20/03/2010
Je ne sais, mon cher confrère, si je vous ai remercié de votre roman que je n’ai pu encore lire parce que je ne l’ai point reçu
« A Henri Lambert d’Herbigny, marquis de Thibouville
Rue des Saints-Pères à Paris
A Montriond près de Lausanne 20 mars [1757]
Je ne sais, mon cher confrère, si je vous ai remercié de votre roman [L’Ecole de l’amitié, 1757] que je n’ai pu encore lire parce que je ne l’ai point reçu. Mais au lieu de vous remercier je vous félicite. On ne me parle que de son succès dans toutes les lettres de Paris. Mme Denis ne peut de sitôt vous écrire. Elle joue, elle apprend des rôles, elle est entourée de tailleurs, de coiffeuses et d’acteurs. Il n’y a point de Zulime [Zulime n’avait pas eu de succès en 1740]. Je ne sais ce que c’est, et je veux que ni vous ni Mlle Clairon ni moi ne le sachions. Mais il y a une Fanime un peu différente. Nous l’avons jouée à Lausanne [sur son théâtre de Mont-Repos] dans notre pays romand, et tout ce que je souhaite c’est qu’elle soit aussi bien jouée à Paris [Il la proposait le 3 mars à d’Argental qui devait « décider du temps le plus favorable », « quand (on) ser(ait) quitte de la mauvaise tragédie de Pierre Damiens (entre autres) » ; elle ne sera jouée à Paris sous le titre de Zulime (titre de la version 1739-1740) qu’en décembre 1761]. Je n’ai jamais vu verser autant de larmes. Nous avons ici environ deux cents personnes qui valent bien le parterre de Paris, qui n’écoutent que leur cœur, qui ont beaucoup d’esprit, qui ignorent les cabales, et qui auraient sifflé le Catilina de Crébillon. Je vous embrasse, je me meurs d’envie de lire le roman. Mme Denis vous en dira davantage quand elle pourra.
V. »
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