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15/09/2024

qui connaît très particulièrement la présidente et qui m'en a dit de bonnes

... Oui, qui ? Surement pas les deux femmes qui en savent tellement plus que nous pour oser diffamer connement Brigitte Macron

https://www.tf1info.fr/justice-faits-divers/fausses-informations-visant-brigitte-macron-deux-femmes-condamnees-pour-diffamation-2319299.html

 

 

« A Marie-Louise Denis

12è mars 1769

Il neige depuis trois jours, ma chère nièce ; que faire pendant la neige ? J'ai fait cette épître 1 qui est une espèce de testament moitié gai, moitié sérieux . J'ai fait bien d'autres choses depuis quinze jours . Prenez toujours cela à compte . Montrez-le aux anges pour les amuser, ou renvoyez-leur copie .

On dit que la pièce de Du Belloy a un grand succès, mais quelle pièce ?2 Est-ce Le Siège de Calais ? Est-ce La Dame de Vergy ?

Le prince Camille 3 est revenu chez moi de Malte, où il est général des galères, avec un brave chevalier normand très aimable, qui connaît très particulièrement la présidente et qui m'en a dit de bonnes .

Ne craignez point la banqueroute du notaire ; il a été beaucoup plus mal dans ses affaires .

À propos, il serait bon que Saint-Lambert vit le petit remerciement que j'ai glissé pour lui dans l’Épître à Boileau . Je lui enverrai un exemplaire ; mais je n'ai pas assez de mains pour copier ce que mon imagination me dicte .

Je vous embrasse bien fort, et le plus tendrement du monde .

Je me suis amusé ce matin à faire une épître contre le livre des Trois imposteurs 4. Je viens de la finir . Je vous l'enverrai . Je crois l'athéisme aussi pernicieux que la superstition . »

2 Le Siège de Calais qui vient d'être représenté à bureaux fermés .

3 Le prince Eugène-Hercule-Camille de Rohan Rochefort, chevalier de Malte, grand sénéchal des galères de l'ordre de Malte (1767), législateur de la langue de France de l'ordre de Malte (1776), maréchal des camps et armées du Roi de France (1780), émigré, sert dans l'armée de Condé, puis dans l'armée autrichienne (6 avril 1737 – 1795) 4. Sans postérité.

4 Épître à l'auteur du livre des Trois Imposteurs ; la phrase qui suit est très significative : elle ouvre la voie à l'Histoire de Jenni .

Voir : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k56870299/f6.item.langEN

et : https://fr.wikisource.org/wiki/L%E2%80%99Histoire_de_Jenni_ou_le_Sage_et_l%E2%80%99Ath%C3%A9e

14/09/2024

Voici de petites nonnoteries qui pourront ne pas déplaire

 ... Merci Voltaire . A l'heure où on dévoile les actes sexuels délictueux de l'abbé Pierre, voici quelques réflexions sur les apôtres dont la sexualité est parfaitement occultée par l'Eglise officielle , elle qui désire uniquement le célibat pour les prêtres   : http://www.monsieurdevoltaire.com/2015/02/dictionnaire-ph...

 

 

« A Charles-Frédéric-Gabriel Christin

Comment se porte notre cher philosophe ? Quand viendra-il chez nous faire ses Pâques ? On a écrit encore fortement à M. de La Borde .

Voici de petites nonnoteries 1 qui pourront ne pas déplaire . On l'embrasse bien tendrement.

11è mars 1769.

W. 2 vous prie d'en envoyer un à M. de Mailly 3. »

1 Il doit s'agir de la Lettre anonyme dont V* demandait l'impression le 7 février ; voir lettre du 7 février 1769 à Rieu : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2024/09/12/je-pense-d-ailleurs-que-la-reponse-vous-amusera-6514384.html

2 Wagnière, la lettre est de sa main .

3 Augustin-Joseph de Mailly (?) membre de l'Académie des Sciences, des Lettres et des Arts d'Amiens : https://fr.wikipedia.org/wiki/Augustin-Joseph_de_Mailly

13/09/2024

un pour lui, un autre pour M. Vasselier, et le troisième pour M. Des Bordes

... Que l'on peut actualiser par "une de Grande-Bretagne, une d'Allemagne, une d'Italie " en parlant de déclarations de ministres d'Affaires étrangères , qui , à ce jour, n'ont donné aucun résultat tangible ( comme toujours me direz-vous quand on parle de déclarations politiques ): https://france-allemagne.fr/fr/actualites/declaration-con... 

