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05/02/2019

Vous rendrez du moins justice à mes intentions ; je voulais qu’aucune voix ne manquât

... lors du RIC que je vous propose" espère Emmanuel Macron en rencontrant les dirigeants politiques . C'est supposer que les Français savent encore/enfin compter et juger de ce qui est faisable : le rêve !

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 Oui ! je vous le demande . L'enfer est pavé de bonnes intentions, dites-vous ? Et je vais prendre ces pavés sur le coin de la figure ? merci les gilets jaunes !

 

 

« A Jean-François Marmontel, de l'Académie française

chez madame de Geoffrin

à Paris

28è janvier 1764

Puisque les choses sont ainsi 1, mon cher ami, je n’ai qu’à gémir et à vous approuver. Vous rendrez du moins justice à mes intentions ; je voulais qu’aucune voix ne manquât à vos triomphes 2. Ce que vous m’apprenez me fait une vraie peine. Je me consolerai si la littérature jouit à Paris de la liberté sans laquelle elle ne peut exister ; si la philosophie n’est point persécutée ; si une secte affreuse de rigoristes ne succède pas aux jésuites ; si le petit lumignon de raison que vous contribuez à ranimer dans la nation ne vient pas bientôt à s’éteindre. On dit qu’un pédant de l’université écrit déjà contre l’Esprit des Lois 3. Le principal mérite de ce livre est d’établir le droit qu’ont les hommes de penser par eux-mêmes. Voilà les vraies libertés de l’Église gallicane qu’il faut que votre aimable coadjuteur de Strasbourg 4 soutienne. Il y aura toujours en France une espèce de sorciers vêtus de noir qui s’efforceront de changer les hommes en bêtes ; mais c’est à vous et à vos amis à changer les bêtes en hommes. On dit que ce Bougainville, à qui un homme de tant de mérite a succédé 5, n’était en effet qu’une très méchante bête, que c’était lui qui avait accusé Boindin d’athéisme, et qui l’avait persécuté même après sa mort. Si cela est, ce malheureux, connu seulement par une plate traduction d’un plat poème, méritait quelques restrictions aux éloges que vous lui avez donnés. Il se trouve que l’auteur et le traducteur étaient persécuteurs.

L’auteur de l’Anti-Lucrèce 6 sollicita l’exclusion de l’abbé de Saint-Pierre 7, et le translateur prosaïque de l’Anti-Lucrèce 8 priva Boindin de l’éloge funèbre qu’il lui devait 9. Cet Anti-Lucrèce m’avait paru un chef-d’œuvre quand j’en entendis les quarante premiers vers récités par la bouche mielleuse du cardinal ; l’impression lui a fait tort ; j’aime mieux un de vos contes moraux 10 que tout l’Anti-Lucrèce. Vous devriez bien nous faire des contes philosophiques, où vous rendriez ridicules certains sots et certaines sottises, certaines méchancetés et certains méchants ; le tout avec discrétion, en prenant bien votre temps, et en rognant les ongles de la bête quand vous la trouverez un peu endormie.

Faites mes compliments à tous nos frères qui composent le pusillum gregem 11. Que nos frères s’unissent pour rendre les hommes le moins déraisonnables qu’ils pourront ; qu’ils tâchent d’éclairer jusqu’aux hiboux, malgré leur haine pour la lumière . Vous serez bénis de Dieu et des sages.

Madame Denis et moi nous vous serons toujours bien attachés. »



2 Le duc de Pralin était contre l'élection de Marmontel .

3 Jean-Baptiste-Louis Crevier : Observations sur le livre de l'Esprit des lois .

4 Le prince Louis de Rohan .

5 « L'homme de mérite » est Marmontel

8 C'est Jean-Pierre de Bougainville qui a traduit du latin L'Anti-Lucrèce de Melchior de Polignac, 1749 . V* a aussi dans sa bibliothèque trois exemplaires de l'Anti-Lucretius . Voir : https://books.google.fr/books?id=fYCaQKnt2gUC&printsec=frontcover&hl=fr&source=gbs_ge_summary_r&cad=0#v=onepage&q&f=false

9 Boindin, athée notoire, ne reçut pas , quand il mourut le 30 novembre 1751 , de sépulture ecclésiastique . On lui refusa aussi l'éloge d'usage à l'Académie des inscriptions et belles lettres dont il était membre .

