Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

06/05/2025

Vous dites que tous les hommes ne peuvent pas être grands, mais que tous peuvent être bons

... Ce que ne comprend ni n'admet M. Retailleau (qui n'est ni grand, ni bon ) au moment où la naturalisation française devient plus difficile à acquérir  et que de son côté le président appâte les cerveaux US et autres en débloquant quelques millions pour eux alors que la recherche française est au régime sec : ah quels gouvernants nous avons là, comprend qui peut, je t'aime, moi non plus !

 

 

« A Jean-François Marmontel

1er novembre 1769

Mon cher ami, mon cher confrère, j’ai été enchanté de votre souvenir et de votre lettre. Vous dites que tous les hommes ne peuvent pas être grands, mais que tous peuvent être bons : savez-vous bien que cette maxime est mot à mot dans Confucius ? Cela vaut bien la comparaison du royaume des cieux avec de la moutarde 1, et de l’argent placé à usure 2.

Je conviens, mon cher ami, que la philosophie s’est beaucoup perfectionnée dans ce siècle ; mais à qui le devons-nous ? aux Anglais ; ils nous ont appris à raisonner hardiment. Mais à quoi nous occupons-nous aujourd’hui ? à faire quelques réflexions spirituelles sur le génie du siècle passé.

Songez-vous bien qu’une cabale de jaloux imbéciles a mis pendant quelques années la partie carrée d’Electre 3, d’Iphianasse, d’Oreste, et du petit Itys, le tout en vers barbares, à côté des belles scènes de Corneille, de l’Iphigénie de Racine, des rôles de Phèdre, de Burrhus, et d’Acomat ? Cela seul peut empêcher un honnête homme de revenir à Paris.

Cependant je ne veux point mourir sans vous embrasser, vous et M. d’Alembert, et MM. Duclos, de Saint-Lambert, Diderot, et le petit nombre de ceux qui soutiennent, avec le quinzième chapitre de Bélisaire, la gloire de la France.

J’aurai besoin, si je suis en vie au printemps, d’une petite opération aux yeux, que quinze ans et quinze pieds de neige ont mis dans un terrible désordre. Je n’approcherai point mon vieux visage de celui de Mlle Clairon ; mais j’approcherai mon cœur du sien. Ses talents étaient uniques, et sa façon de penser est égale à ses talents.

Mme Denis 4 vous fait les compliments les plus sincères.

Adieu ; vous savez combien je vous aime. Je n’écris guère ; un malade, un laboureur, un griffonneur n’a pas un moment à lui. »

4 Elle venait d’arriver à Ferney (voir lettre à d'Alembert du 18 octobre 1769 ), dont elle était absente depuis mars 1768 ; voir lettre du 1er mars 1768 à Richelieu : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2023/10/16/il-faut-tout-a-des-femmes-6466269.html

et du 4 mars 1768 à Mme de Saint-Julien : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2023/10/23/m-6467427il-faut-etre-pour-cela-du-metier-des-heros-et-je-n-ai-pas-l-honneu.html