 

 

 

« A Jean-François-René Tabareau

10è mars 1769

Le bibliothécaire de monsieur Tabareau lui envoie ces trois volumes qu'il vient de recevoir d'Allemagne, l'un pour lui, un autre pour M. Vasselier, et le troisième pour M. Des Bordes .

On fait mille compliments à monsieur Tabareau et à M. Vasselier. »

12/09/2024

de la hauteur dans la façon de penser; mais les Parisiens sont-ils capables de goûter le mérite

...Certains ont semblé goûter et apprécier les J.O. et les athlètes et leurs performances ; qu'en penseront-ils encore dans trois mois, six mois, un an , usés par les embouteillages et la vie chère ?

 

 

« A Jean-François La Harpe

À Ferney, ce 10 mars 1769 1

Mon cher panégyriste de Henri IV, 

Et vitula tu dignus, et hic 2. Vous avez bien du talent en vers et en prose. Puisse-t-il servir à votre fortune comme il servira sûrement à votre réputation ! Je vous ai écrit, au sujet du tripot, la lettre ostensible 3 que vous demandiez : j’ai écrit aussi à M. le maréchal de Richelieu 4. Je crois à présent toutes choses en règle.

L’ouvrage de M. Lambert 5 me paraît, à plusieurs égards, fort au-dessus du siècle où nous sommes. Il y a de l’imagination dans l’expression, du tour, de l’harmonie, des portraits attendrissants, et de la hauteur dans la façon de penser; mais les Parisiens sont-ils capables de goûter le mérite de ce poème ? Ils ne connaissent les quatre saisons que par celle du bal, celle des Tuileries, celle des vacances du parlement, et celle où l’on va jouer aux cartes à deux lieues de Paris, au coin du feu, dans une maison de campagne. Pour moi, qui suis un bon laboureur, je pense à la Saint-Lambert.

Il m’est venu trois ou quatre A, B, C6 d’Amsterdam. Si vous voulez je vous en enverrai un. Je vous embrasse de tout mon cœur, sans cérémonie. 

V.»

1 Original ; éd. Mercure de France ( avril 1769 ), qui ne donne que le second paragraphe, introduit par cette note : « Ne pouvant placer dasn ce volume le compte que nous nous proposons de rendre du nouveau poème des Saisons ,par M. de S.-L., nous croyons au moins faire plaisir à nos lecteurs de rapporter à ce sujet l'extrait d'une lettre de M. de Voltaire à M. de La Harpe . »

2 C’est à Gaillard et La Harpe que Voltaire applique ces premiers mots du vers 109 de la 3e églogue de Virgile : Et toi, et celui-ci êtes dignes d'une jeune génisse […]

Voir lettre du 23 janvier 1769 à Gaillard : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2024/08/05/je-suis-charme-que-vous-ayez-eu-le-prix-et-qu-il-ait-eu-l-accessit-quiconqu.html

et celle du 5 janvier à La Harpe : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2024/07/15/l-arret-porte-qu-on-lui-arrachera-la-langue-qu-on-lui-couper-6507108.html

3 Cette lettre ostensible est perdue.https://fr.wikisource.org/wiki/Page:Voltaire_-_%C5%92uvres_compl%C3%A8tes_Garnier_tome27.djvu/319 Elle ne semble pas pouvoir être comme le propose M. Besterman, le second paragraphe de la présente lettre . Le « tripot » fait toujours allusion aux Comédiens-Français, or V* parle ici du poème des Saisons, qui n'a rien à voir avec le théâtre .

4 Cette lettre est aussi perdue ; car ce ne peut être celle du 27 février 1769 dont parle ici Voltaire.

11/09/2024

je suis pénétré de tout ce que vous daignez faire

... Entre autres https://www.francetvinfo.fr/jeux-paralympiques/paris-2024...

 

 

« A Joseph Audra

10 mars 1769 au château de Ferney

Voici enfin, monsieur, l’infortuné Sirven qui paraît devant vous . Il perdra ce titre d’infortuné grâce à vos bontés et à celles de M. l’avocat de La Croix 1. Je peux vous assurer qu’on ne verra dans lui que l’innocence et la vertu même. Il est bien digne de vous et de M. de La Croix de protéger une famille si cruellement persécutée. S’il faut interroger ses deux filles, je les enverrai dès que M. de La Croix m’aura donné ses ordres . Sentez, monsieur, je vous prie, à quel point je suis pénétré de tout ce que vous daignez faire.