10 Les Contes moraux, 1763 qui créèrent une sorte de sous-genre du conte . Voir : https://journals.openedition.org/feeries/413?lang=fr

11 Timide troupeau .

On est irrité des remontrances, et on invite à en faire ; ce monde est gouverné par des contradictions

... Constat d'une irritante actualité, fait par un homme qui savait tout à la fois rire des frivolités et lutter contre les injustices , Voltaire ! Pas un mot n'est à changer pour décrire l'état de la France de 2019, tristounet et vain .

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Avenir ?

 

 

« A Jean Ribote-Charron etc.

à Montauban

27è janvier 1764

D'une main on donne le fouet aux parlements, et de l'autre on les caresse ; on déclare que les commandants n'ont fait qu'obéir aux ordres supérieurs, et on les rappelle . On chasse les jésuites, et on en garde quatorze à la cour qui confessent, ou font semblant de confesser . On est irrité des remontrances, et on invite à en faire ; ce monde est gouverné par des contradictions . Nous verrons quelle contradiction résultera du procès des Calas qui est actuellement sur le bureau . Est-il vrai que votre parlement s'est avisé de casser l'arrêt de celui de Paris qui cassait le décret d'appréhension au corps du duc commandant de la province 1?

S'il y a quelque sottise nouvelle, monsieur Ribote est prié d'en faire part à celui qui rit de toutes les sottises qui sont frivoles, et qui tâche de réparer celles qui sont barbares. »

04/02/2019

On n’est occupé que des énormes sottises qu’on fait de tous côtés : Le raisonner tristement s’accrédite . Comment voulez-vous que la société soit agréable avec tout ce fatras pédantesque ?

... Quand reviendra l'heureux temps, s'il en fût un, où l'on cessera d'ergoter sur tous les désagréments de la vie .

Je n'en dirai pas plus pour n'ajouter aucune matière aux  donneurs de leçons . Le "grand débat" tourne à grand débit pour le grand plaisir des papetiers et imprimeurs, les affaires reprennent .

 Pour mémoire et sourire, un destructeur d'idioties, remarquable Pierre Desproges : https://www.youtube.com/watch?v=ejVrbqEUnec

 

 

 

« A Marie de Vichy de Chamrond, marquise du Deffand

27è janvier 1764 aux Délices 1

Oui, je perds les deux yeux : vous les avez perdus,

O sage du Deffand : est-ce une grande perte ?

Du moins nous ne reverrons plus

Les sots dont la terre est couverte.

Et puis tout est aveugle en cet humain séjour ;

On ne va qu’à tâtons sur la machine ronde.

On a les yeux bouchés, à la ville, à la cour ;

Plutus, la Fortune, et l’Amour,

Sont trois aveugles-nés qui gouvernent le monde.

Si d’un de nos cinq sens nous sommes dégarnis,

Nous en possédons quatre ; et c’est un avantage

Que la nature laisse à peu de ses amis,

Lorsqu’ils parviennent à notre âge.

Nous avons vu mourir les papes et les rois ;

Nous vivons, nous pensons, et notre âme nous reste.

Épicure et les siens prétendaient autrefois

Que ce sixième sens était un don céleste

Qui les valait tous à la fois.

Mais quand notre âme aurait des lumières parfaites,

Peut-être il serait encor mieux

Que nous eussions gardé nos yeux,

Dussions-nous porter des lunettes.

