03/07/2015
Le Parisien trouve toujours le moyen d'être heureux au milieu des malheurs publics, et cantilenis miserias solabantur
...
« A Élie Bertrand , premier pasteur
de l’Église française
à Berne
Je ne crois pas, mon cher philosophe qu'il y ait un plus mauvais correspondant que moi . Je ne vous ai point répondu parce que de jour en jour je me suis flatté de partir pour la cour palatine, mais quand on a des maçons et des charpentiers on n'est plus son maître . Le moissons sont venues . Je ne sais plus quand je pourrai faire ce voyage . Si je ne pars pas j'écrirai pour le cabinet 1 de la manière la plus engageante que je pourrai imaginer ; l'envie de servir ses amis arrondit le style et échauffe le cœur . L'histoire naturelle cède pour le présent à l'histoire de la guerre . Les princes ne se sont occupés que de la façon dont le roi de Prusse succombera ou se tirera d'affaire . On dit qu'on a envoyé le landgrave de Hesse prisonnier à Stade . Il était déjà dans ses États . Ce prince était confesseur, le voilà martyr . Cela est bien plus beau que d'être landgrave .
On fait à Paris la guerre des brochures . Les Palissot, les Pompignan sont un peu battus en vers et en prose . Cela amuse les badauds de Paris qui s'occupent plus de ces bagatelles que de ce qui se passe en Silésie . Le Parisien trouve toujours le moyen d'être heureux au milieu des malheurs publics, et cantilenis miserias solabantur 2 .
Adieu mon cher philosophe . Je m'imagine que vous êtes à la campagne avec les deux personnes de Berne 3 à qui je suis le plus dévoué . Présentez-leur mes tendres respects je vous en prie .
V.
5è juillet [1760]4»
1 Voir lettre du 2 avril 1760 à Bertrand : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2015/04/03/c-est-un-fripon-artificieux-et-insolent-qui-leur-attirera-qu-5596042.html
V* semble avoir d'abord écrit votre cabinet .
2 Et ils se consolaient de leurs malheurs par des chants . Cette phrase latine semble avoir été ajoutée après coup .
3 Les Freudenreich .
4 Date complétée par Bertrand .
16:14 | Lien permanent | Commentaires (0)
02/07/2015
Contremandez vos Anglais je vous en prie caro Gabriele car ils ne trouveront personne
... Si jamais ils sortent de la CEE !
« A Gabriel Cramer
[juin/juillet 1760] 1
Vraiment j'avais oublié que nous allions aujourd'hui dîner chez Me d'Albertas, et que nous lui donnons à souper . Contremandez vos Anglais je vous en prie caro Gabriele car ils ne trouveront personne . Je vous prie de ne pas laisser aller ailleurs Le Russe parisien, et vale . »
1 La date est déduite de la référence au Russe parisien .
18:15 | Lien permanent | Commentaires (0)
Paris est, l'hiver et l'été, le centre du ridicule
... Je confirme !
« A Marie-Ursule de Klinglin , comtesse de
Lutzelbourg
à l'île Jard
à Strasbourg
Vous m'avez envoyé, madame, la plus grosse face qui soit à Strasbourg . Oh que ce Flocart a bien l'air du secrétaire d'un intendant ! Je l'ai reçu de mon mieux . Il m'a paru enchanté de mon pays . En effet c'est la plus jolie nature du monde, et personne ne se vante d’avoir une plus belle situation que moi . Je voulais cependant la quitter , mais je suis arrêté par mes bâtiments jusqu'au mois de septembre . J'espère bien avoir l'honneur de vous faire ma cour à l'île Jard . Je ne sais pas encore bien positivement si on a repris la ville de Québec . En tout cas cela n'est bon à reprendre que l'été . Je ne vois pas ce qu'on peut faire de ce vilain pays en hiver .
Paris est, l'hiver et l'été, le centre du ridicule . Ramponneau, cabaretier de La Courtille, a occupé la cour et la ville . Les convulsionnaires qui se crucifient ont un grand parti , et La Tournelle ne sait pas trop comment les juger . Les jésuites sont poursuivis par les apothicaires pour avoir vendu du vert-de-gris 1, et sont accusés d’empoisonner les corps après l'avoir été jadis d'empoisonner les âmes . On s'est mangé le blanc des yeux pour une mauvaise comédie . Tout cela est bon, mais il nous faudrait la paix et de l'argent .
