Rechercher : Tâchez de vous procurer cet écrit; il n'est pas orthodoxe, mais il est très bien raisonné
Il doit savoir que ce n'est point ainsi qu'on écrit l'histoire , qu'on est comptable de la vérité à toute l'Europe, qu'i
... A quoi lui sert-il d'avoir fait l'ENA, et qui plus est sortir dans la promotion Voltaire, pour être aussi inconséquent Fanfoué ?
Est-ce ton inconscient qui te pousse vers ce rêve ...
"Sitôt sorti de l'Elysée, il se sentit pousser des ailes, enfin libre, en scooter ."
« A Ivan Ivanovitch Schouvalov
A Ferney par Genève 7 novembre 1761
Monsieur, quoique je ne vous aie promis qu'à Pâques de 1 nouveaux cahiers de l'Histoire de Pierre le Grand, le désir de vous satisfaire m'a fait prévenir d'assez loin le temps où je comptais travailler ; mon attachement pour Votre Excellence et mon goût pour l'ouvrage entrepris sous vos auspices l'ont emporté sur des devoirs assez pressants qui m'occupent . J'ai remis 2 entre les mains de Votre Excellence 3 une copie de ce que je viens de hasarder uniquement pour vous sur ce sujet si terrible et si délicat de la condamnation et de la mort du czarovits 4. J'ai été bien étonné du mémoire qui était joint à votre dernier paquet . Ce mémoire n'est qu'une copie presque mot pour mot de ce qu'on trouve dans le prétendu Nesterusanoy . Il semble que ce soit cet Allemand dont j'ai déjà reçu des mémoires qui ait envoyé celui-là . Il doit savoir que ce n'est point ainsi qu'on écrit l'histoire , qu'on est comptable de la vérité à toute l'Europe, qu'il faut un ménagement et un art bien difficile pour détruire des préjugés répandus partout, qu'on n'en croit pas un historien sur sa parole, qu'on ne peut attaquer de front l'opinion publique qu'avec des monuments authentiques, que tout ce qui n'aurait même que la sanction d'une cour intéressée à la mémoire de Pierre le Grand, serait suspect ; et qu'enfin l'histoire que je compose ne serait qu'un fade panégyrique, qu’une apologie qui révolterait les esprits au lieu de les persuader . Ce n'est pas assez de croire et de flatter le pays où l'on est, il faut songer aux hommes de tous les pays . Vous savez mieux que moi monsieur tout ce que j'ai l'honneur de vous représenter, et vos sentiments ont sans doute prévenu mes réflexions dans le fond de votre cœur .
J'ai eu par un hasard heureux des mémoires de ministres accrédités qui ont suppléé aux matériaux qui me manquaient, et sans ce secours à quoi aurai-je été réduit ? J'ai ramassé dans toute l'Europe des manuscrits, j'ai été plus aidé que je n'osais l'espérer .
Je ne cacherai pas à Votre Excellence que parmi ces manuscrits , parmi ces lettres de ministres, il y en a de plus atroces encore que les anecdotes de Lamberti 5 . Je crois réfuter Lamberti assez heureusement à l'aide des manuscrits qui nous sont favorables, et j'abandonne ceux qui nous sont contraires . Lamberti mérite une très grande attention par la réputation qu'il a d'être exact, de ne rien hasarder, et de rapporter des pièces originales ; et comme il n'est pas à beaucoup près le seul qui ait rapporté des anecdotes affreuses répandues dans toute l'Europe, il me paraît qu'il faut une réfutation complète de ces bruits odieux . J'ai pensé aussi que je ne devais pas trop charger le czarovits , que je passerais pour un historien lâchement partial qui sacrifierait tout à la branche établie sur le trône dont ce malheureux prince fut privé . Il est clair que le terme de parricide dont on s'est servi dans le jugement de ce prince, a du révolter tous les lecteurs parce que , dans aucun pays de l'Europe, on ne donne le nom de parricide qu'à celui qui a exécuté ou préparé effectivement le meurtre de son père . Nous ne donnons même le nom de révolté qu'à celui qui est en armes contre son souverain, et nous appelons la conduite du czarovits, désobéissance punissable, opiniâtreté scandaleuse, espérance chimérique dans quelques mécontents secrets qui pourraient éclater un jour, volonté funeste de remettre les choses sur l’ancien pied, quand il serait le maître . On force après quatre mois d'un procès criminel ce malheureux prince, à dire, à écrie que s'il y avait eu des révoltés puissants qui se fussent soulevés et qui l'eussent appelé il se serait mis à leur tête .
Qui jamais a regardé une telle déclaration comme valable, comme une pièce réelle d'un procès ? Qui jamais a jugé une pensée, une hypothèse, une supposition d'un cas qui n'est point arrivé ? Où sont ces rebelles ? Qui a pris les armes ? Qui a proposé à ce prince de le mettre un jour à la tête des rebelles ? À qui en a-t-il parlé ? Et à qui a-t-il été confronté sur ce point important ? Voilà monsieur ce que tout le monde dit, et ce que vous ne pouvez empêcher de vous dire à vous-même . Je m'en rapporte à votre probité, à vos lumières . Ce que j'ai l'honneur de vous écrire est entre vous et moi, c'est à vous seul que je demande comment je dois me conduire dans un pas si délicat . Encore une fois nous ne nous faisons point illusion . Je vais comparaître devant l'Europe en donnant cette Histoire . Soyez très convaincu monsieur , qu'il n'y a pas un seul homme en Europe, qui pense que le czarovits soit mort naturellement . On lève les épaules quand on entend dire qu’un prince de vingt-trois ans est mort d'apoplexie à la lecture d'un arrêt qu'il devait espérer qu'on ne l'exécuterait pas . Aussi s'est-on bien donné de garde de m’envoyer aucun mémoire de Petersbourg sur cette fatale aventure . On me renvoie au méprisable ouvrage d'un prétendu Netsesaranoi . Encore cet écrivain aussi mercenaire que sot et grossier ne peut dissimuler que toute l'Europe a cru Alexis empoisonné . Voyez donc monsieur , examinez avec votre prudence et votre bonté pour moi, et avec le sentiment de ce qu'on doit à la vérité et aux bienséances si j'ai marché avec quelque sûreté sur ces charbons ardents .
