11/03/2009
Dans l’état déplorable où je suis
"Dans l'état déplorable où je suis" : moi aussi, je pourrais le dire si je n'étais pas un Jacques le fataliste doublé d'un Candide. Comment donc concilier la rentabilité d'un monument historique national -le château de Voltaire, pour ne rien cacher- avec une politique de restriction des heures d'ouverture ? Hein ? Comment ?! J'espère que ce n'est qu'une possibilité à forte improbabilité, sinon, continuons à faire des lois, à grand renfort de commissions d'experts bien payées, pour par exemple , limiter le "piratage" via internet. Je vous le donne en mille,- non en cent , non pour rien,- qui sont les plaignants ? d'abord les compagnies de production, pour autant que je sache, et les artistes en second plan. J'ose dire et écrire que selon moi le "piratage" diminuerait notablement si les fameux CD (pour certains, en grand nombre, fumeux) étaient moins chers . Qui se gave le plus dans leur production ?
Les "pirates" dûment pendus par leurs raccordements au Net (enfin, ceux qui n'ont pas la WiFi) deviendront-ils de fidèles acheteurs de CD-DVD ? Les dollars vont-ils affluer vers ceux qui réclament ? Je n'y crois pas . En tout cas, pour l'instant je plaide non-coupable (facile : la bécane dont je dispose ne me permet pas le téléchargement !), et quand bien même je reviendrais à la bonne vieille technique que les moins de vingt ans ne peuvent pas connaître : enregistrer sur cassette audio via la radio, et puis transfert sur le support désiré . Un peu long, un gros peu d'attention, de bons réflexes -appuyer sur le bon bouton au bon moment-, mais non répréhensible j'ose encore espérer . A moins que le flicage forcené n'amène un espion dans chaque foyer, plus un flic pour surveiller l'espion, etc., etc. Est-ce vraiment le bon moyen pour diminuer le chomage ? Pour les payer ne devra-t-on pas augmenter les taxes sur l'audio-visuel ? Ce qui entrainera automatiquement une baisse de consommation , et puis ... J'arrête mon délire, un chien qui court après sa queue , ça ne m'amuse qu'un temps. Je suppose que vous connaissez le nom du chien et l'adresse de son maître . Pour une fois , je le ferais piquer (le chien ou le maître, c'est vous qui choisissez ! ).
"Je porterai jusqu’au tombeau le tendre triste souvenir de toutes vos bontés bétises passées, mon respectueux attachement mon irrespectueuse indépendance, mon admiration humour, et ma profonde douleur." Excuse me, Volti !!
« A Frédéric II, roi de Prusse
Sire,
Dans l’état déplorable où je suis, il ne me reste qu’à obtenir de Vôtre Majesté la triste grâce de partir, et d’aller chercher aux bains de Plombières une guérison dont je me flatte peu, ou la mort qui mettra fin à mon étrange et douloureuse situation. Ma famille [=Mme Denis] que j’avais abandonnée, ainsi que tout le reste, pour vous consacrer une vie devenue si malheureuse, va m’attendre à Plombières ; et elle espère que Votre Majesté daignera accorder à elle et à moi la consolation que nous vous demandons.
Si par un bonheur inespéré je pouvais recouvrer un peu de santé, et si par bonheur plus grand Votre Majesté voulait jamais m’avoir avant ma mort pour témoin de ses nouveaux progrès dans les arts qui ont fait jusqu’ici ses nobles amusements, je me trainerais encore auprès d’Elle.
Si Votre Majesté veut permettre que je me jette à ses pieds à Potsdam avant mon départ, et que je lui renouvelle les sentiments d’un cœur qui sera toujours à Elle, ce sera le dernier moment agréable que j’aurai eu en ma vie.
A l’égard de la clef et de la croix [clé de chambellan et croix du mérite] dont Votre Majesté m’a honoré, vous savez, Sire, que je ne suis qu’un homme de lettres. Ces décorations étrangères à mon état ne me sont chères que par la main qui me les a données. Je les conserverai avec la plus tendre reconnaissance si vous me les conservez, et je vous les rendrai avec la résignation la plus soumise si vous les reprenez.
Pour les dix mois de la pension de trois mille écus, que vous aviez, Sire, la générosité de me faire, il n’est pas juste que je la touche, vous ayant été inutile depuis longtemps. La moindre marque de vos bontés à mon départ me tiendrait lieu des plus grandes récompenses ; mais soyez sûr que rien ne me tiendra jamais lieu de vous. J’ai perdu ma patrie, ma santé, mes emplois [historiographe ], une partie de ma fortune. J’ai tout sacrifié pour vous. Mais j’ai été comblé près de trois ans de vos bienfaits .Je vous ai vu, je vous ai entendu. Je porterai jusqu’au tombeau le tendre souvenir de toutes vos bontés passées, mon respectueux attachement, mon admiration, et ma profonde douleur.[Fredéric II répondra le 16 : « Vous pouvez quitter mon service quand vous voudrez ; mais avant de partir, faites moi remettre le contrat de votre engagement, la clef, la croix , et le volume de poésies que je vous ai confié » . V* quitte Potsdam le 26 mars et arrive à Leipzig le 27. ]
Voltaire
A Berlin au Belvédère 11 mars 1753. »
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