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Rechercher : Tâchez de vous procurer cet écrit; il n'est pas orthodoxe, mais il est très bien raisonné

Il n’a jamais daigné mettre la générosité au nombre de ses vertus

... Donald Trump , son don pour le mensonge et l'auto-satisfaction d'élu du dieu US, le dispense de toute qualité commune, y compris la générosité si tant est qu'il ait jamais eu une quelconque vertu . Il incarne atrocement le dicton : "Générosité bien ordonnée commence par soi-même !"

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C'est fait !

 

 

« A Antoine-Jean-Gabriel Le Bault

11 janvier 1769 à Ferney

Monsieur,

À la réception de votre lettre, j’envoie une lettre de change à M. François Tronchin 1. J’étais si malade que je ne pus pas même lui écrire. Il faut que je sois désespéré, puisque votre bon vin ne m’a pas encore guéri. Cependant je compte sur vous jusqu’à la fin de ma vie. Je ne veux boire que par vos bienfaits. Je ne puis plus souffrir d’autre vin que le vôtre. Apparemment que tant vaut l’homme, tant vaut son vin. M. De Brosses a fait enfin à peu près ce que je désirais. Ce n’a pas été sans peine. Il n’a jamais daigné mettre la générosité au nombre de ses vertus.

Mille respects à madame Le Bault ; j’ai l’honneur d’être avec les mêmes sentiments,

monsieur,

votre très humble et très obéissant serviteur.

Voltaire. »

1 Lapsus de V* ou de l'éditeur car il s'agit de Robert Tronchin banquier à Lyon .

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21/07/2024 | Lien permanent

ces persécutions continuelles font perdre un temps précieux

...

 

« A Michel-Paul-Guy de Chabanon 1

J’ai l’air d’être un ingrat, mon cher ami, mon cher confrère . Vous m’avez envoyé des vers charmants, et je ne vous en ai pas remercié sur-le-champ. Mais songez toujours combien je suis vieux, et par l’âge, et par les maladies. L’envie et la calomnie poursuivent encore ma pauvre vieillesse. On ne m’a point laissé en repos dans ma retraite. Ce qu’il y a de pis, c’est que ces persécutions continuelles font perdre un temps précieux. Je n’en ai pas été moins sensible au charme de vos vers. Il n’y a peut-être qu’une personne qui en puisse être plus touchée que moi, c’est celle à qui ils sont adressés. Si j’étais son mari, je me défierais fort d’un pareil faiseur de compliments.

Vous devez avoir une Princesse de Babylone. Elle viendra sans doute vous voir à votre lever. Si vous voulez bien lui apprendre par quelle voiture il faut qu’elle parte, et à quel intendant des postes il faut qu’elle présente requête, son père vous aimera de toutes ses forces tant qu’il respirera.

V.

20è juillet 1768 par Versoix et Lyon. »

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26/02/2024 | Lien permanent

Jésus-Christ a dit expressément dans le chapitre LIIIè de la guerre de Troie , que le mariage est un sacrement

...C'est du moins ce que Christine Boutin et sa clique apportaient comme argument pour s'opposer au mariage homosexuel .[fake news]

Sacré nom de Zeus, qui oserait contrarier une telle preuve  ? Vous ? Demandez au Chat-G-pété : https://talkai.info/fr/chat/

Pas mieux ! La vérité sort du serveur du félin pétomane .

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« A Charles Manoël de Végobre

Avocat

à Genève

6è mai 1768

Tout ce que je puis faire, monsieur, c'est de fournir de l’argent à Sirven et de prier Dieu qu'il touche le cœur de messieurs du parlement de Toulouse . Il se passe actuellement quelque chose en faveur des protestants 1, j'espère qu'il n'en sera pas comme de l'édit pour la légitimité de leurs mariages qui a été mis trois fois sur le tapis et qui enfin a été rejeté attendu que Jésus-Christ a dit expressément dans le chapitre LIIIè de la guerre de Troie , que le mariage est un sacrement . J'ai l'honneur d'être bien véritablement, monsieur,

votre très humble et très obéissant serviteur

V. »

1 S'agit-il de la création de Versoix comme le pense Besterman, ou de mesures en discussion au conseil du roi ?

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07/01/2024 | Lien permanent

Il vaut beaucoup mieux abandonner l'ouvrage que de le traiter ainsi

... Tel est l'avis du Conseil d'Etat à propos de  la position de l'Assemblée nationale  qui propose de modifier le Code pénal pour punir "la provocation" sur une personne malade à "abandonner ou à s'abstenir de suivre un traitement médical" : https://www.francetvinfo.fr/politique/parlement-francais/...