Ce que j'ai l'honneur de vous envoyer n'est qu’une consultation , un mémoire de mes doutes que je vous supplie de résoudre . C'est pour vous que je travaille monsieur, c'est à vous à m'éclairer et à me conduire . Un mot en marge me suffira, ou une simple lettre avec quelques instructions sur les endroits qui me font peine .
Vous daignez sans doute compatir à mon extrême embarras, mais comptez sur tous mes efforts, sur l'envie extrême que j'ai de vous satisfaire, sur les sentiments pleins de respect et de tendresse que vous m'avez inspirés . Reconnaissez à ma franchise mon extrême attachement pour Votre Excellence, et soyez sûr que c'est du fond de mon cœur que je serai toute ma vie de Votre Excellence, monsieur, le très humble et très obéissant serviteur .
Voltaire . »
1 V* avait d'abord écrit le .
2 Je remets changé en j'ai remis .
3 de v. E. ajouté au dessus de la ligne .
5 Voir page 502 et suiv. : https://books.google.fr/books?id=kVE2AQAAMAAJ&pg=PA503&lpg=PA503&dq=lamberti+pierre+1er+alexis&source=bl&ots=OwwDWa9SnV&sig=o7xH55IyrwVCoTpivI1Ib9y-wBY&hl=fr&sa=X&ved=0ahUKEwivx5vFlKTQAhUEExoKHULkAbwQ6AEIJDAA#v=onepage&q=lamberti%20pierre%201er%20alexis&f=false
13/11/2016 | Lien permanent
Il doit savoir que ce n'est point ainsi qu'on écrit l'histoire , qu'on est comptable de la vérité à toute l'Europe ... o
... Souvient -en Sarko !
Si la première dégelée de 2012 ne t'a pas suffit, tu as le droit de prendre une deuxième portion , c'est ainsi que j'interprète ta parabole des frites , et je ne te serre pas la main, tu aurais pu te les laver à la sortie de la cantine , sagouin !
Je semble tenter de remettre dans le droit chemin ce politicard,[sic . NDLR : figure de style que semble affectionner James , allergique aux malfaisants faisans .], et dire qu' il n'est que le sommet de l'iceberg, une quantité non négligeable de candidats à la présidence le valant, dans la médiocrité , hélas .
« A Ivan Ivanovitch Schouvalov
A Ferney par Genève 7 novembre 1761
Monsieur, quoique je ne vous aie promis qu'à Pâques de 1 nouveaux cahiers de l'Histoire de Pierre le Grand, le désir de vous satisfaire m'a fait prévenir d'assez loin le temps où je comptais travailler ; mon attachement pour Votre Excellence et mon goût pour l'ouvrage entrepris sous vos auspices l'ont emporté sur des devoirs assez pressants qui m'occupent . J'ai remis 2 entre les mains de Votre Excellence 3 une copie de ce que je viens de hasarder uniquement pour vous sur ce sujet si terrible et si délicat de la condamnation et de la mort du czarovits 4. J'ai été bien étonné du mémoire qui était joint à votre dernier paquet . Ce mémoire n'est qu'une copie presque mot pour mot de ce qu'on trouve dans le prétendu Nesterusanoy . Il semble que ce soit cet Allemand dont j'ai déjà reçu des mémoires qui ait envoyé celui-là . Il doit savoir que ce n'est point ainsi qu'on écrit l'histoire , qu'on est comptable de la vérité à toute l'Europe, qu'il faut un ménagement et un art bien difficile pour détruire des préjugés répandus partout, qu'on n'en croit pas un historien sur sa parole, qu'on ne peut attaquer de front l'opinion publique qu'avec des monuments authentiques, que tout ce qui n'aurait même que la sanction d'une cour intéressée à la mémoire de Pierre le Grand, serait suspect ; et qu'enfin l'histoire que je compose ne serait qu'un fade panégyrique, qu’une apologie qui révolterait les esprits au lieu de les persuader . Ce n'est pas assez de croire et de flatter le pays où l'on est, il faut songer aux hommes de tous les pays . Vous savez mieux que moi monsieur tout ce que j'ai l'honneur de vous représenter, et vos sentiments ont sans doute prévenu mes réflexions dans le fond de votre cœur .
J'ai eu par un hasard heureux des mémoires de ministres accrédités qui ont suppléé aux matériaux qui me manquaient, et sans ce secours à quoi aurai-je été réduit ? J'ai ramassé dans toute l'Europe des manuscrits, j'ai été plus aidé que je n'osais l'espérer .
Je ne cacherai pas à Votre Excellence que parmi ces manuscrits , parmi ces lettres de ministres, il y en a de plus atroces encore que les anecdotes de Lamberti 5 . Je crois réfuter Lamberti assez heureusement à l'aide des manuscrits qui nous sont favorables, et j'abandonne ceux qui nous sont contraires . Lamberti mérite une très grande attention par la réputation qu'il a d'être exact, de ne rien hasarder, et de rapporter des pièces originales ; et comme il n'est pas à beaucoup près le seul qui ait rapporté des anecdotes affreuses répandues dans toute l'Europe, il me paraît qu'il faut une réfutation complète de ces bruits odieux . J'ai pensé aussi que je ne devais pas trop charger le czarovits , que je passerais pour un historien lâchement partial qui sacrifierait tout à la branche établie sur le trône dont ce malheureux prince fut privé . Il est clair que le terme de parricide dont on s'est servi dans le jugement de ce prince, a du révolter tous les lecteurs parce que , dans aucun pays de l'Europe, on ne donne le nom de parricide qu'à celui qui a exécuté ou préparé effectivement le meurtre de son père . Nous ne donnons même le nom de révolté qu'à celui qui est en armes contre son souverain, et nous appelons la conduite du czarovits, désobéissance punissable, opiniâtreté scandaleuse, espérance chimérique dans quelques mécontents secrets qui pourraient éclater un jour, volonté funeste de remettre les choses sur l’ancien pied, quand il serait le maître . On force après quatre mois d'un procès criminel ce malheureux prince, à dire, à écrire que s'il y avait eu des révoltés puissants qui se fussent soulevés et qui l'eussent appelé il se serait mis à leur tête .
