Rechercher : richelieu 26 mai 1755
Pourquoi faut-il que je sois éternellement la victime de la calomnie ?
Amusez-vous d'abord et essayez de deviner quels ont été mes choix sur : http://www.youtube.com/watch?v=RZzlezxLu7s&NR=1&f...
"Vous êtes l’homme du siècle, l’homme de la France, celui qui soutient son honneur, celui que tout le monde voudrait imiter et que personne n’égale" : NON ! je ne ferai pas cette dédicace à quelque homme qui soit au pouvoir en ce moment !
Volti est vraiment un flatteur né .
Richelieu le lisait-il en souriant ? Si oui, il avait de l'humour qui amène à de bonnes intentions, et le but était atteint . Si non, pris au premier degré ces termes peuvent donner la grosse tête .
Volti, ton amitié inaltérable me fait envie .
Par contre cet éloge conviendrait très bien à l'abbé Pierre qu'il me plait de comparer à Volti lors de mes visites quand j'évoque le défenseur des Calas et le pourfendeur d'injustices qui ne sera arrêté dans son combat que par la mort.
« A Louis-François-Armand du Plessis, duc de Richelieu
Vous ne m’avez jamais mandé, mon héros, si vous avez reçu le petit paquet contresigné. Vous avez dédaigné l’hommage de mes magots [V* lui a offert la dédicace de l’Orphelin de la Chine, sans réponse]. On leur a cassé le nez et les oreilles sur votre théâtre [jouée le 20 août à a Comédie Française ; en 1755, Richelieu est premier gentilhomme de la chambre chargé des spectacles]. Scènes et noms et vers ont été changés, tout a été estropié excepté par Mlle Clairon. On a fait jouer le rôle d’un mari aimé par un bonhomme de 74 ans [Sarrazin ; V* critique aussi : Grandval « dur et n’a point de nuances », Mlle Dumesnil « s’enivre trop souvent », et note que Lekain, chez lui, avait « très mal joué la déclaration d’Orosmane ». Lekain qu’il appellera pourtant son « grand ami » fin septembre.] qui n’a pas plus de dents que moi. Lekain n’a pas été entendu, et il est fort propre pour les rôles muets. On voit bien que vous ne vous souciez guère des spectacles à la manière dont ils vont. J’ai dû présumer que vous ne faites pas plus de cas de ma dédicace puisque vous ne m’avez pas répondu [lettres du 31 juillet et 13 août]. Je vous l’envoie pourtant. Voyez, Monseigneur, si vous voulez me permettre d’en faire usage. Le reste sera une dissertation sur les tragédies de la Chine, que probablement vous ne lires point. Je suis dans la nécessité de faire imprimer sur le champ à Genève ma pièce telle que je l’ai faite [par les Cramer, pour « les pays étrangers » et par Lambert « pour Paris »), puisque les comédiens ont eu la ridicule insolence de la jouer à Paris telle que je ne l’ai pas faite. Si vous agréez la dédicace, daignez donc me donner vos ordres sur le champ [lettre à Lambert avec « une épitre dédicatoire à M. le maréchal de Richelieu et une lettre qu’il faut mettre à la fin de la pièce » (lettre de JJ Rousseau), qui sont « la seule chose importante pour lui ». « Les petits boucliers qui repoussent les coups qu’on lui porte »]. Sinon, vous jugez bien que je ne prendrai pas la liberté d’aller fourrer là votre nom et d’abuser de vos bontés sans votre permission expresse. En ce cas la pièce paraitra toute nue. Et l’auteur ne vous la dédiera que dans le fond de son cœur.
Je vous redis et je vous assure très positivement que je vous ai envoyé le fatras historique et mal digéré où votre gloire personnelle est pour quelque chose [La Guerre de 1741]. Il est arrivé à ce rogaton la même chose qu’à l’Histoire universelle. Un fripon l’a vendu 25 louis d’or à un imprimeur nommé Prieur à Paris [Mme Denis lui apprendra : « Chimène (=marquis de Ximenes) a volé (ses brouillons) chez Mme Denis. La Morlière les a vendus de sa part au libraire Prieur ; et ce … La Morlière est encore en dernier lieu allé à Rouen les vendre une seconde fois. C’est une chose dont Lambert peur (l’) instruire ; V* a fait saisir l’édition à Paris chez Prieur en faisant intervenir Mme de Pompadour.], et monsieur de Malesherbes a eu la faiblesse de permettre l’édition [V* lui écrira le 12 septembre]. Ne m’attribuera-t-on pas encore cette prévarication, comme on a eu la barbarie et la sottise de m’attribuer l’Histoire universelle telle qu’on a eu l’impertinence de l’imprimer ? Pourquoi faut-il que je sois éternellement la victime de la calomnie ? Vos bontés me consolent de tout.
Les comédiens de Paris auraient grand besoin de dépendre uniquement de vos ordres. Je leur ai fait présent de ma pièce, et ils ont eu la bassesse de dire à mon secrétaire qu’il n’y entrerait que pour son argent [Collini envoyé à Paris par V* et qui veut voir la pièce]. Voilà des procédés un peu tartares.
Je suis fâché que la France se barbarise malgré vous de jour en jour ; sauvez-la donc de la décadence, conservez-moi vos bontés et pour Dieu daignez m’instruire si vous avez mon paquet.
