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Rechercher : richelieu 26 mai 1755

il ne sied pas à un dévot comme moi de songer encore aux vanités de ce monde,

Un style de tango que j'aime : http://www.youtube.com/watch?v=as59Id4eHhc&feature=re...

 

 

 

 

 

 

« A Louis-François-Armand du Plessis, duc de Richelieu

 

3è décembre 1769

 

                            Enfin, Monseigneur, voici les Souvenirs de Mme de Caylus que j’attendais depuis si longtemps ; ils sont détestablement imprimés. C’est dommage que Mme de Caylus ait si peu de mémoire. Mais enfin, comme elle parle de tout ce que vous avez connu dans votre première jeunesse, et surtout de Mme la duchesse de Richelieu votre mère, et de M. le duc de Richelieu qui est votre père quoi qu’on die [sous cette forme, formule qui peut correspondre à celle des Femmes savantes ], je suis persuadé que ces souvenirs vous en rappellerons mille autres, et par là vous feront un grand plaisir. Je me flatte que le paquet vous parviendra, quoique un peu gros. Permettez-moi de vous faire souvenir des Scythes pour le dernier mois de votre règne des Menus [Menus plaisirs = spectacles, et en particulier ceux de la Comédie Française ; poste occupé en tant que premier gentilhomme de la chambre « de quartier » ]. On dit qu’ il ne sied pas à un dévot comme moi de songer encore aux vanités de ce monde, mais ce n’est pas vanité, c’est justice. Je vous supplie d’être assez bon pour me dire si les Souvenirs de Mme de Caylus vous ont amusé.

 

                            Recevez avec votre bonté ordinaire mon très tendre respect.

 

 

                            V. »

 

 

Madame_de_Caylus_Hyacinthe_Rigaud.jpg

 

 

 

 

Quelques renseignements sur les Caylus :

 Le comte de Caylus, fils de Mme de Caylus , auteur des Souvenirs ::

http://www.freres-goncourt.fr/caylusbis/caylusabsm.htm

 

http://fr.wikipedia.org/wiki/Marthe-Marguerite_Le_Valois_...

 

 

 

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03/12/2009 | Lien permanent

Personne n’est plus indulgent que moi, mais ce n’est pas pour les calomniateurs

 http://www.youtube.com/watch?v=sqinwy0RdQs : l' Eternel féminin vu par Juliette .

On peut lui faire confiance pour la réalité des faits , elle est femme , et je me réjouis chaque fois que je l'écoute. Non pour le point final, mais pour ce ton d'humour qu'elle sait manier à la perfection  .

 

Régalez vous et grappillez ses autres titres, vous en redemanderez ...

 

 

 

 

 

 

« A Charles Manoël de Végobre

 

                            Je vous confie, mon cher Monsieur, que M. Court est à Paris sous un autre nom [Antoine Court de Gébelin, à Paris pour créer un centre clandestin de renseignement et de propagande pour les protestants. Il a écrit  Les Toulousaines ou Lettres historiques et apologétiques en faveur de la religion réformée et de divers protestants condamnés (1763) ]. J’ai peur qu’il ne veuille précipiter le succès de ce que j’ai entrepris en faveur des protestants du royaume ; et que son zèle très louable ne demande trop tôt ce qu’on ne doit attendre que dans quelques années. Il m’a prié de lui faire avoir des audiences de quelques personnes qui peuvent beaucoup ; je l’ai fait. Je peux vous assurer qu’il y a des hommes en place qui sont tout aussi zélés que moi. Mais plus cette affaire est importante, plus elle demande de ménagements extrêmes.

 

                            Si quelques jours vous pouviez venir chez moi, je vous montrerais des choses qui vous surprendraient beaucoup .Comptez que personne ne vous a servis plus efficacement que moi depuis plus de soixante ans.

 

                            Laissons d’abord juger définitivement l’affaire de Calas, à laquelle mon avocat au Conseil travaille jour et nuit. C’est alors qu’on pourra agir avec plus de sureté.

 

                            M. le maréchal de Richelieu me mande qu’il accorde toute sa protection à M. de Carbon, et que si on voulait lui faire la moindre peine, il l’en ferait avertir.