Qui jamais a regardé une telle déclaration comme valable, comme une pièce réelle d'un procès ? Qui jamais a jugé une pensée, une hypothèse, une supposition d'un cas qui n'est point arrivé ? Où sont ces rebelles ? Qui a pris les armes ? Qui a proposé à ce prince de le mettre un jour à la tête des rebelles ? À qui en a-t-il parlé ? Et à qui a-t-il été confronté sur ce point important ? Voilà monsieur ce que tout le monde dit, et ce que vous ne pouvez empêcher de vous dire à vous-même . Je m'en rapporte à votre probité, à vos lumières . Ce que j'ai l'honneur de vous écrire est entre vous et moi, c'est à vous seul que je demande comment je dois me conduire dans un pas si délicat . Encore une fois nous ne nous faisons point illusion . Je vais comparaître devant l'Europe en donnant cette Histoire . Soyez très convaincu monsieur , qu'il n'y a pas un seul homme en Europe, qui pense que le czarovits soit mort naturellement . On lève les épaules quand on entend dire qu’un prince de vingt-trois ans est mort d'apoplexie à la lecture d'un arrêt qu'il devait espérer qu'on ne l'exécuterait pas . Aussi s'est-on bien donné de garde de m’envoyer aucun mémoire de Petersbourg sur cette fatale aventure . On me renvoie au méprisable ouvrage d'un prétendu Netsesaranoi . Encore cet écrivain aussi mercenaire que sot et grossier ne peut dissimuler que toute l'Europe a cru Alexis empoisonné . Voyez donc monsieur , examinez avec votre prudence et votre bonté pour moi, et avec le sentiment de ce qu'on doit à la vérité et aux bienséances si j'ai marché avec quelque sûreté sur ces charbons ardents .
Ce que j'ai l'honneur de vous envoyer n'est qu’une consultation , un mémoire de mes doutes que je vous supplie de résoudre . C'est pour vous que je travaille monsieur, c'est à vous à m'éclairer et à me conduire . Un mot en marge me suffira, ou une simple lettre avec quelques instructions sur les endroits qui me font peine .
Vous daignez sans doute compatir à mon extrême embarras, mais comptez sur tous mes efforts, sur l'envie extrême que j'ai de vous satisfaire, sur les sentiments pleins de respect et de tendresse que vous m'avez inspirés . Reconnaissez à ma franchise mon extrême attachement pour Votre Excellence, et soyez sûr que c'est du fond de mon cœur que je serai toute ma vie de Votre Excellence, monsieur, le très humble et très obéissant serviteur .
Voltaire . »
1 V* avait d'abord écrit le .
2 Je remets changé en j'ai remis .
3 de v. E. ajouté au dessus de la ligne .
5 Voir page 502 et suiv. : https://books.google.fr/books?id=kVE2AQAAMAAJ&pg=PA503&lpg=PA503&dq=lamberti+pierre+1er+alexis&source=bl&ots=OwwDWa9SnV&sig=o7xH55IyrwVCoTpivI1Ib9y-wBY&hl=fr&sa=X&ved=0ahUKEwivx5vFlKTQAhUEExoKHULkAbwQ6AEIJDAA#v=onepage&q=lamberti%20pierre%201er%20alexis&f=false
15/11/2016 | Lien permanent
la plus grande partie de cet argent appartenant à ma famille il n'est pas juste que je le laisse inutile
... Ah que j'aimerais en dire autant ! Faire des placements rentables, qui n'en rêve pas ?
« A François-Louis Jeanmaire 1
A Ferney 14 septembre 1764
Les cent vingt milles livres sont toutes prêtes monsieur .
14 000 livres | des lettres de change Turkeim payables à présent |
14 000 livres | que vous demanderez à la fin de septembre |
32000 | argent comptant |
30000 | en lettres de change à courts jours |
30000 | idem |
120 000 livres . |
|
Je vous prie de m'instruire de votre résolution, car la plus grande partie de cet argent appartenant à ma famille il n'est pas juste que je le laisse inutile .
Je suis très sensible monsieur à la bonté que vous avez eue de me promettre que dorénavant vous seriez mon seul correspondant, et que vous m'enverriez des lettres de change soit sur Lyon soit sur Genève à chaque semestre . J’ai l'honneur d'être avec bien de l'attachement monsieur
votre très humble et très obéissant serviteur
Voltaire . »
01/11/2019 | Lien permanent
la religion ne doit influer en rien dans l'état civil, si ce n'est pour nous rendre meilleurs citoyens, meilleurs parent
... Milieu du XVIIIè siècle ! chapeau !
Rien à ajouter ni à retrancher !
Coexistence pacifique
« De M. D'ALEMBERT.
