19/07/2023
Personne ne peut être heureux sans avoir de l'ordre dans ses affaires
... Mme Borne sera-t-elle heureuse en remaniant son gouvernement ?
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« A Charles-Eugène, duc de Wurtemberg
Au château de Ferney 25è décembre 1767
Monseigneur,
Je me tourne de tous les côtés pour me tirer du triste état où je suis, et pour procurer à votre chambre de Montbéliard les facilités qui lui sont absolument nécessaires . Je ne cherche qu'à servir Votre Altesse Sérénissime, en m'assurant mes droits suivant votre justice .
Je trouve un Genevois qui consent à vous prêter, monseigneur, en votre propre et privé nom sur votre billet payable à ordre soixante mille livres pour un an . J'en demeurerai même caution s'il le faut en cas que le Genevois s'y obstine . Il ne demande que l'intérêt ordinaire à cinq pour cent .
Votre Altesse Sérénissime n'a qu'à me confier son billet : « Je paierai au 15 janvier 1768 préfix au sieur Rafot 1 ou à son ordre la somme de soixante mille livres de France valeur reçue comptant », daté, et signé .
Si vous voulez , sans vous gêner, me payer quelque chose sur cette somme, vous serez le maître !
Si vous voulez aussi pour mettre vos affaires en règle avec moi approuver le projet que j'ai l'honneur de vous adresser, c'est l'affaire d'un moment, et vous serez délivré d'un fardeau incommode .
Ce projet communiqué à deux avocats leur a paru très raisonnable . Il vous donne toutes les facilités possibles . Personne ne peut être heureux sans avoir de l'ordre dans ses affaires . Le même homme qui vous prête, me prêtera aussi dès que vous aurez eu la bonté de m'envoyer le double de l’ordre que je demande à Votre Altesse Sérénissime pour votre chambre de Montbéliard, parce que l'acceptation de vos fermiers sera sa sûreté . Si vous aimez mieux m'envoyer un homme de confiance, je lui ferai délivrer les soixante mille livres et il me remettra votre rescrit concernant les délégations .
Votre Altesse Sérénissime me permettra-t-elle de la prier qu'en cas qu'elle m’envoie un homme chargé de ses ordres , il arrive avec deux bons chevaux de carrosse . Je les lui achèterai, ayant été obligé de vendre les miens, et je lui en donnerai un pour son retour .
Je vous demande pardon ,
Monsieur, de la liberté que je prends : mais vos bontés me donnent cette confiance.
Je suis avec le plus profond respect, monseigneur,
de Votre Altesse Sérénissime
le très humble et très obéissant serviteur
Voltaire. »
1 Sur ce Rafot ou Raffo, voir lettre du 21 décembre 1767 à Balleidier : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2023/07/13/vous-vous-plaignez-pendant-que-vous-me-rendez-seul-a-plaindre.html
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