26 août 1755 à mes prétendues Délices.
Pardon du verbiage inutile, vous avez reçu mon paquet. Voici le croquis de la dédicace que vous daignez accepter. On dit que j’ai gagné mon procès dans le public. Je me flatte que vous gagnerez plus pleinement le vôtre au Parlement [il s’agit de l’interprétation du testament du cardinal de Richelieu. V* regrettera le 12 septembre la perte de ce procès]. Vous en gagnez un plus considérable dans le temps présent et dans la postérité. Vous êtes l’homme du siècle, l’homme de la France, celui qui soutient son honneur, celui que tout le monde voudrait imiter et que personne n’égale.
Madame Denis et moi, nous vous présentons nos plus tendres respects.
V.
27 août. »
La pluie étant au rendez-vous, c'est en écoutant cette radio que j'ai rédigé cette petite bafouille : www.divertis.com/radio/radio1259_Bach_Radio
Note : do you speak english ?
No ?
Alors réjouissez-vous , oreilles au vent et coeur ouvert, revivez de bons moments : http://www.dailymotion.com/video/x1b1kj_jacques-brel-ces-...
26/08/2009 | Lien permanent | Commentaires (1)
ce qui court dans Paris et ailleurs est l'ouvrage de la plus vile canaille, aidée par des gens qui méritent un châtiment
Je paraphrase : "Ceux qui courent dans Paris et ailleurs font ouvrage de vile canaille, aidés par des gens qui méritent une volée de bois vert " .
On ne craint pas de qualifier (ou traiter) d'escroc un vendeur de grigris miraculeux (retour d'affection, richesse, santé insolente , ...) . Or que vois-je devant mes yeux étonnés ? des coqs et poules qui prétendent tranformer leur fumier en tout ce que l'on désire . Qu'esgourdè-je à qui mieux-mieux ? la crise, c'est la faute aux autres, je vais vous en sortir avec mes petits bras musclés !.. Ce sont eux aussi des escrocs, experts en faux et usage de faux , je le maintiens, de cette sale espèce qui affirme ne vouloir que notre bien et se mettre au service de la nation .
N'est-ce pas ainsi que nombre de citoyens voient les faiseurs de promesses électorales : "votez pour moi et vous aurez l'aisance que me procure ma fonction, vous écarterez les affreux de tous les autres bords qui vous mentent évidemment, en cinq ans mes réformes vous rendront heureux et fiers d'être français, ... blablabla,... tata tata tata tatère, citoyens, tatsin tatsin, sang impur, tsoin tsoin !"
Rien à droite ! ça me gonfle !!
Rien au centre ! ça me gonfle aussi !!
Rien à gauche ! ça me gonfle itou !!
« A M. le maréchal duc de RICHELIEU.
31 juillet [1755]
Je reçois, mon héros, votre lettre du 26 de juillet. Or voyez, mon héros, comme vous avez raison sur tous les points. Premièrement, ce qui court dans Paris et ailleurs est l'ouvrage de la plus vile canaille, aidée par des gens qui méritent un châtiment exemplaire. Voici ce qu'on y trouve
Et qu'à la ville, et surtout en province,
Les Richelieu ont nommé maquereau.
Dort en Bourbon, la grasse matinée.
Et que Louis, ce saint et bon apôtre,
A ses Bourbons en pardonne bien d'autre.
Ce n'est pas là apparemment l'ouvrage que vous voulez. Les La Beaumelle, les Fréron, et les autres espèces qui vendent sous le manteau cette abominable rapsodie sont prêts, dit-on, de la faire imprimer. Un nommé Grasset, qui en avait un exemplaire, est venu me proposer, à Genève, de me le vendre cinquante louis. Il m'en a montré des morceaux écrits de sa main je les ai portés sur-le-champ au résident de France. J'ai fait mettre ce malheureux en prison, et enfin on n'a point trouvé son manuscrit. J'ai cru, dans ces circonstances, devoir vous envoyer, aussi bien qu'à Mme de Pompadour et à M. le duc de La Vallière, mon véritable ouvrage, qui est à la vérité très-libre, mais qui n'est ni ne peut être rempli de pareilles horreurs. Ils ont reçu leur paquet. Vous n'avez point le vôtre; apparemment que M. de Paulmy a voulu préalablement en prendre copie. Vous pourriez bien en demander des nouvelles à M. Dumesnil, en présence de qui je donnai le paquet cacheté sans armes, pour être cacheté avec les armes de M. de Paulmy, contre-signé par lui, et vous être dépêché le lendemain.
Vous sentez, monseigneur, le désespoir où tout cela me réduit. La canaille de la littérature m'avait fait sortir de France, et me poursuit jusque dans mon asile.
