09/09/2012
En fait d'amour, il faut parler et faire
... L'un et l'autre sont parfaitement nécessaires, variables, inconstants, faciles ou non, au fil du temps .
« A M. DE CHENEVIÈRES 1.
[décembre 1756]
Grand merci, mon cher confrère, de votre petite pastorale 2.
Vous possédez la langue de Cythère;
Si vos beaux faits égalent votre voix,
Vous êtes maître en l'art divin de plaire.
En fait d'amour, il faut parler et faire;
Ce dieu fripon ressemble assez aux rois
Les bien servir n'est pas petite affaire.
Hélas il est plus aisé mille fois
De les chanter que de les satisfaire.
Il se peut pourtant que vous ayez autant de talents pour le service de Mysis 3 que vous en avez pour faire de jolis vers en ce cas, je vous fais réparation d'honneur.
Si vous avez quelque nouvelle intéressante, je vous prie de m'en faire part, quoique en prose. Je vais faire lire Mysis à Mme Denis la paresseuse, qui n'écrit point, mais qui vous aime véritablement. »
1 François de Chenevières, premier commis au bureau de la guerre, né le 22 novembre 1699, à la Rochefoucauld, mort le 13 novembre 1779, a publié Détails militaires, 1750-68, six volumes in-12°, et les Loisirs de M. de C* 1764, deux volumes petit in-12°. (Beuchot.) Voir : http://fr.wikipedia.org/wiki/Fran%C3%A7ois_de_Chennevi%C3%A8res
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08/09/2012
Il est triste pour la capitale qu'elle n'ait pas assez d'émulation pour imiter au moins la province.
... Pourquoi mon démon intérieur me souffle-t-il quelques paroles d'une chanson de Brassens ? Le subconscient est décidément un grand maître de l'humour/humeur noir(e) .
http://www.youtube.com/watch?v=IKGl2mWju_4&feat...
Ne m'en tenez pas rigueur !
Sourire malgré tout, pour ne pas pleurer .
« A M. PALISSOT.
30 novembre [1756].
Votre lettre, monsieur, est venue très à propos pour me consoler du départ de M. d'Alembert et de M. Patu. Ils ont passé quelques jours dans mon ermitage 1, qui est un peu plus agréable que vous ne l'avez vu 2. Il mériterait le nom qu'il porte si j'y jouissais d'un peu de santé. Pardonnez à l'état où je suis, si je ne vous écris pas de ma main. Je dois sans doute à votre amitié les bontés dont M. le duc d'Ayen 3 et Mme la comtesse de La Marck veulent bien m'honorer; je me flatte que vous voudrez bien leur présenter mes très-humbles remerciements. Je suis si sensible à leur souvenir que je prendrais la liberté de leur écrire si je n'étais pas tenu au lit par mes souffrances, qui ont beaucoup redoublé. Mon dessein était d'accompagner M. Patu jusqu'à Lyon, et d'y entendre Mlle Clairon sur le plus beau théâtre de France. Il est triste pour la capitale qu'elle n'ait pas assez d'émulation pour imiter au moins la province. Adieu, monsieur; conservez- moi les sentiments d'amitié que vous me témoignez. Je vous assure qu'il me sont bien chers.
M. Vernes 4, qui vient de m'envoyer votre adresse, que vous ne m'aviez pas donnée, vous fait ses compliments. »
3 Louis de Noailles, né à Versailles le 21 avril 1713; connu, de 1737 à 1766, sous le titre de duc d'Ayen, et ensuite sous celui de duc de Noailles; nommé maréchal de France le 30 mars 1777. La Correspondance contient, à son adresse, une lettre du 30 mars 1777. La comtesse de La Marck (Marie-Anne-Françoise de Noailles), nommée dans la lettre du 1er décembre 1755, à Palissot, était une des soeurs du duc d'Ayen. (CL.) Voir : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2012/04/22/c-est-le-jugement-dernier-pour-ce-pays-la-il-n-y-a-manque-qu.html
4 Jacob Vernes, auquel est adressée la lettre du 9 février 1755 : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2011/11/24/je-deteste-l-intolerance-et-le-fanatisme-je-respecte-vos-loi.html
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07/09/2012
il est difficile d'être court et plein, de discerner les nuances, de ne rien dire de trop et de ne rien omettre
... Comme disaient Passe-Partout et Passe-Muraille après leur douzième pastis en compagnie du père Fouras .
