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29/05/2024

les choses sont entièrement égales des deux côtés : il est vrai que votre savant est bien plus savant que notre savant, mais, en récompense, notre ignorant est bien plus ignorant que votre ignorant

... Constat après le débat Attal-Bardella ? Ou pronostic sur la possible ( et inutile ) confrontation Macron-Le Pen ? Il semblerait bien que tous les partis aient leurs doses d'ignorants en grandes quantités, suiveurs d'un éventuel "savant" sachant   ou prétendu tel .

Trente-huit listes, on n'a que l'embarras du choix ( surtout l'embarras ! ) : https://www.touteleurope.eu/institutions/elections-europeennes-2024-voici-les-candidats-tetes-de-liste-en-france/

On a là une superbe brochette de ce que la démocratie peu offrir de croquignolet en manière d'élections , la réalité dépasse la fiction, le ridicule ne tue toujours pas .

Oh ! que de célèbres inconnus ! et qui le resteront , heureusement .

Ô que de célébrités ! et qui ne  resteront pas, heureusement .

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https://www.ouest-france.fr/medias/ouest-france/chaunu/le-dessin-de-chaunu-la-campagne-pour-les-elections-europeennes-est-lancee-eb4bf7ac-1c67-11ef-8e43-1b4062ea12e6

 

 

« A George Colman, Directeur 1

des spectacles, etc.

à Londres

Au château de Ferney par Genève 14è novembre 1768 2

Si je pouvais écrire de ma main, monsieur, je prendrais la liberté de vous remercier en anglais du présent que vous me faites de vos charmantes comédies 3; et, si j’étais jeune, je viendrais les voir jouer à Londres.

Vous avez furieusement embelli L’Écossaise, que vous avez donnée sous le nom de Fréeport, qui est en effet le meilleur personnage de la pièce. Vous avez fait ce que je n’ai osé faire ; vous punissez votre Fréron à la fin de la comédie. J’avais quelque répugnance à faire paraître plus longtemps ce polisson sur le théâtre ; mais vous êtes un meilleur shérif que moi, vous voulez que justice soit rendue, et vous avez raison.

Lorsque je m’amusai à composer cette petite comédie, pour la faire représenter sur mon théâtre, à Ferney, notre société d’acteurs et d’actrices me conseilla de mettre ce Fréron sur la scène, comme un personnage dont il n’y avait point encore d’exemple. Je ne le connais point, je ne l’ai jamais vu ; mais on m’a dit que je l’avais peint trait pour trait. 

Lorsqu’on joua, depuis, cette pièce à Paris, ce croquant était à la première représentation. Il fut reconnu dès les premières lignes ; on ne cessa de battre des mains, de le huer, et de le bafouer ; et tout le public, à la fin de la pièce, le reconduisit hors de la salle avec des éclats de rire. Il a eu l’avantage d’être joué et berné sur tous les théâtres de l’Europe, depuis Pétersbourg jusqu’à Bruxelles. Il est bon de nettoyer quelquefois le temple des Muses de ses araignées. Il me paraît que vous avez aussi vos Frérons à Londres, mais ils ne sont pas si plats que les nôtres 4.

Continuez, monsieur, à enrichir le public de vos très agréables ouvrages.

J’ai l’honneur d’être, avec toute l’estime que vous méritez,

monsieur,

votre très humble et très obéissant serviteur

Voltaire

gentilhomme ordinaire

de la chambre du roi. »

2 Original signé, mention « Franco Engen », cachet comportant 4te L [ ?] sur 26, le tout dans un cercle ; minute en partie autographe ; édition Kehl.

3 En 1768, les pièces de Colman publiées étaient celles-ci : Polly Honeycombe, 1760 ; The Jealous Wife, 1761 ; The musical Lady, 1762 ; The Deuce is in Him, 1763 ; The Candestine Marriage, 1766 ; The English Merchant, tiré de L'Ecossaise, que V* possède ; c'est cette dernière pièce qui fait l'objet de la lettre .

4 Sur la minute, V* a porté de sa main le passage suivant qui fut omis quand la lettre fut recopiée et qui doit donc être considéré comme en faisant partie : « Au temps du Colloque de Poissy, un bon catholique écrivait à un bon protestant : « Monsieur, les choses sont entièrement égales des deux côtés : il est vrai que votre savant est bien plus savant que notre savant, mais, en récompense, notre ignorant est bien plus ignorant que votre ignorant. » On sait que le colloque de Poissy a été tenu en 1561 dans l'espoir de réconcilier les protestants et les catholiques de France .

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