Le second point est le rôle de Gengis donné à Lekain. Je ne me suis mêlé de rien que de faire comme j'ai pu l'Orphelin de la Chine, et de le mettre sous votre protection. Zamti le Chinois et Gengis le Tartare sont deux beaux rôles. Que Grandval et Lekain 1 prennent celui qui leur conviendra , que tous deux n'aient d'autre ambition que de vous plaire que M d'Argental vous donne la pièce; que vous donniez vos ordres; voilà toute ma requête. Je me borne à vous amuser; et, si par hasard l'ouvrage réussissait, si on le trouvait digne de paraître sous vos auspices, je vous demanderais la permission de vous le dédier 2 à ma façon, c'est-à-dire avec un ennuyeux discours sur la littérature chinoise et sur la nôtre. Vous savez que je suis un bavard, et vous me passeriez mon rabâchage sur votre personne et sur les Chinois. Je vous supplierais, en ce cas, d'empêcher, en vertu de votre autorité, que monsieur le souffleur ne fit imprimer ma pièce et ne la défigurât, comme cela lui est arrivé souvent. Tout le monde me pille comme il peut. Adieu, monseigneur. Si vous commandez une armée, je veux aller vous voir dans votre gloire, au lieu d'aller aux eaux de Plombières. »
1 Lekain obtint beaucoup moins de succès dans le rôle de Gengis, que Mlle Clairon dans celui d'Idamé. (CL.)
2 Voir l'épltre dédicatoire de L 'Orphelin de la Chine .Page 211 : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k5811423w/f000218.tableDesMatieres
06/03/2012 | Lien permanent
tous les sentiments que vous doivent toutes les femmes qui sentent et qui pensent
« A M. le maréchal duc de RICHELIEU
[juillet 1755]
La voulez-vous, la voulez-vous pour vous amuser, monseigneur ? Quoi ? qui ? la Pucelle, la Pucelle .Vous en avez trouvé un petit nombre dans le cours de votre aimable vie. Je vous l'enverrai par la voie que vous ordonnerez. J'en ai une copie en quinze chants, mais fort exacte, quoique griffonnée. Vous la ferez transcrire, vous m'honorerez d'une place dans votre bibliothèque. Vous l'aurez plus complète et plus finie que personne, et cela ne laissera pas d'égayer votre belle imagination. C'est le vrai bréviaire de mon héros.
L'Orphelin de la Chine n'est pas si gai; je l'envoie à M. d'Argental, pour qu'il le soumette à vos lumières. Je voudrais vous faire ma cour en vers et en prose, quand vous êtes de loisir. Mme Denis vous assure de tous les sentiments que vous doivent toutes les femmes qui sentent et qui pensent et moi, je vous renouvelle, pour toute ma vie, le plus tendre et le plus respectueux attachement. »
18/02/2012 | Lien permanent
Vous devez être fatigué, monsieur, d'éloges et de remerciements
... "D'éloges" sûrement, les flatteurs ne manquent pas en ce bas monde .
... "De remerciements" , là ce ne sont plus des flatteurs mais des flagorneurs .
Ne dites pas, après ça, que je ne vous ai pas prévenu M. Hollande .
Trompette de la renommée, tu ne vas pas rester longtemps bien embouchée !
« A M. le comte de TRESSAN
A Monrion, près de Lausanne, le 18 décembre 1755.
Vous devez être fatigué, monsieur, d'éloges et de remerciements, ayez pourtant la bonté de recevoir les miens. On vous en présentera de plus flatteurs, mais non de plus sincères. M. de Châteauvieux a eu la bonté de me communiquer de votre part votre discours 1, digne en tout du roi et de la cérémonie qui en sont l'objet. Il a suspendu les douleurs que les maladies me font éprouver, mais il augmente celle que je ressentirai toujours de n'avoir pu être témoin de tout ce que le roi de Pologne et vous, monsieur, faites pour la gloire de la Lorraine. Si mon état me laissait assez de force pour venir prendre les eaux de Plombières l'été prochain, je passerais exprès par Toul pour venir vous renouveler l'estime infinie et le tendre attachement que je conserverai toute ma vie pour vous. Pardonnez à un pauvre malade qui ne peut vous écrire de sa main.
J'ai l'honneur d'être avec une reconnaissance inexprimable, monsieur, votre très-humble et très-obéissant serviteur.
V. »
1 Discours prononcé (à Nancy) en présence de Sa Majesté polonaise, Stanislas ler, dit le Bienfaisant, le 26 novembre 1755, jour de la dédicace de la place et de la statue de Sa Majesté très-chrétienne Louis XV, dit le Bien-Aimé; 1755, in-4o.
Voir : http://www.stanislasurbietorbi.com/stanislas/stanislas-jour-inauguration-1755.htm
et :
26/04/2012 | Lien permanent
mon pauvre Orphelin. Je vous conjure qu'on le joue tel que je l'ai fait.
« A M. le comte d'ARGENTAL.
4 août [1755]
Mon cher ange, je voudrais encore vernir mes magots 1; mais tout ce qui arrive à Jeanne 2 gâte mes pinceaux chinois. C'est ma destinée que la calomnie me poursuive au bout du monde. Elle vient me tourmenter au pied des Alpes. Vous ai-je mandé que ce coquin de Grasset était venu dans ce pays-ci, chargé de cet impertinent ouvrage, avec des vers contre la France, contre la maison régnante, contre M. de Richelieu ?3 Ceux qui l'ont envoyé, sachant que j'étais auprès de Genève, n'ont pas manqué de faire paraître Calvin dans cette rapsodie, cela fait un bel effet, du temps de Charles VII. Il est très-certain que ce Chévrier, qui avait annoncé l'ouvrage dans les feuilles de Fréron, y a travaillé et il est très- probable que Grasset s'entend toujours avec Corbi.