Je n'en dirai pas plus à ce propos , afin de ne pas vous ennuyer, mais sachez cependant qu'il s'en passe de belles à Fort Boyard quand les tigres sont encagés . Il en est qui m'ont affirmé que le fort tanguait (Félindra et la Luciole ), et je n'en doute pas .
« A M. D'ALEMBERT.
29 novembre [1756].
J'envoie, mon cher maître, au bureau qui instruit le genre humain, Gazette, Généreux, Genre de style, Gens de lettres, Gloire et Glorieux, Grand et Grandeur, Goût, Grâce, et Grave 1.
Je m'aperçois toujours combien il est difficile d'être court et plein, de discerner les nuances, de ne rien dire de trop et de ne rien omettre. Permettez-moi de ne traiter ni Généalogie ni Guerre littéraire; j'ai de l'aversion pour la vanité des généalogies je n'en crois pas quatre d'avérées, avant la fin du XIIIe siècle, et je ne suis pas assez savant pour concilier les deux généalogies absolument différentes de notre divin Sauveur 2.
A l'égard des Guerres littéraires, je crois que cet article, consacré au ridicule, ferait peut-être un mauvais effet à côté de l'horreur des véritables guerres. Il conviendrait mieux au mot Littéraire, sous le nom de Disputes littéraires, car, en ce cas, le mot guerre est impropre, et n'est qu'une plaisanterie.
Je me suis pressé de vous envoyer les autres articles, afin que vous eussiez le temps de commander Généalogie à quelqu'un de vos ouvriers. On a encore mis ce maudit article Femme dans la Gazette littéraire de Genève, et on l'a tourné en ridicule tant qu'on a pu. Au nom de Dieu, empêchez vos garçons de faire ainsi les mauvais plaisants croyez que cela fait grand tort à l'ouvrage. On se plaint généralement de la longueur des dissertations; on veut de la méthode, des vérités, des définitions, des exemples.
On souhaiterait que chaque article fut traité comme ceux qui ont été maniés par vous et par M. Diderot.
Ce qui regarde les belles-lettres et la morale est d'autant plus difficile à faire que tout le monde en est juge, et que les matières paraissent plus aisées c'est là surtout que la prolixité dégoûte le lecteur.
Voudra-t-on lire dans un dictionnaire ce qu'on ne lirait pas dans une brochure détachée? J'ai fait ce que j'ai pu pour n'être point long mais je vous répète que je crains toujours de faire mal, quand je songe que c'est pour vous que je travaille. J'ai tâché d'être vrai c'est là le point principal.
Je vous prie de me renvoyer l'article Histoire, dont je ne suis point content, et que je veux refondre, puisque j'en ai le temps. Vous pourriez me faire tenir ce paquet contre-signé chancelier, à la première occasion.
Vous ou M. Diderot, vous ferez sans doute Idée et Imagination; si vous n'y travaillez pas, et que la place soit vacante, je suis à vos ordres. Je ne pourrai guère travailler à beaucoup d'articles d'ici à six ou sept mois j'ai une tâche un peu différente à remplir mais je voudrais employer le reste de ma vie à être votre garçon encyclopédiste. La calomnie vient de Paris par la poste me persécuter au pied des Alpes. J'apprends qu'on a fait des vers sanglants 3 contre le roi de Prusse, qu'on a la charité de m'imputer. Je n'ai pas sujet de me louer du roi de Prusse mais, indépendamment du respect que j'ai pour lui, je me respecte assez moi-même pour ne pas écrire contre un prince à qui j'ai appartenu.
On dit que La Beaumelle et d'Arnaud ont fait imprimer une Pucelle de leur façon, où tous ceux qui m'honorent de leur amitié sont outragés; cela est digne du siècle. Il y aura un bel article de Siècle à faire, mais je ne vivrai pas jusque-là. Je me meurs je vous aime de tout mon cœur et autant que je vous estime.