Vous voyez, madame, que je suis un confrère assez occupé des affaires de notre petite république de quinze-vingts. Vous m’assurez que les gens ne sont plus si aimables qu’autrefois . Cependant les perdrix et les gélinottes ont tout autant de fumet aujourd’hui qu’elles en avaient dans votre jeunesse ; les fleurs ont les mêmes couleurs. Il n’en est pas ainsi des hommes . Le fond en est toujours le même, mais les talents ne sont pas de tous les temps ; et le talent d’être aimable, qui a toujours été assez rare, dégénère comme un autre. Ce n’est pas vous qui avez changé, c’est la cour et la ville, à ce que j’entends dire aux connaisseurs. Cela vient peut-être de ce qu’on ne lit pas assez les Moyens de plaire de Moncrif 2. On n’est occupé que des énormes sottises qu’on fait de tous côtés :

Le raisonner tristement s’accrédite 3.

Comment voulez-vous que la société soit agréable avec tout ce fatras pédantesque ?

Vraiment on vous doit l’hommage d’une Pucelle. Un de vos bons mots est cité dans les notes de cet ouvrage théologique (3)4. Il n’y a pas moyen de vous l’envoyer, comme vous dites, sous le couvert de la reine ; et on n’aurait pas même osé l’adresser à la reine Berthe. Mais sachez que, dans le temps présent, il est impossible de faire parvenir aucun livre imprimé des pays étrangers à Paris, quand ce serait le Nouveau Testament 5. Le ministre même dont vous me parlez 6 ne veut pas que j’envoie rien, ni sous son enveloppe, ni à lui-même. On est effarouché, et je ne sais pourquoi. Prenez votre parti et si dans quinze jours je ne vous envoie pas Jeanne par quelque honnête voyageur, dites à M. le président Hénault qu’il vous en fasse trouver une par quelque colporteur. Cela doit coûter trente ou quarante sous . Il n’y a point de livre de théologie moins cher.

Je suis fâché que votre ami soit si couru ; vous en jouissez moins de sa société ; et c’est une grande perte pour tous deux. J’achève doucement ma vie dans la retraite, et dans la famille que je me suis faite.

Adieu, madame ; courage ! faisons de nécessité vertu. Savez-vous que c’est un proverbe tiré de Cicéron ?7 »

1 V* répond à une lettre du 14 janvier 1764 . Cette lettre fut imprimée avec ce titre : Aux Plaisirs, 27 Janvier 1764. (Georges Avenel )

2 François-Auguste Paradis de Moncrif, Essai sur la nécessité et les moyens de plaire, 1738, auquel V* fait allusion dans Jeannot et Colin . Voir : https://books.google.fr/books/about/Essais_sur_la_n%C3%A9cessit%C3%A9_et_sur_les_moy.html?id=ZLmz3XtsqbwC&printsec=frontcover&source=kp_read_button&redir_esc=y#v=onepage&q&f=false

5 Ces six derniers mots manquent dans toutes les éditions de même que la fin de la phrase précédente ( comme vous dîtes … reine Berthe ) .

6 Non pas Praslin, comme le pense Charrot, mais le duc de Choiseul ainsi que l'indique la lettre de Mme Du Deffand citée plus haut : « […] adressez-la à M. le duc de Choiseul, ainsi que tous vos contes, sous une double enveloppe et je vous assure que cela me parviendra . »

7 Ce proverbe ne vient pas spécifiquement de Cicéron, mais il est commun en latin .

03/02/2019

Les Français ont actuellement l'estomac surchargé de mandements, de remontrances et d'opéra-comiques . Il faut laisser passer leur indigestion

... Et leur gueule de bois .

L'histoire est un éternel recommencement , et le XXIè siècle des Français est un bégaiement semblable au XVIIIè . Nos révolutionnaires en gilets jaunes, stylos rouges, et manifestants de toutes couleurs nous annoncent un printemps bigarré, après les casseurs en noir et les nuages des lacrymogènes . Reste à savoir si tout ça donnera un été fructueux .

