24/04/2022
On peut regarder leur opinion comme un ordre
... L'opinion des électeurs ordonne l'exécution du programme du candidat à la présidence, désormais élu pour cinq ans : Emmanuel Macron (sa challenger, soulagée, peut retourner faire des grattouilles à ses chats et vivre aux crochets de son parti ) .
L'extrême-droite a atteint ses limites : plouf!
« A Jacques Lacombe
12è février 1767, à Ferney par Lyon 1
Non, monsieur, vous n’êtes point mon libraire, vous êtes mon ami, vous êtes un homme de lettres et de goût, qui avez bien voulu faire imprimer un ouvrage d’un de mes autres amis 2, et qui voulez bien vous charger de donner une édition correcte des Scythes, dès que je pourrai vous faire connaître l’original. Je vous avoue que l'auteur du Triumvirat m'a confié qu'il est fort affligé que vous ayez tiré plus de sept cent cinquante exemplaires de son ouvrage . Vous ne pouviez guère en débiter un plus grand nombre dans l'indifférence où l'on est aujourd'hui sur tout ce qui peut n'être que bon, et qui n'est pas annoncé au public par un grand succès au théâtre . La multitude de ces écrits est si prodigieuse que les nouveaux venus se perdent dans la foule . S'il est vrai que vous n'avez tiré qu'environ sept cents exemplaires, il dit que c'est cent cinquante de trop . Il vous prie d'en envoyer des exemplaires à M. de Lutteau, correspondant du Journal encyclopédique et du Mercure, à M. Gaillard, chargé de la partie des belles-lettres au Journal des savants, à M. Damilaville au bureau des vingtièmes, quai Saint-Bernard (deux exemplaires ) . Il vous supplie de faire corriger à la main, dans tous ces exemplaires que vous enverrez, la page 29 J'irai chercher Pompée, mettez : J'irais chercher Pompée, et à la page 138 ceux de Mintiane, corrigez : ceux de Minturne.
On vous prie aussi d'ajouter à l'errata qu'on vous a envoyé un changement nécessaire à la page 29 . Mon ami a raison de vouloir que, sa pièce n'étant point intéressante, elle soit au moins correcte . Il y a deux fois heureux à cette page 29 à trois vers l'un de l'autre ,
Pardonne Cicéron, de Rome heureux génie,
mettez :
Cicéron, j'outrageai ta cendre et ton génie.
Si vous vouliez faire plaisir à l'auteur de l'ouvrage, vous en feriez une seconde édition en sacrifiant les exemplaires de la première qui vous restent . Cette seconde édition se vendrait surtout à la faveur de celle des Scythes avec une petite préface par laquelle vous avertiriez que vous joignez ces deux pièces ensemble ainsi que d'autres morceaux de littérature que vous avez cru mériter l'attention des connaisseurs .
Au reste, j'ai préparé un avis au public 3 dans lequel je dis que le sieur Duchesne qui demeurait au Temple du goût, mais qui n'en avait aucun, s'est avisé de défigurer tous mes ouvrages, et qu'il a obtenu un privilège du roi pour me rendre ridicule . Je crois du moins que son privilège est expiré, et qu’il m’est permis de donner mes ouvrages à qui bon me semble. MM. Cramer ont imprimé Les Scythes au milieu des troubles de Genève , et la pièce est si fautive qu'elle est toute corrigée à la main . On n'en débitera aucune exemplaires en France . Le sentiment de M. le duc de Praslin et de M. le duc de Choiseul , à qui la pièce est dédiée, est qu'on puisse la jouer à Paris avant qu'on la débite . On peut regarder leur opinion comme un ordre . Vous pourriez toujours vous munir d'une permission . Je vous enverrai la pièce dès que vous le voudrez . Vous en garderez tous les exemplaires presqu'à ce qu'il soit convenable de faire la vente, et je vous prierai toujours de n'en tirer d'abord que sept cent cinquante en conservant les dernières planches pour me donner le loisir de corriger dans une nouvelle édition ce qu'on aura trouvé de répréhensible. J’attends votre réponse en vous embrassant de tout mon cœur .
V. »
1 L'édition de Kehl amalgame cette lettre, réduite à des fragments, avec des fragments de lettres du 7 février et du 14 mars 1767 .
2 La tragédie du Triumvirat, que Voltaire voulait qu’on attribuât à un jésuite.
3 C’est l’Avis au lecteur imprimé à la fin de l'édition de Lacombe des Scythes : https://fr.wikisource.org/wiki/Page:Voltaire_-_%C5%92uvres_compl%C3%A8tes_Garnier_tome6.djvu/345
20:15 | Lien permanent | Commentaires (0)
Les commentaires sont fermés.