Vous voyez combien il est nécessaire que les cinq magots soient joués vite et bien, mais comment Sarrasin peut-il se charger de Zamti ? est-ce là le rôle d'un vieillard ? On n'entendra pas Lekain. Sarrasin joue en capucin. Serai-je la victime de l'orgueil de Grandval, qui ne veut pas s'abaisser à jouer Zamti ? Mon divin ange, je m'en remets à vous mais, si mes magots tombent, je suis enterré.
Je vois enfin que vous avez perdu ces malheureux soupçons que vous aviez de moi sur un pucelage 4; Dieu soit béni , Thieriot-Trompette me mande qu'il y avait, dans le seul premier chant qui court à Paris, cent vingt-quatre vers falsifiés. Tout ce qu'on m'en a envoyé est de la plus grande platitude. Gare que ces sottes horreurs ne paraissent sous mon nom. Ce manant de Fréron en fera un bel extrait.
Je vous demande en grâce, au moins, qu'on ne falsifie pas mon pauvre Orphelin. Je vous conjure qu'on le joue tel que je l'ai fait. Nous venons d'en faire une répétition. Un Tronchin,5 conseiller d'État de Genève, auteur d'une certaine Marie Stuart, a joué, ou plutôt lu, sur notre petit théâtre, le rôle de Gengis passablement, il a fort bien dit : Vos vertus 6; et tout le monde a conclu que c'était un solécisme épouvantable de dire quelque chose après ce mot. Ce serait tout gâter; la seule idée m'en fait frémir. La scène du poignard a bien réussi , des cœurs durs ont été attendris.
Je vous embrasse; je me recommande à vos bontés. »
1 La pièce L'Orphelin de la Chine .
2 La Pucelle d'Orléans dont circulent des versions scabreuses.
3 Variantes du chant V : http://www.monsieurdevoltaire.com/article-la-pucelle-d-orleans-chant-cinquieme-83760116.html
4 Allusion au chant de l'âne. Voyez les variantes du chant XXI : http://www.monsieurdevoltaire.com/article-la-pucelle-d-orleans-chant-vingt-et-unieme-86642161.html
5 François Tronchin, qui travaillait alors à une tragédie dont Nicéphore III (ou Botoniate) était le principal personnage. Marie Stuart avait été imprimée à Paris en 1735. (CL.)
6 Derniers mots de l'Orphelin de la Chine.
11/03/2012 | Lien permanent
Dites-lui du moins comment il faut s’y prendre pour obtenir l’honneur de brailler en allemand pour de l’argent
...
« A Cosimo Alessandro Collini 1
Mon cher confrère en historiographerie 2, je crois que vous avez [été 3] très content de notre confrère M. Mallet, qui s’en va historiographer le landgraviat 4 . Je vous présente toujours quelque étranger . En voici un 5 qui a une autre sorte de mérite ; mais vraiment il n’est point étranger à Manheim . C’est un Palatin . Il est vrai qu’il est luthérien et qu’il demande une cure luthérienne 6 Vous ne vous mêlez pas de ces œuvres pies ou impies, ni moi non plus. Il m’est fortement recommandé, et je vous le recommande autant que je peux. Dites-lui du moins comment il faut s’y prendre pour obtenir l’honneur de brailler en allemand pour de l’argent . Indiquez-lui la route qu’en vérité je ne connais pas. Je vous écris de ma main ; mais c’est avec une difficulté extrême . Ma fluxion s’est jetée sur la gorge, et m’empêche de dicter. Je ne sais pas comment je suis en vie avec tous les maux qui m’assiègent . Ils n’ont point encore pris sur l’âme, et ils laissent surtout des sentiments à un cœur qui est à vous.
V.
Délices 28 mai [1764]»
1 L'édition Collini présente la lettre par ces mots : « Il m'adressait un jeune candidat de la communion réformée, qui se nommait Hilspach. »
2 Historiographerie et historiographer sont des néologismes plaisants ; voir lettre du 27 septembre 1755 à Richelieu : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2012/04/04/ceux-qui-ont-parle-de-cette-affaire-ont-ete-peu-instruits-ma.html
et lettre du 28 mars 1763 à Collini : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2018/03/21/envoyez-moi-je-vous-prie-par-les-messageries-les-plus-prompt-6036249.html
3 Mot ajouté par Collini sur le manuscrit .
4 Suivi dans les éditions par de Hesse, selon l'habitude de Collini d'introduire des gloses dans le texte même .
5 Sur la recommandation de Voltaire, Hilspach fut fait ministre réformé à Beaumenthal. (Note de Colini.)
6 Collini a corrigé sur le manuscrit luthérien et luthérienne en réformé et réformée que l'on retrouve dans les éditions ; voir : http://www.monsieurdevoltaire.com/2014/07/correspondance-annee-1764-partie-18.html
04/07/2019 | Lien permanent
il vaut mieux se faire désirer que de se jeter à la tête
http://www.youtube.com/watch?v=fVKI9M5MgKY
Est-ce ce que pensait le président candidat , se faire prier comme une star ?
