19/04/2025
Il pense comme il faut , c'est ce qui l'a déterminé à venir dans votre république
... C'est du sort de Boualem Sansal qu'il faut s'occuper , lui qui a choisi la France comme patrie et qui est emprisonné dans son pays natal : https://www.lindependant.fr/2025/05/21/affaire-boualem-sa...
A quoi sert la liberté acquise les armes à la main quand de minables gouvernants la foulent aux pieds ?
« A Johann Rudolph Sinner
2è octobre 1769 1
Monsieur,
Je prends la liberté de vous présenter un homme de lettres 2 qui peut être de quelque utilité soit dans l'éducation de la jeunesse, soit dans les autres emplois que votre protection pourrait lui procurer . Il pense comme il faut , c'est ce qui l'a déterminé à venir dans votre république , et c'est ce qui m'enhardit à vous supplier de lui être favorable ; c'est un homme de plus que vous vous attacherez . Il est doux de faire du bien, et j'espère que vous ne trouverez pas en lui un ingrat .
J'ai l'honneur d'être avec les sentiments les plus respectueux,
monsieur,
votre très humble et très obéissant serviteur
Voltaire. »
1 Original signé ; éd. Benzinger : « Voltaire und die Stadt Bern », Blätter für bernische Geschichte , Kunst und Altertumkunde, décembre 1914, qui date de façon vague d'octobre 1769 et n’identifie pas le destinataire .
2 On ne sait de qui il s'agit .
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Quoiqu’on sache combien la fumée de la réputation pèse peu, on ne laisse pas de l'aimer
... Des millions d'individus , dont quelques un.es briguent le titre d'influenceurs.euses , le prouvent par leurs interventions de toutes sortes, minables pour la majorité . Le vieux slogan "Vu à la télé" a évolué comme un Pokémon en "Vu sur l'I Phone", la chasse aux gogos est fructueuse et pas près de fermer , la réputation [sic] se monnaie trop facilement pour y renoncer .
« A Jacques Lacombe, Libraire
rue Christine
à Paris .
30è septembre 1769
En réponse à votre lettre du 7è septembre, mon cher correspondant, je vous dirai d'abord qu'il est démontré que je suis paresseux puisque je ne réponds que le 30 ; mais il est démontré aussi que je suis vieux et malade .
Je vous prie de remercier pour moi M. de La Dixmerie 1, quoiqu'il ait parlé de Fréron dans son ouvrage 2 .
Permis à l'abbé Foucher d'ennuyer ; mais permis aussi à l'homme qui lui a déjà répondu 3 de se moquer de lui .
Je suis très sensible à l'honneur que vous me faites d'imprimer mes folies théâtrales . Quoiqu’on sache combien la fumée de la réputation pèse peu, on ne laisse pas de l'aimer .
Le sage dit que son cœur la méprise ;
Le sage ment, et dit une sottise .4
Comptez que je dis une chose très vraie en vous renouvelant, monsieur, les sincères assurances de mon estime et de mon amitié .
V. »
1Nicolas Bricaire de La Dixmerie : https://dictionnaire-journalistes.gazettes18e.fr/journaliste/114-nicolas-de-bricaire-de-la-dixmerie
2 Sur cet ouvrage, voir lettre du 26 août 1769 à Lacombe : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2025/03/05/j-ai-trois-faveurs-a-vous-demander-6538373.html
Voir : Les deux âges du goût et du génie français, sous Louis XIV & sous Louis XV. La Haye : chez Lacombe, 1769. 8º mayor.
3 V* lui-même, sous le nom de Bigex ; voir lettre du 31 août 1769 à Foucher : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2025/03/09/se-tromper-est-tres-ordinaire-insulter-en-se-trompant-est-od-6538883.html
4 La Pucelle , chant VI, pages 118-119 : https://fr.wikisource.org/wiki/La_Pucelle_d%E2%80%99Orl%C3%A9ans/6
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18/04/2025
Il vous expliquera ses intentions
... Mister Macron que suggérez-vous à propos de Haïti ? Est-il opportun de battre notre coulpe et de cracher au bassinet alors que cette île est aux mains des gangsters qui ont déjà razzié tout ce qui est possible et seraient heureux d'avoir de la fraiche *: https://www.msn.com/fr-fr/actualite/france/dette-ha%C3%AFtienne-une-commission-d-historiens-fera-des-recommandations-annonce-emmanuel-macron/ar-AA1D71Tp?ocid=winp1taskbar&cvid=1542fda45a3e41af9a4f6c3845d670fd&ei=54
*Un peu d'argot pour coller au sujet .
