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11/02/2009

Il faut que la guerre soit par elle-même quelque chose de bien vilain

Pendant un instant, « un instant seulement » comme disait le Grand Jacques, j’ai eu la sensation de lire du Proust (par sa longueur) en parcourant cette phrase sur la guerre avec une vision « philosophique ». A cette différence près, qu’en bon béotien qui persiste et signe, Proust m’a laissé froid (comme une vieille madeleine rassie dans un thé de la veille) et m’est tombé des mains alors que Volti* m’emballe !

« Il faut que la guerre soit par elle-même quelque chose de bien vilain puisque les détails en sont si ennuyeux » : doux euphémisme !! La presse d’aujourd’hui, sans doute en réponse au public, ou forçant le public (selon mon avis !), nous inonde inutilement de ces « détails… si ennuyeux ». Inutilement, oui, cent fois oui, mille fois oui !! L’ONU, « le machin » du Grand Charles, n’est pas en état de s’interposer valablement entre les belligérants, juste capable de compter les morts et les estropiés. Juste capable d’héberger certains représentants « faux-culs » défenseurs de leurs chefs d’états qui les ont nommés ; quelle indépendance d’esprit peut-on en attendre ? bien sûr, aucune ! Quel pas vers la paix ? Aucun ! « tout le monde criant la paix, la paix, et faisant la guerre à outrance » : toujours vrai ! Bla-bla et Cie !

 le machin recherché.jpg

Je passe la parole à un roi du bon sens.

 

 

 

 

 

 

 

« A Frédéric II, roi de Prusse

 

 

                Sire,

 

                Eh bien vous aurez Sémiramis [pièce de théâtre « ordonnée » pour les relevailles de la dauphine qui mourut le 21 août 1746 le jour où la pièce fût achevée]. Elle n’est pas à l’eau rose, c’est ce qui fait que je ne la donne pas à notre peuple de sybarites, mais à un roi qui pense comme on pensait en France du temps du grand Corneille et du Grand Condé, et qui veut qu’une tragédie soit tragique et une comédie comique.

 

                Dieu me préserve, Sire, de faire imprimer l’histoire de la guerre de 1741. Ce sont de ces fruits que le temps seul peut murir ; je n’ai fait assurément ni un panégyrique ni  une satire. Mais plus j’aime la vérité, et moins je dois la prodiguer. J’ai travaillé sur les mémoires et sur les lettres des généraux et des ministres .Ce sont des matériaux pour la postérité. Car sur quels fondements bâtirait-on l’histoire, si les contemporains ne laissaient pas de quoi élever l’édifice ? César écrivit ses Commentaires, et vous écrivez les vôtres [Mémoires pour servir à l’histoire de mon temps], mais où sont les acteurs qui puissent ainsi rendre compte du grand rôle qu’ils ont joué ? Le maréchal de Broglie était-il homme à faire des Commentaires ? Au reste , Sire, je suis très loin d’entrer dans cet horrible et ennuyeux détail de journaux de siège, de marches, de contremarches, de tranchées relevées, et de tout ce qui fait l’entretien d’un vieux major et d’un lieutenant-colonel retiré dans sa province. Il faut que la guerre soit par elle-même quelque chose de bien vilain puisque les détails en sont si ennuyeux. J’ai tâché de considérer cette folie humaine un peu en philosophe ; j’ai représenté l’Espagne et l’Angleterre dépensant cent millions à se faire la guerre pour quatre-vingt mille livres portées en compte, les nations détruisant réciproquement le commerce pour lequel elles combattent, la guerre au sujet de la pragmatique devenue comme une maladie qui change trois ou quatre fois de caractère [ la Pragmatique Sanction signée en 1713 pour régler la succession d’Autriche ], et qui de fièvre devient paralysie, et de paralysie convulsion, Rome qui donne sa bénédiction et qui ouvre ses portes aux têtes de deux armées ennemies en un même jour [ en novembre 1744, entrée des Napolitains par une porte et sortie des Autrichiens par une autre ; « Quand le bonhomme de saint Père / Donne sa bénédiction / A plus d’une armée étrangère … »], un chaos d’intérêts divers qui se croisent à tout moment, ce qui était vrai au printemps devenu faux en automne, tout le monde criant la paix, la paix, et faisant la guerre à outrance, enfin  tous les fléaux qui fondent sur cette pauvre race humaine ; au milieu de tout cela un prince philosophe qui prend toujours bien son temps pour donner des batailles et des opéras, qui sait faire la guerre, la paix, et des vers et de la musique, qui réforme les abus de la justice, et qui est le plus bel esprit de l’Europe . Voilà à quoi je m’amuse, Sire, quand je ne meurs point, mais je me meurs fort souvent et je souffre beaucoup plus que ceux qui dans cette funeste guerre ont attrapé de grands coups de fusil.

