tallemant des Réaux , I, p. 383 et suiv. : https://books.google.fr/books?id=CwFAAAAAcAAJ&pg=PA390&lpg=PA390&dq=historiettes+tallemant+des+r%C3%A9aux+mar%C3%A9chal+d%27estr%C3%A9es+longueval&source=bl&ots=7owHYwRUMG&sig=ACfU3U2QVS7AH3iLhNpSVONurtOQhfWUCQ&hl=fr&sa=X&ved=2ahUKEwjYvNTa5In2AhUOuRoKHTU2DUUQ6AF6BAgVEAM#v=onepage&q=historiettes%20tallemant%20des%20r%C3%A9aux%20mar%C3%A9chal%20d'estr%C3%A9es%20longueval&f=false
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