J’ai l’honneur d’être, avec tous les sentiments que je vous dois, monsieur, votre très humble et très obéissant serviteur

Voltaire.»

10/09/2024

Ce qu’il y a de très triste, c’est que la chose n’est pas aisée, attendu que j’ai l’âme un peu fière.

... Serait-ce du Michel Barnier dans le texte ? Ou un des pressentis qu gouvernement ? Les orgueilleux sont légion toujours avec une modestie de façade . Il va falloir les supporter -un certain temps-. Money time : https://www.youtube.com/watch?v=zPe9XwwgAA0&ab_channe...

 

 

 

« A Marie de Vichy de Chamrond , marquise Du Deffand

8è mars 1769

Que je vous plains, madame ! vous avez déjà perdu l’âme de votre ami le président Hénault, et bientôt son corps sera réduit en poussière. Vous aviez deux amis, lui et M. de Formont ; la mort vous les a enlevés : ce sont des biens dont on ne retrouve pas même l’ombre. Je sens vivement votre situation.

Vous devez avoir une consolation bien touchante dans le commerce de votre grand-maman ; mais elle ne peut vous voir que rarement. Elle est enchaînée dans un pays qu’elle doit détester, vu la manière dont elle pense. Je vous vois réduite à la dissipation de la société, et, dans le fond du cœur, vous en sentez tout le frivole. L’adoucissement de cette malheureuse vie serait d’avoir auprès de soi un ami qui pensât comme nous, et qui parlât à notre cœur et à notre imagination le langage véritable de l’un et de l’autre.

Je crois bien (vanité à part) qu’il y a quelque ressemblance entre votre cervelle et la mienne. La dissipation ne m’est pas si nécessaire, à la vérité, qu’à vous ; mais pour le tumulte des idées, pour la vérité dans les sentiments, pour l’éloignement de tout artifice, pour le mépris qu’en général notre siècle mérite, pour le tact 1 de certains ridicules, je serais assez votre homme, et mon cœur est assez fait pour votre cœur . Je voudrais être à la fois à Saint-Joseph et à Ferney ; mais je ne connais que l’Eucharistie qui ait le privilège d’être en plusieurs lieux en même temps.

Voilà les neiges de nos montagnes qui commencent à fondre, et mes yeux qui commencent à voir. Il faut que je fasse tout ce que Saint-Lambert a si bien décrit. La campagne m’appelle ; deux cents bras travaillent sous mes yeux ; je bâtis, je plante, je sème, je fais vivre tout ce qui m’environne. Les Saisons de Saint-Lambert m’ont rendu la campagne encore plus précieuse. Je me fais lire à dîner et à souper de bons livres par des lecteurs très intelligents, qui sont plutôt mes amis que mes domestiques. Si je ne craignais d’être un fat, je vous dirais que je mène une vie délicieuse. J’ai de l’horreur pour la vie de Paris, mais je voudrais au moins y passer un hiver avec vous.

Ce qu’il y a de très triste, c’est que la chose n’est pas aisée, attendu que j’ai l’âme un peu fière.

Je songe réellement à vous amuser, quand je reçois quelques bagatelles des pays étrangers. Vous avez peut-être pris l’histoire de saint Cucufin pour une plaisanterie ; il n’y a pas un mot qui ne soit dans la plus exacte vérité. Vous aurez dans un mois quelque chose qui ne sera qu’allégorique 2 . Il faut varier vos petits divertissements.

Vous ne m’avez point répondu sur les Singularités de la nature 3 ; ainsi je ne vous les envoie pas, car c’est une affaire de pure physique qui ne pourrait que vous ennuyer.

Vous me faites grand plaisir, madame, de me dire que vous ne craignez rien pour M. Grand -maman 4. J’ai un peu à me plaindre d’une personne 5 qui lui veut du mal, et je m’en félicite. J’aime à voir des Racine qui ont des Pradons pour ennemis . Cela me fait penser à la queue du Siècle de Louis XIV, que j’ai eu l’honneur de vous envoyer. Votre exemplaire, sauf respect, est précieux, parce qu’il est corrigé en marge. Faites-vous lire « La prison de La Bourdonnais 6» et «  La mort de Lally 7», et vous verrez comme les hommes sont justes. Quand je serai plus vieux, j’y ajouterai la mort du chevalier de La Barre et celle de Calas 8, afin que l’on connaisse dans toute sa beauté le temps où j’ai vécu. Selon que les objets se présentent à moi, je suis Héraclite ou Démocrite 9 ; tantôt je ris, tantôt les cheveux me dressent à la tête : et cela est très à sa place, car on a affaire tantôt à des tigres, tantôt à des singes. Le seul homme presque, de l’âme de qui je fasse cas, est M. Grand-maman ; mais je me garde bien de le lui dire. Pour vous, madame, je vous dis très naïvement que j’aime passionnément votre façon de penser, de sentir, et de vous exprimer ; et que je me tiens malheureux, dans mon bonheur de campagne, de passer ma vieillesse loin de vous. Mille tendres respects.