 

                J’ai revu M. le duc de Richelieu qui est au désespoir de n’avoir pu faire sa cour [lors de sa mission à Dresde en décembre 1746] au grand homme de nos jours. Il ne s’en console point. Et moi je ne demande à la nature un ou deux mois de santé que pour voir encore une fois ce grand homme avant d’aller dans le pays où Achille et Thersite, Corneille et Danchet sont égaux ; je serai attaché à Votre Majesté jusqu’à ce beau moment où l’on va savoir à point nommé ce que c’est que l’âme, l’infini, la matière , et l’essence des choses . Et tant que je vivrai, j’admirerai et j’aimerai en vous l’honneur et l’exemple de cette pauvre espèce humaine.

 

                Voltaire

                A Paris, ce 9 février 1747. »

 

23/12/2008

bonsoir cher ami !

"A Jean-Robert Tronchin à LYon

Je viens mon cher Monsieur, d'expédier sûrement la lettre de Son Eminence [cardinal de Tencin] à qui je vous supplie de faire agréer mon respect,mon zèle, et mon empressement à lui obéir.

Je reçois dans ce moment des nouvelles du roi de Prusse et de Mme la margrave du 12 décembre par un officier principal de la maison de Mme de Bareith en qui elle a une grande confiance. La victoire du roi de Prusse n'est pas aussi décisive qu'on le disait. Il n'a point Breslau. Les Autrichiens sont rassemblés sous Swednitz [Schweidnitz]. Il y aura encore du sang répandu, et celui qui préviendrait tant de calamités par une bonne paix serait le bienfaiteur du genre humain. . Le roi de Prusse écrit à sa soeur qu'il est bien las de tant de carnage et de cette barbare gloire.

Je vous souhaite la bonne année. Il me manque de la santé et des baguettes dorées [pour la maison de Lausanne]. Je vous devrai les baguettes. Si vous les adressez à M. Cathala, ayez la bonté de lui recommander de me les faire parvenir.

Bonsoir mon cher ami.

Voltaire

le 24 décembre 1757 au soir à Lausanne"

 

"Bonsoir mon cher ami" : je dois avouer que je n'ai jamais eu l'occasion ni l'idée même de prononcer ces paroles envers mon banquier. Il faut vraiment avoir l'aisance de Voltaire, qui traite d'égal à égal pour avoir cette familiarité .

"...cher ami", pour moi , je songe plutôt "très cher" ami si vous voyez ce que je veux dire (hello, happy tax payer !).

"Ami..." : peut-être un jour, si Mercure me donne un coup de main (un petit Loto qui sait ?), un banquier sera pendu à son téléphone en me servant du "cher ami" pour s'occuper de ma nouvelle fortune . J'aurais alors le grand plaisir de le faire mariner dans son jus en repensant à son intraitable attitude passée. Qui n'en a pas rêvé ? Qu'il me jette le premier euro !

"Bonsoir..." : comment dire bonsoir à quelqu'un qui ferme régulièrement son agence à 17 heures , alors que tu vas travailler jusqu'à 20 heures ?

"Il y aura encore du sang répandu, et celui qui préviendrait tant de calamités par une bonne paix serait le bienfaiteur du genre humain."  : je connais, et sans doute vous aussi, des abrutis (au sens propre) et des félés (idem) qui eux parlent le plus sérieusement du monde de ce qu'il nous faudrait : "C'qui nous faudrait, c'est une bonne guerre!". Ce à quoi je réponds, bande d'arsouilles, allez la faire sans moi ! Bonne et guerre, ces deux mots ne peuvent être accolés que par des humains de la trempe de l'abbé Pierre, soeur Emmanuelle, soeur Theresa et un bon nombre d'illustres anonymes de bonne volonté qui font la guerre à la misère.