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 What's new Pussycat ?

 http://www.informaction.info/iframe-1000-idees-recues-les...

 

 

« A Etienne-Noël Damilavile

27è janvier 1764 1

Les deux dernières lettres de mon cher frère sont charmantes . Elles me font voir combien les philosophes sont au-dessus des autres hommes . Il me semble que vous voyez les choses comme il les faut voir . Je vous remercie bien de l’exploit du marquis de Créquy2 ; voilà de tous les exploits qu'ont fait les Français depuis vingt ans, le meilleur assurément . Cela vaut mieux que tous les mandements que vous pourriez m'envoyer . Christophe à Sept Fonds aura l’air d'un martyr, et j'en suis fâché ; mais on se souviendra que, non sept-fonds, sed causa facit martirem 3.

Les mandements des autres évêques ne feront pas, je crois, un grand effet dans la nation, mais le rappel des commandants, le triomphe des parlements etc. sont une énigme dont je ne puis, ou n'ose deviner le mot . C'est le combat des éléments dont les yeux profanes ne peuvent découvrir le principe .

Je demeure toujours persuadé avec vous que ce temps-ci n'est pas propre à faire paraître le Traité sur la tolérance . Je n'en suis point l'auteur mais je m'intéressais, comme vous savez , à cet ouvrage, uniquement par principe d'humanité . Ce même principe me fait désirer que l'ouvrage ne paraisse point, c'est un mets qu'il ne faut présenter que quand on aura faim . Les Français ont actuellement l'estomac surchargé de mandements, de remontrances et d'opéra-comiques . Il faut laisser passer leur indigestion .

Vous avez dû, mon cher frère, recevoir dans mon dernier paquet , un petit billet pour frère Thieriot . S'il ne peut me trouver le livre que je lui demande, il n'y a qu'à s'adresser à Briasson . Ce Briasson m'envoie enfin mes estampes ; c'est à vous que j'en ai l'obligation . Ma santé est bien mauvaise . Je reprocherai bien à la nature de me faire mourir sana avoir vu mon cher frère . Recommandez-moi aux prières des fidèles .

Écr l'inf. »

1 L'édition de Kehl fait un amalgame de le lettre du 22 janvier avec celle ci : http://www.monsieurdevoltaire.com/2014/07/correspondance-annee-1764-partie-4.html

2 Dans l'article « Prières » des Questions sur l'Encyclopédie, V* cite un document selon lequel « M. le comte de Créquy-Canaples, surnommé Hugues au baptême », interdit à son curé de prier pour lui, pour la raison que les prières interféreraient avec la volonté de Dieu . C'est en cette année 1764 que Jean-Antoine de Créquy, baron de Frohard appelé le comte de Canaples, époux de Charlotte de Rohan, fut admis à la cour . Les deux faits ne sont peut-être pas sans corrélation .

3 Ce n'est pas sept fonds, mais la cause, qui fait le martyr . V* joue sur un aphorisme attribué à Tertullien, non poena, sed causa, facit martyrem (ce n'est pas le supplice, c'est la cause qui fait le martyre ), et qui était parfois appliqué à des missionnaires persécutés pour leur zèle apostolique .

02/02/2019

Est-ce le ton d’aujourd’hui de commencer une chose pour ne pas la finir ?

... Oui !