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« A Gabriel Cramer

[juin-juillet 1768]

On envoie de la copie à monsieur Cramer . Il est bien triste que depuis six semaines on n'ait pu avoir que cinq feuilles . Il vaut beaucoup mieux abandonner l'ouvrage que de le traiter ainsi .

Il est très probable que l'auteur sera mort avant que les quatre tomes 1 soient imprimés . Il prie instamment monsieur Cramer de lui donner la consolation de voir le premier volume entier ; il lui léguera les trois autres par son testament . Il espère vendredi avoir l'honneur de le voir . »

1 De la nouvelle édition revue et augmentée du Siècle de Louis XIV.

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16/02/2024 | Lien permanent

Avez-vous un fusil à la main

... Oui ! Opération Vigipirate oblige :

https://www.francetvinfo.fr/faits-divers/terrorisme/attentat-de-moscou-menaces-contre-des-lycees-jeux-olympiques-pourquoi-la-france-a-releve-le-plan-vigipirate-a-son-plus-haut-niveau_6446461.html

Avec l'espoir que nul attentat arrive .

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https://www.gettyimages.no/photos/operation-vigipirate

 

 

« A Anne-Madeleine-Louise-Charlotte Auguste de La Tour du Pin de Saint-Julien

Au château de Ferney 12 septembre 1768

Daignez-vous, madame, vous souvenir de ce vieux solitaire qui prenait la liberté de vous appeler son papillon philosophe ? Vous souvenez-vous encore que vous lui parlâtes d'un musicien 1 que vous protégiez beaucoup, et dont vous disiez des choses merveilleuses ? Continuez-vous à le protéger, et fait-il toujours de bonne musique ? Faites-moi la grâce, madame, de répondre à cette question ; faites-moi même une autre grâce, c'est de me garder le plus profond secret . Le joli papillon pourrait bien le laisser échapper mais la philosophe le gardera .

J'ignore, madame, ce que vous faites et où vous êtes, si vous avez des perdrix ou si vous faites mieux . Avez-vous un fusil à la main, ou une flèche de l'amour?Quelque train de vie que vous ayez pris, je m’intéresserai toujours à vous avec le plus sincère respect et l'attachement que vous inspirez à quiconque a eu le bonheur de vous connaître.

Le malade V. »

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26/03/2024 | Lien permanent

un philosophe, un homme d’esprit, un homme libre, un homme aimable

... C'est un tel homme que je vous souhaite de fréquenter, et d'être aussi, selon vos goûts ;  pour moi c'est Voltaire bien entendu .

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Monsieur, je vous salue

 

 

« A Charles-Augustin Ferriol, comte d'Argental

15 septembre 1768 1

Voici, mon cher ange, un Tronchin 2, un philosophe, un homme d’esprit, un homme libre, un homme aimable, un homme digne de vous et de Mme d’Argental, un des ci-devant vingt-cinq rois de Genève, qui s’est démis de sa royauté 3, comme la reine Christine, pour vivre en bonne compagnie. »

2 Jacob Tronchin .

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30/03/2024 | Lien permanent

Ce monde est une grande foire où chaque Polichinelle cherche à s’attirer la foule ; chacun enchérit sur son voisin

... Est-il constat plus véridique que celui-ci ?

Voltaire connait les Hommes qui veulent le pouvoir , ils empoisonnent le monde de leurs mensonges et leurs partisans en espèrent des bénéfices . Bandes de Polichinelles sanguinaires, ils sévissent sous tous les climats , quand vont-ils être réduits à néant ? Il y a urgence .

 

 

 

«  A Nicolas-Claude Thieriot

[vers le 15 septembre 1768] 1

Ma foi, mon ami, tout le monde est charlatan . Les écoles, les académies, les compagnies les plus braves, ressemblent à l’apothicaire Arnould, dont les sachets guérissent toute apoplexie dès qu’on les porte au cou, et à M. Le Lièvre, qui vend son baume de vie à force gens qui en meurent.