 

                            Vous avez dans votre ville de Genève une espèce de quakre, qui mériterait, au moins d’être chassé, s’il était coupable de la calomnie qu’on lui impute [Claude Gray, qui invité à diner chez V* aurait affirmé ensuite « qu’on avait tenu à table de discours impies ». V* écrit à l’avocat Debrus à Genève : « S’il répand en effet ce bruit , nous en demandons justice, ou nous la ferons nous-mêmes. » et signe « Voltaire, Denis »]. Je suis bien aise de vous envoyer la déclaration de Mme Denis et la mienne. Personne n’est plus indulgent que moi, mais ce n’est pas pour les calomniateurs . Je ferai saisir ce misérable par la maréchaussée, s’il reparait sur les terres de France.

 

                            Je vous embrasse de tout mon cœur, et sans cérémonie.

 

                            V.

 

9è décembre 1763 à Ferney. »

 

 

                           

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09/12/2009 | Lien permanent

la renommée ne sait souvent ce qu’elle dit

 http://www.youtube.com/watch?v=gQLtCoh5EaI&NR=1&f...

Petit clin d'oeil à Nicolas qui porte en lui un esprit voltairien ! Bon sang ne saurait mentir !

 

 

célérité guerrier warhammer.jpg

 

 

 

« A Claude-Etienne Darget    [ 1]

 

A Lausanne 8 janvier 1758

 

                            Vous me demandez, mon cher et ancien compagnon de Potsdam, comment Cinéas [ 2] s’est raccommodé avec Pyrrhus. C’est premièrement que Pyrrhus fit un opéra de ma tragédie Mérope, et me l’envoya. C’est qu’ensuite il eut la bonté de m’offrir sa clé qui n’est pas celle du paradis, et  toutes ses faveurs qui ne conviennent plus à mon âge. C’est une de ses sœurs qui m’a toujours conservé ses bontés qui a été le lien de ce petit commerce qui se renouvelle quelquefois entre le héros –poète  –philosophe –guerrier –malin –singulier –brillant –fier -modeste etc. et le Suisse Cinéas retiré  du monde [ 3]. Vous devriez bien venir faire quelque tour dans nos retraites soit de Lausanne soit des Délices. Nos conversations pourraient être amusantes. Il n’y a point de plus bel aspect dans le monde que celui de ma maison de Lausanne. Figurez-vous quinze croisées de face en cintre, un canal de douze grandes lieues de long que l’œil enfile d’un côté, et un autre de quatre à cinq lieues, une terrasse qui domine sur cent jardins, ce même lac qui présente un vaste miroir au bout de ces jardins, les campagnes de la Savoie au-delà du lac, couronnées par les Alpes qui s’élèvent jusqu’au ciel en amphithéâtre, enfin une maison où je ne suis incommodé que des mouches au milieu des plus rigoureux hivers. Madame Denis l’a ornée dans le goût d’une Parisienne. Nous y faisons beaucoup meilleure chère que Pyrrhus. Mais il faudrait un estomac, c’est un point sans lequel il est difficile aux Pyrrhus et aux Cinéas d’être heureux. Nous répétâmes hier une tragédie. Si vous voulez un rôle, vous n’avez qu’à venir. C’est ainsi que nous oublions les querelles des rois, et celles des gens de lettres : les unes affreuses, les autres ridicules.

 

                            On nous a donné la nouvelle prématurée d’une bataille entre M. le maréchal de Richelieu et M. le prince de Brunswik ; il est vrai que j’ai gagné aux échecs une cinquantaine de pistoles à ce prince mais on peut perdre aux échecs une cinquantaine de pistoles, et gagner à un jeu où l’on a pour second trente mille baïonnettes. Je conviens avec vous que le roi de Prusse a la vue basse, et la tête vive, mais il a le premier des talents au jeu qu’il joue, la célérité. Le fonds de son armée a été discipliné pendant plus de quarante ans. Songez comment doivent combattre des machines régulières, vigoureuses, aguerries qui voient leur Roi tous les jours, qui sont connues de lui, et qu’il exhorte chapeau bas à faire leur devoir ; souvenez-vous comme ces drôles-la font le pas de côté et le pas redoublé, comme ils escamotent les cartouches en chargeant, comme ils tirent six à sept coups par minute. Enfin leur maître croyait tout perdu, il y a trois mois il voulait mourir, il me faisait ses adieux en vers et en prose, et le voilà qui par sa célérité et par la discipline de ses soldats gagne deux grandes batailles en un mois, court aux Français, vole aux Autrichiens, reprend Breslau [ 4 ], a plus de quarante mille prisonniers et fait des épigrammes. Nous verrons comment finira cette sanglante tragédie si vive et si compliquée. Heureux qui regarde d’un œil tranquille tous ces grands évènements du meilleur des mondes possibles.