Mme Denis vous en dit autant. »
1 Voir ces articles dans le Dictionnaire philosophique : voir : http://www.lechasseurabstrait.com/revue/spip.php?article7930
et : http://www.monsieurdevoltaire.com/390-categorie-10997180.html
3 Voir lettre du 9 novembre à Mme de Klinglin : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2012/08/31/pourquoi-donc-les-francs-les-gaulois-ne-marchent-ils-pas.html
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06/09/2012
je regarderais comme une démence bien condamnable à mon âge des plaisanteries qui ont pu m'amuser il y a trente ans
... Mais , soit démence sénile prématurée, soit Alzheimer, je n'ai pas en mémoire des plaisanteries de trente ans que je puisse condamner de nos jours .
Il est vrai qu'une activité de père de famille banale ne permet pas d'écarts plaisants qu'on doive regretter avec le recul . Sage , trop sage .Tant pis !
Les plaisanteries que je peux pratiquer actuellement seront couvertes par la prescription avant que je sois à même de les condamner . Heureusement !
Des deux, lequel/laquelle est le/la plus joyeux/se ?
Black is black !
http://www.youtube.com/watch?v=VVWNZPOUhO8
« A M. Pierre ROUSSEAU 1
à Liège.
Aux Délices, 28 novembre [1756].
J'ai vu dans votre journal de novembre, monsieur, des vers qu'on m'attribue 2; ils commencent ainsi
C'est par ces vers, enfants de mon loisir,
Que j'égayais les soucis du vieil âge;
0 don du ciel, etc.
Sans examiner si ces vers sont bons ou mauvais, je peux vous jurer, monsieur, que non-seulement je n'en suis pas l'auteur, mais que je regarderais comme une démence bien condamnable à mon âge des plaisanteries qui ont pu m'amuser il y a trente ans. Ceux qui achèvent ainsi sous mon nom des ouvrages si peu décents sont assurément plus coupables que je ne le serais d'en faire mon occupation. Je ne me reconnais dans aucune des éditions qui ont paru du petit poème dont vous me parlez. J'ai encore vu dans vos précédents journaux une prétendue lettre de moi à M. le maréchal de Richelieu, où il est dit qu'on a perdu le Pinde 3 je n'ai jamais écrit cette lettre. Plus j'estime votre
journal, qui ne me parait fait que pour la vérité, et plus je crois de mon devoir de vous la faire connaître.
Je reçois dans ce moment une lettre de M. de Caussade 4, datée de Liège. Il me parle d'un projet d'abréger et de rectifier les Mémoires de Mme de Maintenon 5. Tout ce que je peux répondre, c'est
qu'il n'y a dans ces Mémoires que des choses triviales, entièrement défigurées, ou des anecdotes entièrement fausses. On peut s'en convaincre par les dates seules des événements. Ces sortes
d’ouvrages excitent d'abord la curiosité, et tombent ensuite dans un éternel oubli.
Je fais mes compliments à M. de Caussade, et j'ai l'honneur d'être, etc. »
1 Voir lettre du 12 novembre 1755 : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2012/04/19/la-maniere-dont-vous-ecrivez-est-un-sur-garant-de-la-bonte-d.html
2 Ces vers sont l'épilogue de l'édition de 1756; ils sont maintenant placés avec les variantes du XXIè chant de La Pucelle d'Orléans . Voir : http://www.monsieurdevoltaire.com/article-la-pucelle-d-orleans-chant-vingt-et-unieme-86642161.html
3 Voir : http://fr.wikipedia.org/wiki/Pinde
4 Prévost de La Caussade : voir : page 100 http://books.google.fr/books?id=Vz7MYIQgNPgC&pg=PA100&lpg=PA100&dq=monsieur+de+caussade+%C3%A0+li%C3%A8ge&source=bl&ots=bKGkww-YAK&sig=8ZS1_bxHgxmMsVicsAcIS_Rfu0k&hl=fr#v=onepage&q=monsieur%20de%20caussade%20%C3%A0%20li%C3%A8ge&f=false
5 Éditées par Laurent Angliviel de La Beaumelle, une des raisons qui l'ont mené à la Bastille . Voir : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k206443s/f3.image.r=...