Les jésuites eurent, il y a quelques années, un procès avec les droguistes de Paris pour je ne sais quel élixir qu’ils vendaient fort chèrement, après avoir vendu de la grâce suffisante qui ne suffisait point ; tandis que les jansénistes vendaient de la grâce efficace qui n’avait point d’efficacité 2. Ce monde est une grande foire où chaque Polichinelle cherche à s’attirer la foule ; chacun enchérit sur son voisin. Il y a un sage dans notre petit pays qui a découvert que les âmes des puces et des moucherons sont immortelles, et que tous les animaux ne sont nés que pour ressusciter. Il y a des gens qui n’ont pas ces hautes espérances . J’en connais même qui ont peine à croire que les polypes d’eau 3 soient des animaux. Ils ne voient, dans ces petites herbes qui nagent dans des mares infectes, rien autre chose que des herbes qui repoussent, comme toute autre herbe, quand on les a coupées. Ils ne voient point que ces herbes mangent de petits animaux, mais ils voient ces petits animaux entrer dans la substance de l’herbe, et la manger. 

Les mêmes incrédules ne pensent pas que le corail soit un composé de petits pucerons marins. Feu M. de La Faye disait qu’il ne se souciait nullement de savoir à fond l’histoire de tous ces gens-là, et qu’il ne fallait pas s’embarrasser des personnes avec qui on ne peut jamais vivre.

Mais nous avons d’autres génies bien plus sublimes . Ils vous créent un monde aussi aisément que l’abbé de Lattaignant 4 fait une chanson . Ils se servent pour cela de machines qu’on n’a jamais vues . D’autres viennent ensuite, qui vous peuplent ce monde par attraction. Un songe-creux de mon voisinage a imprimé sérieusement qu’il jugeait que notre monde devait durer tant qu’on ferait des systèmes, et que dès qu’ils seraient épuisés ce monde finirait . En ce cas 5, nous en avons encore pour longtemps.

Vous avez très grande raison d’être étonné que, dans l’Homme aux quarante écus 6, on ait imputé au grand calculateur Harvey le système des œufs ; il est vrai qu’il y croyait ; et même il y croyait si bien qu’il avait pris pour sa devise ces mots : Tout vient d’un œuf. Cependant, en assurant que les œufs étaient le principe de toute la nature, il ne voyait, dans la formation des animaux, que le travail d’un tisserand qui ourdit sa toile. D’autres virent ensuite, dans le fluide de la génération, une infinité de petits vermisseaux très sémillants ; quelque temps après on ne les vit plus ; ils sont entièrement passés de mode. Tous les systèmes sur la manière dont nous venons au monde ont été détruits les uns par les autres ; il n’y a que la manière dont on fait l’amour qui n’a jamais changé.

Vous me demandez, à propos de tous ces romans, si dans le recueil du Lapon, qu’on vient d’imprimer à Lyon 7, on a imprimé ces lettres si étonnantes où l’on proposait de percer un trou jusqu’au centre de la terre, d’y bâtir une ville latine, de disséquer des cervelles de Patagons pour connaître la nature de l’âme, et d’enduire les corps humains de poix-résine pour conserver la santé 8 ; vous verrez que ces belles choses sont très adoucies et très déguisées dans la nouvelle édition. Ainsi il se trouve qu’à la fin du compte c’est moi qui ai corrigé l’ouvrage... Ridiculum acri
Fortius ac melius magnas plerumque secat res 9.

Ce qu’on imprime sous mon nom me fait un peu plus de peine . Mais que voulez-vous ! je ne suis pas le maître. M. l’apothicaire Arnould peut-il empêcher qu’on ne contrefasse ses sachets . Adieu. Qui bene latuit bene vixit 10. »

1 Minute des quatre premiers paragraphes, autographe depuis marins. Feu M. de La Faye […] corrigée par V* et datée par l'éditeur « 1768 15 7bre » ; édition Commentaire historique .

2 V* fait allusion à un incident mineur qu'il conte comme suit dans une note du Russe à Paris, 1760 : « On saisit des drogues et du vert-de-gris chez les frères jésuites de la rue Saint-Antoine , le 10 [14] mai 1760 jour de l'anniversaire de la mort de Henri le Grand . Il y a un grand procès sur cette contrebande entre les frères et un apothicaire. » Il revient sur cette affaire dans Le Pot pourri, chap. II : page 260 : https://fr.wikisource.org/wiki/Pot-pourri.

