27/04/2025
Comme il ne m’appartient ni d’éclairer les nations, ni d’être un second Orphée, je ne me mêle point de tout cela, et je dois l’ignorer
... Que les cardinaux, dits princes de l'Eglise, élisent un pape à leur goût, peu me chaut .
« À Cosimo Alessandro Collini
Ferney, 25 octobre 1769
C’était un Allemand de beaucoup d’esprit qui avait fourni, mon cher ami, la première légende 1. J’ai écrit au graveur 2 pour qu’il m’envoyât environ une trentaine de médailles avec cette légende même ; et je lui ai demandé, je crois, une douzaine d’autres de la nouvelle fabrique 3, qui ont pour devise : orpheus alter 4.
Comme il ne m’appartient ni d’éclairer les nations, ni d’être un second Orphée, je ne me mêle point de tout cela, et je dois l’ignorer. Je ne puis qu’acheter les médailles du graveur ; je les ai demandées en bronze ; c’est tout ce que je puis faire. Vous me ferez plaisir, mon cher ami, de le presser.
Je suis étonné d’être en vie après la maladie de langueur que j’ai essuyée. Une de mes plus grandes consolations est la bonté dont Son Altesse électorale daigne m’honorer, et votre amitié, sur laquelle je compte jusqu’à mon dernier moment.
V. »
1 Une note de Collini apprend que la légende était le vers 354 du chant IV de la Henriade :
« Il ôte aux nations le bandeau de l’erreur. » ( voir : https://fr.wikisource.org/wiki/La_Henriade/Chant_4 )
On a vu par la lettre du 29 mars 1769 à Collini que cette médaille était dédiée à l’électeur, dont le nom était au revers, au-dessus d’un autel sur lequel étaient des trompettes, des casques, des épées, emblèmes des sujets épiques et tragiques : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2024/09/27/je-n-ai-jamais-vecu-que-dans-des-climats-qui-n-etaient-pas-f-6516380.html
On dit que l’électeur désapprouva la légende, et en exigea la suppression. La suppression paraît constatée par la lettre à Collini ci-dessus. C’était la première légende qu’on lisait sur les douze médailles dont il est parlé dans cette lettre : https://fr.wikisource.org/wiki/Correspondance_de_Voltaire/1769/Lettre_7516
2 La lettre manque .
3 C’est sans doute celle qui porte la date de 1770 ; mais il paraît que l’inscription fut remplacée par une couronne.
4 Autel d'Orphée
10:08 | Lien permanent | Commentaires (0)
elle a fait le voyage de Paris exprès sur l'assignation que je présume qu'elle a reçue à Paris
... Mme Dati j'ai hâte que vous fassiez celà ! Que fait la justice ? Il est lamentable que vous soyez encore payée par l'Etat -nos impôts- et occupiez une place honorable, vous qui mentez à tour de bras et êtes aussi corrompue qu'un fonctionnaire turkmène .
Vous contribuez à un classement déshonorant : https://fr.irefeurope.org/publications/les-pendules-a-lheure/article/la-france-un-pays-de-plus-en-plus-corrompu/
« A Charles-Frédéric-Gabriel Christin fils
Avocat au Parlement
à Saint-Claude
Le malade fait ses tendres compliments à monsieur Christin . Il lui écrit aujourd'hui jeudi au soir ; la lettre arrivera quand elle pourra .
Il attend demain vendredi Mme Denis ; mais quoiqu'elle ait donné avis de sa prochaine arrivé pour vendredi, il n'est pas bien sûr qu’elle puisse être demain à Ferney . Quoi qu'il en soit, monsieur Christin est prié de me mander s’il ne conviendrait pas que Mme Denis signifiât dès qu'elle pourra, au sieur Choudens qu'elle a fait le voyage de Paris exprès sur l'assignation que je présume qu'elle a reçue à Paris , et qu’elle fît les démarches nécessaires .
Nous avons eu ici M. de Beaumont, et nous avons dîné avec Calas, c'est un repas de famille .
Mon cher petit philosophe rendra un grand service à la jurisprudence et à la nation en continuant à son loisir l'ouvrage qu'il a commencé 1 . Il est prié de mettre une grande marge à la copie . On l'embrasse très tendrement .
V.
26è octobre 1769. »
1 Ceci peut se rapporter au mémoire pour Saint-Claude de Christin ou à sa contribution aux Questions sur l’Encyclopédie . Il sera bientôt question de l'un et de l'autre .