"Allez, viens, on t'aime, on n'aime que toi, on te veux, on t'adore , on te soutient ! Tu es le meilleur ! "
Et in petto : "nos revenus en dépendent" ; "tiens bon encore cinq ans , Carla a besoin pouponner aux frais de l'Etat ".
Voir : http://player.canalplus.fr/#/592930 (en particulier à partir de 5'30")
Et ceci qui remue un sentiment aigre en moi !
« A M. le comte d'ARGENTAL.
Aux Délices, 6 juillet [1755]
Mon cher ange, gardez-vous de penser que le quatrième et le cinquième magot soient supportables; ils ne sont ni bien cuits ni bien peints. L'Orphelin était trop oublié 1. Zamti, qui avait joué un rôle principal dans les premiers actes, ne paraissait plus qu'à la fin de la pièce; on ne s'intéressait plus à lui, et alors la proposition que sa femme lui fait de deux coups de poignard, un pour lui et un autre pour elle, ne pouvant faire un effet tragique, en faisait un ridicule. En un mot, ces deux derniers actes n'étaient ni assez pleins, ni assez forts, ni assez bien écrits. Mme Denis et moi nous n'étions point du tout contents. Nous espérons enfin que vous le serez. Il faut commencer par vous plaire pour plaire au public. Je vais vous envoyer la pièce. Elle ne sera peut-être pas trop bien transcrite, mais elle sera lisible. Le roi de Prusse m'a repris un de mes petits clercs pour en faire son copiste; c'était un jeune homme de Potsdam 2. J'ai rendu à César ce qui appartient à César, et il ne me reste plus qu'un scribe 3 qui a bien de la besogne en vers et en prose. Ce n'est pas une petite entreprise pour un malade de corriger tous ses ouvrages, et de faire cinq actes chinois. Mais, mon cher ange, quel temps prendrez-vous pour faire jouer la pièce? Pour moi, je vous avoue que mon idée est de laisser passer tous ceux qui se présentent, et surtout de ne rien disputer à M. de Châteaubrun 4. Il ne faut pas que deux vieillards se battent à qui donnera une tragédie, et il vaut mieux se faire désirer que de se jeter à la tête. J'imagine qu'il faudrait laisser l'hiver à ceux qui veulent être joués l'hiver. En ce cas, il faudrait attendre Pâques prochain, ou jouer à présent nos Chinois. Il y aurait un avantage pour moi à les donner à présent. Ce serait d'en faire la galanterie à Mme de Pompadour, pour le voyage de Fontainebleau. Il ne m'importe pas que l'Orphelin ait beaucoup de représentations. J'en laisse tout le profit aux comédiens et au libraire, et je ne me réserve que l'espérance de ne pas déplaire. Si cette pièce avait le même succès qu'Alzire 5, à qui Mme Denis la compare, elle servirait de contre-poison à cette héroïne d'Orléans,6 qui peut paraître au premier jour; elle disposerait les esprits en ma faveur. Voilà surtout l'effet le plus favorable que j'en peux attendre. Je crois donc, dans cette idée, que le temps qui précède le voyage de Fontainebleau est celui qu'il faut prendre mais je soumets toutes mes idées aux vôtres. J'envoie l'ouvrage sous l'enveloppe de M. de Chauvelin7. Je vous prie, mon divin ange, de le donner à M. le maréchal de Richelieu. Qu'il le fasse transcrire, s'il veut, pour lui et pour Mme de Pompadour, si cela peut les amuser.
J'ai cru devoir envoyer à Thieriot, en qualité de trompette8, cet autre ancien ouvrage dont nous avons tant parlé. J'aime bien mieux qu'il coure habillé d'un peu de gaze que dans une vilaine nudité et tout estropié. On le trouve ici très joli, très-gai, et point scandaleux. On dit que les Contes de La Fontaine sont cent fois moins honnêtes. Il y a bien de la poésie, bien de la plaisanterie, et, quand on rit, on ne se fâche point; surtout nulle personnalité. Enfin on sait qu'il y a trente ans que cette plaisanterie court le monde. La seule chose désagréable qu'il y aurait à craindre, ce serait la liberté que bien des gens se sont donnée de remplir les lacunes comme ils ont pu, et d'y fourrer beaucoup de sottises qu'ils ont ajoutées aux miennes.
Mon cher ange, je suis bien bon de songer à tout cela. Tout le monde me dit ici que je dois jouir en paix de mon charmant ermitage; il est bien nommé les Délices,; mais il n'y a point de délices si loin de vous. Mille tendres respects à tous les anges. »
1 L'Orphelin de la Chine : http://books.google.fr/books?id=7DUHAAAAQAAJ&printsec=frontcover&hl=fr#v=onepage&q&f=false
2 Il s'appelait Villaume ; voyez lettre à Darget du 11 juin 1755 : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2012/02/05/ce-poeme-et-la-vie-de-l-auteur-et-tout-au-monde-sont-bien-pe.html
3 Le jeune Jean-Louis Wagnière qu'il a engagé au château de Prangins a environ quinze ans . http://fr.wikipedia.org/wiki/Jean-Louis_Wagni%C3%A8re
4 Jean-Baptiste Vivien de Châteaubrun : reçu à l'Académie française le 5 mai précédent, après avoir donné une tragédie de Philoctète en cinq actes (1er mars 1755). Il avait écrit Mahomet II , empereur des Turcs qui fut joué le 13 novembre 1714.