3 Le corail.

4 Gabriel-Charles de Lattaignant, chanoine de Reims, « à qui l'on doit, dit Léris dans son Dictionnaire des Théâtres, à ce que l'on prétend , quelques opéras-comiques. »

5 Cas et non pas, que donne par erreur l’édition Besterman.

7  On venait d’y publier une édition des Œuvres de Maupertuis en quatre volumes in-8°.

9 Horace, Satires, I, X, 14-15, inexactement cités . Traduction : Un trait plaisant tranche souvent les questions importantes plus fortement et mieux qu'un trait amer.

10 Ovide a dit dans ses Tristes, livre III. élégie iv, v.25 , inexactement cité

Et bene qui latuit bene vixit.

Qui a vécu bien caché a bien vécu.

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31/03/2024 | Lien permanent

si vous êtes à Paris, si vous avez un moment de loisir, voulez-vous avoir la bonté de jeter les yeux sur ce mémoire

... Petite prière d'Emmanuel Macron à ses ministres pour qu'ils se mettent à l'oeuvre au plus tôt pour réaliser ses projets exposés dans sa conférence de presse : https://www.lemonde.fr/

Qu'il se rassure, Rachida Dati s'est mise au travail , pour son propre avenir en tout cas : elle annonce sa candidature à la mairie de Paris ; ça c'est un beau projet culturel ou je ne m'y connais pas ! Plus c'est gros, plus ça marche, technique Trump , ou "comment enfumer le public "!

 

 

 

« A Jean-Baptiste-Jacques Élie de Beaumont

26 mai 1768

Mon cher Cicéron, si vous n’êtes point à Canon, si vous êtes à Paris, si vous avez un moment de loisir, voulez-vous avoir la bonté de jeter les yeux sur ce mémoire ? On ne demande que deux mots, savoir si le procédé de B. est loyal, et si A. 1 serait du moins fondé à demander en justice la suppression de la dernière clause.

Je respecte trop d’ailleurs vos occupations, et je m’intéresse trop à votre affaire de Canon pour vous demander autre chose que deux lignes signées de vous, et d’un ou deux confrères vos amis. Supposé que ce paquet vous trouve à Paris, je vous supplie d’envoyer ce mémoire, avec votre avis au bas, à M. Damilaville. Mes respects à madame de Canon, à cette respectable dame, à qui je suis attaché comme à vous, et à qui je regrette bien fort de ne point faire ma cour.

V. »

1 De Brosses et Arouet de Voltaire. Le philosophe, songeant à vendre Ferney et à se retirer à Tournay, voulait faire annuler la clause du contrat passé avec de Brosses, par laquelle de Brosses devenait propriétaire de tous les meubles se trouvant à Tournay lors de la mort de Voltaire. (G. Avenel.)

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17/01/2024 | Lien permanent

vous vous en tirerez comme vous pourrez

... Ceci est valable autant pour M. Attal que pour les paysans qui en viennent au blocage des routes et de l'éonomie . Nous ne sommes plus durant la Guerre de Cent ans, alors que donnera cette jacquerie moderne ?

Is this the right time for an uprising? 
https://www.google.com/search?client=firefox-b-d&q=uprising+muse#fpstate=ive&vld=cid:6795155f,vid:w8KQmps-Sog,st:0

 

 

 

«A François de Chennevières

10 juin 1768 1

Mon cher ami, je fais partir par la poste une Princesse de Babylone, mais vous ne la recevrez pas plus que les autres paquets, à moins que vous ne vous adressiez à M. Jeannel ; je vous en donne avis . On ne croit pas qu’un livre arrivé de Genève puisse regarder les hôpitaux militaires . Cependant je hasarde l'envoi, vous vous en tirerez comme vous pourrez .

J’aurai bien voulu être entre vous, Mme de Chennevières et Mme Denis, mais ma destinée ne le permet pas . Je suis réduit à vous embrasser de loin, à cultiver la terre, à faire de mauvaise prose et de mauvais vers.
Je prends le parti d'adresser le paquet à M. Jeannel pour Mme de Chennevières. »

1 Boissy d'Anglas, incomplète de la dernière phrase ; copie ancienne ; édition Cayrol.

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28/01/2024 | Lien permanent

je les aurai du moins amusés pendant une heure ; et en vérité c’est beaucoup par le temps qui court

... C'est ce que peut dire François Morel qui manie un humour intelligent et parle français, ce qui se fait rare ; je me régale :

https://www.youtube.com/watch?v=3UL84-AL7I8&list=PL72...