V.

Faites-moi savoir, je vous prie, comment vont l’âme et le corps de votre ami. »

1 Littré définit le tact comme un « jugement fin et délicat en matière de goût » et pas seulement en matière »de convenances, d'usage du monde ». De ce premier usage, il cite le présent exemple, des exemples de d'Alembert, Buffon, Diderot et de Mme de Genlis : https://www.littre.org/definition/tact

4 Le duc de Choiseul.

5 Mme Du Barry.

09/09/2024

C’est chez moi que mûrit la figue à côté du melon

... La paternité de cette phrase est disputée entre l'Elysée et les chefs de tous les partis d'opposition sans exception .

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Bien divisés !

oui ! mais bien accompagnés ?

 

 

« A Jean-François de Saint-Lambert

Au château de Ferney par Genève 7è mars 1769

Je reçus hier matin, monsieur, le présent dont vous m’avez honoré 1, et vous vous doutez bien à quoi je passai ma journée. Il y a bien longtemps que je n’ai goûté un plaisir plus pur et plus vrai. J’avais quelques droits à vos bontés comme votre confrère dans un art très difficile, comme votre ancien ami, et comme agriculteur. Vous aurez beaucoup d’admirateurs ; mais je me flatte d’avoir senti le charme de vos vers et de vos peintures plus que personne. Je crois me connaître un peu en vers . Les grands plaisirs, dans tous les arts, ne sont que pour les connaisseurs.

J’ai éprouvé, en vous lisant, une autre satisfaction encore plus rare, c’est que vous avez peint précisément ce que j’ai fait :

Ô que j’aime bien mieux ce modeste jardin
Où l’art en se cachant fécondait le terrain !
etc., etc. 2

Voilà mon aventure ; de longues allées où, parmi quelques ormeaux et mille autres arbres, on cueille des abricots et des prunes : des troupeaux qui bondissent entre un parterre et des bosquets : un petit champ que je sème moi-même, entouré d’allées agréables ; des vignes, au milieu desquelles sont des promenades ; au bout des vignes, des pâturages, et au bout des pâturages, une forêt.

C’est chez moi que mûrit la figue à côté du melon 3, car je crois que vous n’avez guère de figues en Lorraine. Je dois donc vous remercier d’avoir dit si bien ce que j’aurais dû dire.

Je vous assure que mon cœur a été bien ému en lisant les petites leçons que vous donnez aux seigneurs des terres, dans votre troisième chant. Il est vrai que je n’habite pas le donjon de mes ancêtres 4, je n’aime en aucune façon les donjons ; mais du moins je n’ai pas fait le malheur de mes vassaux et de mes voisins. Les terres que j’ai défrichées, et un peu embellies, n’ont vu couler que les larmes des Calas et des Sirven, quand ils sont venus dans mon asile. J’ai quadruplé le nombre de mes paroissiens ; et, Dieu merci, il n’y a pas un pauvre.

Nec doluit miserans inopem aut invidit habenti .5

En vous remerciant de tout mon cœur du compliment fait à l’intendant qui exigeait si à propos des corvées, et qui servait si bien le roi que les enfants en mouraient sur le sein de leurs mères 6. Chaque chant a des tableaux qui parlent au cœur. Pourquoi citez-vous Thompson 7 ? C’est le Titien qui loue un peintre flamand.

Votre quatrième, qui paraît fournir le moins, est celui qui rend le plus. Je ne crains point d’être aveuglé par la reconnaissance extrême que je vous dois 8. Il m’a charmé très indépendamment de la générosité courageuse avec laquelle vous parlez d’un homme si longtemps persécuté par ceux qui se disaient gens de lettres .

