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03/10/2009

Les ouvrages de génie sont aux compilations ce que le mariage est à l’amour

Belle journée que ce samedi, préparée depuis hier, avec un travail très physique : faire la pressée des pommes du Verger Tiocan qui nous donnent un jus à en boire sans soif et sans modération (quoique, je dois le signaler aux gourmands, le "sans modération" entraine quelques mini problèmes de transit intestinal si on n'a pas l'habitude ! )

http://www.patrimoinedespaysdelain.fr/fr/annuaire/index.h...

 

Suite des festivités le samedi 10 octobre au verger lui-même, et le 11, dimanche, exposition, animations, boudin aux pommes (extra ! je vous le promets ). De ce fait, sachez-le, énorme besoin de main-d'oeuvre pour cueillir les pommes, les peler, le couper , les cuire pour avoir la meilleure marmelade qui soit . Et tout ça, à la main avec des fruits obtenus sans pesticides, sans engrais artificiels, juste à l'huile de coude et au savoir faire transmis par ceux qui connaissent la nature et veulent nous conserver de bons fruits et une bonne santé.

 

Cet après midi, autre activité, réalisation de toits pour des cibles d'archerie à Prévessin : grande partie de rigolade, mais les résultats sont visibles et espérons le , durables .

Là, comme avec le grand Georges, on a eu le temps des copains :

 

http://www.dailymotion.com/video/xjs62_brassens-les-copai...

 

 

 

 

 

Mon Volti, lui a été un peu casanier, si je le crois . Potsdam et Frédéric ne sont pas ce qu'il y a de mieux pour lui .

 

naufrage.jpg

 

"Ce monde est un naufrage. Sauve qui peut ..." : il est vraiment diminué physiquement et sur la défensive intellectuellement . Que ses adversaires ne se réjouissent pas trop, pas trop tôt ! Il va batailler (contre l'injustice ) et nous réjouir (je parle pour ceux qui aiment la liberté ) pendant encore 26 ans !

Yes he can !

And you ?

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

« A Charles-Augustin Ferriol, comte d’Argental

 

 

                            Mon cher  ange, Le Siècle (c'est-à-dire la nouvelle édition, la seule qui soit passable), était déjà presque tout imprimé, il m’est par conséquent impossible de parler cette fois-ci de la petite épée que cacha monsieur votre oncle sous son cafetan [D’Argental avait demandé à V* d’ajouter une allusion à son oncle Charles de Ferriol qui avait insisté pour porter son épée à la cour de Turquie, sur ordre de Louis XIV sans doute, mais « contrairement à un usage très raisonnable ».]. J’ai rayé bien exactement cette épithète de petit, attribuée au concile d’Embrun [ce qu’avait demandé le cardinal de Tencin, autre oncle de d’Argental]. J’ai recommandé à ma nièce d’y avoir l’œil [elle est chargée de faire supprimer ce « petit » dans la nouvelle édition de Paris, (édition Lambert) ,  c’est ce qu’écrit V* le 28 et il ajoutera « Il est malheureusement dans un douzaine d’autres dont la France est inondée et surtout dans celle que l’abbé Pernetti a fait imprimer à Lyon sous les yeux du père du concile. »], et je vous prie de l’en faire souvenir.[le 8 septembre, il se montrait agacé par « les plaintes de trente personnes qui trouvent qu’(il) n’a pas dit assez de bien de leurs arrière-cousins » dans le Siècle]. Je voudrais de tout mon cœur qu’il fût regardé comme le concile de Trente, et que toutes les disputes fussent assoupies en France. Mais il parait que vous en êtes assez loin. Le siècle de la philosophie est aussi le siècle du fanatisme. Il me parait que le roi a plus de peine à accorder les fous de son royaume qu’il n’en a eu à pacifier l’Europe. [Lutte entre le parlement et le clergé à propos des billets de confession, que V* résume ainsi dans ce qui sera le Précis du siècle de Louis XV, en date du 11 aout 1752 : « Le roi recommanda toujours la paix, sans que les ecclésiastiques cessassent de refuser les sacrements et sans que le Parlement cessât de procéder contre eux. Enfin le roi permit… »] Il  y a en France un grand arbre, qui n’est pas l’arbre de vie, qui étend ses branches de tous côtés, et qui produit d’étranges fruits. Je voudrais que Le Siècle de Louis XIV pût produire quelque bien. Ceux qui liront attentivement tout ce que j’y dis des disputes de l’Église pourront, malgré tous les ménagements que j’ai gardés, se faire une idée juste de ces querelles ; ils les réduiront à leur juste valeur, et rougiront que dans ce siècle-ci, il y ait encore des troubles pour de pareilles chimères. Un petit tour à Potsdam ne serait pas inutile à vos politiques, ils y apprendraient à être philosophes.

 

Mon cher ange, les beaux-arts sont  assurément plus agréables que ces matières. Une tragédie bien jouée est plus faite pour un honnête homme. Mais me demander que je songe à présent au Duc de Foix et à Rome sauvée c’est demander à un figuier qu’il porte des figues en janvier. Car ce n’était pas le temps des figues [Evangile St Marc]. Je me suis affublé d’occupations si différentes, toute idée de poésie est tellement sortie de ma tête, que je ne pourrais pas actuellement faire un pauvre vers alexandrin. Il faut laisser reposer la terre. L’imagination gourmandée ne fait rien qui vaille. Les ouvrages de génie sont aux compilations ce que le mariage est à l’amour. L’hymen vient quand on l’appelle. L’amour vient quand il lui plait. [Atys, opéra de Quinault ] Je compile à présent, et le dieu du génie est allé au diable.

 

                            En vous remerciant de la note pour l’abbé de St Pierre. J’avais deviné juste, qu’il était mort en 43. Je lui ai fait un petit article assez plaisant. Il y en a un pour Valincourt qui ne sera pas inutile aux gens de lettres, et qui plaira à la famille. Je n’ai point de réponse de M. Secousse. Il est avec les vieilles et inutiles ordonnances de nos vieux rois [V* avait joint « un petit mémoire «  pour lui à la lettre à d’Argental du 5 août . Le neuvième volume des Ordonnances des rois de France de la troisième race, de Denis Secousse paraitra en 1755.] . Mais il a pour rassembler ces monuments d’inconstance et de barbarie six mille livres de pension. Il n’y a qu’heur et malheur en ce monde.

 

                            Mes anges, ce monde est un naufrage. Sauve qui peut est la devise de chaque individu. Je me suis sauvé à Potsdam, mais je voudrais bien que ma petite barque pût faire un petit trajet jusque chez vous. Je remets toujours de deux mois en deux mois à faire ce joli voyage. Il ne faut pas que je meure avant d’avoir eu cette consolation. Je ne sais pas trop ce que je deviendrai. J’ai cent ans, tous mes sens s’affaiblissent, et il y en a d’enterrés. Depuis huit mois  je ne suis sorti de mon  appartement que pour aller dans celui du roi ou dans le jardin. J’ai perdu mes dents. Je meurs en détail. Je vous embrasse tendrement, je vous souhaite une santé constante, une vieillesse heureuse. Je me regarderai comme très malheureux si je ne passe pas mes derniers jours, ô anges !  auprès de vous et à l’ombre de vos ailes.

 

                            Voltaire

                            A Potsdam 3 octobre 1752. »

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