5 Alzire : http://www.theatre-classique.fr/pages/programmes/edition.php?t=../documents/VOLTAIRE_ALZIRE.xml
6 La Pucelle d'Orléans : http://www.monsieurdevoltaire.com/article-la-pucelle-d-orleans-chant-premier-83032204.html
7 François-Claude Chauvelin : http://fr.wikipedia.org/wiki/Fran%C3%A7ois_Claude_Chauvelin
8 Thieriot rapportait volontiers toutes les nouvelles parisiennes à V* et à Paris les nouvelles que V* voulait faire circuler .
18/02/2012 | Lien permanent
il ne vous resterait, après avoir perdu votre argent, que la honte et le danger d'avoir imprimé un ouvrage scandaleux
http://www.deezer.com/music/track/14529547
Mr Grasset François, Your heart is as black as the night !
Et une belle version de I put a spell on you , juste pour rappeler des souvenirs de slows qu'on trouvait toujours trop courts : http://www.deezer.com/music/track/14529548
C'était des hiers : Yesterdays :
http://www.deezer.com/music/track/14769765
Qui sont un seul Yesterday :
http://www.paroles-musique.com/paroles-The_Beatles-Yester...
« A M. GRASSET 1
Aux Délices, le 26 mai [1755]
On m'a renvoyé de Paris, monsieur, une lettre que vous avez écrite au sieur Corbi. Vous lui mandez que vous allez faire une édition d'un poème intitulé la Pucelle d'Orléans, dont vous me croyez l'auteur, et vous le priez de la débiter à Paris. On m'a envoyé, en même temps, des lambeaux du manuscrit que vous achetez. Je dois vous avertir que vous ne pouvez faire un plus mauvais marché; que ce manuscrit n'est point de moi; que c'est une infâme rapsodie aussi plate, aussi grossière qu'indécente; qu'elle a été fabriquée sur l'ancien plan d'un ouvrage que j'avais ébauché il y a trente ans, que c'est l'ouvrage d'un homme qui ne connaît ni la poésie, ni le bon sens, ni les mœurs, que vous n'en vendriez jamais cent exemplaires et qu'il ne vous resterait, après avoir perdu votre argent, que la honte et le danger d'avoir imprimé un ouvrage scandaleux. J'espère que vous profiterez de l'avis que je vous donne ; je serai d'ailleurs aussi empressé à vous rendre service qu'à vous instruire du mauvais marché qu'on vous propose. Si vous voulez m'informer de ce que vous savez sur cette affaire, comme je vous informe de ce que je sais positivement, vous me ferez un plaisir que je reconnaîtrai, étant tout à vous.
VOLTAIRE, gentilhomme ordinaire du roi. »
1 François Grasset,(1722-1789) né à Lausanne, où il fut libraire, est souvent nommé dans la Correspondance, de 1755 à 1760. Il se fit l'instrument des adversaires de V* par ses publications . Son frère cadet Gabriel, après avoir travaillé avec les frères Cramer, s'établit à son compte et publia V* qui le fit venir chez lui en 1763 . Quant à Corbi, digne correspondant de Grasset, son nom est écrit tantôt Corbo, Corbie, et tantôt Corbier, dans les lettres originales de Voltaire. C'était un facteur en librairie, à Paris. (CL.)
26/01/2012 | Lien permanent
24 [août], jour de la St-Barthélémy ...Je ne sais par quelle fatalité singulière j'ai la fièvre tous les ans ce jour-là.
Une fièvre brûlante : http://www.deezer.com/listen-5099873 ; http://www.deezer.com/listen-5099874 ; http://www.deezer.com/listen-5099875 ; http://www.deezer.com/listen-5099876 ; http://www.deezer.com/listen-5099877 ; http://www.deezer.com/listen-5099878 ; http://www.deezer.com/listen-5099879 ; http://www.deezer.com/listen-5099964 , mais délicieuse .
Beethoven, je t'aime au même titre que Volti .
Beethoven ce n'est quand même pas qu'un chien baveux, idole made in USA !
« A Charles-Augustin Ferriol, comte d'Argental
5è septembre 1774
Mon cher ange, je suis toujours inquiet de la santé de Mme d'Argental, et de M. de Pont-de-Veyle. Je vois par votre lettre du 23 auguste que ni vous , ni le Grand Référendaire [i] n'êtes pas devins, quelque esprit que vous ayez tous deux. Vous ne vous doutiez ni l'un, ni l'autre du compliment qu'on devait lui faire le lendemain 24, jour de la St-Barthélémy [ii].
Je ne sais par quelle fatalité singulière j'ai la fièvre tous les ans ce jour-là.
Je crois bien qu'on n'a pas beaucoup parlé de la Lettre du théologien [iii] dans tout le fracas des nouveaux changements qu'on fait de tous côtés. Le bourdonnement des guêpes ne fait pas grand bruit au milieu des coups de tonnerre. Il est ridicule d'attribuer cette Lettre à un Allemand nommé Paw qui a écrit dans un style obscur et entortillé des conjectures hasardées sur les Américains et sur les Chinois [iv]. Vous savez que c'est l'abbé Duvernet qui a tenu la plume, et qui sont ceux qui l'ont dirigée [v]. Ils m'ont pris pour leur bouc émissaire, et ils m'ont couronné de fleurs pour me sacrifier. Pour comble de douleur vous sentez que je ne puis les nommer et qu'il a fallu encore les ménager quand je leur ai fait des reproches qu'ils méritaient [vi]. Rien n'est plus triste, à mon sens, que d'être assassiné par ses amis, et d'être obligé de se taire.
