25/01/2009
Une Sandwich pour Thiriot ! Avec ou sans beurre ?
Ah! AH! Ah! Voltaire ne sait plus écrire, Voltaire ne connait plus le genre des mots ; une "sandwich", et puis quoi encore ? Eh bien lisez et vous croirez mes frères !
Juste une remarque d'humour à une roupie, vous allez voir que le Grand Turc "MAHMUT Ier" était un goinfre imprévoyant que ses copains nommaient "MATMUT au Tiers limité" . Bon, oui, pour un dimanche matin ça suffira . That's all, folks !!
« A Nicolas-Claude Thiriot
Le Grand Turc [ Mahmut Ier, mort le 13 décembre 1754 ], notre ambassadeur de la Porte ottomane [Roland Puchot des Alleurs, mort le 23 novembre 1754 ], et Royer [ musicien mort le 11 janvier 1755 ] sont donc morts d’une indigestion. Je suis très fâché pour M. des Alleurs que j’aimais, mais je me console de la perte de Royer et du Grand Turc. Puissent les lois de la mécanique qui gouvernent ce monde faire durer la machine de Mme de Sandwich [ qui versa une pension à Thiriot et mourut le 27 juillet 1757 ] et que son corps soit aussi vigoureux que son âme laquelle est douée de la fermeté anglaise, et de la douceur française.
Vous voyez, mon ami, que Dieu est juste : Royer est mort parce qu’il avait fait accroire à Sireuil que c’était moi qui l’étais. Il faut enterrer avec lui son opéra [ Pandore , « vieil opéra » de Voltaire, texte remanié par Sireuil à la demande de Royer ] qui aurait été enterré sans lui. Royer avait engagé ce Sireuil dans la plus méchante action du monde, c’est-à-dire à faire des mauvais vers, car assurément on n’en peut pas faire de bons sur des canevas de musiciens. C’est une méthode très impertinente qui ne sert qu’à rendre notre poésie ridicule, et à montrer la stérilité de nos ménétriers. Ce n’est point ainsi qu’en usent les Italiens nos maîtres. Metastasio et Vinci [ Vinci compositeur, collabora avec Métastase ] ne se gênaient point ainsi l’un l’autre ; aussi Dieu merci, on se moque de nous par toute l’Europe. Je vous prie, mon ancien ami, d’engager M. Sireuil à ne plus troubler son repos et le mien par un mauvais opéra. C’est un honnête homme, doux et modeste ; de quoi s’avise–t-il d’aller se fourrer dans cette bagarre ? Donnez-lui un bon conseil, et inspirez –lui le courage de le suivre.
Avez-vous sérieusement envie de venir à Prangins, mon ancien ami ? Arrangez-vous de bonne heure avec Mme de Fontaine et le maître de la maison. Vous trouverez la plus belle situation de la terre, un château magnifique, des truites qui pèsent dix livres, et moi qui n’en pèse guère davantage, attendu que je suis plus squelette et plus moribond que jamais. J’ai passé ma vie à mourir ; mais ceci devient sérieux ; je ne peux plus écrire de ma main. Cette main peut pourtant encore griffonner que mon cœur est à vous.
Voltaire
A Prangins
23 janvier 1755
Pays de Vaud. »
http://fr.wikipedia.org/wiki/Nicolas-Claude_Thieriot
12:45 Publié dans voltaire intime | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : voltaire, thiriot, prangins, sandwich
15/01/2009
gratior est pulchro veniens in corpore virtus !
Je dois d’abord présenter mes plates excuses car hier, après avoir râlé contre une énième coupure de réseau, j’ai eu la flemme de réécrire la totalité de ma note et me suis contenté de transcrire la lettre du jour .
Assez de paroles, aux actes citoyens ! Tous aux claviers, chers bloggers !
« A Claude-Adrien Helvétius
Mon cher ami, toutes lettres écrites, tous mémoires brochés, toute réflexion faite, voici à quoi je m’arrête . Je vous prends pour avocat et pour juge.