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05/09/2012
l'esprit se flétrit par la douleur
... Il n'y a guère que dans les livres, dans la Bible, que la douleur est source de plénitude . Quelle "coïonnerie" que l'autoflagellation , pour autant que l'on ne soit masochiste, bien sur ! Dans ce cas, je pense que c'est un esprit flétri qui martyrise un corps insupportable . Ni sadique, ni masochiste , je me contente d'une saine "normalité" qui suffit à mon bonheur .
« A M. le comte d'ARGENTAL.
Aux Délices, 28 novembre [1756].
Comment voulez-vous, mon cher ange, que je fasse des Zulime et des chevaleries, quand les calomnies de Paris viennent me glacer dans mes Alpes ? Cette infâme édition que La Beaumelle et d'Arnaud avaient, dit-on, faite de concert, n'a que trop de cours. Je vois les personnes à qui je suis le plus attaché, attaquées indignement sous mon nom. Mme de Pompadour y est outragée d'une manière infâme et comment encore se justifier de ces horreurs? comment écrire à Mme de Pompadour une lettre qui ferait rougir et celui qui l'écrirait et celle qui la recevrait ? On parle aussi de vers sanglants contre le roi de Prusse, que la même malignité m'impute 1. Je vous avoue que je succombe sous tant de coups redoublés. Le corps ne s'en porte pas mieux, et l'esprit se flétrit par la douleur. S'il me restait quelque génie, pourrais-je mettre à travailler un temps qu'il faut employer continuellement à détruire l'imposture ? Je n'ai plus ni santé, ni consolation, ni espérance et je n'éprouve, au bout de ma carrière, que le repentir d'avoir consacré aux belles-lettres une vie qu'elles ont rendue malheureuse. Si je m'étais contenté de les aimer en secret, si j'avais toujours vécu avec vous, j'aurais été heureux; mais je me suis livré au public, et je suis loin de vous: cela est horrible. »
1 Voyez la lettre du 9 novembre 1756 à Mme de Klinglin. : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2012/08/31/pourquoi-donc-les-francs-les-gaulois-ne-marchent-ils-pas.html
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04/09/2012
La France joue à présent un beau rôle dans l'Europe. On sent encore mieux cette gloire dans les pays étrangers qu'à Paris
... 1756 ?
... 2012 ?
Les deux mon général ! En tout cas, c'est ce que je souhaite, je n'aimerais pas que ce soient des images de politique-fiction .
Pour le "respect" des Anglais évoqué ci-dessous , je veux bien attendre, mais pas trop longtemps quand même .
Comme j'ai quelques faiblesses, en voici une ; je vous laisse le soin de trouver ma voiture
Un indice musical : http://www.youtube.com/watch?v=L9nliELzH64
« A M. T H I E R I O T.
Aux Délices, 28 novembre [1756].
Je suis persuadé, mon ancien ami, que vous ne serez pas privé du petit legs que vous a fait Mme de La Popelinière 1. Son mari, qui en avait usé si généreusement avec elle, en usera de même avec vous. Il aime à faire des choses nobles. Je compterais autant sur son caractère que sur son billet. Je n'ose vous prier d'ajouter au petit paquet de livres que vous m'envoyez cette infâme édition de la Pucelle qu'on dit faite par La Beaumelle et par d'Arnaud 2. Je ne devrais pas infecter mon cabinet de ces horreurs; mais il faut tout voir. Je me flatte que les honnêtes gens ne m'imputeront pas de telles indignités. En vérité, il faudrait faire un exemple de ceux qui en imposent ainsi au public, et qui répandent le scandale sous le nom d'autrui.
On me parle encore de je ne sais quels vers 3 qui courent contre le roi de Prusse. Ceux qui me soupçonnent me connaissent bien mal. C'est le comble de la lâcheté d'écrire contre un prince à qui on a appartenu.
Je vous fais mon compliment de quitter vos moines 4. Il n'y a que leur bibliothèque de bonne et vous avez à deux pas celle du roi, qui est meilleure.
