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25/04/2025

les affaires des particuliers ne doivent point être prostituées ainsi en public ; cet honneur n’appartient qu’aux souverains

... Ils sont quasiment payés pour ça et rien d'autre .

 

« À Jean-François Coste 1

À Ferney, 17 octobre 1769.

Je suis très fâché sans doute, monsieur, d’avoir été tympanisé dans la Gazette de Berne 2 d’une manière si indécente : les affaires des particuliers ne doivent point être prostituées ainsi en public ; cet honneur n’appartient qu’aux souverains. Je ne me souviens plus des mots qui étaient dans le mémoire 3 dont vous vous chargeâtes pour M. le duc de Choiseul, mais je sais très bien que le gazetier suisse n’en devait avoir aucune connaissance. Je vois que vous pensez comme moi ; mais après tout, ce n’est qu’une bagatelle qui n’est bonne qu’à être oubliée.

J’ ai l’honneur d’être, monsieur, bien véritablement votre très humble et très obéissant serviteur. »

24/04/2025

vingt-huit mille six cents livres en or, pour être employés à la destination dont nous sommes convenus

... Ceci est une bagatelle pour Jul qui pond des disques plus vite qu'une fourmi ne donne de nouvelles ouvrières, et qui engrange une fortune à chaque concert : https://www.leparisien.fr/culture-loisirs/musique/concert...

Hélas on a fauché la bague à Jul : https://www.youtube.com/watch?v=mALpWwwiJvY&ab_channel=Patachou-Topic

Pour tout vous dire je déteste les utilisateurs de l'autotune, et Jul en fait partie .

 

 

 

« A Gaspard-Henri Schérer Banquier

à Lyon

J'ai fait mettre hier, monsieur, au carrosse de Versoix à Lyon un group de vingt-huit mille six cents livres en or, pour être employés à la destination dont nous sommes convenus . J'ai l'honneur de vous en donner avis, et de vous assurer de l'attachement sincère avec lequel je serai toute ma vie, monsieur, votre très humble et très obéissant serviteur

Voltaire.

Mardi au soir 17è octobre 1769 à Ferney. 1»

1 Original signé . Le manuscrit est endossé : « Reçue 19 octobre » et en dessous du texte, il a été porté un décompte : 898 louis à 24 livres, soit 21552 livres ; 1 group contenant 7000, soit 28552 livres » . Port payé : 41 livres 11 sols. [Reste ] 28510 livres 5 sols ( à porter au crédit de Voltaire. »

On m’a dit qu’il y avait des Français dans l’armée turque : je ne veux pas le croire

... Y a-t-il des Turcs dans l'armée française ? A part dans la Légion étrangère, je ne crois pas . Toujours est-il que le Chat-j'ai-pété ne m'a pas répondu à ce sujet : secret défense ? L'Ia n'est pas d'une franchise extraordinaire .

 

 

« À Catherine II, impératrice de Russie.

17 octobre 1769

Madame,

Le très vieux et très indigne chevalier de Votre Majesté impériale était accablé de mille faux bruits qui couraient et qui l’affligeaient. Voilà tout à coup la nouvelle consolante qui se répand de tous côtés que votre armée a battu complètement les esclaves de Moustapha vers le Dniester. Je renais, je rajeunis, ma législatrice est victorieuse ; celle qui établit la tolérance, et qui fait fleurir les arts, a puni les ennemis des arts : elle est victorieuse, elle jouit de toute sa gloire. Ah ! madame, cette victoire était nécessaire : les hommes ne jugent que par le succès. L’envie est confondue. On n’a rien à répondre à une bataille gagnée : des lauriers sur une tête pleine d’esprit, et d’une force de raison supérieure, font le plus bel effet du monde.

On m’a dit qu’il y avait des Français dans l’armée turque : je ne veux pas le croire. Je ne veux pas avoir à me plaindre de mes compatriotes ; cependant j’ai connu un colonel 1 qui a servi en Corse, et qui avait la rage d’aller voir des queues de cheval ; je lui en fis honte, je lui représentai combien sa rage était peu chrétienne ; je lui mis devant les yeux la supériorité du Nouveau Testament sur l’Alcoran mais surtout je lui dis que c’était un crime de lèse-galanterie française de combattre pour de vilaines gens qui enferment les femmes, contre l’héroïne de nos jours. Je n’ai plus entendu parler de lui depuis ce temps-là. S’il est votre prisonnier, je supplie Votre Majesté impériale de lui ordonner de venir faire amende honorable dans mon petit château, d’assister à mon Te Deum, ou plutôt à mon Te Deam, et de déclarer à haute voix que les Moustapha ne sont pas dignes de vous déchausser.