Madame du Deffand me mande qu'elle vous voit quelquefois. Je vous prie de lui faire connaitre la vérité ; elle sait la répandre et la rendre piquante.
Je me garderai bien de traîner mon cadavre à Paris, parmi les factions qui le divisent. Je laisse à mes deux neveux de l'ancien et du nouveau parlement [vii] le soin de débrouiller le chaos. Je crois savoir qu'on veut créer une nouvelle compagnie, composée des deux autres, et que ce projet n'est guère exécutable. J'entrevois qu'il ne serait ni honnête, ni utile de sacrifier ceux qui ont servi le Roi à ceux qui l'ont bravé [viii]. J'aperçois de tous côtés des embarras et des dangers, mais les choses s'arrangent presque toujours d'une manière que personne n'avait prévue ; et rien de ce qui était vraisemblable n'arrive. Qui aurait imaginé la paix des Turcs et de ma Catau si prochaine !
M. Turgot passa quinze jours aux Délices il y a plusieurs années [ix]; mais M. Bertin y vint aussi [x], et ne m'a servi de rien. Si j'avais quelques jours de vie encore à espérer j'attendrais beaucoup de M. Turgot, non que je lui redemande l'argent que l'abbé Terray m'a pris dans ma poche [xi], mais j'espère sa protection pour les gens qui pensent, parce qu'il est lui-même excellent penseur. Il a été élevé pour être prêtre, et il connaît trop bien les prêtres pour être leur dupe ou leur ami. Toutefois Antoine se ligua avec Lépide qui était grand pontife, sot et fripon.
On me mande que le pontife Beaumont est exilé à Conflans . Je crois bien qu'il est à Conflans pour radouber sa vessie [xii], mais exilé j'en doute. Je doute aussi que M. le duc de La Vrillière se soit enfin défait de sa charge de facteur des lettres de cachet [xiii].
Il y a quelque temps que M. le maréchal de Richelieu m'envoya un mémoire qui me parait une lettre circulaire sur l'étrange procédé de sa folle cousine, très indigne petite-fille de Mme de Sévigné [xiv]. Je le crois plus affligé des aventures de la cour [xv] que de celles de Mme de St-Vincent.
Je vous trouve bien heureux d'être plein de sécurité au milieu de tant d'orages, et d'être un tranquille ambassadeur de famille [xvi]. Je voudrais seulement que Parme fût un État plus considérable.
Ecrivez-moi, je vous en prie, non pas comme ambassadeur, mais comme ami, soit par Mme Lobreau, soit par Mme de Sauvigny, soit par Bacon, substitut du procureur général, qui demeure à un ancien hôtel de Richelieu, place Royale.
Je crois que l'hippopotame Quez-à co [xvii] ne se charge plus des lettres de personne. On dit qu'un abbé Aubert est chargé de l'histoire appelée Gazette [xviii], attendu qu'il fait des fables.
Je vous embrasse, mon cher ange, de mes mains maigres, et je soupire après des nouvelles de vos malades.
V. »
i Maupéou.
ii Maupéou et ses collègues a été congédié le 24 août ; Maupéou a refusé de démissionner de sa charge de chancelier.
iii « Ouvrage aussi dangereux qu'admirable » de Condorcet que V* ne voulait pas se voir attribuer ; cf. lettre du 17 août.
iv Les Recherches philosophiques sur les Américains ou mémoires intéressants pour servir à l'histoire de l'espèce humaine, 1768-1769 et Recherches philosophiques sur les Égyptiens et les Chinois, 1773
v A De Lisle, le 17 novembre : « Le fond de cette brochure ... est d'un abbé Duvernet qui ne sait pas ce que c'est qu'un triangle. Il a été revu , corrigé et augmenté par M. de Condorcet qui le sait très bien, et qui a un génie supérieur. »
vi A Condorcet le 20 aout : « En un mot, je ne suis pas l'auteur de la Lettre du théologien ; je ne dois pas passer pour l'être ; et je suis bien sûr que vous et vos amis vous me rendrez cette justice ... J'attends mon repos de la vérité et de votre amitié. »
vii De l'ancien : d'Hornoy, du nouveau : Mignot.
viii A savoir, le nouveau parlement (de Maupéou) à l'ancien ; cf. lettre à d'Argental du 24 novembre.
ix En 1760.
x En 1755.
xi Turgot était devenu contrôleur général des Finances.
xii Christophe de Beaumont, archevêque de Paris , venait effectivement de se faire opérer et conserva ses fonctions.
xiii Il ne se défit pas en 1774 de sa charge de ministre de la maison du roi.
xiv Procès de Richelieu avec sa cousine Mme de St-Vincent qui aurait fait de faux billets à ordre au nom de Richelieu ; cf. lettre à d'Argental du 24 novembre 1774.