Paris [fin mars 1757 ? ]1
J'ai reçu et lu, mon cher et illustre philosophe, l'article Liturgie 2. Il faudra changer un mot dans les Psaumes, et dire: « Ex ore sacerdotum perfecisti laudem 3, Domine.» Nous aurons pourtant bien de la peine à faire passer cet article, d'autant plus qu'on vient de publier une déclaration qui inflige la peine de mort 4 à tous ceux qui auront publié des écrits tendant à attaquer la religion; mais, avec quelques adoucissements, tout ira bien, personne ne sera pendu, et la vérité sera dite. J'ai fait vos compliments à mon camarade 5, qui vous remercie de tout son cœur, et qui compte vous faire lui-même les siens en vous écrivant incessamment. Je suis charmé que vous ayez quelque satisfaction de notre ouvrage. Vous y trouverez, je crois, presque en tout genre d'excellents articles. Il y en a dont nous ne sommes pas plus contents que vous ne le serez; mais nous n'avons pas toujours été les maîtres de leur en substituer d'autres. A tout prendre, je crois que l'ouvrage gagne à la lecture, et je compte que le volume septième, auquel nous travaillons, effacera tous les précédents. Je renverrai aujourd'hui à Briasson sa Religion vengée, et je n'aurai pas le même reproche à me faire que vous, car je ne l'ouvrirai pas. Je vous recommande Garasse-Berthier, qui, à ce qu'on m'a assuré, vous a encore harcelé dans son dernier journal . Voilà les ouvrages qui auraient besoin d'être réprimés par des déclarations. Je gage que le nouveau règlement contre les libelles n'empêchera pas la gazette janséniste de paraitre à son jour 6. A propos de jansénistes, savez-vous que l'évêque de Soissons 7 vient de faire un mandement où il prêche ouvertement la tolérance, et où vous lirez ces mots « Que la religion ne doit influer en rien dans l'état civil, si ce n'est pour nous rendre meilleurs citoyens, meilleurs parents, etc.; que nous devons regarder tous les hommes comme nos frères, païens ou chrétiens, hérétiques ou orthodoxes, sans jamais persécuter pour la religion qui que ce soit, sous quelque prétexte que ce soit. » Je vous laisse à penser si ce mandement a réussi à Paris. Adieu, mon cher confrère; je vous embrasse de tout mon cœur. »
1 Cette lettre est, au plus tôt, de la fin de mars, le mandement dont on y parle étant du 21 mars 1757.
2 Voir lettre à d'ALEMBERT du 19 février 1757 : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2012/09/27/unissez-tant-que-vous-pourrez-tous-les-philosophes-contre-le.html
3 « Ex ore infantium et lactentium perfecisti laudem, propter inimicos tuos,
ut destruas inimicum et ultorem. » : Psaume VIII, v. 3. : http://www.biblegateway.com/passage/?search=Psaumes+8&version=BDS
4 Le parlement demandait une loi pour punir de mort les auteurs de brochures contre les jésuites; et l'avocat général Omer Joly de Fleury attendait très-impatiemment cette loi, si digne de son aveugle intolérance. Grimm en dit un mot dans sa Correspondance littéraire du 1er mai 1757. (CL.)
6 Les Nouvelles ecclésiastiques, connues sous le titre de Gazette ecclésiastique, et rédigées alors par des jansénistes, du nombre desquels était Fontaine de La Roche. (CL.) Voir : http://dictionnaire-journalistes.gazettes18e.fr/journaliste/307-jacques-fontaine-de-la-roche
7 Fitz-James-Stuart , dont Voltaire a souvent parlé; voir page 524 :Dictionnaire philosophique : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k411336j/f527.image
; voir page 104 : Traité sur la Tolérance : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k4113410/f107.image
et voir page 280 : Sermon du rabbin Akib : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k411340m/f283.image
et 395 : Déclaration de Pierre Calas : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k411340m/f397.image
18/10/2012 | Lien permanent
Cette querelle n’est pas prête à finir,
La journée commence bien, soleil, bon gel, air sec, vent nul, Banania, miel. Jusque là tout va bien. Et puis, vers 8h20, sur la RSR1 (émission « le grand 8 ») où il est question de la « rédemption » de Mickey Rourke, je ne sais pas exactement quel journaliste –Antoine Duplan, je pense- admirateur éclairé de quelques films tournés avec Mickey R*, ose émettre cette co…ie magistrale : « James Dean n’a tourné que trois films, tous les trois mauvais ! ». Bougre de tête à claques ! « La fureur de vivre », « A l’est d’Éden » et « Géant » : mauvais ?! Je n’aurais pas eu la patience de Jean-Luc Bideau, invité de l’émission, qui a pris la défense de ces films, à mon gré trop mollement, - pour une fois infidèle à son image de trublion et rentre-dedans. Dommage !! Monsieur le critique de cinéma, je vous laisse à votre admiration du Mickey et son œuvre impérissable (car bien conservée dans l’alcool !!). Me faire un coup comme ça, au petit déj, ce n’est pas charitable ! Si vous avez l’occasion de voir les trois films cités, allez-y sans crainte. Je vous parle sans haine et sans peur, et je dois ajouter qu’un de mes livres favoris est « A l’est d’Éden » de John Steinbeck. Cet auteur est « top niveau » à mes sentiments. En cette période de crise, certains seraient bien inspirés de lire « Les raisins de la colère » ! Colère surchauffée dans nos iles tropicales où l’on retrouve une ambiance de république bananière : hors-la-loi et dictature de la peur. Le sang a coulé, des chômeurs malintentionnés ont trouvé un nouveau job : fauteur de trouble. « Vacances » musclées pour les gardes mobiles ; ils ne reviendront surement pas bien bronzés, le casque est supérieur comme isolant et pour arrêter les cailloux meilleur que l’ « écran total ». Tristes tropiques !!!
« A Etienne-Noël Damilaville
Mon cher frère, j’ai lu une partie de ce Pluquet [Examen du fatalisme, ou Exposition et réfutation des différents systèmes de fatalisme qui ont partagé les philosophes sur l’origine du monde, sur la nature de l’âme… 1757, abbé André-Adrien Pluquet]. Cet homme est ferré à glace pour la métaphysique ; mais je ne sais s’il n’a pas fourni un souper dont plusieurs plats seraient assez du goût des spinozistes. Je voudrais bien savoir ce que les d’Alembert, les Diderot pensent de ce livre.