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26/04/2025
La vie est hérissée de ces épines, et je n’y sais d’autre remède que de cultiver son jardin
... Ce qui serait plus utile que de se rendre au Vatican pour inhumer un pape qui serait sans doute fâché de voir tant de dépenses pour lui . Chers cathos, n'avez-vous rien de plus utile à faire que de vous presser sur une place comme au spectacle ?
Laissez les morts enterrer les morts ! Jesus dixit .
Mention spéciale pour ceux qui sont là pour raisons protocolaires : https://www.lepoint.fr/monde/obseques-du-pape-les-dessous...
« À Pierre-Joseph-François Luneau De Boisjermain 1
Château de Ferney, 21 octobre 1769
Je suis très malade, monsieur ; je ne verrai pas longtemps les malheurs des gens de lettres.
Je ne vois pas qu’on puisse rien ajouter ni répondre au factum, de M. Linguet 2.
Il me paraît que les toiliers, les droguistes, les vergettiers, les menuisiers, les doreurs, n’ont jamais empêché un peintre de vendre son tableau, même avec sa bordure. Monsieur le doyen du parlement de Bourgogne veut bien me vendre tous les ans un peu de son bon vin, sans que les cabaretiers lui aient jamais fait de procès.
Pour les gens de lettres, c’est une autre affaire ; il faut qu’ils soient écrasés, attendu qu’ils ne font point corps, et qu’ils ne sont que des membres très épars.
En 1753, on me proposa de faire à Lyon une très jolie édition du Siècle de Louis XIV ; une personne très intelligente et très bienfaisante persuada au cardinal de Tencin que c’était un livre contre Louis XIV ; le cardinal l’écrivit au roi, et j’ai vu la réponse de Sa Majesté.
La vie est hérissée de ces épines, et je n’y sais d’autre remède que de cultiver son jardin. »
1 Luneau de Boisjermain (Pierre-Joseph-François), né à Issoudun en 1732, est mort à Paris le 25 décembre 1801 : https://fr.wikipedia.org/wiki/Pierre-Joseph_Luneau_de_Boisjermain
et : https://dictionnaire-journalistes.gazettes18e.fr/journaliste/533-pierre-luneau-de-boisjermain
M. Luneau était en procès avec les libraires, qui n’entendaient pas que les auteurs vendissent ou échangeassent leurs ouvrages. (Kehl.)
2 C’est ironiquement que Voltaire parle ainsi ; voyez le quatrième alinéa de cette lettre. Le mémoire de Linguet était intitulé Précis signifié par les syndics et adjoints des libraires de Paris. Luneau, qui avait publié un premier mémoire, en fit imprimer un second, en réponse au Précis rédigé par Linguet. (Beuchot.)
09:32 | Lien permanent | Commentaires (0)
vous savez que je ne travaille plus qu'à mon salut
... Emmanuel Macron suit donc le protocole sans écart :
https://www.franceinfo.fr/monde/vatican/pape-francois/mor...
« A Jacques Lacombe, Libraire
rue Christine
à Paris
23è octobre 1769 1
Je crois bien, monsieur, que vous n'imprimerez pas plus dans votre journal une certaine lettre au sieur Adam ci-devant jésuite, qu'une autre lettre que le même auteur 2 vous envoya le mois passé . Ces petites querelles personnelles ne sont point faites pour le public .
On allait jouer Les Guèbres à Lyon ; le prévôt des marchands le voulait, M. de Sartines l'encourageait, mais on a eu la délicatesse de consulter le goût de monsieur l'archevêque etc. Je crois comme vous que M. Dupaty 3 ne s'opposerait point à cette représentation dans Bordeaux .
Savez-vous , monsieur, qui travaille aux nouveaux tomes de l’Encyclopédie 4 ? Je suis bien malade, vous savez que je ne travaille plus qu'à mon salut . Voici un petit mot pour M. de La Harpe 5 ; voulez-vous avoir la bonté de le lui faire rendre ?
Comptez sur un ami bien zélé tant que je serai un peu en vie .
V.