Au XXIè siècle, comme aux siècles précédents , je dédie https://www.youtube.com/watch?v=1-p58OSYhG0

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Touche magique quand ça tourne mal

 

 

« A Charles-Augustin Ferriol, comte d'Argental

et à

Jeanne-Grâce Bosc du Bouchet, comtesse d'Argental 1

27 janvier 1764 aux Délices

Dites-moi donc, mes anges, si vous avez enfin reçu un cinquième acte et un conte. Une certaine inquisition se serait-elle étendue jusque sur ces bagatelles ? et quand le lion ne veut pas souffrir de cornes dans ses États, faut-il encore que les lièvres craignent pour leurs oreilles 2? L’aventure de la Tolérance me fait beaucoup de peine. Je ne peux concevoir qu’un ouvrage que vous avez tant approuvé puisse être regardé comme dangereux. Je n’ai d’ailleurs et je ne veux avoir d’autre part à cet ouvrage que celle d’avoir pensé comme vous. Il y a trop de théologie, trop de Sainte Écriture, trop de citations, pour qu’on puisse raisonnablement supposer qu’un pauvre faiseur de contes y ait mis la main. Je me borne à conseiller à l’auteur de supprimer cet ouvrage en France, si la Tolérance n’est pas tolérée par ceux qui sont à la tête du gouvernement. Mais enfin, quand madame de Pompadour en est satisfaite, quand MM. les ducs de Choiseul et de Praslin témoignent leur approbation, quand M. le marquis de Chauvelin joint son enthousiasme au vôtre, qui donc peut proscrire un livre qui ne peut enseigner que la vertu ?

Si le roi avait eu le temps de le lire chez madame de Pompadour, l’auteur oserait se flatter que Sa Majesté n’en aurait pas été mécontente, et c’est sur la bonté du cœur du roi qu’il fonde cette espérance.

M. le chancelier, dans les premiers jours d’un ministère difficile 3, aurait-il abandonné l’examen de ce livre à quelqu’un de ces esprits épineux qui veulent trouver du mal partout où le bien se trouve avec candeur et sans politique ?

Enfin, pourquoi a-t-on retenu à la poste de Paris tous les exemplaires que plusieurs particuliers de Genève et de Suisse avaient envoyés à leurs amis, sous les enveloppes qui paraissaient devoir être les plus respectées ? Cette rigueur n’a commencé qu’après que les éditeurs ont eu la circonspection dangereuse d’en envoyer eux-mêmes un exemplaire à monsieur le chancelier, de le soumettre à ses lumières, et de le recommander à sa protection. Il se peut que les précautions qu’on a prises pour faire agréer le livre soient précisément ce qui a causé sa disgrâce. Mes chers anges sont très à portée de s’en instruire. On peut parler ou faire parler à M. le chancelier. Je les conjure de vouloir bien s’éclaircir et m’éclairer. Tout Suisse que je suis, je voudrais bien ne pas déplaire en France. Je cherche à me rassurer en me figurant que, dans la fermentation où sont les esprits, on ne veut pas s’exposer aux plaintes de la partie du clergé qui persécute les protestants, tandis qu’on a tant de peine à calmer les parlements du royaume. Si ce qu’on propose dans la Tolérance est sage, on n’est pas dans un temps assez sage pour l’adopter. Pourvu qu’on ne sache pas mauvais gré à l’auteur, je suis très content, et j’attends ma consolation de mes anges.

On me mande que plusieurs évêques font des mandements, à l’exemple de M. de Beaumont, et qu’ils iront tenir un concile à Sept-Fonds 4. Je ne sais si le rappel de tous les commandants est une nouvelle vraie. Je m’en tiens aux événements, et je n’y fais point de commentaires comme sur Corneille. Les graveurs seuls empêchent que l’édition de Corneille n’arrive. À l'égard de la nouvelle édition d'Olympie, je vous l'enverrai dans trois ou quatre jours par M. le duc de Praslin, cette voie me paraissant la plus sûre, et n'étant d'ailleurs sujette à aucun inconvénient .

Mais, encore une fois, pourquoi abandonner votre conspiration ? Est-ce le ton d’aujourd’hui de commencer une chose pour ne pas la finir ?

N. B. – S'il n'est pas permis d'envoyer par la poste des livres des pays étrangers, il est permis de nous envoyer des livres de France .

