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21/06/2024

Je ne songe à présent qu'à rebâtir

... Louable intention mister Président, encore faut-il avoir plans, matériaux et ouvriers  . Les avez-vous ?

Il est vrai que deux lignes de votre programme sont infiniment plus raisonnables que les éructations de l'opposition, mais pour des Français forts en gueule, amateurs de Cyril Hanouna (c'est dire leur goût pour la barbarie ), tout ce qui est  raisonnable est banni . Le retour de bâton va leur faire drôle , surtout qu'il va frapper de gauche et de droite . Y aura-t-il un service d'urgence pour soigner les fracassés ?  Les futurs élus relativement majoritaires vont faire comme les punaises de lit , ponctionner leurs électeurs : parasites !

 

 

 

« A Marie-Louise Denis

16è décembre 1768

Vous trouverez dans ce petit papier, ma chère nièce, la réponse à la lettre apportée par Fabry 1.

Dieu soit béni de ce que vous êtes à Paris dans un temps où sans vous cette pièce 2 ne pourrait jamais être jouée . Il est important qu'elle le soit pour des raisons que vous pouvez aisément deviner . C'est une chose très sérieuse . Et Le Duc de Bénévent sera pour vos menus plaisirs .

L'abominable épreuve par laquelle a passé Damilaville serait bien plus capable de tuer un vivant que de faire revivre un mort .

La personne dont vous me parlez me paraît mieux sifflée que les actrices de la comédie, et doit mieux jouer son rôle .

La Borde compte donner son opéra de Pandore pour le mariage de monsieur le Dauphin 3.

Si le premier gentilhomme de la chambre ne demande pas un autre spectacle, ce sera ma destinée d'ennuyer tous les dauphins l'un après l'autre . Engagez vite les anges à demander à M. le duc de Duras sa parole pour Pandore.

Vous voilà chargée de trois plaisirs. Ma vie n'est pas si brillante ; je mène précisément celle d'un chartreux . J'ai barricadé la porte du vestibule . On n'entre plus que par les souterrains . Je me fais lire à table, je mange très peu et je travaille beaucoup . Je ne suis pas heureusement dans l'état du pauvre syndic Pictet, quoique j'aie son âge ; mais si j'étais à sa place je l'imiterais . Il a été approuvé de tout le monde . Le esprits s'éclairent de plus en plus dans toute l'Europe . J'en reçois tous les jours des témoignages incontestables .

Vous aurez Empereurs et Marseillais . J'achèterai A.B.C. pour vous l’envoyer . Vous sentez bien qu'A.B.C. ne peut être de moi . Comment d'ailleurs aurais-je pu faire tant de choses différentes à la fois ? Je ne songe à présent qu'à rebâtir votre Châtelard , c'est mon seul alphabet .

On dit que deux fermiers généraux 4 ont fait banqueroute et que Marchant est en place 5 . S'il fait banqueroute aussi, il ne sera plaint de personne . Votre neveu est dans un vilain tripot ; mais s'il cherchait à éclairer les jeunes gens, on pourrait à la fin le détripoter . Le corps des maîtres des requêtes est un peu mieux composé .

Le frère de Mme de Sauvigny 6 est venu chez moi . J'ai été obligé de lui prêter de l'argent . Je n'y conçois rien ; il était né pour avoir cinquante mille écus de rente . La voix publique est pour lui dans le pays où il est . Croiriez-vous bien qu'il a fait des vers très jolis qu'on a fait graver sur le frontispice d'un hôtel de ville ? Il y a d'étranges malheurs et d'étranges aventures dans ce monde .

Nous verrons comment ma Catau se tirera d'affaire avec Moustapha . J'ai très bonne opinion de la fortune de ma Catau, et la fortune fait tout .

Je vous embrasse avec la tendresse la plus vive et la plus inaltérable . »

1 Le 23 décembre 1768, Dupan écrit à Mme de Freudenreich : « Fabry de Gex, qui était allé à Paris recevoir le cordon de Saint-Michel et les ordres de M. de Choiseul, était de retour […]. »

2 Les Guèbres .

3 Le dauphin ne se mariera que le 16 mai 1770 .

4 Virli et Roussel .

5 Marchant de Varennes , un neveu de V* ( « à la mode de Bretagne » ), qui accède au corps des fermiers généraux .Voir : note 142 de la page 168 : https://books.openedition.org/igpde/4495?lang=fr#bodyftn142

20/06/2024

L’ouvrage sera infailliblement décrié, je serai obligé de me justifier dans tous les journaux

...Comme vous dites, par exemple , monsieur Président, pour votre sortie abracabrantesque à propos des surcharges de travail des mairies recevant par wagons les demandeurs de changement de sexe ! Résultat probable : wagons d'électeurs votant contre vous et nous mettant sous la coupe d'opposants aux projets irréalistes . Bel ouvrage, non ? De quoi être fier ?