xv Depuis la mort de Louis XV, Richelieu est en disgrâce relative.
xvi Ambassadeur du duc de Parme qui est parent du roi de France (petit-fils de Louis XV).
xvii Marin que Beaumarchais appelait « animal marin », « hippopotame » dans les Mémoires Goësmann et dans l'Addition au supplément du mémoire (cf. lettre du 17 janvier 1774 à d'Argental). Dans son Quatrième mémoire, il le représentait allant à Versailles dans un carrosse portant pour armoiries une Renommée et l'Europe, le « tout embrassé d'une soutanelle doublée de gazettes, et surmontée d'un bonnet carré, avec cette légende à la houppe : Quez-à co ? Marin. »
xviii La Gazette de l'histoire « donne l'histoire de l'Europe deux fois par semaine » , la direction a été retirée à Marin ; cf. lettre du 31 mai 1773 à Vasselier.
05/09/2010 | Lien permanent
Il y a bien des façons d'être malheureux
Il y a quelques jours, Juppé et Hollande m'ont fait dormir debout !
Hier soir, Sarko m'a coupé les pattes !!
« A M. Antoine-Noé de POLIER de BOTTENS 1
Aux Délices, le 4 juin [1755]
Il y a bien des façons d'être malheureux, mon cher monsieur; plus belle est de l'être comme vous, par la générosité et la bonté de votre cœur, et de ne souffrir que pour les autres. La plus cruelle est de souffrir par soi-même, de devenir tous les jours inutile à la société, et de voir périr son âme en détail dans le délabrement du corps. Voilà mon état, monsieur, et voilà ce qui m'a empêché jusqu'ici de venir à Monrion. Si monsieur votre frère vous ressemblait, c'est une très-grande perte 2, et je vous assure que je la sens très-vivement. Le monde a besoin de gens comme vous.
Cette petite bagatelle dont vous me parlez a été imprimée sur d'assez mauvaises copies qui en ont couru 3; il n'y a pas grand mal. Un nommé Grasset 4, qui est actuellement à Lausanne, a été sur le point de me jouer un tour plus cruel. M. de Brenles a dû vous en instruire, et je suis persuadé que vous aurez en ce cas prêché la vertu à ce Grasset. On dit qu'il avait besoin de vos leçons. Je voudrais déjà être à Monrion, et vous y embrasser; mais je ne pourrai faire ce voyage, après lequel je soupire, qu'après le passage de M. le marquis de Paulmy . Ce n'est pas que mon âme républicaine veuille faire sa cour à des secrétaires d'État; mais je suis attaché à M. de Paulmy. Il a eu la bonté, dès qu'il a su mon séjour en Suisse, de m'envoyer des lettres de recommandation pour messieurs les avoyers de Berne 5.
Je serai encore plus aise de voir votre ami M. Bertrand 6, après quoi il ne me manquera plus que la consolation de venir vous dire combien je vous aime, de philosopher un peu avec vous, et de vous renouveler mon tendre et respectueux dévouement.
VOLTAIRE »
1 Premier pasteur de l’Église de Lausanne, né le 27 décembre 1713, auteur de quelques articles de l'Encyclopédie (messie, …), père de la célèbre Mme de Montolieu, et ami de de Brenles . Voir : http://fr.wikipedia.org/wiki/Antoine-No%C3%A9_de_Polier_de_Bottens
2 Son frère, Étienne est mort à Madrid en mai, sans laisser de postérité . C'était probablement un capitaine d'infanterie, gendre du général comte de Zastrow . Antoine-Noé faisait partie d'une fratrie de sept garçons .
3 L’Épître sur le lac de Genève : page 45 : http://books.google.fr/books?id=ESY6AAAAcAAJ&pg=PA45&lpg=PA45&dq=Ep%C3%AEtre+sur+le+lac+de+Gen%C3%A8ve+voltaire&source=bl&ots=nc2YQ20gxQ&sig=iS1moGPDjyrYOhtvxUis1qom1hI&hl=fr&sa=X&ei=460mT7HdBO6X0QWu5ITOCg&sqi=2&ved=0CCkQ6AEwAA#v=onepage&q=Ep%C3%AEtre%20sur%20le%20lac%20de%20Gen%C3%A8ve%20voltaire&f=false
4 Imprimeur de Lausanne ; voir lettre du 26 mai 1755 : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2012/01/26/il-ne-vous-resterait-apres-avoir-perdu-votre-argent-que-la-h.html
5 De fin 1748 à fin 1751, le marquis de Paulmy a été ambassadeur en Suisse . Il viendra aux Délices l'été 1755 .
6 Voir lettre du 31 décembre 1754 : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2011/10/31/puisque-les-hommes-sont-assez-barbares-pour-punir-de-mort-la.html
Élie Bertrand, né en 1712 à Orbe, petite ville du canton de Vaud. Il commença par être pasteur dans un village, et habita pendant quelque temps Boudry, ville où naquit Marat en 1744. Cette année même, Bertrand fut nommé prédicateur à Berne. On a de lui des sermons et plusieurs ouvrages. Bertrand était conseiller privé du roi Stanislas, et membre des Académies de Berlin et de Lyon.
Voltaire dut entrer en relations avec ce savant quelques années avant 1755. (CL.)
30/01/2012 | Lien permanent