Thiriot avait oublié que l’abbé Desfontaines l’avait traité de colporteur et de faquin dans son Dictionnaire néologique ; il avait peut être aussi oublié un peu les marques de mon amitié ; il avait surtout oublié que j’avais dix lettres de lui par lesquelles il me mandait autrefois que Desfontaines est un monstre qu’à peine sauvé de Bicêtre par mon secours, il fit un libelle contre moi intitulé Apologie, qu’il le lui, montra, etc. . Thiriot ayant donc oublié tant de choses, et le vin de Champagne de La Popelinière lui ayant servi de fleuve Léthé, il se tenait coi et tranquille, faisait le petit important, le petit ministre avec Mme du Châtelet, s’avisait d’écrire des lettres équivoques, ostensibles qu’on ne lui demandait pas, au lieu de venger son ami, et soi-même, de soutenir la vérité, de publier par écrit que La Voltairomanie est un tissu de calomnies, enfin au lieu de remplir les devoirs les plus sacrés, il buvait, se taisait, et ne m’écrivait point . Mme de Bernières mon ancienne amie, outrée du libelle, m’écrit il y a huit jours un lettre pleine de cette amitié vigoureuse, dont votre cœur est si capable, une lettre où elle avoue hautement tout ce que j’ai fait, tout ce que j’ai payé entre ses mains pour Thiriot même, tous les services que j’ai rendus à Desfontaines ; la lettre est si forte , si terrible que je la lui ai renvoyée ne voulant point la commettre . J’en attends une plus modéré, plus simple, un petit mot qui ne servira qu’à détruire par son témoignage les calomnies du libelle, sans nommer et sans offenser personne .
Que Thiriot en fasse autant, qu’il ait seulement le courage d’écrire dix lignes par lesquelles il avoue que depuis vingt ans qu’il me connait, il ne m’a connu qu’honnête homme et bienfaisant, que tout ce qui est dans le libelle et en particulier ce qui le regarde est faux et calomnieux, qu’il est très loin d’avoir pu désavouer ce que j’ai jamais avancé etc.
Voilà tout ce que je veux. Je vous prie de l’engager à envoyer cet écrit à peu près dans cette forme. Quand même cela ne servirait pas, au moins cela ne pourrait nuire et en vérité dans ces circonstances, Thiriot me doit 10 lignes au moins. S’il veut faire mieux, à lui permis. C’est une chose honteuse que son silence .Vous devriez en parler fortement à M. de La Popelinière qui a du pouvoir sur cette âme molle et qui a quelque intérêt que la mollesse n’aille point jusqu’à l’ingratitude.
De quoi Thiriot s’avise-t-il de négocier, de tergiverser, de parler du Préservatif ? [ Voltaire le renie allègrement, et l’attribue à un nommé La Touche] Il n’est pas question de cela, il est question de savoir si je suis un imposteur ou non, si Thiriot m’a écrit ou non en 1726 que l’abbé Desfontaines avait fait pour récompense de mes bienfaits un libelle contre moi, si M. et Mme de Bernières m’ont logé par charité, si je ne leur ai pas payé ma pension, et celle de Thiriot, etc. Voila les faits ; il faut les avouer ou l’on est indigne de vivre.
Belle âme, je vous embrasse, gratior est pulchro veniens in corpore virtus . [ le mérite est plus agréable quand il se présente dans un beau corps : Enéide de Virgile ]
Je suis à vous pour ma vie.
Voltaire
15 janvier 1739 »
"le mérite est plus agréable quand il se présente dans un beau corps"
D'accord ou pas d'accord ? Soyons francs, que je le sois aussi : Voltaire et Virgile OK
Oui, je sais , vous attendiez sans aucun doute une autre illustration pour le beau corps : un corps de maison , un corps d'armée ( ça ne manque pas ces temps - ci ), un corps d'athlète ( pour vous mesdames, la vue, et ne soyons pas sectaires pour vous messieurs le modèle ), un corps à corps, un corps nu ?
12:53 | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : voltaire, thiriot, mérite, corps, beau