« A monsieur le ministre Jacob Vernes
à Genève
Je vous envoie, mon cher philosophe, un homme dont vous pouvez faire quelque chose . Il s'agit ici de transmutation, mais ce n'est pas dans le goût de La Palingénésie de Bonnet 1 . Si vous pouvez rendre service au porteur ce sera une très bonne action . Il vous expliquera ses intentions ; la mienne est de vous aimer toujours.
V.
29è septembre 1769. »
1 Charles Bonnet , La Palingénésie philosophique ; voir : https://fr.wikipedia.org/wiki/Charles_Bonnet_(naturaliste)
et : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k75331q.texteImage
et : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k6514334r.texteImage
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17/04/2025
J’ose même espérer qu’à la fin on donnera en France quelques droits d’hospitalité à cette étrangère qu’on nomme la vérité, qu’on a toujours si mal reçue. Le ministère verra qu’il n’y a nulle gloire à commander à un peuple de sots
... Ne pas oublier d'abord que les ministres sont issus de ce peuple de sots et que leur titre ne les rend pas plus aptes à dire la vérité, je dirais même au contraire . Notre histoire actuelle en apporte les preuves à toute heure du jour et de la nuit .
La vérité exprimée par les dirigeants de toutes sortes est OQTF sans possibilité de rester sur notre territoire fut-ce St Pierre-et-Miquelon comme le réclame le bel imbécile Wauquiez : https://www.cnews.fr/france/2025-04-16/envoyer-quelquun-i...
Triomphe de la vérité , en ce temps-là , aux Pays-Bas !
« A Charles-Joseph Panckoucke
29è septembre 1769 à Ferney 1
J’approuve fort votre dessein de faire un supplément à l’Encyclopédie 2. Je souhaite qu’il ne se trouve plus d’Abraham Chaumeix, et que ceux qui ont condamné les thèses contre Aristote, l’émétique, la circulation du sang, la gravitation, l’inoculation, le quinzième chapitre de Bélisaire, soient si las de leurs anciennes bévues qu’ils n’en fassent plus de nouvelles. J’ose même espérer qu’à la fin on donnera en France quelques droits d’hospitalité à cette étrangère qu’on nomme la vérité, qu’on a toujours si mal reçue. Le ministère verra qu’il n’y a nulle gloire à commander à un peuple de sots, et que, s’il y avait dans le monde un roi des génies et un roi des grues, le roi des génies aurait le pas.
Vous vous moquez de moi, et vous m’offensez, en me proposant dix-huit mille francs pour barbouiller des idées que vous pourrez insérer dans vos in-folio. C’est se moquer d’imaginer qu’à soixante-seize ans je puisse être utile à la littérature ; et c’est un peu m’insulter que de me proposer dix-huit mille francs pour environ six cents pages. Vous savez que j’ai donné toutes mes sottises gratis à des Genevois, je ne les vendrai pas à des Parisiens . Je vous avertis seulement que ceux avec qui vous vous êtes associé 3 ont fourré dans leurs éditions in-8° des pauvretés qui ne sont point de moi, comme Le Préservatif 4 qui est du petit de Lamare, les Si 5 qui sont d'un abbé assez connu, plusieurs petites pièces de vers dont les auteurs ne sont pas ignorés.
J’ai surtout à me plaindre, ou plutôt à les plaindre, de s’être obstinés à rechercher tout ce qui a pu m’échapper, et qui ne méritait pas de voir le jour 6. Vous en porterez la peine, car je vous certifie que vous ne vendrez pas cet énorme fatras.
Mais si on surcharge l'in-quarto de ce que je n'ai pas fait, je le désavouerai hautement, et je ferai faire une meilleure édition en Hollande en cas que je vive . Voilà ma solution pour ce qui regarde mes ouvrages .
