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06/09/2025

Quelques fanatiques n’en sont pas si contents, mais c’est qu’ils n’ont ni esprit ni mœurs . Aussi n’est-ce pas pour ces monstres que l’on écrit, mais contre ces monstres

... Quand parler français est aussi un art .

 

 

« A Joseph Audra

Le 26 mars [1770] 1

Mon cher philosophe, c’est apparemment depuis que je suis capucin que vous me croyez digne d’entrer dans des disputes théologiques. Vous n’ignorez pas qu’ayant obtenu de M. le duc de Choiseul une gratification pour les capucins de mon pays, frère Amatus d’Alamballa, notre général résidant à Rome, m’a fait l’honneur de m’agréger à l’ordre . Mais je n’en suis pas plus savant.

J’attends toujours, avec la plus grande impatience, le mémoire de M. de Lacroix, en faveur de Sirven. Je vous prie de vouloir bien me mander si Sirven a reçu quinze louis d’or que je lui envoyai à la réception de votre dernière lettre.

Je suis toujours bien malade. La justification entière de Sirven, et ce coup essentiel porté au fanatisme, me feront plus de bien que tous les remèdes du monde. On m’a mis au lait de chèvre, mais j’aime mieux écraser l’hydre.

Amusez mes confrères, les maîtres des jeux floraux, de ces petits versiculets 2 ; vous verrez qu’ils sont d’un capucin bien résigné.

Donnez-moi votre bénédiction, et recevez celle de

Frère François, capucin indigne.

P. -S. -- M. d’Alembert est bien content de votre abrégé de mon Essai sur l’Histoire générale de l’Esprit et des Mœurs des nations. Quelques fanatiques n’en sont pas si contents, mais c’est qu’ils n’ont ni esprit ni mœurs . Aussi n’est-ce pas pour ces monstres que l’on écrit, mais contre ces monstres. »

1 Copie Beaumarchais-Kehl ; copie contemporaine ; l'original est passé à la vente Charavay à Paris le 17 avril 1880 ; éd. Kehl.

2 Voir lettre du 21 mars 1770 à Saurin :

Il est vrai, je suis capucin...

je crois que la charité chrétienne ne me défend pas de souhaiter qu’il soit pendu, et que l’archevêque le confesse à la potence

... Qu'il en soit ainsi de chacun de ces agresseurs sexuels ayant quelque fonction religieuse, y compris évêques et archevêques, une haute fonction n'étant pas gage de sainteté .

 

 

« A Charles-Augustin Ferriol, comte d'Argental

26 mars 1770

Mon cher ange, je vous remercie de tout mon cœur de la consultation de M. Bouvart ; j’avais oublié de vous remercier de Semiramis 1 c’est un vice de mémoire et non de cœur. Je vous ai envoyé 2 un mémoire sur Fréron, qui m’a été adressé par son beau-frère, et qui me paraît bien étrange. Si vous découvrez quelque chose touchant cette affaire, ayez la bonté, je vous prie, de m’en instruire.

Je ne sais aucune nouvelle des grandes opérations de M. l’abbé Terray, je trouve seulement qu’il ressemble à M. Bouvart ; il met au régime.

Je m’amuse actuellement à travailler à une espèce de petite encyclopédie, que quelques savants 3 brochent avec moi. J’aimerais mieux faire une tragédie, mais les sujets sont épuisés, et moi aussi.

Les comédiens ne le sont pas moins ; on ne peut plus compter que sur un opéra-comique.

J’avais fait, il y a quelque temps, une petite réponse 4 à des vers que m’avait envoyés M. Saurin : cela n’est pas trop bon ; mais les voici, de peur qu’il n’en coure des copies scandaleuses et fautives. Je ne voudrais déplaire pour rien du monde ni à mon bon patron saint François, ni à frère Ganganelly.

Comme l’ami Grizel n’est pas de notre ordre, je crois que la charité chrétienne ne me défend pas de souhaiter qu’il soit pendu, et que l’archevêque le confesse à la potence, ce qui ne sera qu’un rendu.

Je me flatte que la santé de Mme d’Argental se fortifie et se fortifiera dans le printemps. Je me mets au bout des ailes de mes deux anges. »

1 Tragédie représentée à Versailles le 14 juillet 1770

3 Bertrand , Christin et Moultou .

Si je n’étais pas depuis longtemps au lit je viendrais moi-même m'informer

... Grasse mat' du WE . Les infos attendront . Il sera toujours temps de connaitre les misères du monde .

 

« A Marie-Anne Deprez de Crassier

23è mars 1760 [1770] à Ferney 1

Madame,

Nous sommes pénétrés, ma nièce et moi, des procédés nobles de monsieur de Crasser et des vôtres. Si je n’étais pas depuis longtemps au lit je viendrais moi-même m'informer de la santé de monsieur de Crassier, et vous assurer du respectueux dévouement avec lequel j'ai l'honneur d'être,

madame,

votre très humble et très obéissant serviteur

Voltaire. »

1Original signé ; éd. Cayrol .

L'identification de la destinataire comme le femme de Jean-Baptiste Deprez de Crassier est probable, mais non certaine . L’erreur sur l'année est curieuse ; et pourtant, en mars 1760, V* était aux Délices, non à Ferney . On notera d'autre part qu'après avoir omis de parler des Deprez de Crassier pendant longtemps, V* les mentionne dans une lettre à Mme Du Deffand du 5 mai 1770 : https://fr.wikisource.org/wiki/Correspondance_de_Voltaire/1770/Lettre_7875