Aurai-je encore assez de voix pour chanter vos victoires ? J’ai l’honneur d’être de votre académie 2 ; je dois un tribut. M. le comte Orlof n’est-il pas notre président ? Je lui enverrais quelque ennuyeuse ode pindarique, si je ne le soupçonnais de ne pas trop aimer les vers français.

Allons donc, héritier des Césars, chef du saint empire romain, avocat de l’Église latine, allons donc. Voilà une belle occasion. Poussez en Bosnie, en Servie, en Bulgarie ; allons, Vénitiens, équipez vos vaisseaux, secondez l’héroïne de l’Europe.

Et votre flotte, madame, votre flotte !… Que Borée la conduise, et qu’ensuite un vent d’occident la fasse entrer dans le canal de Conslantinople !

Léandre et Héro, qui êtes toujours aux Dardanelles, bénissez la flotte de Pétersbourg. Envie, taisez-vous ! peuples, admirez ! C’est ainsi que parle le malade de Ferney ; mais ce n’est pas un transport au cerveau, c’est le transport du cœur.

Que Votre Majesté impériale daigne agréer le profond respect et la joie de votre très humble et très dévot ermite. »

1 Ce colonel n’exécuta pas son projet ; voir lettre de Catherine II : https://fr.wikisource.org/wiki/Correspondance_de_Voltaire/1769/Lettre_7707

2 Voltaire était de l’Académie de Saint-Pétersbourg depuis 1746 ; voyez sa lettre à Muller, page 456 et suiv. : https://fr.wikisource.org/wiki/Page:Voltaire_-_%C5%92uvres_compl%C3%A8tes_Garnier_tome36.djvu/459

l'exhorter à oublier cette affaire et à travailler à des choses utiles

... C'est ce que l'on doit recommander à E. Macron qui n'ose pas sanctionner N. Sarkozy ; est-ce en vue de son propre avenir d'ex-président qu'il recommande le respect pour cet état ? Que nous cache-t-il ? https://www.leparisien.fr/politique/emmanuel-macron-assure-quil-ne-retirera-pas-la-legion-dhonneur-a-nicolas-sarkozy-24-04-2025-VVM5HLLBLZFPLLFDTHGBN6WZSI.php

 

 

« A Gabriel Cramer

Le sieur Bigex est revenu, il a imprimé sa malheureuse lettre à père Adam, cela fait une tracasserie publique et très désagréable qui rompt le cours de toutes nos études . Si monsieur Cramer voulait bien venir lui parler, et, l'exhorter à oublier cette affaire et à travailler à des choses utiles, c'est une de meilleures actions que puisse faire monsieur Cramer .

Dimanche au matin [15 octobre 1769]. 1»

1 Original . La date est exactement fixée par une lettre de Hennin à Jean-Louis Grenus , du 14 octobre annonçant que Bigex vient d'imprimer contre Adam une Nouvelle Provinciale « Lettre de M. Bigex à M. Adam du 26 septembre 1769 » composée « parce que ces deux personnes qui mangent le même sel ont depuis quelque temps des sujets de se plaindre l'une de l'autre » et demandant à Grenus « d'interposer son autorité pour parer à cette tracasserie. »

Voir : https://vge.swisscovery.slsp.ch/discovery/fulldisplay?vid=41SLSP_VGE:VU1&search_scope=MyInst_and_CI&tab=41SLSP_VGE_MyInst_and_CI&docid=alma991006459689705524&lang=fr&context=L&adaptor=Local%20Search%20Engine&query=sub,exact,Remond%20de%20Saint-Mard,%20Toussaint%201682-1757,AND&mode=advanced&offset=0

et : https://fr.wikipedia.org/wiki/Simon_Bigex

23/04/2025

Nous allons tomber en tout dans l’outré et dans le gigantesque ; adieu les beaux vers, adieu les sentiments du cœur, adieu tout. La musique ne sera bientôt plus qu’un charivari...On a voulu tout perfectionner, et tout a dégénéré

... Bonne prédiction : le rap sévit , encore, pour combien de temps, hélas .

 

 

« A Charles -Augustin Ferriol, comte d'Argental

13 octobre 1769

Mon cher ange, j’aurais dû plus tôt vous faire mon compliment de condoléance sur votre triste voyage d’Orangis ; je vous aurais demandé ce que c’est qu’Orangis 1, à qui appartient Orangis, s’il y a un beau théâtre à Orangis ; mais j’ai été dans un plus triste état que vous. Figurez-vous qu’au 1er d’octobre il est tombé de la neige dans mon pays : j’ai passé tout d’un coup de Naples à la Sibérie ; cela n’a pas raccommodé ma vieille et languissante machine. On me dira que je dois être accoutumé, depuis quinze ans, à ces alternatives ; mais c’est précisément parce que je les éprouve depuis quinze ans que je ne les peux plus supporter. On me dira encore : George Dandin, vous l’avez voulu 2; George répondra comme les autres hommes : J’ai été séduit, je me suis trompé, la plus belle vue du monde m’a tourné la tête ; je souffre, je me repens ; voilà comme le genre humain est fait.