À l’égard de votre Encyclopédie, je pourrais, dans deux ou trois mois, commencer à vous faire les articles suivants : « Entendement humain » 7, « Églogue »8, « Élégie 9 », « Épopée10 » (en ajoutant quelques notes historiques à l’article de M. Marmontel), « Épreuve11 », « Fable 12 » (on peut faire une comparaison agréable des fables inventées par l’Arioste et imitées par La Fontaine), « Fanatisme 13 (histoire du ; cela peut être très intéressant), « Femme 14 »(article ridicule, qui peut devenir instructif et piquant), « Fatalité 15 »( on peut dire sur cet article des choses très frappantes, tirées de l’Histoire) , « Folie 16 » (il y a des choses sages à dire sur les fous), « Génie 17 » (on peut en parler sans encore en avoir), « Juifs » ( on peut proposer des idées très curieuses sur leur histoire sans trop effaroucher), « Loi » (examiner s'il y a des lois fondamentales),« Langage » (cet article peut être immense.), « Locke » ( il faut le justifier sur une erreur qu’on lui attribue à son article ), « Mainmorte » ( on me fournira un excellent article sur cette jurisprudence barbare), « Malebranche[ 18 » (son système peut fournir des réflexions fort curieuses), « Métempsycose », « Métamorphose 19 »( bons articles à traiter).
Dans une autre lettre 20 je vous indiquerai les autres matières sur lesquelles je pourrai travailler, mais c'est à condition que je serai en vie car je vous réponds que, si je suis mort, vous n'aurez pas une ligne de moi .
Quant à l’Italien 21 qui veut, dit-on, refondre, avec quelques Suisses, l’Encyclopédie faite par des Français, je n’ai jamais entendu parler de lui dans ma retraite. »
1 Minute corrigée par V* ; éd. Kehl qui omet notamment les dernières phrases des deuxième et troisième paragraphe .
2 Panckoucke avait décidé de publier, au lieu d'une nouvelle édition de l'ouvrage entier, un supplément à l'encyclopédie ; voir notamment Gen. B. Watts , « The Supplement and the Table analytique et raisonnée of the Encyclopédie », The French Review, octobre 1954 .
3 Cramer .
4 Sur Le Préservatif qui est bien de V*, voir https://fr.wikisource.org/wiki/Le_Pr%C3%A9servatif/%C3%89dition_Garnier
Voir lettre du 26 janvier 1739 à d'Argental : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2009/01/25/l-avidite-du-public-malin.html
6 L’édition de Genève, in-4°.
7 L'article n'est pas de V* au moins sous une forme identifiable .
8 Voir dans le Dictionnaire philosophique : https://fr.wikisource.org/wiki/Page:Voltaire_-_%C5%92uvres_compl%C3%A8tes_Garnier_tome18.djvu/516
9 Pas davantage de V*.
10 Dictionnaire philosophique : https://fr.wikisource.org/wiki/Page:Voltaire_-_%C5%92uvres_compl%C3%A8tes_Garnier_tome18.djvu/574
11 ibid., page 593 : https://fr.wikisource.org/wiki/Page:Voltaire_-_%C5%92uvres_compl%C3%A8tes_Garnier_tome18.djvu/603
12 Une partie de cet article a déjà paru dans Dictionnaire philosophique, 1764, page 59 : https://fr.wikisource.org/wiki/Page:Voltaire_-_%C5%92uvres_compl%C3%A8tes_Garnier_tome19.djvu/69
13 ibid., pages 77-86 : https://fr.wikisource.org/wiki/Page:Voltaire_-_%C5%92uvres_compl%C3%A8tes_Garnier_tome19.djvu/87
14 ibid., page 95 : https://fr.wikisource.org/wiki/Page:Voltaire_-_%C5%92uvres_compl%C3%A8tes_Garnier_tome19.djvu/105
15 L'article fatalité n'est apparemment pas de V*.
16 ibid., page 159 : https://fr.wikisource.org/wiki/Page:Voltaire_-_%C5%92uvres_compl%C3%A8tes_Garnier_tome19.djvu/169
17 Dictionnaire philosophique : https://fr.wikisource.org/wiki/Page:Voltaire_-_%C5%92uvres_compl%C3%A8tes_Garnier_tome19.djvu/252
18 Les articles Entendement humain, Élégie, Fatalité, Langage, Locke, Loi, Malebranche, n’ont pas, à ce qu’il paraît, été fournis par Voltaire. (Beuchot.)
Tous ces articles de Juifs à Malebranche ne sont pas de V*.