 

 

« A Gabriel Cramer

15è décembre [1768] 1

C'est une chose bien cruelle que Chirol ait négligé de mettre le carton du quatrième volume ; carton nécessaire pour réformer l'énorme bévue du compositeur qui a placé à la dernière paix une addition qu’on lui avait envoyée pour la paix de 1741 . On m'en fait des reproches de Lyon.

Voilà ce que c'est encore une fois que d'avoir toujours négligé de m'envoyer les dernières épreuves . L’ouvrage sera infailliblement décrié, je serai obligé de me justifier dans tous les journaux . Je ne saurais exprimer à monsieur Cramer combien ce contretemps et celui des Mélanges m'a affligé . Je n'embrasse pas monsieur Caro moins tendrement . »

1 Cette lettre est relative à l'édition octavo, 1768, du Siècle de Louis XIV.

Cela peut avoir de cruelles suites ... la bévue énorme

... Dissolution ! Macron restera désormais dans l'Histoire, le Gaston Lagaffe qui ne fait pas rire, l'inconséquent, le scieur de branche sur laquelle Marianne est assise, mère maquerelle d'un bordel de putes d'extrême droite à extrême gauche, souteneur impuissant d'un simili centre .  Les Français se croyaient malheureux, méprisés ; ils le seront réellement avec les tordus des extrêmes .

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L'avenir français, un soir de juillet

 

 

« A Gabriel Cramer

[vers le 12 décembre 1768] 1

M. le comte de Rochefort vient de découvrir que dans le fatras intitulé Essai sur les guerres civiles on trouve page 335  2 : Le connétable Anne de Montmorency tué à la journée de Nancy .

L'auteur avait dit apparemment à la journée de Saint-Denis . Au reste, il a vu de malheureux recueil à Paris, et on l'y demande . Cela peut avoir de cruelles suites .

Monsieur Cramer est prié de ne pas manquer de recommander à Panckoucke de faire corriger à la main la bévue énorme qui se trouve au tome 1er, page 285 3 où l'on a mis Catherine de Médicis pour Marie de Médicis . Cela seul est capable de décrier un livre et d'en empêcher le débit . »

1 Original . Pour la date, on sait que, vers le milieu de novembre, V* ne s'était pas encore aperçu de cette « énorme faute » ; voir lettre du 12 novembre au duc de Choiseul :

http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2024/05/22/vous-etes-accoutume-a-reparer-quelquefois-les-fautes-d-autrui.html

La présente semble à peu près contemporaine de celle adressée à d'Alembert : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2024/06/18/empechez-que-ce-siecle-ne-soit-la-chiasse-du-genre-humain-6503374.html

2 C'est-à-dire à la (première ) page 335 ( car par erreur de pagination , les pages 333-336 du volume VII sont répétées deux fois) du volume VII des Nouveaux Mélanges , 1768 . L'erreur fut corrigée dans l'édition quarto, XVI, 358 .

3 De l'édition de 1768 du Siècle de Louis XIV ; l'erreur fut aussi corrigée dans l'édition quarto , XI, 189.

19/06/2024

vous recevrez à la fin votre exemplaire

... du programme des partis candidats aux législatives, et si vous n'y comprenez rien, ne paniquez pas, c'est normal, c'est même voulu, les rédacteurs ne sachant pas eux-mêmes ce qu'ils veulent, hors qu'ils sont définitivement contre Macron et veulent sa peau : c'est plus que léger comme projet de gouvernement . Mais il est vrai que, à leurs yeux, tous les coups bas sont permis, des mariages de la carpe et du lapin nous offrent des chimères toutes plus dégoutantes les unes que les autres tel le RN-LRCiotti et le Nouveau Front populaire ; le mur est en face , accélérons !

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https://www.midilibre.fr/2024/06/18/legislatives-2024-can...

 

 

 

« A Maigrot

12 décembre 1768 à Ferney

Je vous demande pardon, monsieur, pour la chambre syndicale de Lyon , qui  est plus vétillarde 1 que celle de Paris, et qui a retenu pendant près de deux mois deux ballots du Siècle de Louis XIV , dans l'idée que l’éloge de ce siècle des grands talents était une satire maligne de celui-ci . J'espère que malgré cette louable délicatesse vous recevrez à la fin votre exemplaire .