https://www.youtube.com/watch?v=kSPSOVtWTGc&ab_channe...

https://www.youtube.com/watch?v=P1oEG0JWTaU&ab_channe...

https://www.youtube.com/watch?v=s8kwHPqJ0x8&ab_channel=FranceInter

 

 

 

« A Charles-Augustin Ferriol, comte d'Argental

14 auguste 1768

J’ai reçu une lettre véritablement angélique du 4 d’auguste, que les Welches appellent août. Mais voici bien une autre facétie . Il vint chez moi, le 1er d’auguste, un jeune homme fort maigre 1, et qui avait quelque feu dans deux yeux noirs. Il me dit qu’il était possédé du diable ; que plusieurs personnes de sa connaissance en avaient été possédées aussi ; qu’elles avaient mis sur le théâtre les Américains, les Chinois, les Scythes, les Illinois, les Suisses 2, et qu’il y voulait mettre les Guèbres 3. Il me demanda un profond secret ; je lui dis que je n’en parlerais qu’à vous, et vous jugez bien qu’il y consentit.

Je fus tout étonné qu’au bout de douze jours le jeune possédé m’apportât son ouvrage. Je vous avoue qu’il m’a fait verser des larmes, mais aussi il m’a fait craindre la police. Je serais très-fâché, pour l’édification publique, que la pièce ne fût pas représentée. Elle est dans un goût tout à fait nouveau, quoiqu’on semble avoir épuisé les nouveautés.

Il y a un empereur, un jardinier, un colonel, un lieutenant d’infanterie, un soldat, des prêtres païens, et une petite fille tout à fait aimable.

J’ai dit au jeune homme avec naïveté que je trouvais sa pièce fort supérieure à Alzire, qu’il y a plus d’intérêt et plus d’intrigue ; mais que je tremble pour les allusions, pour les belles allégories que font toujours messieurs du parterre ; qu’il se trouvera quelque plaisant qui prendra les prêtres païens pour des jésuites ou pour des inquisiteurs d’Espagne ; que c’est une affaire fort délicate, et qui demandera toute la bonté, toute la dextérité de mes anges.

Le possédé m’a répondu qu’il s’en rapportait entièrement à eux ; qu’il allait faire copier sa pièce, qu’il l’intitule Tragédie plus que bourgeoise ; que si on ne peut pas la faire massacrer par les comédiens de Paris, il la fera massacrer par quelque libraire de Genève. Il est fou de sa pièce, parce qu’elle ne ressemble à rien du tout, dans un temps où presque toutes les pièces se ressemblent. J’ai tâché de le calmer ; je lui ai dit qu’étant malade comme il est, il se tue avec ses Guèbres ; qu’il fallait plutôt y mettre douze mois que douze jours ; je lui ai conseillé des bouillons rafraîchissants.

Quoi qu’il en soit, je vous enverrai ces Guèbres par M. l’abbé Arnaud, à moins que vous ne me donniez une autre adresse.

Une autre fois, mon cher ange, je vous parlerai de Ferney ; c’est une bagatelle ; et je ne ferai sur cela que ce que mes anges et Mme Denis voudront. Si Mme Denis est encore à Paris quand les Guèbres arriveront, je vous prierai de la mettre dans le secret.

Bon ! ne voilà-t-il pas mon endiablé qui m’apporte sa pièce brochée et copiée ! Je l’envoie à M. l’abbé Arnaud avec une sous-enveloppe. S’il arrivait un malheur, les anges pourraient se servir de toute leur autorité pour avoir leur paquet.

Si ce paquet arrive à bon port, je les aurai du moins amusés pendant une heure ; et en vérité c’est beaucoup par le temps qui court.

V. »

1 V* lui-même bien entendu .

2 On reconnaît Alzire, L'Orphelin de la Chine, Les Scythes, Hirza ou les Illinois, de Billardon  ( voir lettre du 16 mai 1767 à d'Argental : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2022/12/02/nul-monarque-avant-moi-sur-le-trone-affermi-n-a-quitte-ses-e-6415043.html ), Guillaume Tell de Lemierre (voir lettre du 22 novembre 1766 à d'Argental : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2022/02/24/m... )

3 Les Guèbres ou la Tolérance ne fut jamais représenté , la pièce fut seulement imprimée en 1769 :https://theatre-classique.fr/pages/pdf/VOLTAIRE_GUEBRES.pdf

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05/03/2024 | Lien permanent

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