10/09/2025
Je suis sûr de votre probité comme de tous vos autres mérites
... M. Lecornu, entendez bien ce que dit le président et n'en pensez pas moins : https://www.lemonde.fr/politique/live/2025/09/09/en-direc...
C'eût été bien que la journée de blocage fût annulée, il va y avoir de la casse, de la perte d'argent et possiblement des pertes humaines, pour rien, pour la gloriole de quelques-uns qui diront "j'y étais" et se prendront pour des révolutionnaires : boeufferies !
« A Jean-François de Saint-Lambert
A Ferney 30è mars 1770 1
Vous ne voulez point sans doute, monsieur, perdre votre admirateur et votre ami, qui vous a obligation, et à qui vous avez fait plus d'honneur qu'il ne méritait . Je suis sûr de votre probité comme de tous vos autres mérites . J'ajoute que mon âge et le triste état où je suis de plus d'une façon, me fait espérer quelque bonté de votre part .
Vous savez qu'avant votre voyage de Montpellier, on récita dans Paris, et on m'imputa quelques vers qu'on dit être faits contre trois conseillers au Parlement que je n'ai jamais connus, et dont j'ignore encor les noms, ayant presque toujours été absent de Paris, et surtout étant depuis vingt et un ans, sans interruption, éloigné de ma patrie .
Cette calomnie, et les suites qu'elle peut avoir me causa la douleur la plus vive et la plus juste .
Vous passâtes par Lyon vers le 1er décembre 1769 . Voici ce qu'on m’écrivit de Lyon le 4è décembre :
M. de … Mme de … et le chevalier de Saint-Lambert ont parlé avec beaucoup d'enthousiasme de quelques fragments de Michaut et Michette que M. le duc de Choiseul leur a communiqués . J'ai été chargé de vous en faire part etc.
Vous m'écrivîtes ensuite de Montpellier du 17è du même mois .
On m'a parlé, et on m'a même dit quelques vers charmants, d'un poème intitulé Michel et Michaut . C'est l'ouvrage d'un jeune homme de Lyon qui a les lus grands talents . Si ce poème parvenait jusqu'à vous, vous me feriez plaisir de me l'envoyer .
Vous sentez, monsieur, dans quelle inquiétude cruelle dut me jeter une telle accusation et une telle contradiction. J'ignore si c'est M. le duc de Choiseul dont on a voulu parler dans la lettre de Lyon, mais voilà son nom compromis, et me voilà accusé d’avoir insulté trois magistrats sous le nom de Michaut et de Michette, noms que je n'ai jamais sus, ni prononcés, ni écrits à personne .M. le duc de Choiseul me rendra bien la justice que de toutes les autres lettres que j'ai eu l'honneur de lui écrire , il n'y en a pas une seule où je lui aie parlé de Michette et de Michaut, ou Michaud et Michel, car j’ignore comment on écrit ces noms ridicules . J'ai un neveu conseiller au Parlement qui connaît parfaitement l'horrible injustice que j'essuie, ainsi que toute ma famille .
J'apprends dans ce moment par des hommes qui sont à la tête [de] la littérature, qu'il court des fragments de ce poème, et que la calomnie redouble contre moi .
Je vous conjure avec toute la franchise que vous me connaissez, de me rendre la justice qui m'est due . Si je finis mes jours en paix c'est à vous que je devrai cette consolation ; mon innocence vous est entièrement connue . J'attends dans une si cruelle conjoncture toutes les bontés que mon amitié, mon estime et mon malheur me mettent en droit de vous demander . Vous pouvez par vous-même et par vos amis étouffer un bruit si dangereux et si calomnieux . Ma douleur, quelque grande qu'elle soit, n'égalera pas la reconnaissance avec laquelle je serai jusqu’au dernier moment de ma vie, monsieur, votre très humble et très obéissant serviteur
Voltaire. »
1 Original, légèrement endommagé ( comte de Foy, à Compiègne).
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