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20/01/2009

Nous autres Français respectons le droit des gens, surtout avec les Turcs.!

Ce jour, dit historique, -que je juge quasi hystérique,- qui voit à la présidence des USA un homme de couleur sombre ( comme diraient quelques mieux -disant culturels ! ), aux idées lumineuses pour ceux qui espèrent voir la fin de la crise ( avant de l'avoir prise en pleine figure! ), la fin de guerres inutiles ( utiles pour l'industrie via l'armement ! ), un mieux dans leur vie de tous les jours, du boulot, des dollars, un pays respecté ( sinon respectable ! ), une belle voiture, des enfants obéissants et studieux, une femme fidèle , des maris-amants ( ou aimants pour les romantiques ! ), et un raton-laveur ...  Les Etats-Uniens me semblent être le peuple dit élu qui marchait dans le désert attendant la manne céleste et l'eau qui jaillit des rochers . Pour l'instant, beaucoup ont les mains sales, font tomber des bombes et jaillir des larmes . Out Bush ! Good luck M . Obama !

                                  Mais soyons optimistes, retrouvons un petit nombre d’élus, serviteurs d’Apollon et du plaisir !

 

 

« A Pierre-Robert Le Cornier de Cideville

 

                                 235px-LeCornierdeCideville.jpg  Le plus ambulant de vos amis, le plus écrivain, et le moins écrivant, se jette au pied de l’autel de l’amitié et avoue d’un cœur contrit sa misérable paresse. J’aurais dû vous écrire de Paris et de Cirey, mon aimable Cideville. Fallait-il attendre que je fusse en Franche-Comté ? Nous en partons d’aujourd’hui en huit, nous retournons à Cirey passer quelques jours, et de là nous faisons un petit tour à Paris. Nous y logerons dans la maison de Mme la comtesse d’Autrey, près du Palais –Royal, qui appartient à la dame de la ville de Gray où nous sommes actuellement. Je ne sais si Mme du Châtelet vous a fait tout ce détail dans sa lettre, mais je vous dois cette ample instruction de mes marches, pour avoir sûrement quelque lettre  de vous à mon arrivée à Paris.

                                  

                                   Ne serez-vous point homme à passer dans cette grande capitale des bagatelles une partie du saint temps de carême ? N’ai-je pas entendu dire que le philosophe Fromont y doit venir ? Il serait très doux, mon cher ami, de nous rassembler un petit nombre d’élus, serviteurs d’Apollon et du plaisir. Je ne sais pas trop comment vont les spectacles ; voilà ce qui m’intéresse, car pour le spectacle de l’Europe, les armées d’Allemagne et la comédie de Francfort, je n’y jette qu’un coup d’œil. Je paie mon dixième pour être un moment debout au parterre, et je n’y pense plus. Mais nous manquons d’acteurs à la Comédie française, c’est là l’objet intéressant. J’ai plus besoin de voir Dufresne remplacé que de voir Maximilien de Bavière sur le trône de Charles VI. Un grand comédien d’Allemagne, nommé le roi de Prusse, m’a mandé qu’il  aurait La Noue. D’un autre côté on se flattait de l’avoir à Paris, et je voudrais bien que La Noue fit comme moi, qu’il quittât les rois pour ses amis. Je ferai jouer Mahomet s’il vient dans la troupe, supposé, s’entend, que j’ai retaillé, recoupé, relimé, raboté, rebrodé, le tout pour vous plaire, car il faut commencer par vous, et je serai sûr du public. J’aurai encore le temps d’attendre que l’ambassadeur turc soit parti, car en vérité il ne serait pas honnête de dénigrer le prophète pendant qu’on nourrit l’ambassadeur, et de se moquer de sa chapelle sur notre théâtre. Nous autres Français respectons le droit des gens, surtout avec les Turcs.

 

                                   Mon Dieu, mon cher ami, que je voudrais vous retrouver à Paris pendant notre ramasan ! Car que je fasse jouer ou non mon fripon, je n’y resterai pas longtemps. Il faut encore aller boire à Bruxelles la lie du calice de la chicane, et végéter deux ans dans le pays de l’insipidité. Quelques étincelles de votre imagination, et quelques jours de votre présence me serviraient d’antidote. Je cours grand risque de rester encore deux ans au moins chez les barbares. Ne pourrai-je avoir la consolation de vous voir deux jours ? Adieu, mon cher ami, à qui mon cœur est uni pour toute ma vie. Je vous embrasse bien tendrement.

 

                                   V.

                                   Ce 19 janvier 1742, à Gray en Franche-Comté. »

 

Voir : http://fr.wikipedia.org/wiki/Pierre-Robert_Le_Cornier_de_Cideville