19 Dès 1764, Voltaire avait mis dans son Dictionnaire philosophique un article sous ce double titre ; voir : https://fr.wikisource.org/wiki/Page:Voltaire_-_%C5%92uvres_compl%C3%A8tes_Garnier_tome20.djvu/85
Un article pourvu de ce double titre a déjà paru dans les Dictionnaire philosophique de 1764 . Tous les articles de la plume de V* furent publiés dans les Questions sur l 'Encyclopédie et formèrent par la suite une partie du Dictionnaire philosophique dans la forme monstrueuse que lui donnèrent les éditeurs de Kehl .
20 Lettre non connue .
21 Felice ; voir lettre du 4 juin 1769 à d'Alembert : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2024/12/08/j-ai-agi-en-citoyen-en-sujet-du-roi-qui-doit-etre-de-la-religion-de-son-pri.html
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16/04/2025
Les prêtres ne doivent que prier Dieu pour nous, et non pas nous juger.
... J'admire cette prise de position voltairienne qui tombe bien à propos alors que la fin du Carême arrive pour nous ; comment ne pas entièrement l'approuver ?
Des humains ont eu l'astuce de créer des dieux tyranniques, à leur image, pour imposer leurs diktats et vivre impunément aux dépends de leurs concitoyens . Il est temps que cela cesse .
« A Joseph-Michel-Antoine Servan
27è septembre 1769
C’est votre vie, monsieur, et non pas la mienne, qui est utile au monde. Je ne suis que vox clamantis in deserto 1; et j’ajoute que, vien rauco e perde il canto e la favella 2. De plus, cette vieille voix ne part que du gosier d’un homme sans crédit, et qui n’a d’autre mission que celle de son amour pour une honnête liberté, de son respect pour les bonnes lois, et de son horreur pour des ordonnances et des usages absurdes, dictés par l’avarice, par la tyrannie, par la grossièreté, par des besoins particuliers et passagers, et qui enfin, pour comble de démence, subsistent encore quand les besoins ne subsistent plus. Il n’appartient, monsieur, qu’à un magistrat tel que vous d’élever une voix qui sera respectée, non-seulement par son éloquence singulière, mais par le droit de parler que vous avez dans la place où vous êtes 3.
C’est à vous de montrer combien il est absurde qu’un évêque se mêle de décider des jours où je puis labourer mon champ et faucher mes prés sans offenser Dieu ; combien il est impertinent que des paysans, qui font carême toute l’année, et qui n’ont pas de quoi acheter des soles comme les évêques, ne puissent manger, pendant quarante jours, les œufs de leur basse-cour sans la permission de ces mêmes évêques 4. Qu’ils bénissent nos mariages, à la bonne heure 5; mais leur appartient-il de décider des empêchements ? Tout cela ne doit-il pas être du ressort des magistrats ? Et ne portons-nous pas encore aujourd’hui les restes de ces chaînes de fer dont ces tyrans sacrés nous ont chargés autrefois ? Les prêtres ne doivent que prier Dieu pour nous, et non pas nous juger.
J’attends avec impatience que vous mettiez ces vérités dans tout leur jour, avec la force de votre style, qui ne perdra rien par la sagesse de votre esprit : vous rendrez un service éternel à la France.
Vous nous ferez sortir du chaos où nous sommes, chaos que Louis XIV a voulu en vain débrouiller. Nos petits-enfants s’étonneront peut-être un jour que la France ait été composée de provinces devenues, par la législation même, ennemies les unes des autres. On ne pourra comprendre à Lyon que les marchandises du Dauphiné aient payé des droits d’entrée comme si elles venaient de Russie. On change de lois en changeant de chevaux de poste ; on perd au delà du Rhône un procès qu’on gagne en deçà.
S’il y a quelque uniformité dans les lois criminelles, elle est barbare. On accorde le secours d’un avocat à un banqueroutier évidemment frauduleux, et on le refuse à un homme accusé d’un crime équivoque.
Si un homme qui a reçu un assigné pour être ouï est absent du royaume, et s’il ignore le tour qu’on lui joue, on commence par confisquer son bien. Que dis-je ! la confiscation, dans tous les cas, est-elle autre chose qu’une rapine ? et si bien rapine, que ce fut Sylla qui l’inventa. Dieu punissait, dit-on, jusqu’à la quatrième génération 6 chez le misérable peuple juif, et on punit toutes les générations chez le misérable peuple welche. Cette volerie n’est pas connue dans votre province ; mais pourquoi réduire ailleurs des enfants à l’aumône, parce que leur père a été malheureux ? Un Welche dégoûté de la vie, et souvent avec très grande raison, s’avise de séparer son âme de son corps ; et, pour consoler le fils, on donne son bien au roi, qui en accorde presque toujours la moitié à la première fille d’opéra qui le fait demander par un de ses amants ; l’autre moitié appartient de droit à messieurs les fermiers généraux.