J’ai un remords : c’est d’avoir insinué à la fin du siècle présent, qui termine le grand Siècle de Louis XIV, que les beaux-arts dégénéraient 9. Je ne me serais pas ainsi exprimé si j’avais lu vos Quatre Saisons un peu plus tôt. Votre ouvrage est un chef-d’œuvre ; les Quatres Saisons et le quinzième chapitre de Bélisaire sont deux morceaux au-dessus du siècle. Ce n’est pas que je les mette à côté l’un de l’autre, je sais le profond respect que la prose doit à la poésie ; c’est ce que Montesquieu ne savait pas, ou voulait ne pas savoir. Écrit en prose qui veut, mais en vers qui peut. Il est plus difficile de faire cent beaux vers que d’écrire toute l’histoire de France. Aussi qui fait beaucoup de bons vers de suite ? presque personne. On a osé faire des tragédies depuis Racine ; mais ce sont des tragédies en rimes, et non pas en vers. Nos Welches du parterre et des loges, qu’on a eu tant de peine à débarbariser 10, se doutent rarement si une pièce est bien écrite. Le nombre des vrais poètes et des vrais connaisseurs sera toujours extrêmement petit ; mais il faut qu’il le soit, c’est le petit nombre des élus. Moins il y a d’initiés, plus les mystères sont sacrés.

Je suis fâché que vous ayez écrit français avec un o ; c’est la seule chose que je vous reproche. Sans doute vous serez des nôtres à la première place vacante 11. Si c’est la mienne, je m’applaudis de vous avoir pour successeur. Nous avons besoin d’un homme comme vous contre les ennemis du bon goût, et contre ceux de la raison. Ces derniers commencent à être dans la boue ; mais ils trépignent si fort qu’ils excitent quelquefois de petits nuages. Il faudrait se donner le mot de ne jamais recevoir aucun de ces messieurs-là.

À propos, pourquoi votre livre dit-il qu’il est imprimé à Amsterdam ? Est-ce que Paris n’en est pas digne ? N’y a-t-il que le Journal chrétien et les décrets de la Sorbonne qui puissent être imprimés dans la capitale des Welches ? 

Je finis en vous remerciant, en vous admirant, et en vous aimant.

V. »



1 Les Saisons, poème, 1769, in-8° et in-12.

2 Les Saisons, chant I, vers 307-308 , page 10 de https://fr.wikisource.org/wiki/Le_Printemps_(Saint-Lambert)

3 Ibid., chant I, vers 346 page 10 : https://fr.wikisource.org/wiki/Le_Printemps_(Saint-Lambert)

4 Dans le troisième chant des Saisons, vers 204 , page 76 de https://fr.wikisource.org/wiki/L%E2%80%99Automne_(Saint-Lambert)

Saint-Lambert a dit : « Habite le donjon qu’habitaient ses ancêtres ! » ( ou autre version : « Se plaît dans Le séjour qu’ont bâti ses ancêtres » )

5 Virgile, Géorgiques , II, v. 499 ; le vers ne commence pas par nec mais par tua ; V* a dû rétablir la négation : Et il ne s'affligea pas à déplorer le sort du pauvre ni ne porta pas envie à qui possédait .

6 Allusion à un passage des Saisons II, vers 417-466, page 46 et suiv. : https://fr.wikisource.org/wiki/L%E2%80%99%C3%89t%C3%A9_(S...)

7 James Thompson, fameux auteur des Seasons ; voir : https://fr.wikipedia.org/wiki/Les_Saisons_(James_Thomson)

8 Voltaire est appelé« Vainqueur des deux rivaux qui régnaient sur la scène », à savoir Corneille et Racine, et loué dans les notes. Voir chant IV, vers 677, page 114 : https://fr.wikisource.org/wiki/L%E2%80%99Hiver_(Saint-Lam...)

9 On peut estimer qu'au moment où il écrivait cette lettre, V* s'occupait du Précis du siècle de Louis XV . Voir  la phrase (dernier alinéa) de la page 435 de https://fr.wikisource.org/wiki/Page:Voltaire_-_%C5%92uvres_compl%C3%A8tes_Garnier_tome15.djvu/445

qui commence par les mots il est vrai, etc. et qui n’existe point dans l’édition de 1768, in-8°, et fut ajoutée en 1769 dans l’édition in-4°.

10 On a déjà rencontré ce néologisme dans la lettre du 18 août 1762 à d'Argental : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2017/07/11/voila-deja-sept-familles-qui-sont-sorties-de-france-avons-no-5962138.html

11 Effectivement Saint-Lambert ne tardera pas à entrer à l'Académie ; il sera reçu le 23 juin 1770 : https://www.academie-francaise.fr/les-immortels/jean-francois-de-saint-lambert