Si les hommes étaient sages, ils se mettraient toujours au soleil et fuiraient le vent du nord comme leur ennemi capital. Voyez les chiens, ils se mettent toujours au coin du feu ; et quand il y a un rayon de soleil, ils y courent. Lamotte, qui demeurait sur votre quai, se faisait porter en chaise, depuis dix heures jusqu’à midi, sur le pavé qui borde la galerie du Louvre, et là il était doucement cuit à un feu de réverbère.

J’ai peur que les maladies de Mme d’Argental ne viennent en partie de votre exposition au nord. N’avez-vous jamais remarqué que tous ceux qui habitent sur le quai des Orfèvres ont la face rubiconde et un embonpoint de chanoine, et que ceux qui demeurent à quatre toises derrière eux, sur le quai des Morfondus, ont presque tous des visages d’excommuniés ?

C’est assez parler du vent du nord, que je déteste, et qui me tue.

Vous avez sans doute vu Hamlet 3 : les ombres vont devenir à la mode : j’ai ouvert modestement la carrière, on va y courir à bride abattue ; domandaro acqua, non tempestà 4. J’ai voulu animer un peu le théâtre en y mettant plus d’action, et tout actuellement est action et pantomime ; il n’y a rien de si sacré dont on n’abuse. Nous allons tomber en tout dans l’outré et dans le gigantesque ; adieu les beaux vers, adieu les sentiments du cœur, adieu tout. La musique ne sera bientôt plus qu’un charivari italien, et les pièces de théâtre ne seront plus que des tours de passe-passe. On a voulu tout perfectionner, et tout a dégénéré : je dégénère aussi tout comme un autre. J’ai pourtant envoyé à mon ami La Borde le petit changement que je vous avais envoyé pour Pandore, un peu enjolivé. Je vous avoue que j’aime beaucoup cette Pandore, parce que Jupiter est absolument dans son tort ; et je trouve extrêmement plaisant d’avoir mis la philosophie à l’Opéra. Si on joue Pandore, je serais homme à me faire porter en litière à ce spectacle ; mais,

Sic vos non vobis mellificatis, apes.5

J’ai donné quelquefois à Paris des plaisirs dont je n’ai point tâté. J’ai travaillé de toute façon pour les autres, et non pas pour moi ; en vérité, rien n’est plus noble.

Je vous ai envoyé, je crois, deux placets pour M. le duc de Praslin ; ce n’est point encore pour moi, je ne suis point marin, dont bien me fâche ; je me meurs sur un vaisseau : sans cela, est-ce que je n’aurais pas été à la Chine, il y a plus de trente ans, pour oublier toutes les persécutions que j’essuyais à Paris, et que j’ai toujours sur le cœur ?

Mille tendres respects à Mme d’Argental.

À propos, si tout est chez moi en décadence, mon tendre attachement pour vous ne l’est pas. »

4  C’est l’exclamation d’un paysan italien qui demandait au ciel de la pluie, et non de l’orage.

Voir lettre du 6 mai 1768 à d'Argental : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2024/01/06/cette-bonne-compagnie-de-paris-est-fort-agreable-mais-elle-n-6478945.html

5 Virgile : Ainsi vous travaillez et ce n’est pas pour vous : https://www.france-pittoresque.com/spip.php?article14022

Madame votre mère m'envoie deux fromages . Me voilà favorisé par toute la famille

... Cessez de me parler de corruption passive, je ne me nomme pas Rachida Dati !

 

 

« Au chevalier Jacques de Rochefort d'Ally

A Ferney 13 octobre 1769

J'ai été si malade, monsieur, que je n'ai pu répondre à la dernière lettre dont vous m'avez honoré . Je ne sais si je pourrai supporter l'hiver qui a déjà commencé dans mon maudit climat . Je perds la vue déjà qu'il est tombé de la neige ; en voilà pour cinq mois au moins ; mon état est triste, pour me consoler je songe à votre bonheur . Je m'imagine que Mme de Rochefort vous donnera l'année prochaine un joli petit enfant , et j'espère que M. le duc de Choiseul fera les choses que vous désirez . C'est la plus belle âme que je connaisse ; il est généreux comme Aboul-Cassem, brillant comme le chevalier de Grammont, et travailleur comme M. de Louvois . Il aime à faire plaisir ; vous serez trop heureux d'être son obligé .