 

                            Je n’ai point encore tiré au clair l’aventure de l’abbé de Prades [ 5 ]; on l’a dit pendu. Mais la renommée ne sait souvent ce qu’elle dit. Je serais fâché que le roi de Prusse fît pendre ses lecteurs. Vous ne me dites rien de M. du Verney. Vous ne me dites rien de vous. Je vous embrasse bien tendrement et j’ai une terrible envie de vous voir.

 

                            Le Suisse V. »



1- Cette lettre fut publiée dans le Journal encyclopédique du 1er juillet 1758, et V* s’en plaindra à Darget le 17 juillet et le 16 septembre  et à Pierre Rousseau, directeur du Journal, le 24 août . Il se plaindra qu’elle a été « falsifiée » : il y manque effectivement le dernier paragraphe.

2- Cinéas était un habile négociateur qui conseilla à Pyrrhus de cesser de faire la guerre et profiter de la vie.

3- Wilhelmine, la margravine de Bayreuth. V* ne fait pas de référence aux négociations secrètes de paix qui se faisaient par son intermédiaire.

4- Frédéric a remporté la bataille de Rossbach le 5 novembre 1757, Leuthen le 5 novembre, Breslau en décembre.

5- On disait qu’il était accusé d’avoir conspiré contre le roi de Prusse ; Frédéric le soupçonnait seulement d’indiscrétion et l’a fait mettre à Magdebourg.

 

La renommée : sonnez trompettes !

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08/01/2010 | Lien permanent

M. de Richelieu a trouvé mauvais apparemment que je ne lui aie pas sacrifié une cuisse de nièce

 ... N'insistez pas ma chère nièce, et cessez de me regarder ainsi . En aucun cas je ne vous embrasserai pour rompre le mauvais sort !

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A M. le comte d'ARGENTAL.
Aux Délices, [vers le 30 mars 1758].
Mon cher et respectable ami, je ne devrais être étonné de rien à mon âge. Je le suis pourtant de ce testament. Je sais, à n'en pouvoir douter, que le testateur 1 était l'homme du sacré collège qui avait le plus d'argent comptant. Il y a sept ou huit ans que l'homme de confiance dont vous me parlez 2 lui sauva cinq cent mille livres qui étaient en dépôt chez un homme d'affaires dont le nom ne me revient pas; c'est celui qui se coupa la gorge pour faire banqueroute, ou qui fit croire qu'il se l'était coupée. On eut le temps de retirer les cinq cent mille livres avant cette belle aventure.
Certainement, si Mme de Grolée 3 ne se retire pas à Grenoble, si elle reste à Lyon, l'homme de confiance sera l'homme le plus propre à vous servir; et vous croyez bien, mon cher ange, que je
ne manquerai pas à l'encourager, quoiqu'un homme qui vous a vu et qui vous connaît n'ait assurément nul besoin d'aiguillon pour s'intéresser à vous.
Je suis charmé que M. le maréchal de Richelieu ait exigé du cardinal, votre oncle, l'action honnête qu'il fit quand il vous assura une partie de sa pension; mais s'il faut toujours envoyer de nouvelles armées se fondre en Allemagne, il est à craindre qu'à la fin les pensions ne soient mal payées. Heureux ceux dont la fortune est indépendante . Je ne reviens point de votre singulière aventure de cette maison dans une île que les Anglais ont brûlée 4. Il faut au moins que, par un dédommagement très-légitime, la pension vous soit payée exactement.
Je ne sais si M. le maréchal de Richelieu a beaucoup de crédit à la cour; je crois que vous le voyez souvent. Je ne suis pas trop content de lui. Je vous ai déjà dit qu'il s'était figuré que je devais
courir à Strasbourg pour le voir à son passage, lorsqu'il alla commander cette malheureuse armée. Mme Denis était alors très-malade elle avait la fièvre. Vous vous souvenez que le roi de Prusse lui avait fait enfler une cuisse 5 il y a cinq ans; cette cuisse renflait encore; les maux que les rois causent n'ont point de fin. M. de Richelieu a trouvé mauvais apparemment que je ne lui aie pas sacrifié une cuisse de nièce. Il ne m'a point écrit, et le bon de l'affaire est que le roi de Prusse m'écrit souvent. Cependant je veux toujours plus compter sur M. de Richelieu que sur un roi. Il est vrai que, dans mon agréable retraite, ni les monarques ni les généraux d'armée ne troublent guère mon repos.

