28/02/2025
Je jouirai de la consolation des philosophes, qui consiste à rechercher la vérité avec un homme qui la connaît
... Avec la réforme du BAC, seuls quelques élus ont encore la chance de philosopher pendant que les autres rament sur les flots des options , véritables bazars digne des soukhs pour la majorité , parfois bouées de sauvetage pour quelques uns qui savent ce qu'ils veulent faire à l'issue du lycée .
« A Jean-Baptiste- Jacques Élie de Beaumont
17 auguste [1769]
Mme Denis, mon cher Cicéron, m’a mandé 1 que, lorsque vous protégez si bien l’innocence de vos clients, vous me faites à moi la plus énorme injustice. Vous pensez qu’en fermant ma porte à une infinité d’étrangers qui ne venaient chez moi que par une vaine curiosité, je la ferme à mes amis, à ceux que je révère.
Si vous venez à Lyon, ce dont je doute encore, j’irai vous y trouver, plutôt que de ne vous pas voir, si vous venez à Genève, je vous conjurerai de ne pas oublier Ferney ; vous ranimerez ma vieillesse, j’embrasserai le défenseur des Calas et de Sirven, mon cœur s’ouvrira au vôtre . Je jouirai de la consolation des philosophes, qui consiste à rechercher la vérité avec un homme qui la connaît.
Vous avez mis le sceau à votre gloire en rétablissant l’innocence et l’honneur de M. de La Luzerne. Vous êtes
… et nobilis et decens,
Et pro sollicitis non tacitus reis.2
Je ne sais si vous êtes informé de l’aventure d’un nommé Martin, condamné à être roué par je ne sais quel juge de village en Barrois, sur les présomptions les plus équivoques. La Tournelle étant un peu pressée, et le pauvre Martin se défendant assez mal, a confirmé la sentence. Martin a été roué dans son village. Trois jours après, le véritable coupable a été reconnu ; mais Martin n’en a pas moins comparu devant Dieu avec ses bras et ses cuisses rompus. On dit que ces choses arrivent quelquefois chez les Welches.
Je vous embrasse bien tendrement, et je me mets aux pieds de Mme de Beaumont. »
1 Dans la première de ses deux lettres à V* du 10 août : « M. Élie de Beaumont est venu chez moi les larmes aux yeux . Il va le mois de septembre à Lyon pour une grande affaire . De là il ira voir Genève et dit qu'il mourrait de désespoir s'il ne vous voyait pas . Il vous a écrit pour en demander la permission . C'est le seul article de sa lettre auquel vous n'ayez pas répondu . Il a le cœur percé . Je lui ai dit que je ne doutais pas que vous l’eussiez oublié . Il m'a priée en grâce de vous en écrire . Je lui ai promis . Ou dites-moi un mot pour lui dans votre première lettre ou écrivez-lui car il est au désespoir et c'est un homme qui vous est attaché . »
2 Horace, lib. IV, Odes. I, 13-14 : et noble et digne, Et éloquent en faveur des accusés inquiets .
00:15 | Lien permanent | Commentaires (0)
il n’y a rien de si aimable et de si généreux qu’un Français
... Ce compliment est rare, appréciez-le !
« A Gottlob Louis , comte de Schomberg
16 auguste 1769
Vous êtes trop bon, monsieur. Il est vrai que j’ai eu un petit avertissement ; il est bon d’en avoir quelquefois pour mettre ordre à ses affaires, et pour n’être pas pris au pied levé. Cette vie-ci n’est qu’une assez misérable comédie ; mais soyez bien sûr que je vous serai tendrement attaché jusqu’à la dernière ligne de mon petit rôle.
Dès qu’il y aura quelque chose de nouveau dans nos quartiers, je ne manquerai pas de vous l’envoyer. Voyez si vous voulez que ce soit sous le contreseing de M. le duc de Choiseul, ou sous celui de Mgr le duc d’Orléans.
Je voudrais bien que ce prince protégeât un peu Les Guèbres. Henri IV, dont il a tant de choses, les protégea ; et la dernière scène des Guèbres est précisément l’édit de Nantes. Ceci n’est point un amusement de poésie, c’est une affaire qui concerne l’humanité. Les Welches ont encore des préjugés bien infâmes. Il n’y a rien de si sot, de si méprisable qu’un Welche ; mais il n’y a rien de si aimable et de si généreux qu’un Français. Vous êtes très Français, monsieur ; c’est en cette qualité que vous agréerez mon très tendre respect. »
00:13 | Lien permanent | Commentaires (0)
un nouvel outrage au sens commun, à la physique, aux sentiments de la nature
... Bel exemple de gaspillage insensé dans l'affaire du chantier de l'A69 : https://www.francetvinfo.fr/environnement/crise-climatiqu...
Comment peut-on être borné à ce point ?
« A Charles Le Roy
À Ferney, 16è auguste 1769 1
Je suis, monsieur, aussi sensible que Sirven à la justice que vous lui rendez. Si les prétendus professeurs d’équité étaient aussi éclairés et aussi honnêtes qu’un professeur de médecine tel que vous, cette famille innocente et malheureuse ne serait pas dans l’état funeste où l’ignorance et l’injustice l’ont plongée. La sentence contre les Sirven est un nouvel outrage au sens commun, à la physique, aux sentiments de la nature, qui couvre la patrie de honte. Je me flatte que votre rapport ne contribuera pas peu à venger les Sirven et la France. Tous les bons citoyens vous béniront, et je vous aurai, monsieur, une obligation particulière, moi qui suis occupé depuis six ans à tirer la famille Sirven de l’oppression et de la misère. Il est bien cruel que la vie et l’honneur d’un père de famille dépendent d’un chirurgien ignorant et d’un juge idiot.
Agréez, monsieur, ma reconnaissance et tous les sentiments avec lesquels j’ai l’honneur d’être votre , etc. »
1 Minute ou copie par Wagnière qui a intitulé le manuscrit : « A M. Le Roy, professeur en médecine, à Montpellier », ce qui permet l'identification du destinataire . Celui-ci va peu après publier des Mélanges de physique et de médecine , 1771 . Voir : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k9738418w
00:05 | Lien permanent | Commentaires (0)