Portez-vous bien madame, et vivez pour voir des temps plus heureux et moins sots .
V.
Aux Délices 2 juillet [1760] »
1 On avait saisi des drogues, à la requête des apothicaires , chez les jésuites de la rue Saint-Antoine le 14 mai 1760 ; V* fait état de ce fait dans le Pot pourri .
18:05 | Lien permanent | Commentaires (0)
quand pourra-t-il lui faire l'honneur de venir dîner aux Délices avec Mme
18:02 | Lien permanent | Commentaires (0)
si les communes lui font tort c'est à elles seules qu'il doit s'en prendre
...
« A Pierre Pictet
[vers 1760]1
Mon cher voisin, voici une pièce qui je crois répond à tout . Vous connaissez mon attachement respectueux pour tout ce qui porte votre nom, et particulièrement 2 pour M. le colonel Pictet qui m'a toujours honoré de ses bontés . S'il m'avait instruit plus tôt, j'aurais exécuté plus tôt ses volontés . Vous voyez bien qu'il ne doit pas s'en prendre à moi , et que si les communes lui font tort c'est à elles seules qu'il doit s'en prendre . Au reste il n'y aura jamais d'occasion où je ne lui donne toutes les preuves possibles de mon dévouement . Recevez mes tendres respects . Nous avons à dîner toute votre aimable famille , mais je ne pourrai boire à votre santé, attendu que je ne peux manger ni boire .
V. »
1 La lettre a été écrite dans un moment où V* est encore dans les meilleurs termes avec Charles Pictet, ce qui infirme l'hypothèsede Havens, lequel la met en rapport avec les évènements du début 1762 .
2 V* a d'abord commencé à écrire surt(out).
17:56 | Lien permanent | Commentaires (0)
faire sentir à l'insolent curé de Versoy qu'il ne lui appartient pas de vous empêcher de rendre des visites à une fille
... Est-il encore des curés ainsi faits ? Oui, hélas .
Est-il des filles qui rendent visite au(x) garçon(s) ? Oui, heureusement, peut-être .
« A Louis-Amable Deprez de Crassier
Vous m'avez promis, monsieur, vos bons offices dans l'occasion . Je vous en demande un avec instance . C'est de faire sentir à l'insolent curé de Versoy qu'il ne lui appartient pas de vous empêcher de rendre des visites à une fille . Ces drôle-là se mettent à faire la police . Il faut leur apprendre à ne se mêler que de dire la messe . Je vous demande cette grâce instamment .
Votre très humble obéissant serviteur
V.
Aux Délices [vers 1760] 1»
1 On trouve des éditions datant cette lettre de 1764 ?, changé en 1761, probablement par une confusion entre les curé de Moëns et de Versoy .
17:50 | Lien permanent | Commentaires (0)
il est à présumer que cette bêtise insolente n'a fait nul bruit mais il est bon de voir si demain on n'en parlera pas
... C'est ce à quoi aurait dû/devrait réfléchir Marine Le Pen un peu plus souvent !
« « A Gabriel Cramer
[vers 1760 ] 1
Je crois que mon cher Gabriel devrait passer aujourd'hui chez Duvillard 2 pour voir si la gazette de demain ne parle pas des frères Cramer, et supprimer l'article . La dernière n'en dit mot . Cependant il y a un article du 6 Paris . L'impertinence est du 3 . donc il est à présumer que cette bêtise insolente n'a fait nul bruit mais il est bon de voir si demain on n'en parlera pas .
Je pense qu'il faut célérité pour ce que vous savez, et serez bien en cour . Quid nunc 3? »
1 Le manuscrit olographe a appartenu à Flaubert ; la date proposée est approximative ; sur la troisième page, V* a écrit « bravo cela coûtera. »
2 Emmanuel Duvillard avait obtenu le 24 juin 1752 la permission d'imprimer une Feuille d'avis ; il possédait déjà l'autorisation de vendre la Gazette de Hollande . Les premiers exemplaires conservés de la Feuille d'avis ne remontant qu'à 1774, il est impossible de savoir à que numéro se réfère V*.
3 Et quoi maintenant ?
17:45 | Lien permanent | Commentaires (0)