Quant à l'Encyclopédie, mon cher ange, voici ce que je vous supplie de faire entendre à Diderot s'il est assez heureux pour vous voir .

Quand d'Alembert m'a envoyé des articles à faire j'ai toujours cru et j'ai dû croire que Diderot et compagnie étaient de concert avec lui . S'ils veulent que je donne ces articles destinés au huitième volume la chose vaut bien peu, si elle ne vaut la peine que Diderot m'en prie .

Mais en ce cas il faudra toujours me les renvoyer par Bouret ou quelqu'autre contresigneur 6 afin que je les corrige . Et supposé que Diderot et compagnie me chargent de ces articles , je dois supposer encore 7 que d'autres ne travailleront pas 8.
Je suis toujours affligé que Diderot, d'Alembert, et autres, ne soient pas réunis, n'aient pas donné des lois, n'aient pas été libres, et je suis toujours indigné que l'Encyclopédie soit avilie et défigurée par mille articles ridicules, par mille déclamations d'écolier qui ne mériteraient pas de trouver place dans le Mercure. Voilà mes sentiments, et, parbleu, j'ai raison.
Mille tendres respects à tous les anges. Je vous embrasse tant que je peux.

Le Suisse V. »

1  Le cardinal de Tencin .

2  Jean-Robert Tronchin banquier à Lyon .

3   Françoise de Guérin de Tencin épouse de Jacques-Laurent du Gros, comte de Grolée, sœur du cardinal de Tencin et tante de d'Argental.

Les iles de Ré et d'Aix, qui appartenaient alors à M. d'Argental, avaient été ravagées par les Anglais. Le roi en a fait depuis l'acquisition. (Kehl.)

6  Par Bouret ou quelqu'autre contresigneur est ajouté en marge sur le manuscrit .

7  Encore est ajouté au dessus de la ligne .

8   Les trois paragraphes depuis Quant à l'Encyclopédie … supprimés sur la copie Beaumarchais manquent dans l’édition de Kehl et suivantes .

 

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27/07/2013 | Lien permanent

Il s'en faut de beaucoup que le c. de Richelieu ait porté autant d'envie à Corneille que le roi de Prusse m'en portait

 

 

 

 

«  A Charles-Augustin Ferriol, comte d'Argental

 

A Berlin 26 février [1753]

 

Mon cher ange, j'ai été très malade et en même temps plus occupé qu'un homme en santé ; étonné de travailler dans l'état où je suis, étonné d'exister encore, et me soutenant par l'amitié, c'est-à-dire par vous et par Mme Denis . Je suis ici le meunier de La Fontaine i. On m'écrit de tous les côtés : partez, fuge crudeles terras fuge littus iniquum ii, mais partir quand on est depuis un mois dans son lit, et qu'on n'a point de congé, se faire transporter couché à travers cent mille baïonnettes, cela n'est pas tout à fait aussi aisé qu'on le pense . Les autres me disent : Allez vous en à Potsdam, le roi vous a fait chauffer votre appartement , allez souper avec lui . Cela m'est encore plus difficile . S'il s'agissait d'aller faire une intrigue de cour, de parvenir à des honneurs et à de la fortune, de repousser les traits de la calomnie, de faire ce qu'on fait tous les jours auprès des rois, j'irais jouer ce rôle là tout comme un autre ; mais c'est un rôle que je déteste, et je n'ai rien à demander à aucun roi .

 

Maupertuis que vous avez si bien défini iii est un homme que l'excès d'amour-propre a rendu très fou dans ses écrits, et très méchant dans sa conduite . Mais je ne me soucie point du tout d'aller dénoncer sa méchanceté au roi de Prusse .