La Destruction doit être partie ou partira à la fin de cette semaine. Je ne suis pas exactement informé, trois pieds de neige interrompent un peu la communication. Je crois que cette neige refroidira les esprits de Genève qui étaient un peu échauffés ; on disputera, mais il n’y aura point de guerre civile [V* : « Le peuple qui se croit le souverain veut culbuter le pauvre petit gouvernement… Cette querelle n’est pas prête à finir, la démocratie ne pouvant subsister quand les fortunes sont trop inégales… » 25 janvier. Le 7 février, mille Représentants avaient apporté leurs revendications à la Maison de Ville, demandant entre autre la convocation de Conseil général].
Je crois que j’ai très bien pris mon temps pour me tirer de la cohue, et pour me défaire des Délices, [V*, 12 janvier : « Je remets à Monsieur Robert Tronchin la maison sur le territoire Saint Jean nommée les Délices avec toutes les dépendances suivant l’accord fait entre nous »], d’autant plus que mon bail était fini, et que je ne l’avais pas renouvelé. Un M. Labat qui avait dressé les articles du contrat me faisait quelques difficultés [ les transformations faites par V* sont qualifiées de « dégradations », M. Labat dit que si on a changé les cheminées de plâtre pour du marbre, il doit payer le plâtre ! ] comme vous l’avez pu voir. Ces difficultés ont du vous paraître extraordinaires, aussi bien que le contrat même. On ne ferait pas de tels marchés en France. Celui-là est plus juif que calviniste.
Je me flatte que tout s’accommodera à l’amiable, et beaucoup plus facilement que les affaires de Genève. MM. Tronchin qui sont mes amis m’y aideront [ de J-R Tronchin à son frère François : « il ne faut avoir ni difficultés ni procès, et je t’avoue que j’aime mieux être lésé que de lutter contre V. » ]; mais je serai toujours bien aise d’avoir le sentiment de M. Elie de Beaumont au bas de mes petites questions. J’attends avec impatience son mémoire pour les Calas [ Mémoire pour dame Anne-Rose Cahibel, veuve Calas, et pour ses enfants ]. Voilà un véritable philosophe, il venge l’innocence opprimée ; il n’écrit point contre la comédie ; il n’a point un orgueil révoltant, il n’est point le délateur de ceux dont il aurait dû être l’ami et le défenseur. Le cœur me saigne de deux grandes plaies, la première que Rousseau soit fou ; la seconde que nos philosophes de Paris soient tièdes. Dieu merci vous ne l’êtes pas. Vous m’avez glissé deux lignes dans votre lettre du 12 février qui font la consolation de ma vie.
Je soupçonne que le paquet de Franche-Comté est tombé entre les mains des barbares. Il faut mettre cette petite tribulation aux pieds du crucifix. Je me recommande à vos saintes prières. J’entre aujourd’hui dans ma soixante et douzième année, car je suis né en 1694, le 20 février et non le 20 novembre comme le disent les commentateurs mal instruits [ le petit François-Marie, « né tué » comme il le dira, est déclaré né le 21 novembre 1694 sur son acte de baptême ; en réalité il serait né le 20 février, ondoyé, et seulement baptisé en novembre ]. Me persécuterait-on encore dans ce monde à mon âge ? Cela serait bien welche .Je me flatte au moins qu’on ne me fera pas grand mal dans l’autre. Je vous embrasse bien tendrement. Ecr[asez] l’Inf[âme].
Voltaire
20 février 1765. »
PS- cette note aurait dû paraître hier vendredi mais j'avais plusieurs fers au feu, entre autre, la préparation d'une assemblée générale de donneurs de sang bénévoles qui a mon grand plaisir s'est bien déroulée.
Puisqu'on parle d'anniversaire et que Volti n'aime pas trop les contrats juifs : http://www.juif.org/video/3925,gad-elmaleh-l-anniversaire...
21/02/2009 | Lien permanent
assurément il n'est fécond qu'en dissensions et en sophismes
... NUPES ! chimère politicarde, tu pars en miettes, et c'est bien fait .Ton pseudo-Napoléon est en vue de Sainte-Hélène ; qu'il y reste !
« A Jean Le Rond d'Alembert
5è mars [1768] 1
Mon cher et illustre confrère je compte sur votre amitié, sur votre sagesse, et sur votre discrétion . Ce que j'avais crains arrive . Le journal de Neuchâtel annonce une édition fort jolie de La Guerre de Genève . Je dérobais à tous les yeux le second chant, afin qu'on ne pût point imprimer les deux autres qui étant séparés de celui qui les lie ensemble, n'auraient pu être compris de personne .
Dans la fermentation où est Genève cette publicité m'est infiniment préjudiciable par des raisons que je ne puis vous dire dans une lettre . Si du moins M. de La Harpe n’avait donné cette plaisanterie qu'à mes amis et à mes parents à Paris en leur recommandant le secret, il n'y aurait eu que demi-mal, mais c'est pour moi seul que le secret a été gardé .
Si pendant trois mois de séjour à Paris il m'avait au moins averti une fois, j'aurais pu prévenir le tour qu'on me joue aujourd'hui . Il devait bien sentir qu'en donnant l'ouvrage à M. Dupuits à qui je l'avais toujours refusé, c'était une preuve indubitable que je ne voulais pas qu'il parût .
Sa misérable excuse inventée au bout de quinze jours chez moi à Ferney augmente trop sa faute . Ce sculpteur , cet Antoine de qui il disait qu'il tenait l'ouvrage, a répondu à M. Damilaville que La Harpe en avait menti .
