10/01/2009
On aura la comédie !
« A Charles–Augustin Ferriol, comte d’Argental et à Jeanne-Grâce Bosc du Bouchet, comtesse d’Argental
Comment vous portez-vous, mes divins anges ? Votre thermomètre est-il à dix au dessous de la glace comme le nôtre ? Je perds les yeux, les oreilles, la poitrine, les pieds, les mains et la tête .
An nom de Dieu, quand le doux temps viendra , comme dit Pluche [ abbé Antoine Pluche, dit Noël Pluche , auteur de livres sur la nature et le ciel ], venez avec lui pour être le médiateur de Genève . Vous savez que cette fourmilière importune le roi, et demande un ministre qui règle le pas des fourmis. Tout cela en vérité, est le comble du ridicule . Il y a deux mois que ces pauvres gens pouvaient s’accorder très aisément ; deux ou trois sottises à la tête desquelles est l’orgueil les ont brouillés plus que jamais . Il serait bien difficile de dire précisément pourquoi ; et je crois que les médiateurs seront bien étonnés qu’on les ait fait venir pour de semblables bagatelles [ « il faut savoir si le Petit Conseil est en droit de rejeter quand il lui plait les représentations des citoyens … c’est ce qu’on appelle le droit négatif » : V. ]. Mais enfin venez, vous qui êtes le plus aimable et le plus conciliant de tous les hommes, comme le plus juste . Que cette aventure me produise le bonheur de ma vie ; vous verrez madame votre tante en chemin , [ Mme de Grolée, sœur du cardinal de Tencin à Lyon ], et cette visite ne sera peut-être pas inutile .
Quand vous serez à Genève, vous recevrez vos paquets de Parme plus tôt qu’à Paris [ d’Argental est le représentant de Parme en France ] . Vous ferez aussi bien des affaires avec M. le duc de Praslin par lettres que de bouche . Vous êtes d’ailleurs deja au fait des tracasseries genevoises ; enfin, je ne vois point d’homme plus propre que vous pour ce ministère. Je suis convaincu qu’il ne tient qu’à vous d’être nommé et, si vous ne l’êtes pas, je ne vous le pardonnerai jamais . Berne et Zurich enverront des magistrats, il faut que la France en fasse autant .
J’ajoute à toutes ces raisons un point bien important, c’est qu’on aura la comédie à Genève pendant la médiation, pour préparer les esprits à la concorde et à la gaieté .
Enfin, voilà probablement la seule occasion que j’aurai d’embrasser mon ange avant ma mort .
Voici une lettre d’un mauvais plaisant de Neuchâtel que je vous envoie pour vous tenir en joie [ « Lettres à l’occasion des miracles » de Voltaire, présentées comme écrites par M. Beaudinet, de Neuchâtel ].
On m’assure dans le moment que le roi de Prusse est très malade, cela pourrait bien être ; il m’écrivit, il y a un mois que je l’enterrerais, tout cacochyme et tout vieux que je suis ; mais je n’en crois rien, ni lui non plus .
Je pense que l’affaire des dîmes est accrochée, comme on dit en style de dépêches [= arrêtées ; dîmes réclamées par le curé de Ferney ]; il n’y a pas grand mal . Je suis rempli de la plus tendre et de la plus respectueuse reconnaissance pour toutes les bontés de M. le duc de Praslin, et confus des peines qu’il a daigné prendre . Lorsque j’ai vu que les Genevois n’étaient plus occupés sérieusement que de la prééminence de leurs rues hautes sur leurs rues basses, et qu’ils étaient résolus de fatiguer le ministère de France pour savoir si le conseil des vingt-cinq a le pouvoir négatif ou non dans tous les cas, j’ai jugé à propos de faire avec mon curé ce que le Conseil genevois aurait du faire avec les citoyens ; j’ai fait un très bon accommodement avec le curé, il m’a rendu maître de tout, et Dieu merci, je n’ai plus de procès qu’avec Fréron .
Voltaire
Le 10 janvier 1766. »
« deux ou trois sottises à la tête desquelles est l’orgueil les ont brouillés plus que jamais » : les adversaires israeliens et palestiniens n’ont peut-être pas que de l’orgueil mal placé, une haine qui fait peur et il faut aussi le reconnaitre des moyens financiers qui me laissent pantois pour poursuivre inlassablement leur effort de guerre . J’ai entendu à la radio que « Hamas » a envoyé en moyenne mille roquettes par an depuis sept ans sur Israël, dans le même temps que la bande de Gaza crève de faim . Je pense que les dirigeants des pays en guerre devraient être mis au front, sous les balles et les bombes, auprès des populations qu’ils condamnent à la misère et à la mort . « Armons-nous et partez », c’est leur mot d’ordre , et bien moi je leur dit « levez votre cul bien au chaud dans vos bureaux ultra-protégés, allez enterrer un de vos proches, allez tuer de vos propres -non, sales – mains » et alors là, si vous en êtes capables, et si vous continuez le conflit, c’est que vous êtes complètement cinglés et on doit vous enfermer avant que je vous crache dessus. Vous n’avez rien à faire à la tête de quelque gouvernement qui soit, faites–vous tout petit ! Fauteurs de troubles de tous pays je vous hais ! Peuples de ces pays, réagissez enfin ! Votre manière de lutter contre la surpopulation me défrise ( le peu de cheveux qui me reste )! Laissez faire les maladies et les virus, ils sont très bien équipés pour ça ! Je me mets à débloquer moi aussi , stop !
Quand aura-t-on le cœur de faire une médiation constructive dans le même esprit que l’envisageait Voltaire : « un point bien important, c’est qu’on aura la comédie à Genève pendant la médiation, pour préparer les esprits à la concorde et à la gaieté ». Préparer les esprits à la concorde, vaste programme ! www.recouvreur.fr/
On ne rit plus en ce bas monde, ou alors rarement, ou alors à contre temps, ou alors pour ne pas pleurer ! Rassurez-vous , on peut encore lire librement chez nous Voltaire et Desproges, Pierre Dac et Francis Blanche ! Ouf ! Je vais en reprendre un bonne dose …
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