 

J'ai plus à reprocher au roi qu'à Maupertuis . Car j'étais venu pour Sa Majesté et non pour ce président de Bedlam iv. J'avais tout quitté pour elle, et rien pour Maupertuis , elle m'avait fait des serments d'une amitié à toute épreuve, et Maupertuis ne m'avais rien promis . Il a fait son métier de perfide en intéressant sourdement l'amour-propre du roi contre moi . Maupertuis savait mieux qu'un autre à quel excès se porte l'orgueil littéraire . Il a su prendre le roi par son faible . La calomnie est entrée très aisément dans un cœur né jaloux et soupçonneux v. Il s'en faut de beaucoup que le c. de Richelieu ait porté autant d'envie à Corneille que le roi de Prusse m'en portait . Tout ce que j'ai fait pendant deux ans pour mettre ses ouvrages de prose et de vers en état de paraitre a été un service dangereux qui déplaisait dans le temps même qu'il affectait de m'en remercier avec effusion de cœur . Enfin son orgueil d'auteur piqué l'a porté à écrire une malheureuse brochure contre moi, en faveur de Maupertuis vi qu'il n'aime point du tout ; il a senti avec le temps que cette brochure le couvrait de honte et de ridicule dans toutes les cours de l'Europe, et cela l'aigrit encore . Pour achever le galimatias qui règne dans toute cette affaire, il veut avoir l'air d'avoir fait un acte de justice, et de le couronner par un acte de clémence vii. Il n'y a aucun de ses sujets , tout prussiens qu'ils sont, qui ne le désapprouve . Mais vous jugez bien que personne ne le lui dit . Il faut qu'il se dise tout à lui-même . Et ce qu'il se dit en secret c'est que j'ai la volonté et le droit de laisser à la postérité sa condamnation par écrit . Pour le droit je crois l'avoir . Mais je n'ai d'autre volonté que de m'en aller , et d'achever dans la retraite le reste de ma carrière entre les bras de l'amitié, et loin des griffes des rois qui font des vers et de la prose .

 

Je lui ai mandé tout ce que j'ai sur le cœur . Je l'ai éclairci . Je lui ai dit tout . Je n'ai plus qu'à lui demander une seconde fois mon congé . Nous verrons s'il refusera à un moribond la permission d'aller prendre les eaux viii. Tout le monde me dit qu'il me la refusera, je le voudrais pour la rareté du fait . Il n'aura qu'à ajouter à L'Antimachiavel un chapitre sur le droit de retenir les étrangers par force, et de le dédier à Busiris ix. Quoi qu'on me dise, je ne le crois pas capable d'une si atroce injustice . Nous verrons . J'exige de vous et de Mme Denis que vous brûliez tous deux les lettres que je vous écris par cet ordinaire, ou plutôt par cet extraordinaire . Adieu, mes chers anges .

 

V. »

 

ii Fuis des terres cruelles, fuis une rive inique .

iii Le 18 janvier, d'Argental écrit : «  ... je le connaissais pour un homme dur jusqu'à la férocité, jaloux, envieux, intraitable ..., mais j'ai appris depuis votre départ qu'il était ... capable des intrigues les plus adroites, et des plus profondes noirceurs, plusieurs personnes dignes de foi m'en ont raconté les traits affreux ... »

iv Asile de fous de Londres . Allusion aux théories/ « rêveries » de Maupertuis .

v Dans ses Mémoires, V* écrit : « Il (Maupertuis) ajouta ... que je trouvais les vers du roi mauvais, et cela réussit » ; dans une pseudo-lettre à Mme Denis du 24 juillet 1752, il précise «  (Maupertuis) débite sourdement que le roi m'ayant envoyé ses vers à corriger, j'avais répondu : Ne se lassera-t-il pas de m'envoyer son linge sale à blanchir ? » D. Thiébault cite cette phrase dans ses Mémoires, bien que n'étant arrivé à Berlin qu'en 1765 et ses Mémoires publiés en 1826 ; il se serait contenté des écrits de V* . Toutefois , le roi fait une allusion à des « traits » lancés contre ses ouvrages par V*, dans sa lettre du 15 mars .

Lettre MCMLXVIII page 56 : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k80033k/f60.image.r=...

vi Lettre d'un académicien de Berlin à un académicien de Paris . http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k5624446m

vii Le 27 janvier, à l'envoyé de France La Touche : « S.M. Le roi de Prusse vient de m'inviter à retourner avec elle à Potsdam, le 30, jour de son départ . Si vous écrivez à Paris et à Versailles, je vous prie de vouloir bien mander cette nouvelle pour détruire les faux bruits qui y courent . »

Et à Walther le 1er février 1753 , voir page 49 l' « avertissement » qu'il lui demande de faire paraitre : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k80033k/f53.image.r=...

viii A Plombières . Voir lettre à Frédéric du 11 mars 1753 : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2009/03/11/d...

et la réponse du roi : lettre MCMLXVIII Cf. note v.

ix Roi légendaire d'Égypte qui faisait périr les étrangers au feu sur des lits de fer .http://www.cosmovisions.com/$Busiris.htm

 

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26/02/2011 | Lien permanent

un peu de gaze sied bien, même à un âne.