Est-il vrai que vous avez eu la bonté de permettre qu'on vous adressât pour moi, l'Histoire de la réunion de la Bretagne à la couronne ? 5 Si vous ne pouvez pas vous en charger, je vous supplie de me le mander .

Je vous salue de loin, mes divins anges, et je crois que ces mots de loin sont bien convenables dans le temps présent ; mais je vous salue avec la plus vive tendresse. »

1 Des passages manquent dans la copie Beaumarchais-Kehl et les éditions : « A l'égard […] inconvénient . N.B. – […] me le mander . »   La phrase « et quand le lion […] leurs oreilles ? » d'abord supprimée a été rétablie . Voir : http://www.monsieurdevoltaire.com/2014/07/correspondance-annee-1764-partie-4.html

2 Rappel de La Fontaine : Les oreilles du lièvre ; voir : http://www.la-fontaine-ch-thierry.net/oreilliev.htm

4L'abbaye cistercienne de Sept-Fontaines, dans laquelle Beaumont, exilé, a trouvé asile, avant de se retirer dans un monastère beaucoup plus rigoureux de la Trappe .

5 Voir lettre à Simon-Augustin Irail du 24 février 1764 :  « J'attendais , monsieur, pour vous remercier de votre livre , que je l'eusse reçu et lu . » Voir : https://books.google.fr/books?id=W8XSMMv-QXQC&printsec=frontcover&hl=fr&source=gbs_ge_summary_r&cad=0#v=onepage&q&f=false

01/02/2019

je porte toujours envie à ceux qui ont le bonheur d’être à sa cour

... On croirait entendre Benalla à propos d'Emmanuel Macron . J'ai déjà connu ce genre de parasite qui se vante de l'amitié -inventée- d'un grand pour bénéficier de privilèges, depuis celui d'entrer en boite de nuit ou avoir une place au restaurant  à celui d'avoir l'usage de passeports diplomatiques . Ce genre de menteur me débecte au plus haut point, son pouvoir de nuisance est multiplié par tous ceux qui, du même tonneau,  lui prêtent foi et en espèrent quelque confidence destructrice . Il est toujours de bon ton dans notre pays  d'user et abuser du copinage et du piston, courtisans toujours, république ou pas !

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Le ver est dans le fruit , est-ce la faute du fruit ?

 

 

« A Cosimo Alessandro Collini, Secrétaire intime et

historiographe de S. A. E.

à Manheim

26è janvier 1764 à Ferney 1

Les pauvres aveugles écrivent rarement, mon cher ami ; non seulement les fenêtres se bouchent, mais la maison s’écroule 2. J’ai travaillé pendant deux ans à l’édition de Corneille ; tous les détails de cette opération ont été très fatigants ; je n’ai pu m’absenter un moment pendant tout ce temps-là ; et à présent que je pourrais respirer en faisant ma cour à Leurs Altesses Électorales, me voilà dans mon lit ou au coin du feu, dans une situation assez triste. Vous connaissez ma mauvaise santé , l’âge de soixante-dix ans n’est guère propre à rétablir mes forces. Je vous prie de me mettre aux pieds de monseigneur l’Électeur . Il y a longtemps qu’il n’a daigné me consoler par un mot de sa main . Je ne lui en suis pas assurément moins attaché avec le plus profond respect, et je porte toujours envie à ceux qui ont le bonheur d’être à sa cour. Je vous embrasse bien tendrement, les lettres d’un malade ne peuvent être longues.

V. »

1 Sur le manuscrit original, mention « f[ran]coCanstat »

2 On a peut-être ici une réminiscence lointaine de l'Ecclésiaste, XII, 3-4 : https://www.bibliquest.net/Bible/BibleJNDhtm-at21-Ecclesi... . La formule revient d'ailleurs dans la lettre du 11 mars 1764 à Constant de Rebecque : «[...] je meurs en détail ; les fenêtres de ma maison sont bouchées, et la maison croule. »