Je n’ai pas besoin de cet aveu d'Antoine pour être convaincu de l'infidélité cruelle dont La Harpe est coupable . Je savais bien dans quel portefeuille était cet ouvrage que je n'ai jamais donné à personne . Je savais dans quel endroit étaient d'autres papiers qui me manquent, et mon secrétaire 2(qui écrit cette lettre, attendu que je perds les yeux) a vingt fois averti La Harpe qu'il était très indécent de fouiller dans mon cabinet comme il faisait continuellement.
Ce qui est encore plus triste, c'est qu'il s'en faut bien qu'il ait réparé cette violation des droits de l'hospitalité . J'en ai été affligé plus que vous ne croyez, et cependant il peut dire si je lui ai fait le plus léger reproche . Mon banquier l'a cherché dans toutes les auberges de Lyon à son passage ; il faut qu'il ait pris une autre route .
Je vous répète que hors de vous et de M. Damilaville, je n'ai confié mon affliction à personne . Mme Denis m'a promis de garder le secret, et si elle en parle ce ne sera qu'à vous .
Vous ai-je dit qu'on imprime à Genève les ouvrages dangereux du savant Abauzit contre la Trinité, l'Apocalypse, l'éternité des peines et des mystères 3 ? cette édition fera beaucoup de mal . C'est un ministre calviniste qui s'en est chargé . Cela justifie bien votre article de Genève dans lequel vous avez raison en tout, excepté quand vous dites que le terrain est fertile ; car assurément il n'est fécond qu'en dissensions et en sophismes . Les querelles de Genève ressemblent parfaitement à une dispute de théologiens, on argüe depuis quatre ans sans vouloir s'entendre . Il n'y a aujourd'hui qu'un seul point sur lequel Genève soit d'accord, c'est sur le mépris et l'horreur que tous les honnêtes gens ont pour Calvin en étant calvinistes.
Riez, mon cher ami, et consolez un peu ce pauvre vieillard qui vous aime autant qu'il vous estime, et qui vous sera tendrement attaché jusqu'au dernier moment de sa vie .
V. »
1Original ; édition Charles Henry « Lettres inédites de Voltaire à d'Alembert d'après le manuscrit de la collection de M. Guillaume Guizot », Le Temps, 2 août 1884, qui omet tout ce qui concerne La Harpe (depuis [...] Si du moins M. de La Harpe ... jusqu'à Je vous répète que compris et ajoute en post scriptum un extrait de la lettre du 6 mars 1768 .
2 Wagnière .
3 Trois ouvrages d'Abauzit sont en préparation : Discours historique sur l'Apocalypse, 1770 [: https://fr.wikisource.org/wiki/Livre:Firmin_Abauzit-Disco... ;
Œuvres de feu M. Abauzit publiées par Manoël de Végobre, 1770, dont seulement le premier volume parut ;
et Œuvres diverses de M. Abauzit , édité par Paul-Claude Moultou, 1770-1773 : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k6259011n
25/10/2023 | Lien permanent
il n’est pas permis de tromper ainsi le public.
... Ce qui n'est pas le reproche qu'on peut faire à ces deux enflures (au sens premier) que sont Booba et Kaaris, roquets qui bavent l'un sur l'autre publiquement depuis assez / trop longtemps ; qu'ils remercient les juges de les avoir mis à l'ombre en ce temps de canicule (temps de chien justement ) . Il en est qui aiment leurs chansons [sic] et leurs personnes, tous les goûts sont dans la nature, y compris le mauvais .
Match de nuls !
« A Charles-Augustin Ferriol, comte d’Argental
et à
Jeanne-Grâce Bosc du Bouchet, comtesse d’Argental
O mes anges ! après avoir beaucoup écrit de ma main, je ne peux plus écrire de ma main. Je ne m’aviserai pas de vous envoyer corrections, additions, pour la tragédie de mes roués [Octave ou le Triumvirat]. Une autre farce vient à la traverse. On prétend que notre ami Fréron, très attaché à l’Ancien testament, a fait imprimer la facétie de Saül et David qui est dans le goût anglais, et qui ne me parait pas trop faite pour le théâtre de Paris [Le relieur Pierre Hallé , qui avait été condamné en 1757 « au caveau et banni pour trois ans pour avoir imprimé des ouvrages impies et scandaleux » a été emprisonné le 8 août pour avoir eu 62 copies « de la tragédie du Saül par Voltaire ; il sera relâché le 30 octobre 1763 .»]. Ce scélérat, plus méchant qu’Achitophel [Achitophel, conseiller du roi David, complota avec Absalon , fils de David, révolté ; il conseilla à celui-ci d'abuser des femmes de son père et autres mauvais conseils ; Absalon ne les suivit pas . Achitophel se pendit de dépit .] a mis bravement mon nom à la tête ; c’est du gibier pour Omer [Omer Joly de Fleury, procureur général du Parlement de Paris]. Je n’y sais autre chose que de prévenir Omer, et de présenter requête, s’il veut faire réquisitoire. Je me joins d’esprit et de cœur à Messieurs, en cas qu’ils veuillent poser sur le réchaud Saül et David, au pied de l’escalier du May [c’est là qu’on brulait les livres condamnés à la requête d’Omer] ; voir Conversation de M. l'intendant des menus en exercice avec M. l'abbé Grizel .] C’étaient, je vous jure, deux grands polissons que ce Saül et David, et il faut avouer que leur histoire et celle des voleurs de grand chemin se ressemblent parfaitement. Maitre Omer est tout à fait digne de ces temps là. Quoi qu’il en soit, je déshérite mon neveu le conseiller au parlement [D’Hornoy, fils de Mme de Fontaine, devenue Marquise de Florian, à qui V* écrit la veille : « Il est important pour votre salut que votre oncle ne soit pas excommunié, attendu qu’étant mon héritier vous seriez damné aussi par le troisième concile de Latran. ». V* avait fermement insisté pour qu’il devint conseiller.], s’il n’instrumente pas pour moi dans cette affaire, en cas qu’il faille instrumenter.