 

gaze montagne jura 944.JPG

 Gaze sur le Jura...

... Pluie sur le petit âne

ane sous la pluie 26_1_2012.jpg

 

 

 

« A M. le maréchal duc de RICHELIEU.

Aux Délices, 26 mai [1755]

Est-il possible, monseigneur, que votre santé soit si longtemps à revenir ? Comment avez-vous pu soutenir tant de douleurs et tant de privations ? A quoi donc avez-vous passé le temps, dans ce désœuvrement si triste et si étranger pour vous ? Une tragédie chinoise ne vaut pas la belle porcelaine de la Chine. Vous vous connaissez à merveille à ces deux curiosités-là, et vous avez dû bien sentir que la tragédie n'était point encore digne de paraître sous vos auspices. Ces cinq magots de la Chine ne sont encore ni cuits ni peints comme je le voudrais. Il faut attendre l'année de votre consulat 1 pour les présenter, et employer beaucoup de temps pour les finir.

Mais je suis actuellement très-incapable de cuire et de peindre. Ce maudit ouvrage d'une autre espèce 2, dont on vous a régalé pendant votre maladie, me rend bien malade. On m'en a envoyé des morceaux indignement falsifiés, qui font frémir le bon goût et la décence. Ces rapsodies courent; on veut les imprimer sous mon nom. L'avidité et la malignité se joignent pour me tuer. Je vous conjure de parler à ceux qui vous ont fait lire ces misères, ils sont à portée d'empêcher qu'on ne les publie. J'aurai l'honneur de vous faire tenir le véritable manuscrit; il vous amusera , il n'en vaut que mieux pour être plus décent; un peu de gaze sied bien, même à un âne. Un nommé Corbi est fort au fait de toute cette horreur 3. Si vous daignez l'envoyer chercher, il renoncera au projet d'imprimer quelque chose d'aussi détestable et de si dangereux, dans l'espérance de faire des profits plus honnêtes.

Mme Denis et moi, nous nous mettons entre vos mains, et nous espérons tout de vos bontés. »

1 Richelieu ne dut être d'année, ou de service, qu'en 1757, comme premier gentilhomme de la chambre; mais l'Orphelin fut joué le 20 août 1755.

2 La Pucelle . Voir lettres précédentes .

 

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27/01/2012 | Lien permanent

Je peux vous assurer qu’il y a des hommes en place qui sont aussi zélés que moi . Mais, plus cette affaire est important

... "Aussi me tais-je ."

Also sprach le président .

Que répondre à une foule d'aigris dangereux qui veut sa peau, moutons de Panurge prêts à suivre le premier camelot qui leur donnera du pain, du vin et des jeux ; ils ne savent plus que les ressources sont limitées, qui que ce soit qui tienne les rênes . Redistribuer les richesses, je ne connais que les tribus primitives qui y sont presque parvenues, alors ... redevenons simples, ou ... communistes ?

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Efficaces

 

 

« A Charles Manoël de Végobre

Je vous confie, mon cher monsieur, que M. Court est à Paris sous un autre nom . J’ai peur qu'il ne veuille précipiter le succès de ce que j'ai entrepris en faveur des protestants du royaume ; et ce que son zèle très louable ne demande trop tôt ce qu'on ne doit attendre que dans quelques années . Il m'a prié de lui faire avoir des audiences de quelques personnes qui peuvent beaucoup ; je l'ai fait . Je peux vous assurer qu’il y a des hommes en place qui sont aussi zélés que moi . Mais, plus cette affaire est importante, plus elle demande des ménagements extrêmes .

Si quelques jours vous pouviez venir chez moi, je vous montrerais des choses qui vous surprendraient beaucoup . Comptez que personne ne vous 1 a servi plus efficacement que moi depuis plus de soixante ans .

Laissons d'abord juger définitivement l'affaire des Calas, à laquelle mon avocat au Conseil travaille jour et nuit . C'est alors qu'on pourra agir avec plus de sûreté .

M. le maréchal de Richelieu me mande qu'il accorde toute sa protection à M. de Carbon, et que si on voulait lui faire la moindre peine, il l'en ferait avertir .