Je ne parle pas de la torture 7, à laquelle de vieux grands chambriers appliquent si légèrement les innocents comme les coupables. Pourquoi, par exemple, faire souffrir la torture au chevalier de La Barre ? était-ce pour savoir s’il avait chanté trois chansons contre Marie-Madeleine, au lieu de deux ? est-ce chez les Iroquois, ou dans le pays des tigres, qu’on a rendu cette sentence ? L’impératrice de Russie, de ce pays qui était si barbare il y a cinquante ans, m’a mandé 8 qu’aujourd’hui, dans son empire de deux mille lieues, il n’y a pas un seul juge qui n’eût fait mettre aux Petites-Maisons de Russie les auteurs d’un pareil jugement ; ce sont ses propres paroles.
Puisse votre faible santé, monsieur, vous laisser achever promptement le grand ouvrage que vous avez entrepris, et que l’humanité attend de vous ! Nous avons croupi, depuis Clovis, dans la fange ; lavez-nous donc avec votre hysope, ou du moins cognez-nous le nez dans notre ordure, si nous ne voulons pas être lavés.
M. l’abbé de Ravel a dû vous dire à quel point je vous estime, je vous aime, et je vous respecte. Souffrez que je vous le dise encore dans l’effusion de mon cœur.
V. »
1 La voix de celui qui crie dans le désert
Isaïe, XL, 3 : https://saintebible.com/isaiah/40-3.htm
et Jean, I. 23 : https://www.biblegateway.com/passage/?search=Jean%201%3A23-25&version=LSG
2 S'enroue et perd son chant et sa parole . Voltaire a déjà cité ce vers italien dans une lettre à Querini du 4 juillet 1752 : https://fr.wikisource.org/wiki/Page:Voltaire_-_%C5%92uvres_compl%C3%A8tes_Garnier_tome37.djvu/453
3 Servan est avocat général à Grenoble .
4 On a là un des thèmes de la Requête à tous les magistrats : https://fr.wikisource.org/wiki/Page:Voltaire_-_%C5%92uvres_compl%C3%A8tes_Garnier_tome28.djvu/351; voir lettre du 7 juin 1769 à Dupont de Nemours : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2024/12/09/le-gouvernement-nous-doit-toute-sa-protection-c-est-un-crime-de-lese-humani.html
5 V* critique la confusion entre le contrat (civil) et le sacrement (religieux) dans L'A.B.C. et dans « Mariage II » 1771 des Questions sur l'Encyclopédie .
Voir : https://fr.wikisource.org/wiki/Page:Voltaire_-_%C5%92uvres_compl%C3%A8tes_Garnier_tome27.djvu/372
6 Deutéronome, V. 9 : https://www.aelf.org/bible/Dt/5
7 Une commission gouvernementale est précisément en train d’étudier le problème de la torture juridique, ou question .
8 Dans la lettre citée à propos de celle du 2 septembre 1769 : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2025/03/13/on-ne-peut-guere-forcer-les-hommes-a-l-admiration-sans-excit-6539566.html
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15/04/2025
je vous prie d'ajouter aux sommes précédentes, celle de
... quelques millions, une bagatelle [sic], parce que, tout bonnement, le solde du budget de l’État (budget général, budgets annexes et comptes spéciaux) est de -138 996 millions d’euros : https://www.budget.gouv.fr/reperes/budget/articles/chiffr...
Ne pas augmenter les impôts, dit vous avez, Maître Bayrou ; que la force soit avec nous pour supporter les conséquences d'un tel mensonge sans devenir fous .
« A Gaspard-Henri Schérer
Je vous remercie, monsieur, et je vous prie d'ajouter aux sommes précédentes, celle de 1504 livres dont je vous envoie la lettre de change .
Ayez la bonté de vouloir payer pour moi au sieur Rosset, libraire de Lyon, un petit billet qu'il vous présentera incessamment.
J'ai l'honneur d'être, monsieur, votre très humble et très obéissant serviteur
Voltaire .