Mille respects à madame de Rochefort.

Madame votre mère m'envoie deux fromages . Me voilà favorisé par toute la famille . 

V.»

22/04/2025

je commence à croire que nous devenons trop Anglais, et qu’il nous siérait mieux d’être Français

... Vu ce qu'en dit le Chat j'ai pété : blablabla lénifiant, mou du genou .

Par ailleurs, quelques uns de nos dirigeants ne semblent pas trop atteints d'anglophilie démesurée, notre président et surtout notre premier ministre ne sont pas encore des anglophones de haut niveau : merci à nos méthodes d'enseignement ?

 

 

« A Louis-François-Armand du Plessis, duc de Richelieu

À Ferney, 10 octobre 1769 1

Mon héros, dans sa dernière lettre, a daigné me glisser un petit mot de son jardin. Je suis, comme Adam, exclu du paradis terrestre, et je suis devenu laboureur comme lui. Je vous assure, monseigneur, que jamais mon cœur n’a été pénétré d’une plus tendre reconnaissance. Oserais-je vous supplier de vouloir bien faire valoir auprès de votre amie 2 les sentiments dont la démarche qu’elle a bien voulu faire m’a pénétré ? J’ai été tenté de l’en remercier ; mais je n’ose, et je vous demande sur cela vos ordres.

Au reste, il n’y a pas d’apparence que j’aie l’impudence de me présenter devant vous dans le bel état où je suis. Il n’est bruit dans le monde que de votre perruque en bourse, et je ne puis être coiffé que d’un bonnet de nuit. Toutes les personnes qui vous approchent jurent que vous avez trente-trois à trente-quatre ans tout au plus. Vous ne marchez pas, vous courez ; vous êtes debout toute la journée. On assure que vous avez beaucoup plus de santé que vous n’en aviez à Closter-Severn 3, et que vous commanderiez une armée plus lestement que jamais. Pour moi, je ne pourrais pas vous servir de secrétaire, encore moins de coureur : la raison en est que mes fuseaux, que j’appelais jambes, ne peuvent plus porter votre serviteur, et que mes yeux sont actuellement à la Chaulieu, bordés de grosses cordes rouges et blanches, depuis qu’il a neigé sur nos montagnes. Vous, qui êtes un grand chimiste, vous me direz pourquoi la neige, que je ne vois point, me rend aveugle, et pourquoi j’ai les yeux très bons dès que le printemps est revenu. Comme vous êtes parfaitement en cour, je vous demanderai une place aux Quinze-Vingts pour l’hiver. Je défie toute votre Académie des sciences de me donner la raison de ce phénomène ; il est particulier au pays que j’habite. J’ai un ex-jésuite auprès de moi qui est précisément dans le même cas, et plusieurs autres personnes éprouvent cette même faveur de la nature. Plus j’examine les choses, et plus je vois qu’on ne peut rendre raison de rien.

J’ai à vous dire qu’on imprime actuellement dans le pays étranger les Souvenirs de Mme de Caylus 4. Elle fait un portrait fort plaisant de M. le duc de Richelieu votre père, et votre père véritable, quoi que vous en disiez 5 ; je vois que c’était un bel esprit, et que l’hôtel de Richelieu l’emportait sur l’hôtel de Rambouillet.

Permettez-moi, monseigneur, de vous remercier encore, au nom des Scythes, de la vieille Mérope et de Tancrède.

On vient donc de jouer une tragédie anglaise 6 à Paris ; je commence à croire que nous devenons trop Anglais, et qu’il nous siérait mieux d’être Français. C’est votre affaire, car c’est à vous à soutenir l’honneur du pays.

Agréez toujours mon tendre respect et mon inviolable attachement. »

2 Mme Du Barry.

4 Voir les préface et notes de Voltaire sur ces Souvenirs, dont il donna la première édition : https://fr.wikisource.org/wiki/Page:Voltaire_-_%C5%92uvres_compl%C3%A8tes_Garnier_tome28.djvu/295

5 Voltaire, écrivant à Richelieu, n’avait pas les mêmes idées que quand il parlait à Mme de Fontaine du père putatif du maréchal (voir lettre à Mme de Fontaine du 8 janvier 1756 : https://fr.wikisource.org/wiki/Page:Voltaire_-_%C5%92uvre... )

6 Hamlet, tragédie de Ducis, jouée le 30 septembre 1769 : https://wdc.contentdm.oclc.org/digital/collection/empire/id/4187/