Vous avez dans votre ville de Genève, une espèce de quakre 2, qui mériterait, au moins , d'être chassé, s'il était coupable de la calomnie qu'on lui impute . Je suis bien aise de vous envoyer la déclaration de Mme Denis et la mienne . Personne n'est plus indulgent que moi, mais ce n'est pas pour les calomniateurs . Je ferai saisir ce misérable par la maréchaussée, s'il reparaît sur les terres de France .

Je vous embrasse de tout mon cœur, et sans cérémonie.

V.

9è décembre 1763 à Ferney. »

1 Vous , c'est-à-dire les protestants .

2 Il s'agit d'un certain Claude Gay, venu d'Angleterre à Genève dans l'espoir d'y prêcher . Il n'en reçût pas l'autorisation, fut chassé, et alla vivre à Chatelaine, puis quitta le pays peu après . Voir Archives de l'Etat de Genève et la lettre du 10 décembre 1763 à Debrus .

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07/12/2018 | Lien permanent

Conservez vos bontés à ce pauvre malade qui ne respire que pour en sentir tout le prix

 http://www.youtube.com/watch?v=IEexx5BR5eY

 

neige-de-printemps.jpg

 

 

« A Louis-François-Armand du Plessis, duc de Richelieu

 

5è mai 1773, à Ferney

 

C'est toujours au premier Gentilhomme de la Chambre, au grand maître des Jeux et des Plaisirs que j'ai l'honneur de m'adresser . Je lui ai écrit en faveur de Patrat i que je crois très utile au théâtre que mon héros veut rétablir .

 

Je lui présente aujourd'hui requête pour La Borde dont on prétend que la Pandore est devenue un ouvrage très agréable . Je crois qu'il mourra de douleur si mon héros ne fait pas exécuter son spectacle aux fêtes de madame la comtesse d’Artois ii, et moi je reprendrais peut-être un peu de vie si cette aventure pouvait me fournir une occasion de vous faire ma cour pendant quelques jours .

 

Je crois que cette Pandore avec sa boite, a été en effet la source de bien des maux, puisqu'elle fit mourir de chagrin ce pauvre Royer iii, et qu'elle est capable de jouer un pareil tour à La Borde . Les musiciens me paraissent encore plus sensibles que les poètes . Il y a longtemps, Monseigneur, que je cherche le moyen de vous envoyer un recueil qui contient Les Lois de Minos et plusieurs petits ouvrages en prose et en vers assez curieux iv. Je vous demanderais une petite place pour ce livre dans votre bibliothèque ; il est assez rare jusqu'à présent . Ne puis-je pas vous l'envoyer sous l'enveloppe de M. le duc d'Aiguillon ? J'attends sur cela vos ordres .

 

On va jouer Les Lois de Minos à Lyon, le spectacle sera très beau, mais les acteurs sont bien médiocres . Je compte que la pièce sera mieux jouée dans votre capitale de la Guyenne . Je n'irai point voir le spectacle de Lyon . Les suites de ma maladie ne me le permettent pas . Mais quand il s'agira d'obéir à vos ordres, je trouverai des ailes, et je volerai . Je vois qu'un certain voyage est un peu différé v; tant mieux, car nous n'avons point encore de printemps, mais en récompense nous sommes entourés de neige .

 

Conservez vos bontés à ce pauvre malade qui ne respire que pour en sentir tout le prix .

 

V.

 

N.B.- On me mande que La Borde a beaucoup retravaillé sa Pandore vi, et qu'elle est très digne de votre protection . »

 

Le 26 avril, V* a écrit à Richelieu :  « Je vous demande en grâce de donner ordre au sieur Patrat de jouer Lusignan, et s'il n'arrache pas des larmes j'ai tort ... ; j'ai été infiniment content lorsqu'il a joué devant un auditoire qui lui était favorable »

ii  C'est-à-dire aux fêtes qui devaient être données en l'honneur du mariage du comte d'Artois avec Marie-Thérèse de Savoie, le 16 novembre 1773.

iii  Le 4 novembre 1765, V* écrit à La Borde que « Royer avait fait presque toute la musique de cette pièce bizarre lorsqu'il s'avisa de mourir » Voir page 290 : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k80037z/f295.image.r...

