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02/09/2025

Vous êtes accoutumé aux méchancetés des hommes, mais en voici une assez nouvelle

... Priver des enfants d'école est aussi un crime et il va être encore accompli : https://www.unicef.fr/article/coupes-de-lapd-6-millions-d...

 

 

« A Jean-Baptiste-Jacques Élie de Beaumont

Le 19 mars 1770 1

Je crois, mon cher Cicéron, qu’il ne sera pas difficile de vous faire tenir les pièces de l’interrogatoire de Sirven par le nouveau juge nommé pour juger en première instance. J’attends ces pièces dans deux ou trois jours. Je les avais demandées inutilement pendant quatre mois. Vous verrez ce que vous en pourrez faire. Le fumier deviendra or entre vos mains.

Vous aurez le temps de faire votre mémoire pour Pâques ; c’est après Pâques que l’affaire sera jugée.

Vous vous ressouvenez bien que Sirven était détenu très rigoureusement au secret par l’ancien juge même de Mazamet, qui s’était fait le geôlier de son confrère subrogé à sa place. Il ne lui était pas permis de recevoir une lettre. Il a fallu que j’aie écrit 2 au procureur général, et que je lui aie envoyé une lettre ouverte pour Sirven. Le procureur général a réprimandé le geôlier-juge ; et le nouveau juge, nommé Astruc, forcé de reconnaître l’innocence de Sirven, n’a donné sa sentence que comme le diable est obligé de reconnaître la justice de Dieu.

Je crois qu’on a pillé un peu Sirven dans sa prison, car j’ai été obligé de lui envoyer de l’argent deux fois.

Je dévore votre factum pour M. de Lupé. J’en suis à l’endroit où la mère voit le portrait de Henri IV et de Louis XV. Si vous plaidiez devant eux, vous gagneriez bientôt votre cause avec dépens.

Vous êtes accoutumé aux méchancetés des hommes, mais en voici une assez nouvelle, et qui touche l'ordre des avocats sensiblement . Faites copier, je vous en prie, ce mémoire 3 ; distribuez-le à tous vos amis, et surtout à M. de La Harpe .

L’abbé Grizel n’était-il pas confesseur de Fréron ? Que dites-vous de l’enlèvement de nos rescriptions ? sont-elles plus justes que l’enlèvement du beau-frère de maître Aliboron ? Saviez-vous que ce coquin était espion de la police, et que c’était cela seul qui le soutenait, et qui lui facilitait les moyens de vivre dans la plus infâme crapule ?

Mon cher ami, je vous crois nécessaire dans Paris . Plus les injustices sont atroces, plus on a besoin d’un homme comme vous.

Mme Denis et moi, qui sentons également votre mérite, nous vous bénissons tous deux, et je vous donne aussi mon autre bénédiction de capucin dans ce saint temps de carême.

P. S. Si vous voyez M. de La Harpe, dites-lui combien je l’aime, lui et sa Religieuse. »

1 Copie Beaumarchais-Kehl ; éd. Kehl qui omet le sixième paragraphe concernant le « mémoire » à distribuer .

2 On a ici un exemple de la concordance des temps composés ; V* aurait pu écrire : « Il a fallu que j’écrivisse ». Comparer, dans Le Jeu de l'amour et du hasard , de Marivaux, Ac. II, sc. 2 : « encore a-t-il fallu, quand il t'a demandé si tu l'aimerais, que tu aies tendrement ajouté : volontiers, sans quoi il y serait encore . »

3 Mémoire qui se trouve à la fin de la lettre du même jour à d'Alembert : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2025/09/01/j-espere-qu-il-y-aura-quelques-articles-plus-amusants-pour-v-6561061.html

V* malgré ce qu'il écrit à Duclos, n'hésite pas à en faire usage avant d'avoir vérifié les allégations .

Il paraît qu’il sera fort aisé d'arranger les choses dont on est convenu

... L'ennui est que personne n'est convenu de rien, et François rame, rame et braille dans l'oreille de sourds réfractaires . Aurait pu mieux faire, et ses opposants être constructifs ( pour l'instant ils sont comme Netanyahou à Gaza ! ).

 

 

« A François de Caire

Commandant, etc.

à Versoix

L'oncle est plus malade que la nièce . Tous deux se disputent à qui aimera monsieur de Caire davantage .

Il paraît qu’il sera fort aisé d'arranger les choses dont on est convenu . Si le contrôleur général ne s’était pas avisé de piller tout le bien du déposant il ferait beaucoup plus pour le bien de la colonie .

Il présente ses respects à monsieur et à madame de Caire .

V. 

19è mars 1770.»

Il y aura peut-être quelques endroits qu’on vous demandera la permission d’élaguer, parce qu’ils sont déjà traités dans quelques autres articles

... Tel est le sort qui attend le budget retenu par François Bayrou .

 

« A Élie Bertrand , Ministre

à Yverdon

pays de Vaud

19è mars 1770

Je suis, monsieur, aussi honteux que reconnaissant . Tous les bienfaits sont de votre côté, et tous les torts sont du mien. Je vous devais depuis longtemps une réponse à une lettre charmante que vous m’aviez écrite ; mais que ne vous dois-je point pour l’article Droit canonique 1 ! Je ne sais rien de mieux pensé, de plus méthodique, de plus vrai . Vous avez été prêtre 2 , et vous immolez la prêtraille à la vérité et à l’intérêt public . Votre courage est aussi respectable que votre écrit est bien fait. Il y aura peut-être quelques endroits qu’on vous demandera la permission d’élaguer, parce qu’ils sont déjà traités dans quelques autres articles.

Si vous avez du loisir, si vous voulez rendre service au genre humain, donnez-nous encore quelque chose sur la primitive Église ; sur l’égalité des prêtres et des évêques ; sur les usurpations de la cour romaine, sur tout ce qui vous passera par la tête . Tout ce qui sortira de cette tête achèvera d’éclairer les autres cervelles. Il faut que le feu de la vérité porte la lumière dans les yeux de tous les hommes honnêtes, et brûle les yeux des tyrans.

On ne peut vous estimer et vous aimer plus que votre collaborateur.

V. »

1 C’est de Bertrand qu’est le préambule de l’article Droit canonique dans les Questions sur l’Encyclopédie ; voir : https://fr.wikisource.org/wiki/Page:Voltaire_-_%C5%92uvres_compl%C3%A8tes_Garnier_tome18.djvu/439

Dans les Questions sur l'Encyclopédie, 1771, l'article « droit canonique » (V, I, 33 ) comporte un sous-titre : « Idée générale de droit canonique par M. Bertrand » . Beuchot note, suivi par Moland, a cru que ce sous-titre s'appliquait seulement au préambule de l'essai . Il semble en réalité que tout l'article soit de Bertrand, seulement retouché par V* , c'est en tout cas ce que la présente lettre semble confirmer .

2 Bertrand apporte souvent des modifications mineures aux manuscrits des lettres que V* lui adressait ; ici il a corrigé l'original en imitant l'écriture de Wagnière : « été prêtre » est transformé en « un esprit juste et un cœur droit » ; no comment !