Vous trouverez à l'article du quiétisme combien on a profité de vos bontés .

Je vous supplie monsieur, de vouloir bien présenter à Mgr le duc de Bouillon les assurances de mon respect, et du vif intérêt que je prends à sa santé et à sa conservation .

Agréez mes remerciements, et tous les sentiments avec lesquels, etc. »

1 Le mot vétillard a déjà été rencontré dans la lettre du 1er avril 1766 à d'Argental et employé aussi dans le début de Micromégas ; voir ; http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2021/07/05/beaucoup-d-artistes-et-d-ouvriers-des-fils-de-marchands-d-av-6325470.html

et : https://www.gutenberg.org/files/30123/30123-h/30123-h.htm

On le trouve dans le Dictionnaire de l'Académie de 1718, mais les dictionnaires du XVIIè siècle ne donnent que vétilleux .

18/06/2024

empêchez que ce siècle ne soit la chiasse du genre humain

... C'est tout ce qu'on demande d'abord aux politiciens qui rêvent d'abord de gloire et de battre l'adversaire, au lieu de penser à apporter la paix et le bien-être .

A ce sujet, Macron Le-Bien-Mal-Inspiré ouvre la porte à  ses adversaires qui  jubilent et rivalisent d'inventions pour nous mettre dans la mouise .

 

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https://www.calameo.com/books/00516380828e22617ddf5

https://fr.wikipedia.org/wiki/La_Gueule_ouverte_(journal)

 

 

A Jean Le Rond d'Alembert

12 de décembre [1768] 1
Mon cher philosophe, mon cher ami, je suis étonné et affligé de ne point recevoir de vos nouvelles dans le tombeau où le cher La Bletterie m’a condamné
2.

J’avais écrit à Damilaville 3 sous l’ancienne enveloppe de M. Gaudet, quai Saint-Bernard, comme il me l’avait recommandé. Je l’avais prié dans ma lettre de vous engager à m’instruire de son état, s’il ne pouvait m’en informer lui-même 4. Je vous demande en grâce de me faire savoir dans quel état il est. J’ai besoin d’être rassuré ; ayez pitié de mon inquiétude. M. de Rochefort, votre ami, a été assez bon pour venir passer trois jours dans ma solitude avec madame sa femme, dont le joli visage n’a à la vérité que dix-huit ans, mais dont l’esprit est très majeur. Je doute qu’aucun des capitaines des gardes du corps, de quelque roi que ce puisse être, soit plus instruit que ce chef de brigade. Il n’y a point, à mon gré, de place qui ne soit au-dessous de son mérite.

Je ne sais si vous avez connaissance de toutes les manœuvres qu’a faites votre hypocrite La Bletterie pour armer le gouvernement contre tous ceux qui ont trouvé sa traduction de Tacite ridicule. Vous devez, en ce cas, être puni plus sévèrement que personne. Au reste, s’il veut absolument qu’on m’enterre, je vous demande en grâce de ne lui point donner ma place à l’Académie 5. J’ai lu, dans une gazette suisse, que vous avez été présenté au roi danois avec une volée de philosophes, tels que les Saurin, les Diderot, les Helvétius, les Duclos, les Marmontel, et que les Ribaudier n’en étaient pas 6.

Dites, je vous en prie, au premier secrétaire de Bélisaire, que son ouvrage est traduit en russe, et qu’une partie du quinzième chapitre est de la façon de l’impératrice. On a prêché devant elle un sermon sur la tolérance 7 qui mérite d’être connu, quand ce ne serait que pour le sujet. Dieu bénisse les Velches ! ils viennent les derniers en tout.

On dit que vous avez enfin une salle de Wauxhall, mais que vous n’avez point encore de salle de magna charta 8.

Ayez la bonté, je vous en prie, de mettre Marie de Médicis, au lieu de Catherine de Médicis, à la page 285 du premier volume du Siècle de Louis XIV 9.

Ce beau siècle a eu ses sottises comme les autres, mais du moins il y avait de grands talents.

Je vous embrasse bien tendrement, mon cher ami, vous qui empêchez que ce siècle ne soit la chiasse du genre humain. »

1 Édition Kehl ; Renouard restitue les passages omis .