Le 23 janvier 1755 à Cideville : «La seule chose dont je puisse bénir dieu est la mort de Royer  », car V* a été très mécontent du remaniement du livret fait par Sireuil à la demande de Royer ; voir page 195 : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k80033k/f199.image.r...

et lettre du 6 octobre 1754 à Mme de Fontaine : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2010/10/05/o...

et du 23 janvier 1755 à Thieriot : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2009/01/inde...

iv  Sur le contenu du recueil, voir la lettre à d'Alembert du 27 mars 1773 : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2009/03/27/m...

Peut-être la rencontre de V* et Richelieu prévue à Lyon et dont il avait été question .

vi  Voir ce qu'écrivait V* le même jour à La Borde .

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05/05/2011 | Lien permanent

Quel intérêt ai-je à cela ?

... Dit innocemment, la main sur le coeur portefeuille, Nico Sans-foi .

Tout simplement, il a les boules de se faire battre par un meilleur que lui . Depuis qu'il est officiellement candidat, il ne s'occupe plus guère de la France, et les Français ne sont plus que des clients à convaincre que Nico peut tout, -sauf arrêter la crise,- fait tout, -sauf donner un toit et de quoi manger aux plus pauvres-. Oui, il fera tout , - d'abord pour sa pomme -.

J'ai hâte que ce roquet teigneux se taise .

Et dans le langage des fleurs, je vous le dis : ceci est un ajonc !

ajonc  de la colèreUlex_parviflorus_1.jpg

 

 

 

« A M. le maréchal duc de RICHELIEU.

A Monrion, près de Lausanne, ce 26 décembre [1755]

Est-il bien vrai, monseigneur, que je prends la liberté de vous demander vos bontés pour Mme ou Mlle Gouet ? Quel intérêt ai-je à cela ? On dit qu'elle est jeune et bien faite; c'est votre affaire, et non la mienne. Elle veut chanter les Cantiques de Moncrif 1 chez la reine, elle demande à entrer dans la musique, et il faut que, du pied du mont Jura, je vous importune pour les plaisirs de Versailles! On s'imagine que vous avez toujours quelque bonté pour moi, et on me croit en droit de vous présenter des requêtes. Mais si Mlle Gouet est si bien faite, et si elle a une si belle voix, la liberté que je prends est très-inutile; et si elle n'avait, par malheur, ni voix ni figure, cette liberté serait plus inutile encore. Je devrais donc me borner à vous demander pour moi tout seul la continuation de vos bontés. Je ne suis plus à mes Délices; je passe mon hiver dans une maison plus chaude, que j'ai auprès de Lausanne, à l'autre bout du lac. Un village a été abîmé, à quelques lieues de nous 2, par un tremblement de terre, le 9 du mois. En attendant que mon tour vienne, je vous renouvelle mon très-tendre respect. Nous sommes ici deux Suisses, ma nièce et moi, qui regrettons de n'être pas nés en Guienne 3. »

 

1 Voir : http://groupugo.div.jussieu.fr/groupugo/05-03-12Buffard-M...

« Le poète et musicien Moncrif donne ainsi en 1755 un Choix de chansons, à commencer de celles du comte de Champagne roi de Navarre, jusques et compris celles de quelques poètes vivants, dans une démarche qui demeure peu respectueuse du texte original, souvent « corrigé » ou tronqué, voire attribué à un auteur qui n'est pas le bon. »

2    « Le tremblement de terre survenu en Valais le 9 décembre 1755 provoqua de graves dégâts aux églises de Brigue, Viège et Naters. Des secousses furent enregistrées en France, en Savoie, en Italie du Nord et, depuis l'Alsace, jusqu'à Stuttgart et Ingolstadt. Ce séisme était sans rapport avec le grand tremblement de terre du 1er novembre 1755 à Lisbonne. » : Extrait de : http://hls-dhs-dss.ch/textes/f/F7782.php

 

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30/04/2012 | Lien permanent

[11 mai 1768]

... 240 ans après, écoutons , des paroles et non pas des imprécations et éructations rappeuses : https://www.youtube.com/watch?v=nk4QZ4vJj8w&ab_channe...

Merci Georges Chelon

 

 

 

« A Marie-Louise Denis

[11 mai 1768]

[Pas de texte disponible] 1

1 Cette lettre de la main de Bigex est adressée à Mme Denis rue d'Anjou, au Marais à Paris ; V* la mentionne au début de la lettre du 25 mai 1768 : « Il serait bien étrange, ma chère nièce, que vous n'eussiez point reçu ma lettre qui est partie le 11, et qui a dû arriver le 17 au plus tard. »

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07/01/2024 | Lien permanent

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