27è septembre 1769 à Ferney. »
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14/04/2025
Quiconque ose penser n’est pas né pour me croire
... Une mention spéciale à Laurent Wauquier et quelques autres penseurs de haut niveau : https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/le-billet-de-sophia-aram/le-billet-de-sophia-aram-du-lundi-14-avril-2025-3532181
Et dire qu'ils sont payés pour ça !
« A Louis-François-Armand du Plessis, duc de Richelieu
27è septembre 1769 à Ferney
Mon héros voit bien que, lorsque j’ai sujet d’écrire, je barbouille du papier sans peine, et que je l’ennuie souvent : mais quand je n’ai rien à dire, je respecte ses occupations, ses plaisirs, sa jeunesse, et je me tais. Il y a quarante-neuf ans que mon héros prit l’habitude de se moquer de son très humble serviteur ; il la conserve et la conservera. Je n’y sais autre chose que de faire le plongeon, et d’admirer la constance de monseigneur à m’accabler de ses lardons.
Je n’étais pas informé de la circonstance du brayer 1 ; il y a mille traits de l’histoire moderne qui échappent à un pauvre solitaire retiré au milieu des neiges.
S’il était permis de vous parler sérieusement, je vous dirais que je n’ai jamais chargé M. de Chimène de vous parler des Guèbres, ni de vous les présenter. Il a pris tout cela sous son bonnet, qui n’est pas celui du cardinal de Ximénès, dont il prétend pourtant descendre en ligne droite. Je lui suis très obligé d’aimer les Guèbres, mais je ne l’ai assurément prié de rien. J’ai eu l’honneur de vous envoyer un autre exemplaire, et on en fait encore actuellement une édition bien plus correcte. Tous les honnêtes gens de Paris souhaitent qu’on représente cette pièce. On la joue en province. Une société de particuliers vient de la représenter à la campagne 2 avec beaucoup de succès ; on la jouera probablement chez M. le duc d’Orléans. Il n’y a pas un seul mot qui puisse avoir le moindre rapport ni à nos mœurs d’aujourd’hui, ni au temps présent. S’il y a quelque chose qui fasse allusion à l’Inquisition, nous n’avons point d’Inquisition en France : elle y a toujours été en horreur. Le Tartuffe, qui était une satire des dévots et surtout de la morale des jésuites, alors tout-puissants, a été joué par la protection d’un premier gentilhomme de la chambre, et est resté au théâtre pour toujours.
Mahomet, où il est dit :
Quiconque ose penser n’est pas né pour me croire ;3
Mahomet, dans lequel il y a un séide, qui est précisément Jacques Clément, est joué souvent sans que personne en murmure. M. de Sartines ne demande pas mieux qu’on fasse aux Guèbres le même honneur ; mais il n’ose pas se compromettre. Il n’y a qu’un premier gentilhomme de la chambre, ayant le droit d’être un peu hardi, qui puisse prendre sur lui une telle entreprise. Quelques sots pourraient crier, mais trois à quatre cent mille hommes le béniraient.
J’ai bien senti que mon héros, qui a d’ailleurs tant de gloire, ne se soucierait pas beaucoup de celle-ci : aussi je me suis bien donné de garde de lui en parler, et encore plus de lui en faire parler par M. de Chimène ; je lui ai seulement présenté les Guèbres pour l’amuser. Il viendra un temps où cette pièce paraîtra fort édifiante ; ce temps approche, et j’espère que mon héros vivra assez pour le voir.
Au reste, il sait que j’ai juré, depuis longtemps, d’obéir à ses ordres, et de ne jamais les prévenir ; de lui envoyer tout ce qu’il me demanderait, et de ne jamais rien lui dépêcher qu’il ne le demande, parce que je ne puis deviner ses goûts ; je ne dois rien lui présenter sans être sûr qu’il le recevra, et je ne veux rien faire qui ne lui plaise. Voilà mon dernier mot pour quatre jours que j’ai à vivre. Je vivrai et je mourrai son attaché, son obligé, et son berné.
V. »
1 Allusion obscure en l'absence de la lettre de Richelieu qui permettrait de l'éclairer . Un brayer est un bandage destiné à con,tenir une hernie ; mais le mot s'employait, plus largement, pour désigner une ceinture supportant les braies ; voir Robert Challe, Journal d'un voyage aux Indes ; Ed. De F. Deloffre et M. Menemencioglu, Mercure de France, 1979 , n°779.
2 À Orangis .
3 Mahomet, Ac. III, sc. 6 : https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/cultures-d-islam/mahomet-de-voltaire-9893568
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