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27/09/2009

vous m’empêchez de dormir, et je n’en peux plus

J'ai encore pu vérifier les lois de l'attraction universelle, comme Newton, en constatant que toute pomme va de l'arbre à la cagette, de la cagette au lavage, du lavage au tri, du tri au rapage et de là, rapidement au pressoir . Mon esprit aimant les cliquetis de la mécanique horlogère a retrouvé les clics de la vis du pressoir et le travail d'équipe : l'union fait la force et l'huile de coude fait du bon jus de pommes.

 

Ce jour, j'ai été mis au coing ! pour indiscipline ? non, par gourmandise .

Je connais un coin où il y a de beaux coings, des petits coings à l'odeur attirante ( et évité les petits coins tels qu'ils étaient au XVIIIème siècle !  ). Si le saint patron des gourmands -St Jelly- est avec moi, je compte régaler quelques ami(e)s . A suivre ...

 

cyclamen.jpg

La Charmille est encore bordée des jolis cyclamen de Naples, blancs et rose-mauve qui ont vu passer une belle fleur cette semaine ... doucement, sans les meutrir ...

http://www.youtube.com/watch?v=T2NEU6Xf7lM&feature=re...

 

 

 

 

 

Allez, Volti défend tes droits . Et vous , rondelette Mme Denis prenez la plume sans embarras ...

 

 

 

 

 

 

 

« A Charles-Augustin Ferriol, comte d’Argental

et à

Jeanne –Grâce Bosc du Bouchet, comtesse d’ Argental

 

 

                            Je reçus hier les ordres de mes anges, concernant la conspiration des roués [Octave ou Le Triumvirat], et j’envoie sur le champ tous les changements qu’ils demandent pour les assassins et les assassines. Il faut assurément que M. le duc de Praslin ait une âme bien noire pour vouloir qu’une femme égorge son mari dans son lit ; mais puisque mes anges ont eu cette horrible idée, il faut la pardonner à un ministre d’État. Mettez le feu aux poudres de la façon qu’il vous plaira, faites comme vous l’entendez ; mais ne me demandez plus de vers, car vous m’empêchez de dormir, et je n’en peux plus ; laissez-moi je vous prie, ce vers :

 

L’ardeur de me venger ne m’en fait point accroire.

 

                            Il ne faut pas toujours que Melpomène marche sur des échasses ; les vers les plus simples sont très bien reçus, surtout quand ils se trouvent dans une tirade où il y en a d’assez forts. Racine est plein à tout moment de ces vers que vous réprouvez. Une tragédie n’aurait point du tout l’air naturel, s’il n’y avait pas beaucoup de ces expressions simples, qui n’ont rien de bas ni de trop familier.

 

 

                            Divertissez-vous mes anges, de la niche que vous allez faire. Je ne sais s’il faut intituler la pièce Le Triumvirat ; le titre me ferait soupçonner, et on dirait que je suis le savetier qui raccommode toujours les vieux cothurnes de Crébillon. [Crébillon a fait représenter en 1754 Le Triumvirat ou La Mort de Cicéron].Cependant, il est difficile de donner un autre titre à l’ouvrage. Tirez-vous de là comme vous pourrez. Tout ce que je puis vous dire, c’est que cette pièce ne sera pas du nombre de celles qui font répandre des larmes ; je la crois très attachante, mais non attendrissante. Je crois toujours qu’Olympie ferait un bien plus grand effet, elle est plus majestueuse, plus auguste, plus théâtrale, plus singulière ; elle fait verser des pleurs toutes les fois qu’on la joue ; et les comédiens de Paris me paraissent aussi malavisés qu’ingrats de la pas représenter.

 

 

                            Permettez que je mette dans ce paquet des affaires temporelles avec les spirituelles : voici un petit mémoire pour M. le duc de Praslin, en cas que mon affaire sacerdotale ne soit pas encore rapportée [affaire des dîmes de Ferney, que V* veut faire juger par le Conseil du roi]. Nous lui devons bien des remerciements, Mme Denis et moi, de la bonté qu’il a eue de se charger de ce petit procès, qui était d’abord dévolu à M. de Saint-Florentin [le comte de Saint Florentin avait « le département de l’Eglise », le duc de Praslin « les affaires étrangères »]. Il est vrai que cette affaire, toute petite qu’elle est, étant fondée sur les traités de nos rois, [dans une lettre adressée au roi, Mme Denis et les anciens propriétaires se réfèrent entre autres  au traité d’Arau  conclut en juin 1658 entre le roi et les cantons et qui stipule que « tous les abergements et aliénations faites par la ville et canton de Berne, des biens ecclésiastiques et autres dans le pays de Gex subsisteraient … » et à des lettres du roi au Conseil de Genève des 17 juin 1642 et 30 mai 1643 portant «  que Sa Majesté ne souffrira pas que les causes concernant les dîmes du Pays de Gex soient portées ailleurs que devant Elle en son conseil ».] appartient de droit aux Affaires étrangères ; mais j’aime encore mieux attribuer la peine qu’il daigne prendre, à l’amitié qu’il a pour vous, et aux bontés dont il honore Mme Denis et moi.

 

 

                            Comme je prends la liberté de lui adresser votre paquet, je suppose qu’il se saisira du mémoire qui est pour lui ; il est court, net et clair, point de verbiage.

 

 

                            Pour un esprit de sa trempe

N’allongeons point en cent mots superflus

                             Ce qu’on dirait en quatre tout au plus.[d’après L’Enfant prodigue]

 

                            Qu’est-ce que la Défaite des Bernardins ?[ à Damilaville le 4 octobre : « A-t-on imprimé le plaidoyer contre les Bernardins ? ».  Citeaux leur appartenait .] Cela est-il plaisant ?

 

                            Respect et tendresse.

 

 

                            Voltaire

27è septembre 1763 aux Délices. »

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