Je lui donne tous pouvoirs par les présentes ; et mes anges sont toujours le premier tribunal auquel je m’adresse.
Je vous supplie donc d’envoyer chercher aux plaids mon gros neveu, et de l’assurer de ma malédiction s’il ne se démène pas dans cette affaire.
De plus, j’envoie à frère Damilaville un petit avertissement pour mettre dans les papiers publics, conçu en ces termes :
« Ayant appris qu’on débite à Paris sous mon nom, et sous le titre de Genève [à Damilaville : « S’il y avait une étincelle de justice dans messieurs de la justice, ils verraient bien que l’affectation de mettre mon nom à la tête de cet ouvrage est une preuve que je n’en suis point l’éditeur, ils verraient que le titre qui porte Genève est encore une preuve qu’il n’a pas été imprimé à Genève. »], je ne sais quelle farce, intitulée Saül et David, je suis obligé de déclarer que l’éditeur calomnieux de cette farce abuse de mon nom, qu’on ne connait point à Genève cette rhapsodie, qu’un tel abus n’y serait pas toléré, et qu’il n’est pas permis de tromper ainsi le public. »
Nul ange n’a jamais eu depuis le démon de Socrate un si importun client ; tantôt tragédies, tantôt farces, tantôt Omer, je ne finis point, je mets la patience de mes anges à l’épreuve. Si l’affaire est sérieuse, je les supplie d’envoyer chercher mon gros cochon de [ces trois mots rayés sur la copie Beaumarchais manquent aussi das les éditions suivantes ] neveu, sinon mes anges jetteront au feu la lettre qui est pour lui ; en tout cas, je crois qu’il sera bon que frère Damilaville fasse mettre dans les papiers publics le petit avertissement daté de la sainte ville de Genève. Il faut être bien méchant pour avoir mis mon nom là. Mes méchancetés à moi, se terminent au Pauvre Diable, au Russe à Paris, aux Pompignades, aux Bertiades [Pamphlets contre Lefranc de Pompignan et contre Berthier], à L’Écossaise ; mais aller au criminel ! ah fi !
Respect et tendresse au bout de vos ailes.
V.
Et M. le duc de Praslin a-t-il gagné son procès pour la Gazette littéraire ? [ Post scriptum rayé aussi sur la copie Beaumarchais . V* se réjouira du gain du procès le 1er février 1764, le duc de Choiseul-Praslin s’étant heurté à l’hostilité du Journal des Savants en particulier ]
14è auguste 1763. »
07/08/2018 | Lien permanent
me procurer des instructions nécessaires
...
« A Gabriel Cramer
[septembre-octobre 1767]
[…] remercie de tout mon cœur monsieur Cramer de la peine qu'il veut bien se donner pour me procurer des instructions nécessaires que je peux puiser dans Lettres et mémoires de Mornay .1 »
1 Philippe de Mornay, sieur Du Plessis-Marly : Mémoires (…) contenant divers discours, instructions, lettres et dépêches, 1624 : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b8620760s
Pour la date voir lettres suivantes .
« A Gabriel Cramer
[septembre-octobre 1767]
Comme on a perdu l'épreuve de l'addition concernant la campagne d'Italie, et qu'il y avait deux ou trois fautes dans cette épreuve , il suffira de renvoyer un autre exemplaire de cette addition . On joindra les nouvelles additions nécessaires . On ne manquera pas de faire ce que monsieur Cramer demande touchant Jacoby .
Monsieur Cramer est prié de vouloir bien venir à Ferney pour les choses les plus intéressantes quand il sera à Tournay .
On compte sur les Lettres et mémoires de Du Plessis-Mornay, dont on aura un très grand soin . »
10/05/2023 | Lien permanent
Si vous voulez faire des miracles, tâchez seulement de rendre votre climat un peu plus chaud
... C'est fait, mais c'est une malédiction, les humains ont eu la main lourde . La proposition doit être inversée si notre survie ne doit pas être compromise à brève échéance .
Il fait chaud : https://www.youtube.com/watch?v=-5K-wmNKavA
Dansons sur le volcan !
« A Catherine II, impératrice de Russie
Au château de Ferney, 27è février 1767
Madame,
Votre Majesté impériale daigne donc 1 me faire juge de la magnanimité avec laquelle elle prend le parti du genre humain. Ce juge est trop corrompu et trop persuadé qu’on ne peut répondre que des sottises tyranniques à votre excellent mémoire. Ne pouvoir jouir des droits de citoyen parce qu’on croit que le Saint-Esprit ne procède que du père me paraît si fou et si sot que je ne croirais pas cette bêtise si celles de mon pays ne m’y avaient préparé. Je ne suis pas fait pour pénétrer dans vos secrets d’État ; mais je serais bien attrapé si Votre Majesté n’était pas d’accord avec le roi de Pologne . Il est philosophe, il est tolérant par principe . J’imagine que vous vous entendez tous deux comme larrons en foire pour le bien du genre humain, et pour vous moquer des prêtres intolérants.
Un temps viendra, madame, je le dis toujours, où toute la lumière nous viendra du Nord 2. Votre Majesté impériale a beau dire 3, je vous fais étoile, et vous demeurerez étoile. Les ténèbres cimmériennes resteront en Espagne ; et à la fin même, elles se dissiperont. Vous ne serez ni ognon, ni chatte, ni veau d’or, ni bœuf Apis ; vous ne serez point de ces dieux qu’on mange, vous êtes de ceux qui donnent à manger. Vous faites tout le bien que vous pouvez au dedans et au dehors. Les sages feront votre apothéose de votre vivant ; mais vivez longtemps, madame, cela vaut cent fois mieux que la divinité .