Ce sacré-(nom d'une pipe) Voltaire m'a encore fait sourire quand je le vois en quelques lignes passer des pensées les plus généreuses à celles de baguettes dorées ... Feu follet !...

Amis bloggers et lecteurs, je vous souhaite un bon Noël et des jours de joie, pour vous et ceux qui vous tiennent à coeur .

Tout de bon, comme disent mes voisins suisses ! (oui, on peut être Suisse et avoir un bon fond ! Si! Si !!)

Bisous à Babeth, serrage de louche à Florian.

16/12/2008

tir au 44 : deux coups ! zut, loupé!

« A François-Louis Allamand

Pasteur de l’église à Bex [1709-1784 pasteur à Ormont, professeur de grec]

 

         Je suis venu , Monsieur, me faire marmotte à Montriond pour l’hiver, après avoir essuyé mon petit tremblement de terre tout comme un autre [le 9 décembre]. Le meilleur des mondes possibles me parait une mine. Je plains comme vous, les Portugais ; mais les hommes se font encore plus de mal sur leur petite taupinière que ne leur en fait la nature. Nos guerres égorgent plus d’hommes que les tremblements de terre n’en engloutissent. Si on n’avait à craindre dans ce monde que l’aventure de Lisbonne[tremblement de terre du 1er novembre 1755], on se trouverait encore passablement bien. Au reste on dit que la moitié de cette ville est encore sur pied. On commence toujours par faire le mal ou le bien plus grand qu’il n’est. Je crois que Lisbonne a encore moins l’apparence du bouleversement que les abîmes et les rochers où vous êtes. Si vous pouviez quitter votre antre pour venir dans mon trou de marmotte, nous raisonnerions ensemble du mal physique et du mal moral dans le temps de relâche que mes maux physiques peuvent me donner. Je serais charmé de voir comment une imagination aussi brillante que la vôtre a pu conserver son feu dans le pays des frimas. Vous me paraissez ressembler au vin de Champagne qui n’en est que mieux quand il est à la glace.

Je vous embrasse en philosophe sans cérémonie à mon ordinaire.

        

         Voltaire à Montriond près de Lausanne

         16 décembre 1755 »

 

« les hommes se font encore plus de mal sur leur petite taupinière que ne leur en fait la nature. Nos guerres égorgent plus d’hommes que les tremblements de terre n’en engloutissent » c’est ce qui a sans doute passé dans la tête du journaliste lanceur de chaussures qui a mon grand regret a manqué sa cible (manque d’entrainement sans doute !). Il y a quelques décennies le rondelet Nikita Kroutchev s’était contenté de frapper son bureau à l’ONU avec son 42 fillette , « gross skandal » (mais pas petite sandale), grosse trouille pour certains, petits résultats en définitive ; Nikita, c’est vrai, il n’y a pas de mal à s’offrir ce plaisir quand on a suffisamment de bombes nucléaires pour rayer l’adversaire de la carte et à tout prendre les dégâts sont pour le moral U.S.. GWB , malgré sa coquetterie dans le regard , a esquivé. Double vue !? Aurait-il été alerté par une senteur suspecte ? Une prescience de l’attentat ? Je n’aimerais pas en ce moment faire partie de ses gardes du corps, les coups de pied au c..  doivent pleuvoir, et le chômage en étrennes programmées.

Qu’on fiche la paix à l’homme aux pieds nus, sa colère est légitime ;  le poids des mots ne suffit pas toujours, le choc des godasses est souvent nécessaire pour des têtes à claques dirigeant des pays soit disant développés et modèles.

         Je peux vous confirmer que depuis 1755 le  « pays des frimas » est toujours fidèle à sa réputation, mais que certains de ses habitants –comme Babeth, pour ne pas la nommer - ont le cœur généreux et offrent un agréable moment à un collègue (im)méritant. La lutte contre le froid chez moi prend une tournure spéciale : laissons pousser la barbe ! Je ne suis pas encore plausible en père Noël, ni en Robert Hue, mais plutôt nain de jardin ascendant Simplet !