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13/03/2010

le prince jette son manteau de philosophe et prend l’épée dès qu’il voit une province à sa bienséance

Froidure sur le château de Volti, mais soleil radieux et oiseaux qui se font entendre et voir (construction de nids à tout va ), donc pour illustrer ceci :

Le chant des "oiseaux dans la charmille" :

http://www.youtube.com/watch?v=rv1Bj8_6ID4&feature=re...

La Noue :

http://cesar.org.uk/cesar2/people/people.php?fct=edit&...

http://fr.wikipedia.org/wiki/Jean-Baptiste_de_La_Noue

Mlle Gautier :

http://cesar.org.uk/cesar2/people/people.php?fct=edit&...

 

gaultier mlle.jpg
Ci-dessus :
Mlle Gau(l)tier qui récompensa "la vertu" de La Noue .

 

 

 

 

 

« A Pierre-Robert Le Cornier de Cideville

 

A Bruxelles ce 13 mars 1741

 

Devers Pâques on doit pardonner

Aux chrétiens qui font pénitence !

Je la fais ; un si long silence

A de quoi me faire damner.

Donnez-moi plénière indulgence.

 

Après avoir en grand courrier

Voyagé pour chercher un sage,

[son voyage à la cour de Frédéric en novembre- décembre 1740]

J’ai regagné mon colombier,

Je n’en veux sortir d’avantage.

J’y trouve ce que j’ai cherché,

J’y vis heureux, j’y suis caché.

Le trône et son fier esclavage,

Ces grandeurs dont on est touché,

Ne valent pas notre hermitage.

 

Vers les champs hyperboréens

J’ai vu des rois dans la retraite

Qui se croyaient des Antonins.

J’ai vu s’enfuir leurs bons desseins

Aux premiers sons de la trompette.

[Frédéric, auteur de L’anti-Machiavel,  vient d’envahir la Silésie]

 

Ils ne sont plus rien que des rois,

Ils vont par de sanglants exploits

Prendre ou ravager des provinces.

L’ambition les a soumis.

Moi, j’y renonce, adieu les princes,

Il ne me faut que des amis.

 

              Ce sont surtout des amis, tels que mon cher Cideville, qui sont très au-dessus des rois. Vous me direz que j’ai donc grand tort de leur écrire si rarement, mais aussi il faut m’écouter dans mes défenses. Malgré ces rois, ces voyages, malgré la physique qui m’a encore tracassé, malgré ma mauvaise santé, qui est fort étonnée de toute la peine que je donne à mon corps, j’ai voulu rendre Mahomet digne de vous être envoyé. Je l’ai remanié, refondu, repoli depuis le mois de janvier. J’y suis encore. Je le quitte pour vous écrire. Enfin je veux que vous le lisiez tel qu’il est, je veux que vous ayez mes premiers prémices, et que vous me jugiez en premier et dernier ressort. La Noue vous aura mandé sans doute que nos deux Mahomets se sont embrassés à Lille [Le Mahomet second de La Noue, et le Mahomet de V* ; la pièce de V* sera représentée pour la première fois à Lille –où habitent M. et Mme Denis- le 25 avril, par La Noue et sa troupe]. Je lui lus le mien. Il en parut assez content, mais moi je ne le fus pas, et je ne le serai que quand vous l’aurez lu à tête reposée. Ce La Noue me parait un très honnête garçon et digne de l’amitié dont vous l’honorez. Il faut que Mlle Gautier ait récompensé en lui la vertu, car ce n’est pas à la figure qu’elle s’était donnée, mais à la fin elle s’est lassée de rendre justice au mérite.

 

              Or mandez-moi, mon cher ami, comment il faut s’y prendre pour vous faire tenir mon manuscrit. Je ne sais si vous avez reçu L’Anti-Machiavel que j’envoyai pour vous à Prault, le libraire, à Paris. Je le soupçonne d’être avec les autres dans la chambre infernale qu’on nomme syndicale. Il est plaisant que le Machiavel soit permis et que l’antidote soit de contrebande. Je ne sais pas pourquoi on veut  cacher aux hommes qu’il y a un roi qui a donné aux hommes des leçons de vertu. Il est vrai que l’invasion de la Silésie est un héroïsme d’une autre espèce que celui de la modération tant prêchée dans L’Anti-Machiavel. La chatte métamorphosée en femme court aux souris dès qu’elle en voit [fable de La Fontaine], et le prince jette son manteau de philosophe et prend l’épée dès qu’il voit une province à sa bienséance.

 

Puis fiez-vous à la philosophie [La Pucelle].

 

              Il n’y a que la philosophie de Mme du Châtelet dont je ne me défie pas. Celle-là est constante dans ses principes, et plus fidèle encore à ses amis qu’à Leibnits.

 

              A propos, Monsieur le conseiller, vous saurez que cette philosophe a gagné un préliminaire de son procès fort important [le procès qu’elle fait pour être reconnue héritière du marquis de Trichâteau], et qui paraissait désespéré. Son courage et son esprit l’ont bien aidée. Enfin je crois que nous sortirons heureusement du labyrinthe de la chicane où nous sommes.

 

              Mais vous que faites-vous ? où êtes-vous ?

 

              Quae circumvolitas agilis thima ? [Où vas-tu promener sur le thym ton vol infatigable ?] Mandez un peu de vos nouvelles au plus ancien et au meilleur de vos amis. Bonjour, mon très cher Cideville, Mme du Châtelet vous fait mille compliments. »

 

 

 

 

 

 

 

Mahomet:http://cesar.org.uk/cesar2/dates/dates.php?fct=edit&p...

 

 

 Haendel : http://www.youtube.com/watch?v=3jExF36PF_A

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