J'ai été si mal que je n'ai pu répondre à M. l'abbé Roubaut . Je n'ai pu même lire sa lettre 6 . Il pense en homme de génie et en excellent citoyen, mais il écrit comme un chat . »
1 Original contresigné « Marin ».
2 Bigex ; voir lettre du 15 octobre 1769 à Cramer : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2025/05/26/l-exhorter-a-oublier-cette-affaire-et-a-travailler-a-des-cho-6549430.html
3 Mercier-Dupaty ; voir lettre du 27 mars 1769 : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2024/09/23/lorsqu-on-batit-une-ville-nouvelle-les-rues-sont-au-cordeau-tout-ce-qu-on-p.html
4 D’Alembert , voir lettre du 24 mai 1769 : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2024/11/29/on-dit-que-nous-aurons-bientot-des-choses-tres-curieuses-qui-6525103.html
5 Il ne nous est pas parvenu .
6 Cette longue lettre de Pierre Roubaud, écrite vers le 1er août ne nous est pas parvenue . Elle traite du commerce de grains et autres problèmes économiques .
Voir : https://dictionnaire-journalistes.gazettes18e.fr/journaliste/709-pierre-joseph-andre-roubaud
et : https://fr.wikipedia.org/wiki/Pierre-Joseph-Andr%C3%A9_Roubaud
et : https://www.biographi.ca/fr/bio/roubaud_pierre_joseph_antoine_4F.html
09:26 | Lien permanent | Commentaires (0)
25/04/2025
Il faut qu'il serve Dieu à votre mode afin qu’une jolie fille soit sa récompense ; ensuite quand il sera cocu nous le referons catholique s'il veut
... Avis à tous les apostats de toutes religions, vous voila prévenus, ça n'arrive pas qu'aux catholiques !
« A Jacob Vernes
[vers le 20 octobre 1769] 1
En voici un que je viens d'acheter . On dit qu'on en trouve fort difficilement . Cela est plein de fautes d'impression.
Mon cher philosophe, j'ai conseillé à l'homme à qui vous avez bien voulu parler de suivre les conseils de ce livre . Dieu est partout, donc il est à Echaleins . Il faut qu'il serve Dieu à votre mode afin qu’une jolie fille soit sa récompense ; ensuite quand il sera cocu nous le referons catholique s'il veut . »
1 Original ; éd. Chaponnières . Dans la première édition, cette lettre est datée du 29 septembre 1769 ; il s'agit d'une erreur typographique puisque cette date est celle de la lettre précédente à Jacob Vernes : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2025/04/16/il-vous-expliquera-ses-intentions-6543935.html
19:27 | Lien permanent | Commentaires (0)
Autrefois on trouvait à Lyon des livres curieux
... On peut encore en trouver : https://lyonsecret.com/meilleures-librairies-lyon/
« A Joseph Vasselier
20è octobre 1769
Vraiment je remercie bien fort mon correspondant de m'avoir envoyé le livre du jésuite sicilien 1. Cela est digne de Sanchez et d'Escobar 2. S'il vous tombe sous la main pareils ouvrages, je me recommande à vos bontés . Autrefois on trouvait à Lyon des livres curieux ; mais actuellement il n'y a plus de librairie . Vous avez un grand théâtre, je le voudrais plus petit avec de bons acteurs .
Serez-vous assez bon, monsieur, pour vouloir bien qu’on fasse parvenir par les voitures publiques ce paquet pour Limoges ? »
1 Felice , voir lettre du 4 juin 1769 à d'Alembert : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2024/12/08/j-ai-agi-en-citoyen-en-sujet-du-roi-qui-doit-etre-de-la-religion-de-son-pri.html
2 Les deux casuistes espagnols rendus célèbres par Les Provinciales *: https://materialisme-dialectique.com/blaise-pascal-les-provinciales-septieme-lettre-1656/
et voir lettre du 30 septembre 1767 à d'Alembert : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2023/05/07/m-6441944.html
19:01 | Lien permanent | Commentaires (0)
je suis fâché qu'on se soit adressé à M. l'archevêque de Lyon
... Mgr Olivier de Germay, en fait, non, je ne suis pas fâché qu'on vous demande quelques mots sur le défunt pape François ; est-il mort en odeur de sainteté ? Va savoir : https://lyon.catholique.fr/actualites/2025/04/21/communiq...
« A Joseph Vasselier
Il n'est pas juste, monsieur, qu'on ne vous rende pas de que vous avez donné à M. Tabareau . Je vous suis très obligé pour Les Guèbres ; mais je suis fâché qu'on se soit adressé à M. l'archevêque de Lyon. Il valait mieux je crois ne rien tenter du tout que de hasarder une pareille tentative . Le mal d’ailleurs est très médiocre . Réjouissez-vous avec moi que les Turcs ennemis des Guèbres et des chrétiens aient été bien battus .
Je vous embrasse de tout mon cœur .
18è octobre 1769. »
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