Mes respects à Mme de Sandwich 5; je crois qu'elle n'est pas fâchée des humiliations que les whigs essuient 6. La France joue à présent un beau rôle dans l'Europe. On sent encore mieux cette gloire dans les pays étrangers qu'à Paris. On entend la voix libre des nations elles parlent toutes avec respect, jusqu'aux Anglais mêmes; il leur manquait d'être humbles.
Adieu; la goutte et la calomnie me tracassent. Je vous embrasse. »
2 Voltaire a reconnu son erreur quant à d'Arnaud; voir lettre du 19 décembre 1756 à Thieriot : page 141 : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k411355v/f144.image :
« Ceux qui m'avaient mandé, mon ancien ami, que La Beaumelle et d'Arnaud avaient fabriqué cette œuvre d'iniquité, se sont trompés, du moins à l'égard de d'Arnaud. Il n'est pas possible qu'un homme qui sait faire des vers ait pu en griffonner de si plats et de si ridicules. »
3 La pièce en vers « 0 Salomon du Nord. » dont il est déjà question dans la lettre du 9 novembre à Mme de Klinglin : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2012/08/31/pourquoi-donc-les-francs-les-gaulois-ne-marchent-ils-pas.html
Voir tome X., page 557 , poésie 12 :http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k4113266/f559.image.r=o+salomon+du+nord
6 16 Novembre 1756 : Début du ministère whig de William Cavendishduc de Devonshire, premier ministre du Royaume Uni (fin en 1757). En fait c'est William Pitt, appelé en novembre qui va diriger la guerre selon son programme de réveil national, partageant le pouvoir avec Newcastle et Fox .
Voir : http://fr.wikipedia.org/wiki/Parti_whig_(Royaume-Uni)
et : http://fr.wikipedia.org/wiki/William_Cavendish_(4e_duc_de...)
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03/09/2012
au printemps, cent cinquante mille court-vêtus de Prussiens, traînant après eux les Saxons pour leur faire la cuisine
... Vision dantesque ! à moins que ça ne se passe sur des plages, le Prussien n'étant pas frileux peut affronter une eau à 13° et goûter la cuisine saxonne sans coup férir .
http://www.sachsen.de/fr/240.htm
Cela est un rêve d'hotelier, un cauchemar de restaurateur, un souhait de plagiste . S'il y en a plus de cent cinquante mille, tant mieux pour notre balance commerciale . Question existencielle : ces cent cinquante mille paires de mollets teutons seront-elles accompagnées de cent cinquante mille paires de tétons teutons ?
Mollet : http://www.keldelice.com/guide/specialites/le-gateau-mollet
Mollets : http://fr.wiktionary.org/wiki/yccroy
« A madame de Klinglin, comtesse de Lutzelbourg.
Aux Délices, 23 novembre [1756].
Ah! madame, je ne compte pas sur les Russes; qui les payerait ? Mais s'ils veulent se payer par leurs mains, ce seront de chers barbares. Dieu aide et bénisse Marie-Thérèse ! Mais je vois contre elle, au printemps, cent cinquante mille court-vêtus de Prussiens, traînant après eux les Saxons pour leur faire la cuisine; je vois les Hanovriens, les Hessois, et des guinées. Il fallait avoir mieux pris ses mesures; toutefois j'espère encore en la Providence. Le dernier mémoire de Salomon, avec pièces justificatives 1, en impose beaucoup; il faut lui opposer des succès; les raisons ne donnent pas un pouce de terrain. On m'a envoyé bien des papiers tous sont inutiles. Vivons doucement. Prions Dieu pour Marie, vous, votre amie, et moi. Si vous savez quelque chose, souvenez-vous de l'ermite qui vous est attaché jusqu'au tombeau."
1 C'est le comte de Hertzberg, né en 1725, mort en 1795, qui est auteur du Mémoire raisonné sur la conduite des cours de Vienne et de Saxe, et sur leurs desseins dangereux contre le roi de Prusse, avec les pièces originales et justificatives qui en fournissent les preuves; 1756, in-4° : http://books.google.fr/books?id=Tve9Ud3mxc4C&printsec=frontcover&hl=fr#v=onepage&q&f=false
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