2 Voir lettre du 20 juin 1768 à d'Argental : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2024/02/03/l-absence-a-de-terribles-inconvenients-6483596.html

V* semble bien n'avoir pas reçu encore la lettre du 6 décembre de d'Alembert : http://www.monsieurdevoltaire.com/2015/03/correspondance-avec-d-alembert-partie-50.html

3 Il a déjà été question de cette lettre à Damilaville, qui est perdue, dans les lettres du 2 septembre 1768 et du 15 octobre 1768 à d'Alembert.

Voir dernière lettre connue à Damilaville du 16 avril 1768 : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2023/12/18/encore-une-fois-ne-croyez-rien-de-tout-ce-qu-on-dit-6476267.html

4 Tout le début du paragraphe est omis dans l'édition Kehl ; conséquemment, plus loin, la même édition porte dans quel état est Damilaville, au lieu de dans quel éta il est .

5 Au début de 1743 La Bletterie a été élu à l'Académie mais le roi a refusé de confirmer le vote . La Bletterie a fait appel de la bulle Unigenitus et meurt en 1772 sans être de l'Académie .

Voir : https://fr.wikipedia.org/wiki/Jean-Philippe-Ren%C3%A9_de_La_Bl%C3%A9terie

6 Voir les Nouvelles de divers endroits, du 7 décembre 1768 .

Voir aussi Gazette de France page 404 :https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k6241419k/f4.image.r=danois

7 Allusion à la traduction russe de Bélisaire.

8 Que Voltaire appelle la Charte des libertés d’Angleterre, page 423 : https://fr.wikisource.org/wiki/Page:Voltaire_-_%C5%92uvres_compl%C3%A8tes_Garnier_tome11.djvu/443

9 Cette faute a été corrigée dans les éditions postérieures à 1768

 

 

17/06/2024

A te principium : tibi desinet / Il a commencé avec toi ; il finira avec toi

... Ce quinquennat , Emmanuel !

Mais quel bordel ! Réussir à faire s'unir autant de partis d'opposition avides de pouvoir . Et des finances y attachées ça va de soi  . Une droite extrême et une gauche qui ne l'est pas moins, peste et choléra que suivent la fleur au fusil tant d'inconscients dont le seul crédo est "à bas Macron !". Nous allons manger du pain noir, et encore heureux si nous avons encore du pain .

PS -- Sophia Aram, femme remarquable et chroniqueuse le dit infiniment mieux que moi ce matin  ; heureusement il y a encore quelques grains de raison à semer : https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/le-billet-de-sophia-aram

 

 

« A Charles Pinot Duclos, Secrétaire perpétuel à l’Académie française

au Louvre

à Paris

8è décembre 1768 1

J'ai appris, monsieur, que vous avez été malade, ne doutez pas que je n'y aie été très sensible, non seulement je vous suis véritablement attaché, mais je sens combien vous êtes nécessaire aux belles-lettres et à la raison dans le temps où nous sommes . J’ai l'honneur de vous adresser Le Siècle de Louis XIV que vous voulez bien présenter à l'Académie. C'est le siècle du bon goût ; et j'ai dit expressément que ce siècle ne commença qu'à la fondation de l'Académie française, je dis à la fin qu'elle le soutient encore.

A te principium : tibi desinet .2

Je vous supplie de lui faire agréer mon respect et de me conserver vos bontés .

Votre très humble et très obéissant serviteur

V. »

1 L'original a appartenu à M. Faisant, à Montfort ; édition Édouard Question : « Lettres adressées à M. Duclos par Mme de Pompadour, le duc de Nivernois et Voltaire », Bulletin du comité des travaux historiques et scientifiques ; section d'histoire, d'archéologie et de philologie, 1882.

2 Il a commencé avec toi ; il finira avec toi . Noter que tibi ne paraît pas d'une syntaxe très classique . On attendrait tecum .

16/06/2024

cette somme, je vous renouvelle ma prière de la joindre avec ce qui produit du revenu

... Conseil ou consigne de Gabriel Attal pour améliorer -si c'est encore Dieu possible- notre pouvoir d'achat en péril ?

https://www.midilibre.fr/2024/06/16/legislatives-2024-que...

 

 

 

« A Gaspard-Henri Schérer et Cie

Banquier

à Lyon

Je vous prie, monsieur, de vouloir bien me mander si vous avez quelques nouvelles touchant la lettre de six mille livres présentée à Paris à M. de Laleu. En cas que vous ayez touché cette somme, je vous renouvelle ma prière de la joindre avec ce qui produit du revenu. Je n'ai pas besoin actuellement d'argent comptant .

J'ai l'honneur d'être, monsieur, votre très humble et très obéissant serviteur,

Voltaire.

A Ferney 7è décembre 1768. »