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03/09/2025

on dit qu'on ne nous rendra qu'en billets l'argent qu'on nous a enlevé . Cette situation est douloureuse, mais il faut la supporter

... Jusqu'à quand ?

C'est Nicolas qui paye !

 

 

« A Guillaume-Claude de Laleu, Secrétaire

du roi, Notaire

rue du Temple

à Paris

21è mars 1770 à Ferney

Voici bien une autre histoire, monsieur ; j'avais deux cents mille francs en argent comptant entre les mains de M. de Laborde . Il les avait placées en rescriptions ; c’était presque le seul bien libre qui me restait, le seul dont je puisse disposer , c’était mon ancien patrimoine, mon unique ressource en cas de malheur . M. l'abbé Terray s'en empare, et l'on dit qu'on ne nous rendra qu'en billets l'argent qu'on nous a enlevé . Cette situation est douloureuse, mais il faut la supporter .

Mme Denis m'a dit que vous l'aviez flattée à Paris que vous pourriez lui faire toucher quelque argent au mois de mars . Je ne sais pas trop sur quels fonds ; car il me semble que vous n'en avez guère à moi . Je pense que ce fond est seulement votre bonne volonté . C'est de cette bonne volonté que nous n'osons abuser .

Cependant si dans la détresse où nous sommes vous me permettiez de tirer sur vous trois mille livres les premiers jours d'avril, je vous serais très obligé, ainsi que Mme Denis qui vous fait ses très sincères compliments, et vous remercie de toutes vos bontés .

Vous savez avec quels sentiments j'ai l'honneur d'être, monsieur, votre très humble et très obéissant serviteur

Voltaire. »

J’ai quelque curiosité de savoir comment on débrouillera le chaos où nous sommes...Voici le temps des grandes nouvelles. Les Russes pourront bien être à Constantinople dans six mois, et les Français, à l’hôpital

... Quand le passé repasse les plats ...

 

 

« A Philippe-Antoine de Claris, marquis de Florian

Le 21 mars [1770] 1

Vraiment le grand écuyer de Cyrus est devenu un excellent ambassadeur. Je le remercie très tendrement des livres qu’il veut bien me faire avoir, et que probablement je recevrai bientôt.

J’accable aujourd’hui toute ma famille de requêtes. Je recommande à M. d’Hornoy l’infortune d’un pauvre diable qui se trouve vexé par des fripons. J’ennuie le Turc du compte que je lui rends d’un mauvais chrétien. J’envoie un petit sommaire du désastre d’un beau-frère de Fréron, qui pourra vous paraître extraordinaire . Mais je m’adresse à vous, monsieur, pour l’objet le plus intéressant.

M. l’abbé Terray me saisit tout le bien libre que j’avais en rescriptions, les seuls effets dont je pusse disposer, mon unique bien, tout le reste périssant avec moi. Il est un peu dur de se voir ainsi dépouillé à l’âge de soixante-seize ans, et de ne pouvoir aller mourir dans un pays chaud s’il m’en prend fantaisie.

J’ai quelque curiosité de savoir comment on débrouillera le chaos où nous sommes. Vous me paraissez d’ordinaire assez bien instruit. Voici le temps des grandes nouvelles. Les Russes pourront bien être à Constantinople dans six mois, et les Français, à l’hôpital.

La petite ville de Genève est toujours sous les armes, et les émigrants sont à Versoix sous des planches. J’en ai logé quelques-uns à Ferney. On aligne les rues de Versoix ; mais il est plus aisé d’aligner que de bâtir ; et, s’il arrivait malheur à M. le duc de Choiseul, adieu la nouvelle ville.

Voici bientôt le temps où vous irez je pense embellir Hornoy, mais il faut auparavant que Mme de Florian affermisse sa santé .

Je vous embrasse tous deux du meilleur de mon cœur avec la plus vive tendresse. »

1Copie Beaumarchais-Kehl ; éd. Kehl qui omet l'avant dernier paragraphe .