Si vous voulez faire des miracles, tâchez seulement de rendre votre climat un peu plus chaud. À voir tout ce que Votre Majesté fait, je croirai que c’est pure malice à elle si elle n’entreprend pas ce changement : j’y suis un peu intéressé, car, dès que vous aurez mis la Russie au trentième degré, au lieu des environs du soixantième, je vous demanderai la permission d’y venir achever ma vie . Mais, en quelque endroit que je végète, je vous admirerai malgré vous, et je serai avec le plus profond respect, madame, de Votre Majesté impériale, le très humble et très obéissant serviteur
Voltaire.»
1 Dans la lettre du 9 janvier 1767 : https://fr.wikisource.org/wiki/Correspondance_de_Voltaire/1767/Lettre_6664
2 Dans sa lettre du 22 décembre 1766, Voltaire a dit à Catherine qu’elle était l’astre le plus brillant du Nord : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2022/03/24/j-ambitionne-bien-d-oser-parler-au-nom-du-genre-humain-si-ma-voix-peut-enco.html
Dans l’Épître qu’il lui adresse en 1771 : https://fr.m.wikisource.org/wiki/%C3%89p%C3%AEtres_(Voltaire)/%C3%89p%C3%AEtre_111
il dit : C’est du Nord aujourd’hui que nous vient la lumière.
3 Dans sa lettre du 9 janvier 1767, Catherine refuse la place que Voltaire lui donne parmi les astres.
30/07/2022 | Lien permanent
Tâchez de n’avoir plus besoin de médecins ; on vit et on meurt très bien sans eux
... A propos, qu'on engueule le Pr Raoult, soit, il a eu la langue mal pendue et s'est marché sur le sac en s'en prenant au reste de la profession et défendant son traitement du Covid 19 ; mais qu'on lui fiche la paix, il a traité ses patients avec attention, selon ses recherches, et je ne pense pas qu'il ait plus de morts sur la conscience que ceux des confrères ( pas du tout fraternels ! ) qui l'ont vilipendé . Conseil de l'Ordre , tu te trompes de cible .
Qui veut encore faire médecine aujourd'hui ?
Pour info : http://docteurdu16.blogspot.com/2012/10/les-nouveaux-mede...
« A Nicolas-Claude Thieriot
12è juillet 1765 1
Mon cher et ancien ami, vous êtes en amitié pire que les mauvais chrétiens ne sont dans leurs dévotions ; ils les font une fois l’an, et vous n’écrivez qu’une fois en deux ans. Si c’est votre asthme qui vous a rendu si paresseux, j’en suis encore plus fâché que si l’indifférence seule en avait été cause ; car, quoique je fusse très sensible à votre oubli, je le suis encore davantage à vos maux. Je croyais que vous étiez guéri pour avoir vu Tronchin. Tâchez de n’avoir plus besoin de médecins ; on vit et on meurt très bien sans eux. Il y a bientôt trois ans que je n’ai parlé de ma santé au grand docteur ; elle est détestable, mais je sais souffrir. Un homme qui a été malade toute sa vie est trop heureux, à mon âge, d’exister. J’espère que je verrai bientôt l’aimable et vrai philosophe dont les amygdales vont si mal 2. C’est une des plus grandes consolations que je puisse recevoir dans ma vie languissante.
Je ne peux guère consulter actuellement l’Esprit des lois ; j’ai le malheur de bâtir, je suis obligé de transporter toute ma bibliothèque. Vous voulez parler apparemment de la police municipale, qui paraît si favorisée dans le nouvel édit que M. de Laverdy a fait rendre. Tout le système de M. le marquis d’Argenson roule entièrement sur cette idée. On ne connaissait pas le mérite de M. d’Argenson, qui était un excellent citoyen. Un édit conforme aux opinions de ces deux hommes d’État ne peut manquer d’être bien accueilli. Il me semble que les provinces en sont extrêmement contentes. Il n’en est pas ainsi du petit libelle contre notre Archimède 3. Le peu d’exemplaires qui en sont parvenus à Genève ont été reçus avec la même indignation et le même mépris qu’à Paris. Les temps sont bien changés ; les philosophes d’aujourd’hui écrivent comme Pascal, et les jansénistes comme le père Garasse.
J’ai chez moi actuellement un jeune homme qui promet beaucoup, c’est M. de La Harpe, auteur de Warwick. Je souhaiterais bien qu’il eût autant de fortune que de talents. Il aura de très grands obstacles à surmonter, c’est le sort de tous les gens de lettres.
Adieu ; quand vous vous porterez bien, et qu’il y aura quelque ouvrage qui soit digne que [vous en]4 parliez, n’oubliez pas votre vieil ami dans sa retraite.
V. »
1 V* répond à une lettre du 3 juillet 1765 : « Il y a dix-huit mois, mon très illustre et très tendre ami, que je cours après mon bien et ma santé . Je me suis sauvé entièrement des griffes de mon banqueroutier . Il s'agissait de quatre cents livres de rentes viagères, ce qui est chose considérable dans un nécessaire borné comme le mien ; mais ce qui me touche plus que cette délivrance est celle de mon asthme sec et convulsif .[...] Vous avez vu avec quelle chaleur je m'intéressais pour Damilaville . Il vous inspirera bien vite cette même inclination quand vous le verrez .[...] Faites-vous apporter je vous prie le IIè tome de l'Esprit des lois . Lisez les chapitres 17 et 18 du 26è livre . Rappelez-vous l'édit du roi [édit financier de décembre 1764 ; voir plutôt XXII, XVII-XVIII]. Il me paraît dressé sur ces deux chapitres . Si ma découverte est juste, je sais gré à M. Laverdy d'en faire son profit, et j'en admire davantage M. de Montesquieu . Vale. »
2 Damilaville .
3 De l'abbé Louis Guidi ; voir lettre du 25 juin 1765 à Chabanon : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2020/10/18/il-faut-que-le-petit-troupeau-des-gens-qui-pensent-se-tienne-serre-contre-l.html
4 Manuscrit endommagé .
18/11/2020 | Lien permanent